Si Bob Dylan est un sujet de fascination, c’est que ses chansons sont en prise avec l’inconscient collectif de l’Occident, avec sa civilisation, d’Homère à la Bible en passant par le blues, le folk, l’Antiquité et la Beat Generation, n’en omettant presque aucune source culturelle, religieuse ou historique. Depuis les années 1960, Bob Dylan ne s’est pas contenté dans ses albums et ses concerts de réunir Elvis et Shakespeare, les Beatles et Rimbaud, le rock et la poésie, la chanson et la littérature, il a aussi inventé des images et des aphorismes qui ont transcendé l’expression du XXème siècle. Cet ouvrage met en lumière l’apport des chansons de Bob Dylan au regard de la musique,
de la littérature et de la culture modernes.
Revue de presse
“On croyait tout savoir sur Dylan depuis toujours. Mais ça c’était avant 2025. Car l’actualité dylanienne est particulièrement riche en ce début d’année. Entre la sortie d’un biopic salué par la critique, la reprise de la tournée Rough and roudy ways au printemps et une littérature toujours importante, Bob Dylan est redevenu un sujet d’actualité. Qui s’en plaindra ? Avec son Bob Dylan, Modern Times publié aux éditions le Mot et le Reste, Yves Bigot apporte sa pierre à cette quête éternelle : percer les secrets d’un des personnages les plus retors de notre modernité. Prix Nobel de littérature, Prix Pulitzer, Oscar, Grammy, Bob Dylan interroge autant qu’il fascine. Génie pour les uns, faussaire pour les autres (ce qui n’est finalement pas si incompatible), chacun à sa vision de Dylan, sa lecture du mythe. Dans cette véritable recherche, Yves Bigot a pris un parti aussi salutaire que passionnant, revenir à la source, au texte. Disséquer les phrases, passer au peigne fin les milliers de lignes, pour retrouver les références, les origines, et, d’une certaine façon, révéler le sens (ou tout du moins un sens) de cet œuvre assez inclassable. C’est une lecture en palimpsestes où se côtoient les racines blues de l’Amérique profonde et les évangiles, Rimbaud et Whitman, jeux de mots grivois et envolées lyriques.”
“Guitare en bandoulière harmonica au cou, c’est un troubadour devenu prix Nobel de littérature. Combien, en 2016, ont vraiment compris ce choix de la prestigieuse académie suédoise. En tout cas, beaucoup s’en sont étonnés. Bob Dylan est devenu cette année-là et à ce jour, le seul musicien et chanteur à se voir ainsi distingué. Bob Dylan auquel le réalisateur James Mangold vient de consacrer un Biopic «A complete unknown», un parfait inconnu avec, pour incarner le roi de la folk, un Timothée Chalamet extrêmement convaincant. Le film ne raconte que 4 années de la vie de Dylan, ses débuts à New York avant qu’il ne devienne une star. Avant qu’il n’accompagne en musique toute une génération. Notre invité est un de ses plus grands fans, il est aussi l’un des rares journalistes français à avoir pu l’interviewer. Yves Bigot est l’invité de Sur le pont des arts. Il a publié Bob Dylan, Modern Times, aux éditions le Mot et le Reste.”
Ecouter en intégralitéère-sur-l-icône-de-la-folk
“Au cinéma, en livres et sur scène, l’année 2025 sera celle du plus vivant mystère d’une Amérique morte. Portrait par la bande. (...) Il existe à peine moins de livres sur Dylan que d’herméneutes de la Bible. Premier sur le calendrier francophone, Yves Bigot s’interroge sur l’apport à la culture populaire du Nobel 2016 de littérature, qu’il situe en héritier d’Homère, seul homme à avoir réconcilié Elvis et Shakespeare, les Beatles et Rimbaud (Bob Dylan, Modern Times). Pourquoi pas.”
”(...) Et enfin, quelques pages de l’histoire du rock avec un livre consacré à Bob Dylan écrit par Yves Bigot et publié aux éditions Le Mot et le Reste. Cet ouvrage met en lumière l’apport des chansons de Dylan aux temps modernes et restitue son œuvre dans l’histoire culturelle récente. Le livre s’intitule Modern Times. Vive la culture !”
“Le réalisateur James Mangold pointe son projecteur vers une séquence clef de la vie de Bob Dylan, ses premières années à New York, entre 1961 et 1965, qui le font passer du statut d’inconnu à celui de star de la musique. Cette œuvre de fiction est-elle proche de la vérité historique ? Décryptage de six scènes avec Yves Bigot, auteur d’un récent essai sur le chanteur.
1 – La rencontre entre Bob Dylan et Woody Guthrie
La scène – Bob Dylan, à peine arrivé à New York, se rend à l’hôpital pour rendre visite au célèbre chanteur de folk Woody Guthrie et rencontre Pete Seeger à cette occasion.
La réalité – Yves Bigot : « Bob Dylan vient réellement à New York pour rencontrer Woody Guthrie, atteint de la maladie de Huntington – incurable et paralysante. Il se rend à l’hôpital quelques jours seulement après son arrivée et continuera à y aller toutes les semaines pendant plusieurs mois. C’est probablement au cours de ces semaines qu’il écrit Song to Woody et qu’il la lui chante ensuite. En revanche, Pete Seeger ne se trouve pas au chevet de Guthrie lors de sa première rencontre avec Dylan. Son importance dans la vie du chanteur est très exagérée dans le film. Ce personnage est un archétype, qui amalgame un grand nombre de musiciens de la scène folk de Greenwich Village de l’époque, Ramblin’ Jack Elliott, Dave Van Ronk ou Fred Neil. Il faut bien rappeler que ce film est une fiction et pas un documentaire, contrairement au remarquable No direction home, de Martin Scorsese (2005).”
“Rare Français à avoir interviewé Bob Dylan, le journaliste Yves Bigot a vu et aimé le film de James Mangold sur le chanteur avec Timothée Chalamet. Et si Dylan n’était plus là ? « C’est un monde sans boussole que nous connaîtrions », nous assure Yves Bigot, l’un des rares journalistes à l’avoir interviewé en 1981 pour la station Europe 1, auteur ces jours-ci d’un ouvrage de précision, Bob Dylan. Modern Times. « Sa disparition correspondrait à la fin d’un monde tel qu’on l’a connu et tel qu’il l’a prophétisé dans ses chansons. Nous entrerions dans un nouveau stade de la civilisation dont nous ne savons pas jusqu’à quel point elle serait civilisée. »”
“Rendez-vous le 24 janvier pour la sortie de Bob Dylan – Modern Times, qui se penche sur les inspirations culturelles et littéraires du Zim.
Figure essentielle du 20e siècle, Bob Dylan continue de bénéficier d’une aura incomparable qui dépasse le monde de la musique. Il s’agit notamment du seul artiste issu du monde de la musique populaire à avoir obtenu le prix nobel de littérature. Yves Bigot, collaborateur de longue date de Rolling Stone, se prépare à sortir un livre qui se penche sur la plume du Zim, intitulé Bob Dylan – Modern Times (en référence à son album de 2006). L’auteur s’intéresse à aux inspirations et références culturelles du musicien, qu’elles soient issues de la poésie antique ou de la littérature moderne, sans oublier les musiques populaires.
Ci-dessous le synopsis :
Si Bob Dylan est un sujet de fascination, c’est que ses chansons sont en prise avec l’inconscient collectif de l’Occident, avec sa civilisation, d’Homère à la Bible en passant par le blues, le folk, l’Antiquité et la Beat Generation, n’en omettant presque aucune source culturelle, religieuse ou historique. Depuis les années 1960, Bob Dylan ne s’est pas contenté dans ses albums et ses concerts de réunir Elvis et Shakespeare, les Beatles et Rimbaud, le rock et la poésie, la chanson et la littérature, il a aussi inventé des images et des aphorismes qui ont transcendé l’expression du XXème siècle. Cet ouvrage met en lumière l’apport des chansons de Bob Dylan au regard de la musique, de la littérature et de la culture modernes. Ce livre sera disponible en librairie le 24 janvier, aux éditions Le Mot et le reste. L’auteur-compositeur-interprète va également faire l’objet d’un biopic, Un Parfait inconnu, avec Timothée Chalamet dans le rôle principal. Ce dernier est en couverture de notre numéro 169, disponible en précommande.
“Avec Bob Dylan : Modern Times, le journaliste signe un ouvrage montrant comment le “Zim” est entré dans l’histoire de la littérature par la grande porte. Quoi qu’en disent ses détracteurs !
– Vous êtes tombé dans la marmite de Dylan très jeune : qu’est-ce qui vous fascine dans
ce personnage atypique ?
Je l’ai découvert à 12 ans, en 1967, avec l’irréfutable Greatest Hits chez CBS, dix titres imparables. J’adorais déjà les Beatles et les Stones du Swinging London superbement décorés par Brian Jones, mais j’y entendais soudain quelque chose d’indéfinissable, de plus transcendant encore, sans pour autant comprendre tout ce qu’il disait. Par la suite, j’ai intégré, comme le dit si bien Leonard Cohen qui sait de quoi il parle, qu’un phénomène prophétique comme Dylan ne se manifestait que tous les trois ou quatre siècles. Il s’ex-prime pour le temps géologique, l’éternité, tout en étant essentiel pour son époque. Je suis heureux, comme Patti Smith, d’avoir vécu au temps de Dylan.
- Lui décerner le Nobel a été pour vous un choc ? Une agréable surprise ?
Le Nobel, Allen Ginsberg et d’autres avaient soumis son nom depuis 1996. Je l’avais réclamé dans un article pour le JDD à l’occasion de sa remise de la Légion d’hon-neur, qui avait été contestée par le général Georgelin. Par ignorance, comme toujours. Dylan mérite d’évidence le Nobel, mais pour autant, oui, ce fut une surprise plus qu’agréable, parce qu’elle réveillait le grand public quant à la pertinence d’un artiste essen-tiel qui était en train d’être marginalisé.
- Vous avez donc écrit un essai sur cet événement unique en son genre : un chanteur populaire primé par le plus prestigieux des prix. Vous avez publié en 2016, dans Rolling Stone, un article saignant, notamment à propos de ceux qui n’avaient pas compris qu’on puisse ainsi décerner un tel “label de qualité” à “un simple chanteur”. Vous aviez vu rouge ?
Déjà je persiste et signe. J’avais été – et suis toujours – furieux et navré de constater ce mélange pernicieux de prétention bouffie et d’ignorance crasse qui caractérise une grande partie de nos élites, larguées depuis les années 1960, justement parce qu’elles ont été aveugles à Dylan, au rock, au monde et aux temps qui changent. En France, mais c’est différent en Belgique déjà, Mai 68 a été interprété comme une révolution politique alors qu’il s’agissait en réalité d’une révolution culturelle, spirituelle, philosophique. Considérer Dylan comme la rencontre de Brassens et de Cohn-Bendit, c’est ne rien comprendre, et c’est cet aveu-glement qui provincialise la France depuis soixante ans, cette illusion de supériorité académique qui castre tous les créateurs de ce pays magnifique. Ici, le rock, la majorité pense que c’est Johnny et Goldman, au mieux les gentils Téléphone, pas Hendrix ou Led Zeppelin ! Pourtant, on est capable de nommer la rock’n’roll attitude, mais ça, c’est incarné par le Dylan 1965–1966, Ray Ban Carribean, cuir, jabot, Beatle boots, Fender en bandoulière, Kerouac, Rimbaud et Robert Johnson syncrétisés, halluciné et béni. Qui se souviendra de ses contempteurs ?
- C’est aussi ce qui vous a poussé à écrire cet essai ? Vous aviez l’idée depuis longtemps ?
Oui mais non. On me tarabuste pour que j’écrive sur Dylan depuis mon interview de lui en 1981 et en raison de la relation personnelle que j’avais à l’époque avec Joan Baez. Mais à quoi bon, autrement que des articles dans Libération et Rolling Stone ? Il y a tellement d’excellents auteurs anglophones qui écrivent des centaines d’ouvrages à son sujet, avec un accès très supérieur à lui comme à ses proches. Et puis la bonne approche est venue d’une conversation lors d’un déjeuner au soleil, à Marseille, avec Yves Jolivet, le patron de Le Mot et le Reste, il y a un an.
- Vous allez très loin dans cet essai, écrit avec force références, est-ce une justification sur le mérite de Dylan à se voir décerner ce prix ?
Si c’était en partie l’idée de départ, je suis vite passé à plus important, ou en tout cas plus intéressant. Montrer comment Dylan s’inscrit dans l’histoire de la culture de l’humanité, d’Ho-mère à Shakespeare en passant par Ovide, la Bible, Rimbaud, Blake, Byron et Shelley, Edgar Poe, Sleepy John Estes, Robert Johnson, Woody Guthrie, Hank Williams et Chuck Berry. Et s’il s’en inspire, comment il en fait autre chose, d’essentiel, par-faitement original, pour nous et pour toujours.
- Dylan est pour vous un nouveau “quoi” ou “qui” ? Shakespeare ? Le premier punk ? Un oracle ?
Une référence ? Une conscience ? Un ménestrel ?
L’oracle de Delphes lisant les nouvelles du soir, comme l’a dit un des membres du comité Nobel. Mais ça, c’était pour la période couverte par A Complete Unknown et notre compa-triote Timothée. Le Shakespeare électrique, “Rimbaud sous amphétamines”, comme ça a été écrit. La conscience de l’hu-manité, si elle en avait une. Dylan is Dylan. Je pense qu’il est dans la lignée des prophètes de la Bible pour l’âge atomique, le personnel assumé et le fun en plus !
- Vous êtes aussi très assidu à ses concerts et vous l’avez vu à de très nombreuses reprises ? Ses spectacles sont-ils, comme on le prétend parfois, des moments ésotériques réservés aux seuls initiés ? Car les broncas à la sortie des concerts sont nombreuses…
Dylan en concert a toujours fait scandale ou créé la polémique, de Newport 1965 à la tournée 1978 puis à la période Jésus, et interroge depuis les années 1990. La vérité, c’est que Dylan n’est pas un entertainer. Pour autant que certains veuillent chanter en chœur “How does it feel” et taper dans les mains, ça n’est pas le but. Comme Miles Davis, Dylan ne “putasse” pas avec son public. Comme Miles, il cherche tous les soirs à creuser ses mélodies, à affiner ses rythmes, à trouver un sens nouveau à ses chansons. Donc si on aime la musique, ou l’art, on ne sera jamais déçu. C’est le seul artiste au monde qui joue depuis trois ans tous les soirs la totalité de son dernier album (“Murder Most Foul” constitue le second volet du double Rough and Rowdy Ways) et ses morceaux évoluent de soir en soir rythmiquement, mélodiquement. Lors des deux concerts de la Seine musicale, fin octobre, il était particulière-ment enjoué et son interaction avec Jim Keltner passionnante, même quand ils se rataient ! Seuls ceux qui n’essaient pas… Dylan considère, comme Miles, que c’est à son public de le trouver, pas à lui de le flatter. On va le voir comme on se rend au Rijksmuseum, au MoMA ou à la Fondation Vuitton, c’est de l’art contemporain, mas en permanente évolution…
- On sait depuis Bruce qu’Elvis a bousculé les corps et Dylan les esprits, quelle sera la prochaine révolution du rock ? Les artistes faisant référence à Dylan sont nombreux, mais a-t-il réellement un héritier à votre avis ?
À part l’IA, je ne vois malheureusement pas. Les circonstances et les préoccupations ont changé. J’espère me tromper. Dylan n’a pas d’héritier, non, c’est impossible, mais tous sont ses disciples : Lennon, Jagger, Townshend, Ray Davies, Paul Simon, Lou Reed, Neil Young, Leonard Cohen, Joni Mitchell, Marvin Gaye, Kristofferson, Stevie Wonder, Springsteen, Bowie, Tom Waits, Bob Marley, Strummer, Patti Smith, Costello, Petty, Bono, Alpha Blondy, Nick Cave, Jason Isbell, Taylor Swift, Sturgill Simpson, Zach Bryan… la médaille présidentielle de la Liberté, la distinction la plus haute des États-Unis. Ne parlons pas de son Oscar et de son Golden Globe 2001 (pour “Things Have Changed”), de ses onze Grammy Awards, etc. Ce serait revenir à la musique, le réduire à ses quatre trilogies, The Freewheelin’ Bob Dylan/The Times They Are A-Changin’/Another Side of Bob Dylan, Bringing It All Back Home/Highway 61 Revisited/Blonde on Blonde, Blood on the Tracks/Desire/Street Legal, Time Out of Mind/Love and Theft/Modern Times, qui, d’évidence, Maître Assouline en votre arbre perché de #La LittératurePourTous, ne constituent pas une œuvre… Si vous n’entendez pas sa voix, celle de “Love Minus Zero/No Limit” ou de “Sad-Eyed Lady of the Lowlands” pour commencer doucement, c’est que vous êtes sourd, et je ne parle pas là que de votre conduit audi-tif gavé de flatteries.
Ne perdons pas de temps à évoquer Tarantula (McMillan & Scribner, 1971), exercice mineur bâclé sous la contrainte dans une frénésie de cut-ups beat, ni même l’excellent Chronicles, vol.1 (Simon & Schuster, 2004 ; Fayard, 2005), universellement salué par la cri-tique littéraire avec son style unique évoquant tantôt Steinbeck, Faulkner, Hemingway, tous récipiendaires du Nobel de littérature avant lui. Procurez-vous donc Bob Dylan Lyrics 1962–1985 (Knopf, 1985), pour commencer si l’entendre vous écorche les neurones.
Dylan, gagnons du temps et de l’espace, c’est le Shakespeare du XXe siècle. Dans ses chansons, on entendra William Blake, Percy Shelley, William Butler Yeats, Byron, Swinburne, Milton, T.S. Eliot, Robert Downing, les symbolistes français, Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Apollinaire, Nerval, mais aussi Walt Whitman, Fitzgerald, la Beat Generation (Kerouac, Burroughs, Ginsberg, Corso, Snyder, etc.), les philosophes athéniens (Thucydide notam-ment, son favori), les écrivains russes, japonais, que certains l’accu-seront de caviarder, mais aussi des dialogues de westerns hollywoo-diens, Chuck Berry, Gene Vincent, Hank Williams, Woody Guthrie, Jimmie Rodgers, John Lee Hooker, Robert Johnson, Charlie Patton, la Bible, omniprésente, et toute cette tradition millénaire des mythes des ballades anglo-irlandaises sur laquelle Shakespeare s’appuyait pareillement. Mais surtout, on y entend Dylan, qui a révolutionné la manière d’exprimer l’intime, de questionner l’existence, avec incandescence, distance et intégrité, cherchant soir après soir, à la manière de Miles Davis ou de John Coltrane, à trouver un sens dif-férent, nouveau, approprié, à des morceaux comme “Tangled Up in Blue”, “Just Like Tom Thumb’s Blues”, “Desolation Row”, “Chimes of Freedom”, “Mr. Tambourine Man”, “It’s All Over Now, Baby Blue”, “It’s Alright, Ma (I’m Only Bleeding)”, “Visions of Johanna”, “I Want You”, “Like a Rolling Stone” ou “All Along the Watchtower”, comme il le faisait encore devant deux fois 80 000 personnes ces derniers jours lors du festival Desert Trip, en Californie du Sud. Et si certains de ses textes tiennent sur la page seule, ils ne lui sont pas destinés. Ils sont le véhicule dont il a besoin pour chanter, et doit donc les sou-mettre à ses nécessités mélodiques, rythmiques, métriques, donner du sens au son autant qu’à celui des mots, des rimes, de sa posture vocale et de son altérité, cette fameuse rock’n’roll attitude électrisée qu’il a incarnée – et inventée – en 1965.
Je suis d’accord, Philip Roth, Milan Kundera ou Ngugi wa Thiong’o (que j’ai lu, oui, grâce à Linton Kwesi Johnson qui m’a offert Wizard of the Crow, Random House, 2006) méritent aussi leur Nobel, mais rien n’empêche de le leur donner dans les années qui viennent, ni n’empêchait de leur donner auparavant, d’ailleurs. Salman Rushdie, Alain Mabanckou, Joyce Carol Oates, Stephen King, Leonard Cohen, pour ne citer que ceux-là, des gens dont le talent est avéré, eux, se réjouissent de cette transgression du train-train du Nobel de littéra-ture qu’Assouline aimerait voir attribuer, comme le Goncourt, entre copains du triptyque Lipp/Flore/Deux Magots étendu à la Méditerranée et à la Société. Need I say more?”
“Il y a déjà eu de nombreux ouvrages sur Bob Dylan, le seul auteur-compositeur-interprète du monde de la pop à avoir obtenu un prix Nobel de littérature, en 2016. Dans celui-ci intitulé Bob Dylan – Modern Times, Yves Bigot s’intéresse au rapport de l’artiste à ses inspirations et références culturelles issues de la poésie antique comme de la littérature moderne et des musiques populaires. L’auteur montre l’apport que constitue la poésie chantée de Bob Dylan et resitue son œuvre dans l’histoire culturelle récente. Comme disait Leonard Cohen : « Bob Dylan est un personnage comme il n’en apparaît que tous les trois ou quatre cents ans. Il représente et incarne toutes les plus hautes aspirations de l’âme humaine. »