Revue de presse
“Le Son de la révolte, de Christophe Ylla-Somers, présente une synthèse fouillée des musiques africaines-américaines. (...) Les Staple Singers, Miles Davis ou Nina Simone (photo) comptent parmi les nombreux personnages du Son de la révolte, riche synthèse que Christophe Ylla-Somers consacre à la fabrique politique des musiques africaines-américaines. Suivant la chronologie, l’auteur revient sur différents courants, qu’il rattache à leur contexte d’élaboration. Son histoire aborde l’église noire, lieu des spirituals, où le pasteur est devenu leader politique et musicien. Puis il évoque le blues, dont il montre avec force la puissance subversive des paroles, tout en double sens. Sont ensuite explorés le jazz – jazz age des grandes villes, be-bop regardant vers le mouvement des droits civiques, hard bop et free-jazz s’imprégnant du Black Power –, la soul et ses entrepreneurs noirs, et le funk, où règne, entre autres, George Clinton, guide afro-futuriste qui rêve d’une nation africaine-américaine « under a groove », autonome et autosuffisante. Enfin, le livre se penche sur les débuts du hip-hop, analyse l’influence des mouvements Black Lives Matter et propose une analyse fine du Cowboy Carter de Beyoncé, effort de retournement des dynamiques d’appropriations culturelles, que nous avons déjà évoqué dans ces pages. Chemin faisant, le parcours proposé par Christophe Ylla-Somers pose une question passionnante et provocatrice. « Aux États-Unis, explique l’auteur, citant l’intellectuel africain-américain Nelson George, les Noirs créent puis passent à autre chose. Les Blancs documentent et recyclent. » Que se passe-t-il alors lorsque des musiques contestataires se trouvent rattrapées par les logiques de commercialisation et de globalisation de l’art ? Qu’advient-il lorsque celles-ci sont muséifiées par ceux contre lesquelles elles s’étaient créées ? À l’heure où le monstre du capitalisme continue de dévorer tout sur son passage, l’ouvrage invite à réfléchir aux destins complexes de ces sons révoltés, entre insoumission et mainstream.”
“Christophe Ylla-Somers est un historien mais aussi un didgee et chanteur. Son livre est une fresque de l’évolution de la musique afro-américaine dans un contexte d’esclavage, puis de ségrégation et de racisme, pertinente autant d’un point de vue historique que des références musicales. Entre 1525 et 1867, on estime qu’entre 11 à 15 millions d’africains seront déportés dans des conditions inhumaines vers les Etats-Unis pour la prospérité des entreprises et cultures américaines, ce pays considéré comme un pays de liberté a asservi dans un bain de sang pendant plus de 300 ans le peuple africain et la population indienne au service d’une « humanité dite supérieure » dit Thomas Jefferson. Du fait de leur expérience les afro-américains créeront une culture parallèle, une autre manière d’appréhender le monde, nous découvrons dans ce livre page après page l’émergence des spirituals puis des Gospels, du blues, du Jazz, de la soul et du hip-hop, du Rythm and blues tissée avec le temps de leur oppression. (...) Un livre à lire assurément”
Christophe Ylla-Somers nous plonge dans l’Histoire des musiques afro-américaines, en reprenant les choses par le début. Essai riche et foisonnant, Le Son de la révolte permet de comprendre pourquoi musique et lutte pour les droits ont souvent été étroitement liées.
“On embraye sur “Le Son de la Révolte”, toujours chez le même éditeur (Le Mot et le reste). Là, on examinera dans le détail comment la musique fracasse la société. Et ici, plus précisément, comment la musique noire a infusé de tous les temps contre le racisme made in USA, à travers le parcours de musiciens aussi divers et variés que Nina Simone et Public Enemy. Le sujet est original, son traitement est décapant et complet, et ce livre-somme s’en ressent à chaque page.”
”“En quoi la musique africaine-américaine est-il inséparable des luttes contre le racisme systémique américain ?” Cet ouvrage entend répondre à cette question, partant de l’arrivée des premiers déportés africains sur le sol américain en 1619 jusqu’au mouvement Black Lives Matter. A la fois témoignage de la réalité sociale et célébration de l’identité noire, la musique a toujours été un puissant instrument de combat contre les injustices structurelles. Au-delà de faire danser ou de vendre des disques, le blues, le jazz, la soul, la funk ou le hip-hop expriment avant tout l’aspiration à un changement social.”
“La musique africaine-américaine prend ses racines dans l’esclavage : en 300 ans plus de 11 millions d’Africains ont été ramenés de force dans le Deep South des États-Unis pour servir de main d’œuvre corvéable à merci pour les grands propriétaires de champs de coton. Les chants, les danses, les joutes verbales jouèrent un rôle essentiel pour supporter les souffrances et renforcer les liens communautaires entre ces déportés de différents peuples d’Afrique de l’Ouest. Dans un pays qui se présentait comme celui de la liberté et de l’égalité, les conditions de travail et de vie abominables imposées à ces humains (ségrégation, lynchages) afin de devenir la nation la plus riche du monde, étaient justifiées par les exploiteurs blancs en prétendant appartenir à une race supérieure : encore aujourd’hui “Indios” et “niggers” sont des injures crachées au visage de sous-hommes “menaçant la pureté de la race”.
Lutter en chantant les “work songs” leur a permis de dénoncer les injustices, de construire un rempart contre l’aliénation. Mais qu’est-ce que le jazz ? : “Un noir était jazz dans tout ce qu’il faisait”, Nina Simone, pianiste et chanteuse. “Le jazz est l’éternel tam-tam qui résonne dans l’âme noire, le tam-tam de la révolte contre la lassitude de vivre dans un monde blanc”, Langston Hugues, poète. Pour l’industrie américaine du spectacle, le jazz était avant tout un produit commercial de divertissement permettant de faire des profits. Certains musiciens blancs ont tenté de le copier en éliminant son contenu social. Mais cette musique, en perpétuelle évolution depuis les zones rurales pauvres du sud et les ghettos noirs des villes industrielles, a su rendre sa dignité au prolétariat noir. Le son de la révolte (Éditions Le mot et le reste) est un récent livre référence qui retrace l’histoire des États-Unis à l’aune des musiques africaines-américaines. Nous recevons Christophe Ylla-Somers, son auteur, qui anime l’émission Soul Power sur Radio Libertaire : “Le blues, la soul, le jazz ou le hip-hop expriment avant tout l’aspiration à un changement social”.”
“Nous sommes nombreux à l’avouer, la musique qui nous fait vibrer, danser est bien souvent l’oeuvre de chanteurs ou chanteuses, musiciens ou musiciennes afro-américains. De Bessie Smith à Marvin Gaye, de John Coltrane à Public Enemy. Une musique qui a fait son miel dans différents genres musicaux : soul, funk, disco, rock’n’roll… Au-delà de l’intérêt artistique, la
musique noire américaine a souvent été un cri contre l’injustice, le racisme. (...) « Des précurseurs du rap dans le Bronx à Billie Holiday quand elle chantait Strange Fruit, chacun est le chroniqueur de la communauté noire », dit Christophe Ylla-Somers, titulaire d’une maîtrise d’histoire médiévale et par ailleurs DJ. «Les morceaux de jazz, de gospel, de soul ou de hip-hop tissent un lien entre un héritage partagé et l’histoire d’une oppression commune, souligne l’auteur d’un ouvrage passionnant sur le sujet. La création artistique a toujours été un moyen de résistance. Et si les oeuvres des groupes opprimés contiennent toujours une critique plus ou moins explicite, pour les Africains-Américains, la musique reste à ce jour le moyen privilégié d’exprimer leurs griefs contre une société qui est loin d’avoir éradiqué le problème des inégalités raciales. » Christophe Ylla-Somers ajoute : « Les luttes noires ont inspiré d’autres groupes opprimés. Les historiens s’accordent pour reconnaître que le Black Power a servi de modèles aux luttes d’émancipation des femmes, des Amérindiens et de la communauté LGBTQ +. » Dans son ouvrage, l’auteur décrypte, par genre musical, cette résistance, ce combat pour l’égalité, la justice et la dignité. Un combat qui continue.”
“Connu en Italie en 2018 pour le volume illustré Siamo noi la storia, l’auteur a publié en France – où il vit et travaille – en octobre 2024 Le son de la révolte. Une histoire politique de la musique noire américaine (littéralement The Sound of Revolt, A Political History of Black American Music), cherchant à répondre à la question historique de savoir comment et pourquoi la musique afro-américaine est indissociable des luttes contre le racisme systémique américain. Pour ce faire, Christophe Ylla-Somers part de 1619, date du débarquement des premiers déportés africains dans les colonies anglaises (futurs États-Unis) jusqu’au récent mouvement Black Lives Matter. Dans Le son de la révolte, l’auteur part du principe que la musique a toujours été un outil puissant dans la lutte contre l’injustice structurelle, témoignant également de différentes réalités sociales et célébrant plus ou moins consciemment l’identité noire. Bien qu’ils invitent à danser ou à acheter des disques, le blues, le jazz, la soul, le funk, le hip-hop expriment avant tout l’aspiration au changement social ; et par exemple Bessie Smith, Nina Simone, Odetta, Marvin Gaye, John Coltrane, Public Enemy sont des figures emblématiques de la révolution noire.”
”(...) Cet érudit et minutieux essai ne se contente pas de faire la liste de grands noms de la musique contemporaine. Divisé en sept grandes époques (Spiritual, Blues, Jazz, Rhythm’n’Blues, Soul, Funk, Hip-hop) et au fil d’édifiantes anecdotes, il détaille pourquoi et comment la musique — et la danse — fait partie intégrante de la vie des AfricainEs-AméricainEs, offrant depuis l’esclavage un moyen d’accompagner les tâches, d’exprimer ses sentiments et ses revendications, de s’adonner à la critique sociale, d’être un vecteur de lutte. (...) Alors, 460 pages d’oppression, ça peut paraître un peu désespérant. Pas du tout en vérité car cela ne peut être dissocié d’un créatif et foisonnant appel à liberté et à la justice sociale, suivant l’exemple des esclaves et de leurs descendantEs. Celleux-ci ont fait évoluer la religion chrétienne qui leur était imposée à l’aide de chants, mettant en avant non pas les notions de crainte et de punition mais d’espoir d’une vie meilleure future, sans attendre l’au-delà. La bibliographie à la fin du livre est une véritable mine de ressources, tout comme les très nombreuses citations. Relevons celle du chanteur et poète Gil Scott-Heron : « Quand on est vivant et noir sur la planète Terre […] il n’y avait aucun foutu moyen de ne pas avoir de pression politique sur les épaules, et par conséquent de ne pas avoir d’opinions politiques. »
”(...) Cet érudit et minutieux essai ne se contente pas de faire la liste de grands noms de la musique contemporaine. Divisé en sept grandes époques (Spiritual, Blues, Jazz, Rhythm’n’Blues, Soul, Funk, Hip-hop) et au fil d’édifiantes anecdotes, il détaille pourquoi et comment la musique — et la danse — fait partie intégrante de la vie des AfricainEs-AméricainEs, offrant depuis l’esclavage un moyen d’accompagner les tâches, d’exprimer ses sentiments et ses revendications, de s’adonner à la critique sociale, d’être un vecteur de lutte. (...) Alors, 460 pages d’oppression, ça peut paraître un peu désespérant. Pas du tout en vérité car cela ne peut être dissocié d’un créatif et foisonnant appel à liberté et à la justice sociale, suivant l’exemple des esclaves et de leurs descendantEs. Celleux-ci ont fait évoluer la religion chrétienne qui leur était imposée à l’aide de chants, mettant en avant non pas les notions de crainte et de punition mais d’espoir d’une vie meilleure future, sans attendre l’au-delà. La bibliographie à la fin du livre est une véritable mine de ressources, tout comme les très nombreuses citations. Relevons celle du chanteur et poète Gil Scott-Heron : « Quand on est vivant et noir sur la planète Terre […] il n’y avait aucun foutu moyen de ne pas avoir de pression politique sur les épaules, et par conséquent de ne pas avoir d’opinions politiques. »
“Christophe Ylla-Somers s’est plongé dans l’histoire tortueuse de la communauté africaine-américaine de 1619 à nos jours. Il constate dans son livre, « Le Son de la Révolte », que le nouveau monde ne fut jamais la terre d’égalité, de justice et de démocratie, prônée par les premiers colons européens. Les États-Unis se sont construits sur un déséquilibre social patent que les arts ont souvent dénoncé. Alors que l’élection du 5 novembre 2024 attise les tensions outre-Atlantique, nous explorons en musique quatre siècles de rébellion et de contestation.”