L’expérience de la wilderness – l’espace sauvage américain – est traditionnellement associée à l’écriture de la nature – nature writing – née avec Thoreau, dans la deuxième moitié du xixe siècle. Or, elle est apparue bien avant, dès les écrits de William Bartram, inspirant fortement deux écrivains français de renom – Chateaubriand et Tocqueville – qui ont décrit les splendeurs des grands espaces naturels américains entre 1775 et 1831. Portés par la vogue américaine issue des romans de J. F. Cooper, Chateaubriand et Tocqueville font naître l’écriture littéraire de la nature en s’inspirant in situ des solitudes du Nouveau-Monde. Thoreau viendra parachever ce premier élan en consacrant l’autonomie d’un genre nouveau, promis de nos jours à un essor toujours plus grand.
Retrouvez la conférence de Sébastien Baudoin sur le nature writing donnée à Paris III Sorbonne.
Revue de presse
Comme l’avait souligné Pierre Schoentjes en 2015 dans son Essai d’écopoétique, l’_ecocriticism_, ou « l’étude de la littérature dans ses rapports avec l’environnement naturel », tire ses racines aux États-Unis, là où le peuple Américain profitait déjà d’une abondance d’œuvres de nature writing et d’un paysage naturel éblouissant qui avaient contribué à l’établissement d’un sentiment identitaire national1. Dans la continuité de P. Schoentjes, Sébastien Baudoin entreprend avec Aux origines du nature writing une étude cosmopolite du genre de « l’écriture de la nature », en y inscrivant deux auteurs français, François-René de Chateaubriand (1768–1848) et Alexis de Tocqueville (1805–1859), aux côtés de deux figures déjà largement étudiées dans le vaste et florissant domaine des humanités environnementales, à savoir William Bartram (1739–1823) et Henry David Thoreau (1817–1862).
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De manière générale, l’étude proposée reste innovante, même lorsqu’elle s’attaque à des auteurs complexes comme Thoreau sur lesquels les œuvres critiques sont abondantes, écrite avec une plume précise et élégante, et constitue une addition non négligeable à la bibliothèque des ouvrages francophones sur le nature writing.
Un article à lire en intégralité sur Fabula
Sébastien Baudoin était invité sur le plateau de l’émission Entrez sans frapper sur La Première RTBF pour parler de son ouvrage Aux origines du nature writing.
Une émission à réécouter sur la RTBF
L’écologie s’est s’imposée ces dernières années comme une nouvelle matrice de l’engagement en littérature. La défense des écosystèmes ou le décentrement par rapport à la perspective humaine sont à la fois les vecteurs d’un positionnement politique et d’un renouveau esthétique. Que faut-il attendre de cette tendance ?
Pas plus que la politique, l’économie ou la philosophie, la littérature n’a été exemptée d’un tournant écologique qui a transformé en quelques générations le rapport au monde de l’Occident : allant à l’encontre d’une longue tradition faisant de la littérature la mise en scène du conflit des « hommes en action » (Aristote), la critique s’est mise à découvrir l’importance, massive et ancienne, du monde naturel et animal chez les écrivains. Si les littératures d’intervention contemporaines qui dénoncent l’industrialisation de l’animal (Jean-Baptiste Del Amo dans Règne animal ou Arno Bertina dans Des châteaux qui brûlent), ou les expérimentations littéraires cherchant à réfuter le « spécisme » en nous faisant vivre la vie d’un arbre (L’Arbre-Monde de Richard Powers) ou d’un animal (À la table des hommes de Sylvie Germain, adoptant le point de vue d’un cochon ; Tombouctou de Paul Auster celui d’un chien), en sont les pointes les plus spectaculaires, l’écologie est en passe de devenir une grille herméneutique essentielle pour la critique littéraire. Trouvant sa source dans le préromantisme de Jean-Jacques Rousseau et le transcendantalisme américain d’Emerson, l’écologie littéraire y est irréductible, comme la parution récente de plusieurs travaux importants en langue française tend à le montrer : je pense ici à ceux du Belge Pierre Schoentjes, Ce qui a lieu. Essai d’écopoétique (Wildproject, 2015) et Littérature et écologie. Le Mur des abeilles (Éditions Corti, 2020) mais aussi à la belle enquête de Sébastien Baudoin, Aux origines du nature writing (Le mot et le reste, 2020) ou à celle de Sara Buekens, Émergence d’une littérature environnementale. Gary, Gascar, Gracq, Le Clézio, Trassard à la lumière de l’écopoétique (Droz, 2020).
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L’article est à lire en intégralité sur Esprit Presse
Dans son émission Si on parlait de lire sur Radio Rennes, Ronan Manuel a parlé de l’essai de Sébastien Baudoin, Aux origines du nature writing. Il a associé la présentation de cet ouvrage aux chroniques de L’Arbre-monde de Richard Powers et de Forêts sauvages d’Annik Schnitzler et Biosphoto.
Une émission diffusée sur Radio Rennes
Le festival Nature Nomade, porté notamment par les membres et amis de la Géothèque de Nantes, devait tenir sa quatrième édition les 6, 7 & 8 novembre 2020. Évidemment, comme toute initiative culturelle ces temps-ci, le festival est empêché. Mais l’idée a rapidement germé de proposer tout ce mois de novembre par le biais des réseaux et supports numériques quelques-uns des entretiens qui auraient dû se tenir en public. Les auteurs invités ont joué le jeu et j’ai pour ma part eu le plaisir de m’entretenir, à distance, avec Sébastien Baudoin que nous écoutons cette semaine et Guillaume Blanc qui sera l’invité de l’émission la semaine prochaine.
Sébastien Baudoin est agrégé de Lettres modernes, docteur-ès-Lettres et professeur de Lettres en C.P.G.E. littéraires à Paris, spécialiste de l’œuvre de Chateaubriand et auteur d’une très belle somme qui vient d’être publiée aux éditions Le Mot Et Le Reste : Aux Origines du Nature Writing .
“L’expérience de la wilderness – l’espace sauvage américain – est traditionnellement associée à l’écriture de la nature – nature writing – née avec Thoreau, dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Or, elle est apparue bien avant, dès les écrits de William Bartram, inspirant fortement deux écrivains français de renom – Chateaubriand et Tocqueville – qui ont décrit les splendeurs des grands espaces naturels américains entre 1775 et 1831. Portés par la vogue américaine issue des romans de J. F. Cooper, Chateaubriand et Tocqueville font naître l’écriture littéraire de la nature en s’inspirant in situ des solitudes du Nouveau-Monde. Thoreau viendra parachever ce premier élan en consacrant l’autonomie d’un genre nouveau, promis de nos jours à un essor toujours plus grand.”
Sur la base de ces réflexions et de cette analyse comparée des quatre auteurs nous avons construit une discussion avec Sébastien Baudoin questionnant l’écriture de ce livre, le Nature Writing & l’écocide en cours, un enregistrement réalisé à distance le 04 novembre au matin.
Le podcast Esperluette est à écouter sur JET FM 91.2 Nantes
Dans son émission “Le cours de l’histoire”, Xavier Mauduit consacre une série “Et l’homme créa la nature” en 4 épisodes. Pour le dernier, “Ecrire les grands espaces, l’oeuvre au vert”, Sébastien Baudouin est venu parler de son livre Aux origines du nature writing.
Une émission à réécouter sur France Culture
Sébastien Baudoin, spécialiste de Chateaubriand et professeur en Khâgne et Hypokhâgne a publié son dernier essai chez Le mot et le reste le 8 octobre dernier. Aux origines du nature writing plonge dans les origines de la littérature américaine, accompagné de William Bartram, François-René de Chateaubriand, Alexis de Tocqueville et Henry D. Thoreau.
“Ce genre particulier de littérature prend la nature – souvent reléguée au statut de simple décor dans un roman ou une fiction – comme son principal objet.” La wilderness, la frontier sont des termes fondateurs de ce mouvement littéraire du nature writing, tout en ayant la particularité de ne pas être traduisibles en français. À travers ces mots, on retrouve l’essence des grands espaces américains à la fin du XVIII et au XIXe siècle. À cette époque, l’Amérique du Nord, et plus particulièrement les États-Unis ne sont encore que de vastes étendues naturelles pas encore explorées : forêts, fleuves et littoraux déchaînés. Au fur et à mesure que ces espaces sont découverts par les pionniers, la frontier avance. Cette « frontière » sépare le monde civilisé du monde sauvage – la wilderness.
Et alors que les pionniers progressent accompagnés de l’idée d’assouvissement de la nature et de ses habitants (Indiens et animaux), les écrivains sont attirés à leur tour, voyageant à travers le prisme de la célébration de cette nature. Sébastien Baudoin en présente quatre, qu’il considère comme les précurseurs et les fondateurs du mouvement du nature writing. Le « naturaliste qui ne laisse rien au hasard », William Bartram, Américain, et ses Voyages (1791), puis les deux aristocrates français Chateaubriand et Tocqueville qui traversent les États-Unis à tour de rôle entre 1775 et 1831 et enfin Henry David Thoreau et son Walden (1864), considéré comme le père du nature writing.
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Le nature writing en héritage
Sébastien Baudoin fait ici une analyse poussée des textes fondateurs – et plus particulièrement, en spécialiste, de ceux de Chateaubriand – et fait le portrait des origines du genre. Depuis le XIXe siècle, le genre s’est installé aux États-Unis, avec des écrits fondateurs comme Walden, évidemment, mais aussi Le dernier des Mohicans (1826) de James Fenimore Cooper qui explore plutôt le côté ethnographique de la découverte des grands espaces, avec l’asservissement des populations natives. Plus tard, on retrouvera Jack London en 1901 avec son Call of the Wild, traduit en français sous plusieurs nom, dont L’Appel de la forêt, L’appel du monde sauvage ou L’appel sauvage, hésitation qui montre bien la difficulté de la langue française à saisir ce concept américain de la wilderness.
Le nature writing est aussi à l’origine de toute une conscience écologique de l’importance de protéger ces espaces naturels. Dès le début du XXe siècle, l’américain John Muir interpelle ses concitoyens sur l’importance de conserver dans le territoire américain des espaces où la nature est protégée : c’est la naissances des grands parcs nationaux américains, comme Yosemite. Des endroits créés pour rappeler à l’homme d’où il vient.
Aujourd’hui, souligne Sébastien Baudoin à la fin de son essai, le nature writing est toujours présent aux États-Unis à travers des récits de retraite dans la nature, pour faire barrage au rythme intense de nos société contemporaines.
Et l’idée de wilderness continuer de bercer depuis des années l’imaginaire américain, dans ses livres (Into the Wild, 1996 Jon Krakauer) et dans ses films (Il était une fois dans l’Ouest, 1968, Sergio Leone ou The Revenant, 2015, Michael Punke).
La chronique intégrale est à retrouver sur le site de Maze