Caillots

Michel Roland-Guill

« PRINTEMPS
ton pas
glisse à nouveau sur la dalle ou le pré émaillé
Giovanna pauvre ombre, pauvre et belle, belle et
pauvre lumière
retournerais-tu ?
ton pas glisse ton pied nu

dédaigne, innocente, pierre aiguë, épine, branche et
serpent glisse comme ce nuage bientôt noir là-haut
le village que le soleil fait luire comme une vieille
armure
le village rose et gris glisse sur le pan d’herbe et le
versant opaque et noir comme sont les cyprès et ton
profil qui se perd. Est-ce ça

qu’il faut m’entendre, que les amis d’où tu viens
se lassant de m’attendre ?
se dissipent peu à peu se dispersent et s’en vont

parce que je ne sais plus peindre »

Faut-il partir loin pour voir l’horizon s’agrandir ? Michel Roland-Guill réussit à aviver ce désir et à le satisfaire, dans ces courts textes, à lire comme des carnets de voyage, avec un répertoire d’effets de zoom, de caillots ancrés dans la mémoire.