Parution : 20/08/2005
ISBN : 9782915378153
72 pages (21 x 14,8 cm)

14.00 €

Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés

« À plus de trois siècles de distance, les poèmes figurés, ces expériences qui semblaient à l’auteur des Essais comme des préciosités vaines, prétextes à futile gloriole, Apollinaire, en poète inquiet de refonder son art dans la modernité, les défendit au contraire comme une "idéalisation de la poésie". Il en soulignait moins leur rupture avec les formes poétiques habituelles que la complémentarité de leur apport : "Dieu m’est témoin, écrit-il encore à André Billy, que j’ai voulu seulement ajouter de nouveaux domaines aux arts et aux lettres en général, sans méconnaître aucunement les mérites des chefs-d’œuvre véritables du passé et du présent".

Tout en jugeant compréhensible la vigueur avec laquelle les apollinariens défendent l’originalité formelle de Calligrammes, il semble donc relativement difficile de les suivre lorsque, pour conforter leur thèse d’une création ex nihilo (ou presque), ils en viennent à réduire à (presque) rien les créations du même ordre qui précédèrent celles de leur héros.

Mon propos n’est pas d’ancrer Calligrammes dans une tradition occidentale, d’ailleurs épuisée au début du XXe siècle. Si manquent les preuves pour attester qu’Apollinaire s’en fût inspiré, il semble en revanche de plus en plus difficile d’imaginer qu’il l’ait complètement ignorée. J’espère, dans les pages qui suivent, donner une idée plus juste du nombre et de la variété des poèmes figurés qu’il aurait pu connaître.
Ces créations, longtemps éparses, quelquefois nombreuses et plus concentrées, il est possible maintenant de les situer dans une continuité historique, d’en saisir le fil, d’en expliquer le sens ou de tenter du moins d’éclaircir celui-ci, tant cet art fut lié dès l’origine aux obscurités d’une poésie savante, énigmatique. Ce n’est pas le moindre mérite d’Apollinaire que d’en avoir ouvert les fenêtres sur les "couleurs du temps", sur la simplicité évidente d’un quotidien transfiguré. »
Ce livre interroge les rapports entre les mots et les images, des codex à l’imprimerie, jusqu’au début du XXe siècle, de Théocrite à Apollinaire. Ces créations, les poèmes figurés, Antoine Coron les replace dans leur continuité historique en les reliant, en expliquant le sens, ou tout au moins en éclaircissant celui-ci. Un choix iconographique issu du fonds de la Bibliothèque nationale de France illustre les propos de l’auteur sur les « couleurs du temps, sur la simplicité évidente d’un quotidien transfigure ».

Revue de presse

- Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés Odile Bonneel InterCDI n° 200 Mars/Avril 2006
- Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés Jean-Louis Jouaunaud Dazibao n°8 Mars 2006
- Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés Georges Raillard La Quizaine littéraire 16 janvier 2006

- Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés
Apollinaire et la modernité, oui, mais il ne s’agit pas pour les calligrammes d’une création ex nihilo. Avant lui, beaucoup de poèmes figurés. Des préalables aux calligrammes dans les jeux poétiques des Grecs : les acrostiches, les palindromes, les lipogrammes, les vers rhopaliques ou « boules de neige » dont les vers augmentent ou diminuent régulièrement...
Antoine Coron nous offre là une véritable enquête sur les origines du calligramme, « un dessin qui est aussi une parole ». Sont donnés en illustrations tous les calligrammes anciens dont il parle et qu’il analyse. Un livre critique et stimulant.
Terminale et supérieur
Odile Bonneel
InterCDI n° 200 Mars/Avril 2006

- Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés
Plaisir des yeux. Un bien joli petit livre d’Antoine Coron, directeur de la Réserve des livres rares et précieux de la Bibliothèque nationale de France, qui offre à tous les amoureux de la forme un beau voyage matériel et littéraire. Comment peut-on être à la fois totalement texte et totalement image ? Peut-on renouer avec les idéogrammes des débuts ? L’auteur interroge le rapport du mot à l’image, du manuscrit antique et médiéval à la typographie moderne et contemporaine, de l’alexandrin Théocrite à Guillaume Apollinaire. Aux « poèmes figurés », l’auteur rend leur profondeur historique : il les relie et il en dévoile le sens. Une riche iconographique en noir et blanc issue des fonds de la BNF illustre les propos. L’auteur a choisi de montrer tour à tour des exemples de manuscrits et d’auteurs grecs, latins et hébreux, des impressions typographiques incunables et humanistes, des jeux de mots et figures dans l’Europe classique et moderne, jusqu’aux éclatantes affirmations de l’auteur des Calligrammes (Apollinaire) qui renouvellent le genre en le libérant totalement.
Jean-Louis Jouaunaud
Dazibao n°8 Mars 2006

- Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés

Ce que nous regardons, lisons, déchiffrons sous le titre de Calligrammes, Apollinaire l’avait d’abord appelé « Idéogrammes lyriques ». À quand remontent, à quoi tiennent ces textes à double représentation — le dit et la ?gure ?
Michel Décaudin, mort récemment, refusait, dans sa présentation des Calligrammes dans l’édition de la Pléiade, que l’on ?t remonter ces Idéogrammes aux poèmes ?gurés de l’Antiquité ou du XVIesiècle. Sa voie était autre celle de la disposition typographique des poètes hardis de la deuxième partie du XIXesiècle et le modèle que fournissaient les écritures idéographiques.
Apollinaire n’était-il pas en quête d’un Art unique et n’avait-il pas donné comme titre à un recueil d’idéogrammes lyriques coloriés Et moi aussi, je suis peintre ! Antoine Coron, responsable de la Réserve des livres rares à la Bibliothèque nationale de France, a, par sa fonction et sa connaissance remarquable du fonds, fait l’histoire du « poème figuré ». Ce n’est pas celle de Décaudin.
L’origine du Calligramme n’est pas à la Chine. Mais dans une tradition typographique occidentale. On voit ainsi dans ce petit livre, des figures parfaites comme la Hache Simias, constituée de deux blocs de six vers incurvés et de longueur inégale. Leur lecture est aussi complexe que le schéma imitatif est simple.
L’Orgue à eau est monté sur une disposition à grille sans espace entre les mots, disposés en ordre croissant de lettres en vers de six pieds. Contraintes oulipiennes. Reproductions et descriptions. On apprend beaucoup dans ce petit livre. Avec plaisir. On peut dire, comme un chroniqueur de Paris-Midi de juillet 1914 : « Mais c’est vieux comme le monde, la machine de ce farceur d’Apollinaire » À quoi le farceur rétorqua : « dans ma poésie, je suis simplement revenu aux principes puisque l’idéogramme est le principe même de l’écriture ».

Georges Raillard
La Quizaine littéraire 16 janvier 2006
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