- Marc Trillard et le fait colonial
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Marc Trillard est un infatigable bourlingueur, un incomparable raconteur d’histoires et de voyages qu’il partage au travers de ses nombreux livres et documentaires. Son nouveau roman, « Aéroplanes », est passionnant. Il nous emmène en Nouvelle-Calédonie, sur les traces d’une journaliste, Gabrielle, qui doit couvrir les prochaines élections territoriales. La jeune fille va découvrir les îles voisines des Nouvelles-Hébrides et le culte du cargo et les fameux John From, qui imitent les opérateurs radio américains et japonais pour obtenir du ravitaillement… « C’est en faisant des recherches n’ayant rien à voir avec le sujet du roman que je suis tombé sur la photo des Mélanésiens devant un avion fictif et que j’ai découvert le culte du cargo, explique l’auteur depuis les Philippines où il vit aujourd’hui. En explorant la piste, j’ai appris l’existence de l’ancienne colonie des Nouvelles-Hébrides. Ma surprise fut grande quand je sus que ce système colonial avait perduré jusqu’en 1980 : la dernière colonie française, oubliée, sinon cachée ou secrète… Dès lors, j’avais tous les éléments, tous les déclencheurs de mon histoire : un culte baroque largement inconnu de nous, dans le cadre d’une situation politique volatile et bientôt violente. » L’intrigue est menée d’un style alerte et l’on tourne avec Gabrielle quelques pages méconnues d’une histoire contemporaine française peu glorieuse et peuplée de barbouzes et colons inquiétants et plus vrais que nature.
Services secrets et indépendance
« Cette histoire était excitante à mes yeux répondait à deux de mes préoccupations majeures : le fait colonial – mon père fut un des soldats du corps expéditionnaire au Vietnam – et les diverses manifestations de la superstition dans le monde contemporain. J’ai écrit l’essentiel du livre depuis chez moi, ce qui fut une nouveauté pour moi mais, alors que j’étais sur la fin du livre, le hasard m’emmena sur place, au Vanuatu, pendant une douzaine de jours. Cela me permit de rencontrer l’un des acteurs majeurs de l’indépendance, qui me fournit quelques précieuses informations sur l’ingérence des services secrets français dans le pays de cette époque… »
Yves Gabay
La Dépêche du Midi
29 août 2019
- Des rituels étranges et anachroniques aux Nouvelles-Hébrides
Ce qu’il y a de formidable avec la connaissance, c’est que plus on apprend et plus on se rend compte que nous sommes des nains devant le savoir. Ainsi qui d’entre nous, levez la main, savaient ce qu’est le culte du cargo ? Grâce à Marc Trillard vous saurez tout ou presque à son sujet, sur ces rituels qui ont pris naissance à la fin du
XIXème siècle en Océanie. Où les indigènes étaient fascinés par l’abondance des biens matériels entre les mains des occidentaux. Ils ignoraient tout ce qui se tramait derrière la production et le financement des biens. Pour eux, c’étaient comme des fabricants de produits miracles. Donc est né ce culte du cargo pour favoriser l’arrivée de l’abondance. Autrement dit c’est une vision millénariste du monde. Dans son roman Aéroplanes l’écrivain met en scène une journaliste qui débarque en 1979 en Nouvelle-Calédonie et aux Nouvelles-Hébrides. Et c’est dans cet archipel qu’elle sera confrontée à ce culte local.
L’occasion de faire votre initiation dans cet univers parallèle et captivant. Ah, oui, vous a-t-on dit que c’est magnifiquement écrit ?
Daniel Rolland
Culturehebdo
mai 2019