EXTRAIT
Je voulais voir les arbres. Les grands arbres, les arbres géants. J’ignore pourquoi. Je ne savais pas à quoi ils pouvaient bien ressembler, non plus s’il s’agissait de feuillus ou de conifères. Pendant très longtemps, je n’ai même pas su qu’on avait percé de véritables tunnels dans le tronc de certains spécimens permettant à des véhicules de les traverser. Et j’aurais été bien incapable de dire exactement ce qui faisait d’eux des géants. Étaient-ils les plus hauts, les plus gros, les plus larges, les plus droits ? D’Amérique, de l’hémisphère nord, du monde ? En quoi se distinguaient-ils des baobabs ? Pour tout dire je n’aurais même pas su dire où ils se trouvaient.
Revue de presse
Pourquoi ce livre
C’est avec une très grande joie que je vais vous parler de Camping California d’Arnaud Devillard. Plonger dans un récit de cet auteur est synonyme, pour moi (et pour une autre personne qui se reconnaîtra), de délicieuses heures de lecture et de rigolade en perspective.
Après l’excellentissime Journal des canyons qui nous mène dans les grands parcs de l’Ouest américain et le succulent Grizzly Park où l’on part à la rencontre (ou pas) de l’ours, Arnaud nous propose une virée en Californie sur les traces de John Muir à la découverte de la Sierra Nevada et des séquoias géants.
Mon avis
Quel plaisir, mais quel plaisir que cette lecture! L’écriture de l’auteur est toujours aussi succulente et tellement réaliste que j’ai lu ce livre avec Google Earth ouvert à côté de moi pour suivre leur trajet, parce que moi aussi je voulais y être.
Arnaud a une telle façon d’écrire ses road-trips, que ses livres pourraient servir de guide touristique. Il me conviendrait parfaitement. D’ailleurs après la lecture de ses 3 ouvrages, je l’élis officiellement mon auteur de guide de voyage de l’ouest americain préféré. Si un jour je vais en Californie, j’emmène obligatoirement Camping California avec moi, car tout y est : les campings nature dans des décors de rêve, les restos, les visites à faire (ou pas ), les randonnées…
Arnaud et Cécile (sa compagne) voyagent à la ‘Root’ et j’aime ça ! Ils font du camping à la française avec une toile de tente canadienne, utilisent les tables en bois mises à disposition sur les emplacements et chauffent leurs aliments sur le feu de camp (quand ils réussissent à l’allumer), ce qui dénote très très fortement avec les Américains qui eux, viennent en camping avec leur maison.
Dans ce récit de voyage on découvre une autre Californie, loin des plages de rêve . Celle de la brume constante, des séquoias géants, maîtres des lieux ancestraux et du sublime Kings Canyon. Arnaud aime l’Amérique, et sait faire partager son amour pour les grands espaces américains, non sans une pointe d’humour acerbe ! Il me fait légèrement penser, pour cela, au généralissime Bill Bryson. Dans ce livre, encore, de nombreuses références filmographiques, musicales et livresques sont disséminées. L’auteur marche sur les pas de John Muir, dans la Sierra Nevada, et lit Lonesone Dove de Larry McMurtry, le soir au coin du feu! What else ? Il croise aussi les livres de John Muir, Edward Abbey, John McPhee, Doug Peacock dans une librairie ! Il sait vraiment me prendre par les sentiments celui-là !
Camping California est donc un livre – vous l’aurez compris, je pense – que j’ai adoré et que je vous recommande (comme les 2 autres de l’auteur) très fortement. À ce jour, je n’ai plus de récit de l’auteur à lire et j’en suis très triste. J’espère qu’il a pour projet de repartir bientôt sur la route, parce qu’il me manque déjà.
Lire la chronique sur Les passions de Chinouk
Chaque jour, Sandrine Trainer invite un auteur à lire les premières pages de son premier livre. Aujourd’hui, c’est Arnaud Devillard qui entraîne le lecteur sur la route, à la rencontre des séquoias.
Réécouter Arnaud Devillard sur le site des Bonnes Feuilles
Après son Journal des canyons et Grizzly Park, publiés aux éditions Le mot et le reste, Arnaud Devillard nous revient avec une nouvelle épopée californienne, Camping California (même éditeur). Non pas sur ces plages mythiques peuplées de naïades survitaminées en petit maillot rouge. Non, son invitation conduit vers une autre Californie, moins connue mais aussi excitante. Celle des immenses forêts peuplées de séquoias. «Je voulais voir ces arbres. Les grands arbres, les arbres géants. Je ne savais pas à quoi ils pouvaient ressembler. Étaient-ils les plus hauts, les plus gros, les plus larges? Pour tout dire, je n’aurais même pas su dire où ils se trouvaient. (…) La Californie du Nord reste pour moi un mystère. Elle occupe dans mon imaginaire la place qui a longtemps été la sienne pendant la conquête de l’Ouest, un paradis dont tout le monde parlait, mais aussi méconnu qu’inaccessible.»
Journaliste, aventurier (mais pas trop), Arnaud Devillard ne jure que par le camping, comme pour rendre hommage à ce style de vacances pratiqué par des parents campeurs. Avec sa compagne Cécile, il a décidé une fois pour toutes que le grand Ouest américain ne se visite que sous la tente. Après tout, le camping est né ici, en Amérique. De quoi jouer également au cow-boy et plonger dans ce mode de vie estival choisi par des millions d’Américains chaque année. «J’ai un rapport ludique avec les États-Unis. Je viens ici pour chercher à infirmer tous les présupposés que je peux avoir sur l’Amérique et les Américains, guettant le moment où je vais me laisser surprendre.» Et force est de constater que l’attente n’est pas longue pour le couple français. Tout commence en effet dès l’installation dans le premier camping de ce séjour californien et où se creuse le fossé, profond, entre les deux joyeux campeurs français et les Américains. Là où le touriste étranger se contente d’une modeste tente igloo avec un méchant matelas pneumatique gonflable et une petite glacière pauvrement remplie de barres de chocolat et de sandwiches au salami, le campeur local va quant à lui déployer des moyens dignes du débarquement en Normandie de juin 1944. Avec tout le confort pour recréer en pleine nature un second home sweet home. Salon, salle de bain complète, écran plat, barbecue géant etc. Rien ne manque. Camper d’accord, mais pour vivre comme à la maison. On n’est pas en vacances pour manquer de bière fraîche ou de ketchup. Un face à face entre tourisme minimaliste à l’européenne et opulent façon made in USA parfaitement décrit sous la plume d’Arnaud Devillard. Son humour hilarant fait rire jaune parfois car chacun d’entre nous s’y reconnaîtra un peu. Ainsi, quel campeur européen n’a-t-il jamais eu à subir le regard de surprise voire de pitié de son homologue américain? Le choc des cultures en pleine nature.
Rédigé comme un carnet de voyage bien documenté et ponctué d’anecdotes historiques ou personnelles, ce document permet de parcourir un territoire qui s’écarte assez souvent des sentiers battus, faisant fi des clichés éternels sur la Californie façon «Beach Boys». Avec l’auteur, on se plaît davantage à humer l’air des montagnes, des forêts gigantesques peuplées de géants à qui des millions de touristes viennent rendre hommage. À cotoyer également la surprise teintée de peur à la rencontre d’une faune plutôt hostile, comme le grizzly ou le serpent à sonnette.
Un itinéraire qui permet de découvrir notamment le lake Tahoe, le site magnifique mais surpeuplé du Yosemite ou l’ambiance de la ruée vers l’or dans la ghost town de Bodie, au cœur de la Sierra Nevada.
L’écriture, drôle et bien enlevée, offre au lecteur l’assurance de bons moments de lecture. Comme une barre de chocolat, on se surprend à dévorer l’ouvrage jusqu’à la fin. Sans honte, mais avec un plaisir non dissimulé.
Ce Camping California ressemble un peu à ces conférences d’ «Exploration du monde» où le public se compose de deux catégories. Les spectateurs qui viennent retrouver les souvenirs de voyages passés et les autres, ceux qui rêvent à des contrées lointaines où ils ne mettront jamais les pieds.
Un récit marqué par l’humour de l’auteur, souvent adepte de l’autodérision, et qui se doit d’être accompagné de la bande son adéquate. Une musique qui fait partie, elle aussi, des impératifs d’un voyage aux States. Indispensable pour rester éveillé sur ces tracés autoroutiers longs comme un lundi pluvieux et où la vitesse est désespérément lente. Qui dit Californie pense automatiquement au tube «Hotel California» des Eagles. Soit, mais ce choix s’avère très (trop) classique. Essayons de faire mieux. Avec «California Waiting» (Kings of Leon), «Promised Land» (Elvis Presley), «Two Lane Highway” (Pure Prairie League) ou «Legends of Laurel Canyon» (Ryad Kerbouz). Go west young boy!
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La librairie Les Cinq Continents a invité Arnaud Devillard à l’occasion de la sortie de son ouvrage. La rencontre a été filmée et vous pouvez la visionner ICI
Radio Divergence a aussi enregistré une partie de la rencontre que vous pouvez réécouter ici