Revue de presse
Federman a échappé à une raffle, a gagné la zone libre, émigré chez les yankees et appris assez d’américain pour devenir un jour docteur en littérature, spécialiste de Samuel Beckett, non sans avoir également servi dans l’armée américaine en Corée et au Japon. Un écrivain donc qui ressemble à un héros de film et qui écrit comme un écrivain doué, traduit dans plusieurs langues, et qui doit avoir une bonne quarantaine de publications derrière lui. Donc, vous pouvez commencer par ce recueil, Coups de pompes, et poursuivre ensuite en enfilant les souliers de Federman et rire avec lui.
On retrouve dans ce recueil tout ce qui fait le caractère primesautier de ses écrits, les jeux du langage jamais ennuyeux chez lui, le désarroi comme matière à improviser pour s’en défaire, les fausses recettes pour bien vivre, des rêves inquiétants dans lesquels on n’a pas envie de tomber, des dialogues signifiants sur la platitude des échanges, des listes de mots désopilantes.
Trilingue franglais/frenglish/frangloche et lisible par « tous ceux qui refusent de grandir », cette collection de petits textes alterne avec énergie et humour méditations, aphorismes, schizo-poèmes, micro et critifictions, auto-craductions, anagrammes, listes de choses aléatoires ou pas, dans une langue débridée, résolument dégagée du «bien écrire».
Coups de pompes ou comment faire foirer la langue en 44 coups de pieds réels dans le cul imaginaire de la langue. Autant d’expériences pour «mieux échouer» et qui propulsent l’écriture par à-coups en une succession rythmée de départs, faux départs et re-départs – fuites, libertés, délais.
Une fois encore FEDERMAN multiplie les périls et les acrobaties linguistiques pour réinventer 44 fois chaque fois le ratage spectaculaire du processus de l’écriture. Phrases haletantes, cadences rompues – accidents, incidents, pannes. Jamais aucun lecteur n’aura éprouvé au plus près le moment toujours mobile de l’écriture, les hasards et les affolements du langage. Coups de pompes, mais aussi klaxons et coups de freins. Sur l’autoroute du Sud, au milieu d’un poème, la carrosserie se tord et la peinture craque.