Dans sa peau
Nous retrouvons ici le narrateur des Années vides, sorti de l’univers scolaire, propulsé à l’âge d’homme. Critique rock, il affronte l’existence avec les mêmes difficultés, les mêmes obsessions. Confronté au temps qui passe et aux belles années qui depuis longtemps sont évanouies, laissant l’insouciance de l’enfance plier sous le poids de la vie, il avance malgré lui. Emmanuelle apparaît à ses côtés aussi vite qu’elle disparaît. La jeune fille représente ce passage vers l’âge adulte et lui confère une posture d’aîné qu’il peine à investir. À travers elle il se cherche, il s’accroche. Cette errance se fait également sentir dans son activité de critique. Là où d’autres bâtiraient d’impérissables souvenirs, lui se surprend à vivre ces moments intenses comme de simples anecdotes qu’il raconterait une nouvelle fois pour tenter d’en extraire une force qu’il n’a jamais su ressentir. Puis survient la mort du père. Les souvenirs s’imposent au narrateur et avec eux, l’introspection qui est de mise. Michka Assayas entraîne le lecteur à ses côtés, lui permettant d’être au plus proche des sensations et des sentiments qui l’habitent.