Revue de presse
[…] Ce livre est un phare qui éclaire plusieurs lignes d’horizon. Une existence, assurément, témoigne du monde et du temps qui nous ont vus naître et de leurs nombreuses métamorphoses jusqu’au soir d’une vie. Cette traversée, entre deux siècles, a notamment pour matrice l’université de Glasgow qualifiée « d’établissement post-médiéval », la ville elle-même vivant « les derniers soubresauts de la révolution industrielle ». Toutefois, dès la prime enfance, l’attraction pour la nature sauvage – celle des landes, des rivages, des collines rocheuses, des bosquets de bouleaux – forge sa sensibilité et va nourrir son œuvre. Car par-delà toute érudition – et dans le cas de Kenneth White, elle est impressionnante –, le cri de l’oiseau, le fracas des vagues et le silence vibrant d’énergie ne sont jamais bien loin. […]
Si l’auteur s’est toujours pleinement engagé dans son œuvre, comme dans ce qu’il a nommé Le champ du grand travail, jamais il n’avait livré autant d’éléments biographiques. Ce livre vient donc situer, avec beaucoup de finesse et de délicatesse, ce que l’auteur a jugé digne d’y faire figurer. Témoin d’un monde qui prend fin (Glasgow) et acteur d’un monde, d’une culture à refonder. C’est la grande aventure collective, certes, de la géopoétique, mais celle, aussi, de l’infatigable chercheur, du théoricien, du poète.
Dans un monde et en un temps où la déliquescence, la bêtise et la monstruosité ont si souvent droit de cité, ce n’est pas la moindre qualité d’une œuvre d’avoir été entièrement fondée sur l’émergence d’un monde ouvert. Dès lors, faut-il être surpris par l’intitulé du dernier chapitre : _L’Envol_…
Une chronique à retrouver en intégralité sur La Revue des ressources
Installé à Trébeurden, Kenneth White livre son autobiographie. Celle d’un esprit hors du commun, nourri depuis la petite enfance de son vécu, de ses lectures, puis de ses voyages.
Depuis 40 ans à Trébeurden, Kenneth White se concentre sur son travail de réflexion et d’écriture dans le penty de la fermette, Gwenved, où il réside avec sa femme Marie-Claude. « La France, c’est mon premier pays », confie l’écrivain, naturalisé français. « Je n’ai jamais vécu aussi longtemps au même endroit », fait-il remarquer. « Et je n’ai aucun désir d’aller vivre ailleurs.»
Installé dans sa bibliothèque, il déroule le fil de sa vie, retracé dans son autobiographie, Entre deux Mondes, parue en octobre dernier.
Un désir d’indépendance
Depuis le plus jeune âge, Kenneth White « stravaigue » (marche) en solitaire dans les rues de Glasgow, sa ville natale, puis sur le rivage et à travers les landes de son petit village de Fairlie sur la côte écossaise.
“Mes parents me laissaient une liberté totale. Je partais dans la forêt la nuit et je conversais avec le hibou.” Kenneth White
Il chemine dans ses pensées, aiguisées par une sensibilité à fleur de peau. Dès 5 ans les noms géographiques le font rêver à de lointains voyages.
Une soif de savoir
« J’avais l’impression que personne ne comprenait personne, quand j’écoutais les conversations dans la rue. J’ai commencé à écrire pour y voir plus clair ». Il n’a alors pas 10 ans. Très tôt, il dévore aussi bien les écrits scientifiques que la littérature ou les traités de philosophie, dans lesquels il cherche des réponses.
Né dans une famille très modeste mais instruite, il travaille pour s’acheter des livres. Il livre le lait, les journaux et est employé à la ferme ou à la boucherie. Au collège, il apprend le français « à toute vitesse ». Il hérite de son professeur d’anglais des 19 volumes de Charles Dickens qu’il transporte dans une brouette jusque chez lui. Il apprend le gaélique en travaillant sur un bateau. […]
Retrouvez l’article en intégralité sur Le Trégor
[…] Une autobiographie ne veut ni ne peut tout raconter. C’est pour cela qu’elle ressemble à s’y méprendre, lorsqu’elle est réussie, à une carte. À chaque carte son échelle, sa projection, son réseau de longitudes et de latitudes mais aussi son cadre et sa légende. Celle tracée d’un geste à la fois assuré et minutieux par Kenneth White porte le titre d’_Entre deux mondes_ et vient de paraître. […]
A priori Entre deux mondes vient prolonger cette première autobiographie, nous projetant à sa suite par-delà la géographie immédiate de Fairlie, Largs, Ardrossan et Glasgow pour embrasser successivement celles de l’Europe et du monde entier. Relisant ces lignes parues en 1963, les choses semblent toutefois devoir être vues et comprises de façon légèrement moins affine. On y apprend par exemple que le poète de 27 ans répugnait alors à «retracer ses antécédents», affirmant que seul le présent est réel. Ainsi dans ce texte en forme de carnet de notes, «quelque chose qui n’a ni commencement, ni milieu, ni fin», car c’est ainsi qu’il aime à voir la vie, il n’allait parler «jamais que de présence au monde».
Si aujourd’hui Entre deux mondes prolonge de toute évidence En toute candeur, disons qu’un changement de stratégie a clairement pris place. Désormais pleinement assumée, l’autobiographie du penseur accompli perd l’aspect paradoxal qu’avait celle du jeune homme. En complétant l’œuvre et en en fournissant «la toile de fond», elle y tient même un rôle de premier plan.
Libre à chacun·e de se déplacer à sa guise sur cette carte, en faisant toutefois attention à ne pas la prendre pour le territoire. Autrement dit, à ne pas prendre ce récit dans un sens trop biographique ou trop historique. Plus qu’une histoire, plus qu’une biographie, il est question ici d’un espace qui se déploie autour de l’auteur. Les rencontres y sont nombreuses, les anecdotes souvent instructives et la franchise toujours de mise. Point de bavardages pour celui qui dès son plus jeune âge décide de tracer sa propre route sans forcer son talent, et qui n’a pas peur de faire sien le génie.
Un article à retrouver en intégralité dans Le Courrier
On connait l’adresse de Cioran aux fouineurs : « Il est incroyable que la perspective d’avoir un biographe n’ait fait renoncer personne à avoir une vie ». A quelqu’un lui demandant pourquoi il ne racontait pas l’histoire de sa vie, Franz Liszt répondit : « c’est bien assez de la vivre». Robert Charlebois s’amuse simplement à caresser les critiques, ces « ratés sympathiques ».
Kenneth White a choisi de se préserver des deux mondes en livrant une autobiographie foisonnante de 463 pages, itinéraire d’un circumnavigateur parti de Glasgow pour relâcher en des lieux fondateurs ou propices à la fermentation de singularités, de l’Ardèche ensauvagée au nord du Japon, de Munich à Paris, des terres gelées du Labrador aux archipels tropicaux ébouriffés par la rose des quatre vents.
La prose sinue allègrement, au gré d’anecdotes parfois pittoresques, tel cet hommage aux staliniennes, repéré sur un mur de la cathédrale de Bayonne. En fusion ambulante, la pensée jalonne un cheminement « dense comme une pierre, limpide comme une source », résolument à l’écart d’un grand remplacement philosophique du style tardif Université de French Caen Caen. Se dessine un paysage mental, cartographie de ce monde blanc qui attirera disciples et chercheurs de bonne fortune. White harangue son époque, à l’image du quatrième Henri avant la bataille d’Ivry. Certes, il est parfois sujet à la tentation de Narcisse, mais elle est souriante et donc soluble dans la jalousie. Il serait vain de la chercher dans les amusements de la littérature monde ou parmi les actuelles illuminations stevensoniennes de la tribu des arpenteurs d’escarpements, que la rencontre d’une ânesse encourage à tutoyer le ciel. La clé de FA du grand œuvre est à trouver dans les précieuses « Lettres de Gourgounel », fleuron de toute bibliothèque respectable. […]
Un article à retrouver sur Putsch media
Ne cherchez plus le vrai événement littéraire de la rentrée 2021. Il se trouve du côté de Marseille, et dans toutes les bonnes librairies, sous la couverture des éditions Le Mot et le Reste. Cette excellente maison d’édition a entrepris depuis près de dix ans d’éditer ou de rééditer des textes majeurs de Kenneth White. Elle nous a livré en septembre dernier un opus ultime : une imposante somme autobiographique et intellectuelle de près de 460 pages enrichie de photographies choisies. Précisons que l’auteur a rédigé l’ouvrage dans sa langue maternelle et que Brice Matthieussent en a établi la traduction, prenant ainsi le relais de Marie-Claude White qui pendant des décennies a signé de remarquables traductions des œuvres du poète-penseur. L’ouvrage est par ailleurs dédié à cette dernière, comme beaucoup d’autres, en tant que compagne de toujours. Elle trouve la place qui lui revient également en couverture en nous donnant cette photographie de Kenneth White faisant zazen, méditant entre deux langues de terre, le regard fixé sur un espace océanique et peut-être plus qu’océanique. […]
L’autobiographie intellectuelle de Kenneth White n’a pas d’équivalent à ma connaissance. Il s’agit une nouvelle fois d’un livre hors-norme de sa part. Quel auteur en effet pourrait rendre compte aujourd’hui d’un tel parcours ? d’une telle œuvre ? Elle confirme, s’il fallait s’en convaincre, que le plus grand poète français vivant est écossais et même que le plus grand poète écossais vivant est français. Et que dans son œuvre plus que magistrale, originelle, se déploie tout un monde.
Retrouvez l’article en intégralité sur La Revue des Ressources
En publiant son autobiographie, c’est la vie d’un maître du gai savoir et d’un nomade intellectuel que nous propose Kenneth White. Celle d’un éveilleur qui est un authentique éveillé.
Un grand existant, un homme qui n’a jamais fait les choses comme tout le monde, qui a toujours été dans l’en-dehors, qui vit sa vie comme une expérience « sans principe, sans modèle, sans but fixé à l’avance”, voilà comment apparaît Kenneth White dans son autobiographie. Titrée Entre deux mondes – le matériel et l’intellectuel, l’existentiel et le conceptuel, le contemplatif et l’expressif – , elle veut surtout montrer qu’il est possible, depuis cet entre-deux, de gagner un en-dehors, un monde de géométrie primitive, un espace qui ouvre l’être à un territoire désencombré de signes et de culture. Un lieu où écouter le monde, où vivre en pleine géopoétique. […]
En retraçant sa ligne de vie, en distillant une certaine manière de se conduire et d’être en chemin et en montrant combien sa vie n’aura été qu’une dialectique perpétuelle entre l’errance et la résidence, Kenneth White nous invite aussi à goûter la qualité de chaque heure, à croire à une poétique du monde visant à remanier culture et nature en développant le « sens de la Terre”.
Le voyage pour horizon
Intitulés Entre deux mondes, ces Mémoires sont aussi foisonnants que le Mahabharata. Intellectuel nomade né en 1936, Kenneth White succombe tôt à l’appel du large. Il a touché toutes les disciplines jusqu’à fonder la sienne, une “géopoétique” fidèle à la Terre. Des côtes bretonnes aux îles des Caraïbes, de la Chine aux rives du Saint-Laurent, il cartographie le monde et tente de répondre à cette question fondamentale : “Qu’en est-il de la vie sur Terre ?”
Une poésie de plein vent
Aux fondements de sa “géopoétique” prévaut l’idée “qu’il faut sortir du texte historique et littéraire pour trouver une poésie de plein vent où l’intelligence (l’intelligence incarnée) coule comme une rivière”. trait d’union entre l’Orient et l’Occident, son œuvre conjugue le mouvement la contemplation, le passé et l’avenir, le matériel et l’intellectuel.
Résister au repli sur soi
Conscient très tôt des ravages du changement climatique, cet exilé volontaire milite pour un dialogue entre sciences et littérature. Sa poétique, nourrie des différentes cultures rencontrées, s’inscrit en résistance contre l’enfermement, le repli sur soi et incite, sans livrer de méthode toute faite, au dépassement, fidèle à ces vers de Byron : “Comme nous savons peu ce que nous sommes ! / Encore moins ce que nous pourrions être!”
À l’origine des notions de géopoétique et d’esprit nomade, Kenneth White est l’un des plus grands penseurs et poètes de notre temps. Sa culture-monde questionne notre manière d’habiter la terre et ouvre un vaste espace de pensée pour l’écologie.
Kenneth White nous a ouvert les portes de son « Atelier Atlantique », situé sur la côte nord de la Bretagne. L’occasion de mettre les voiles au-delà de La REcyclerie, de retracer le cheminement sensible et intellectuel d’une figure du dehors, dans la lignée d’un Walt Whitman et d’un Henry David Thoreau.
« J’ai toujours été à la recherche – dans diverses parties du monde – de lieux où vivre intensément. Autant j’aime traverser des territoires pour augmenter mon expérience du monde ; autant je suis intéressé par habiter profondément un lieu. La plupart des gens ont une adresse. Mais combien connaissent leur lieu ? »
Né il y a 85 ans à Glasgow, en Écosse, Kenneth White offre un regard lumineux sur le contexte culturel, politique et écologique actuel. Une parole rare et précieuse à l’approche de la COP26, la prochaine conférence internationale sur les changement climatiques.
« Le mot écologie est un mot utile, peut-être pas le mot final. Il y a beaucoup de travail à faire sur la pensée écologique, une pensée qui ne s’appellera peut-être plus comme telle, mais qui sera un en-avant de l’écologie. […] Une pensée sensible, riche, et qui fait vivre plus. Et c’est de cela dont il s’agit. Vivre plus. »
Rencontre avec le poète et essayiste franco-écossais, retiré sur la côté bretonne.
C’est une ancienne maison de paysan-pêcheur, toute de granit et de schiste, plantée sur une propriété arborée, qu’il a baptisée Gwendel, le “territoire blanc” en gaélique. C’est là qu’il a posé ses valises, avec sa compagne de longue date, Marie-Claude, qui est aussi sa fidèle traductrice, il y a bientôt quarante ans, à l’écart du bourg de Trébeurden, dans les côtes d’Armor, à quelques encablures de l’océan et de ses rumeurs. C’était en 1983, l’année où son récit canadien, La Route bleue, remporte le prix Médicis étranger, et où il est nommé titulaire de la chaire poétique de XXe siècle à la Sorbonne. […]
Séduit par ses poèmes, André Breton lui écrit, en 1965, louant son “haut accent de nouveauté”. White attire un peu plus tard l’attention de Maurice Nadeau, qui édite Dérives et Les limbes incandescents, lesquels forment avec Gourgounel une trilogie qui pourrait avoir pour titre “Itinéraire d’un surnihiliste”. […]
Un portrait à retrouver en intégralité dans Le Figaro littéraire
“Je suis fondamentalement un solitaire qui, de temps à autre, interrompt son isolement par les coups d’éclat de son activité publique.”
L’inventeur du concept de nomadisme intellectuel et de l’Institut international de géopoétique signe son autobiographie Entre deux mondes, publiée le 14 octobre chez Le mot et le reste, dans une traduction de Brice Matthieussent. De ses vagabondages et errances à travers le monde se dessine un paysage mental inédit.