Revue de presse
[…] Une véritable mosaïque d’idées, que l’on découvre paragraphes par paragraphes, à chacun son rythme.
Le livre nous propose un passage plaisant à Concord, petite ville du Massachusetts non loin du lac de Walden (qui a donné son nom à la plus célèbre des œuvres de Thoreau), que l’on appréhende comme une balade, alternant entre rythme soutenu et moments souples et lents, presque évasifs.
L’ouvrage lui-même oscille entre pensées sur les mœurs du village et passages plus contemplatifs sur la nature environnante : le lac des balades occasionnelles ou de la pêche, la rivière des rats musqués, et le bois, grand contributeur à la vie des lieux.
Cette mosaïque de paragraphes dessine un auteur chaque fois plus complexe, à la fois très humain et clairvoyant, soucieux de (se) représenter la réalité et du recul que cela nécessite. La critique de la société s’avère juste et pointe sans ambages ce qui est digne de mépris, ou au moins d’ironie, pour l’auteur. Mais Thoreau sait aussi rendre justice à ses concitoyens en les décrivant avec beaucoup de poésie, de cet homme aussi volatil qu’une brume matinale à ses compagnons du quotidien dont il souligne la force, en passant par cette femme résiliente à laquelle il rend un hommage sensible.
De la nature, il dessine un portrait kaléidoscopique et très moderne : à la fois sujet et condition d’une vie saine à Concord, elle offre des scènes de vie à ravir aux observateurs. C’est une nature-sujet, qui bondit entre les bois à l’image des rats musqués entre les plantes, qui sait se cacher et se métamorphoser, voire agir avec tendresse.
Chaque paragraphe est une surprise, offrant un regard neuf, et, très vite, Concord ne semble plus si loin. Les mœurs des lieux, le lien entre les habitants et les animaux, la narration de ses paysages… même les histoires du village finissent par nous concerner.
Finalement, Gens de Concord propose autant de paysages et de portraits qu’une méthodologie à l’introspection par une réécriture du regard, qui part des quotidiens pour en déceler les changements subtils et les découvertes d’un monde végétal d’une richesse insoupçonnée qui sait transformer la poussière en or.
Un livre à lire pour se reposer ou réfléchir, une balade philosophique.
Un article à retrouver en intégralité dans le Journal Ventilo
En page intérieure l’information importante : ‘sélection et introduction de Michel Granger’. Les extraits qui composent ce recueil sont tirés de Journal et de Walden du même auteur et traduit par Brice Matthieussent. Et la question qui vient immédiatement à l’esprit est sans doute la suivante : Pourquoi composer un livre avec des extraits de livres disponibles ? La réponse est dans le titre de l’introduction : ‘un humaniste ambivalent’ et dans les titres qui ouvrent les extraits. Mais la vraie réponse est dans le fait que l’on a tendance à classer Thoreau parmi les misanthropes. Ce petit livre est censé lui redonner sa vraie dimension. Et il y parvient, selon moi.
Un petit mot sur la couverture dont la canne à pêche ‘passe’ sur le titre et ajoute du blanc au blanc des lettres tout en équilibrant la photo.
Tout le monde devrait avoir lu Thoreau pour son analyse de la société et son rapport à la nature. Ce livre met en évidence le fait qu’il aime les gens qui ont un rapport non artificiel au monde. Les gens qui vivent la vie au lieu de suivre des us et coutumes. Il observe et écoute et tire les leçons qui s’imposent. C’est aussi un pacifiste convaincu. Même si géographiquement ils sont très éloignés, j’ai trouvé quelque parenté entre lui et Mark Twain… et entre lui et Montaigne… Et je ne peux m’empêcher de vous offrir une citation : « ‘Les hommes triment et se trompent’. Il vise une humanité conformiste moutonnière : ‘La grégarité des hommes est leur caractère le plus méprisable et décourageant. Voyez comme ils se suivent tels des moutons, sans savoir pourquoi.’ Ils se plient aux traditions, ne pensent pas par eux-mêmes. Il faudrait les ‘installer sous une puissante presse pour expulser leurs vieilles idées.’ »(les passages entre ‘…’ sont de Thoreau.)
Encore un livre idéal pour les transports en commun (format et poids) en espérant que les gens s’interrogent sur ce « Concord ».
Une chronique à retrouver sur Daily Passions