Le pasteur naturaliste, amoureux de l’environnement, décrit la nature quotidienne sur un mode des plus poétiques.
Claude-Marie Vadrot – Politis
L’ouvrage rassemble deux séries de lettres que Gilbert White a écrites à Thomas Pennant, un des grands zoologistes de son temps et à Daines Barrington, juriste et naturaliste amateur. Dans ses lettres, White rend compte de ses observations minutieuses de la faune et de la flore, et surtout des oiseaux des alentours du village de Selborne où il a passé la quasi totalité de son existence. La rigueur scientifique est ici servie par une prose simple et lumineuse, qui rend l’ouvrage accessible à tous. À côté de la description de ses découvertes, White donne aussi à voir des pans de sa sensibilité avec humour et modestie.
Un ouvrage clé et fondateur de la pensée écologiste, publié pour la première fois en France.
Revue de presse
L’éditeur marseillais Le Mot et le reste publie à petit prix, le 20 septembre, Histoire naturelle de Selborne (345 pages, 9,90 euros), œuvre majeure sur les prémices de l’écologie, signée par l’ornithologue britannique Gilbert White (1720–1793). Considéré comme un classique au Royaume-Uni avec plus de 300 rééditions, ce livre réunit des lettres sur la faune et la flore du village de Selborne, situé au sud-ouest de Londres. Sa particularité ? Le sens aiguisé de l’observation de son auteur, qui identifia plusieurs espèces et constata, entre autres choses, le rôle du ver de terre dans l’équilibre du terreau.
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Qui est Gilbert White ? Un curieux Anglais né en 1720, qui a passé l’essentiel de sa vie dans le village de Selborne. La petite et valeureuse maison d’édition marseillaise Le Mot et le Reste publie un classique d’outre-Manche, parfaitement inconnu chez nous, Histoire naturelle de Selborne (320 pages, 23 euros). Il s’agit de deux séries de lettres adressées par Selborne au zoologiste Thomas Pennant d’une part et au juriste Daines Barrington d’autre part.
Selborne est un village de moins de 700 habitants, à environ 75 km au sud de Londres, que White explore pour nous dans tous les sens. Comme il est un naturaliste, son regard est précis, mais aussi chargé d’émotion. Extrait : « Au fur et à mesure que la paroisse s’étend vers la forêt de Woolmer, à la jonction des terres argileuses, le sol devient un terreau sableux et humide, impeccable pour le bois de construction, mais épouvantable pour la circulation ». Les oiseaux fascinent White, et nous fascinent à notre tour, 220 années plus tard. Si peu de choses semblent avoir changé ! Extrait : « L’alouette a commencé d’émettre ses chuintements dans mes champs samedi dernier ». Les pouillots voisinent avec les choucas, le faucon hante les marais à la recherche de sa pitance, l’engoulevent et l’œdicnème fendent les airs ou les herbes.
Propriétaire terrien et pasteur anglican du village de Selborne (75km au sud-ouest de Londres) où il est né et a toujours vécu, Gilbert White s’est pris de passion pour la terre, la chasse et la nature. De ses observations, consignées au jour le jour, et des courriers échangés avec d’autres naturalistes amateurs comme lui, il a tiré un ouvrage publié en 1789, L’histoire naturelle de Selborne. Un ouvrage qui a eu un succès incroyable en Grande-Bretagne, avec plus de 200 rééditions, et qui fait de lui l’ouvrage le plus lu en Angleterre après la Bible, Shakespeare et le dictionnaire d’Oxford !
Le charme et l’intérêt de l’ouvrage, qui vient enfin d’être traduit en français, c’est le mélange de connaissances et de naïveté de cet ornithologue amateur, qui ne se fie qu’à ses observations personnelles. Il note l’ordre d’arrivée des oiseaux migrateurs, qu’il appelle « de passage », et aussi les dates de leur disparition du paysage, sans se douter que même des petits passereaux comme le roitelet ou la fauvette puissent entreprendre de grandes migrations. Que les martinets et les hirondelles, taillées pour le vol, puissent franchir le Pas-de-Calais et le détroit de Gibraltar, soit, mais que ces minuscules oiseaux « à bec fin et ailes courtes » puissent les suivre, il ne peut l’imaginer.
En ouvrant le ventre des vipères, il découvre que ce serpent est à la fois ovipare, puisqu’il fabrique des œufs, et vivipare, puisque l’incubation est interne et donne naissance à des petits vivants. En examinant un cadavre d’engoulevent, il remarque que le doigt du milieu est muni d’une griffe en dent de scie, ce qui explique son habileté à attraper les insectes avec ses pattes, puis à les passer dans le bec, et tout cela en plein vol.
Ecologiste avant l’heure, il veut réhabiliter le ver de terre, qui n’est pas aimé du jardinier soucieux de la propreté de ses allées ni du cultivateur, qui croit que le ver mange la racine du blé ! Il explique au contraire le rôle indispensable du ver, qui fait respirer l’humus et l’enrichit constamment du produit de sa digestion.
Le lecteur ne peut être que frappé par la douceur qui se dégage de ce recueil de lettres, paru en 1789. Dans cet ouvrage d’histoire naturelle peu ordinaire, il ne s’agit pas d’établir des classifications comme chez Linné, d’inventorier le vivant et d’en dégager des lois générales comme chez Buffon, ni même de réaliser d’ingénieuses expériences afin de comprendre le comportement animal comme chez Réaumur, mais d’observer et de décrire minutieusement la campagne anglaise.
Dans sa paroisse de Selborne, jour après jour, le révérend White scrute les migrations des hirondelles, le chant des pouillots, l’entrée puis la sortie d’hibernation d’une vieille tortue, les fils tissés par les araignées, les variations météorologiques… Les connaissances scientifiques de White sont impressionnantes, mais lorsqu’il évoque les travaux des naturalistes, c’est toujours pour les analyser à la lumière de sa propre expérience, d’autant qu’il n’hésite pas, si le sujet s’y prête, à pratiquer des dissections et à comparer ses résultats à ceux des autres anatomistes. L’Histoire naturelle de Selborne est l’un des livres les plus édités au Royaume-Uni après la Bible et Shakespeare. Tous les naturalistes britanniques l’ont lu, tel Charles Darwin qui consacre un ouvrage à répondre à une question posée par White au sujet du rôle des lombrics dans la formation de la terre végétale. Plus qu’un simple jalon de l’histoire de l’édition naturaliste, ce recueil de lettres, en ce qu’il montre des animaux dans leurs multiples relations avec leur environnement, est une réelle ébauche d’une pensée écologique. Son succès permet de mieux saisir la passion et l’affection qui caractérisent les relations des Britanniques avec la nature.
Il faut féliciter le travail accompli par la traductrice, Nicole Mallet, et par l’éditeur, le Mot et le Reste, qui viennent, pour la première fois, de rendre accessible en français cet envoûtant ouvrage. Enfin !
La revue trimestrielle L’Ecologiste, dans non numéro 35 (octobre-décembre 2011), consacre son dossier central à “La nature dans l’éducation au XIXe siècle”. Ce faisant, elle nous parle, entre autres grands classiques littéraires et naturalistes, de L’Histoire naturelle de Selborne de Gilbert White. Extraits.
Depuis le XVIIIe siècle, les manuels scolaires et parascolaires ont participé à la diffusion des connaissances sur la nature mais aussi d’une représentation de la nature où l’homme et l’animal apparaissent singulièrement appartenir à une même communauté de destin. (...)
Un peu après Berquin et Rousseau, un autre écrivain naturaliste en la personne de Bernardin de Saint-Pierre (1804), l’auteur de Paul et Virginie, qui fut en même temps directeur du Jardin des plantes, écrivit en 1784 un livre intitulé Etudes de la nature. Un singulier ouvrage de vulgarisation écologique qui posait déjà la question de l’influence négative de l’homme sur son milieu naturel, notamment dans les territoires du Sud récemment découverts. (...) Il faut aussi noter que peu après en Angeterre en 1788, le révérend Gilbert White faisait paraître The Natural History of Selborne (voir encadré). Ce livre préfigure les études scientifiques du milieu naturel local et les livres de sensibilisation à la nature. Il présente un remarquable travail d’inventaire réalisé par un naturaliste accompli, autour de la ville de Selborne, et destiné au grand public. (...)
Encadré
Voilà la première traduction française d’un livre paru en 1789 dont on dit qu’il est le plus lu en Angleterre après la Bible et Shakespeare. Son auteur ? Le pasteur Gilbert White, un véritable mythe national au Royaume-Uni. Son propos ? “Présenter au public la conception qu’il se fait de l’histoire paroissiale” (p.27). Une conception peu banale: en plus de 300 pages organisées en 66 lettres, Gilbert White présente ses observations précises de la nature sur sa commune. Oiseaux, plantes, insectes… sont étudiés pour eux-mêmes et non pour l’usage que l’homme peut en faire. Avec une belle introduction d’Anne Dromart.
Publié en 1789 et édité pour la première fois en français, Histoire naturelle de Selborne, du pasteur anglais Gilbert White, propose une étude de la vie naturelle et écologique d’une commune anglaise d’alors 600 habitants, à 75 km au sud-ouest de Londres. Gilbert White explique, à travers une centaine de lettres adressées à des amis scientifiques, pourquoi il estime, en avance sur les naturalistes du XIXe siècle, que les humains doivent protéger le milieu naturel. Il se fait l’ardent défenseur des paysages et des jardins à l’anglaise, qui martyrisent moins les végétaux que les jardins à la française ! Le pasteur naturaliste, amoureux de l’environnement, décrit la nature quotidienne sur un mode des plus poétiques.
Si l’on s’attache à raconter l’histoire des hommes, pourquoi l’histoire des animaux et des éléments naturels qui les entourent n’en font-elle pas partie ? Grâce à ce recueil de lettres, Gilbert White, naturaliste et ornithologue du XVIIIème siècle, nous livre 20 ans d’observation de la nature du comté de Selborne, un village au sud de l’Angleterre. Alors qu’a cette époque, l’acquisition de connaissances sur les animaux passe principalement par la dissection des cadavres, Gilbert White tranche avec ses contemporains et les étudie en pleine nature.
Grâce à des observations précises, il enrichit les travaux de John Ray (1627–1705), naturaliste reconnu comme « père de l’histoire naturelle anglaise ». Il découvre par exemple de nouvelles espèces de souris qui s’abritent dans des petits nids ronds composés de brins d’herbe et de froment. Et aussi des rats d’eau qui savent parfaitement nager et plonger alors qu’ils n’ont pas de pattes arrières palmées. Il complète les observations de l’oiseau « gobe-mouche » qui, perché au sommet d’un poteau ou d’un pieu, plonge sur une mouche dans les airs, sans presque jamais toucher le sol et retourne sur le même perchoir plusieurs fois de suite. Il devine même un passage au coin intérieur de l’œil des daims qui communique avec le nez. Cela leur permet de ne pas suffoquer lorsqu’ils plongent longtemps les naseaux dans l’eau et que bouche et narines sont entravées.
Il ne travaille pas seul et recoupe ses observations avec les jardiniers, les agriculteurs et divers correspondants en Angleterre. Il pensait, par analogie avec les autres oiseaux, que les merles à plastron, connus pour aimer les pays froids et montagneux, migraient du Nord vers le Sud. Grâce à ses contacts, il découvre que ceux qui viennent passer l’hiver à Selborne arrivent des hautes collines de Dartmoor, à l’ouest de Selborne. Les migrations des oiseaux sont détaillées année par années et si l’on peut écouter le doux gazouillis de ceux qui se regroupent avant de décoller, on peut aussi chercher ceux qui restent cachés pendant l’hiver. Il est l’un des premiers à décrire les interactions entre les différents constituants du vivant. En été, le bétail, poussé par la chaleur, vient se prélasser dans l’eau jusqu’à mi-jambe la majeure partie de la journée. Il laisse beaucoup de bouses dans lesquelles se nichent les insectes … qui nourrissent avec bonheur les carpes, tanches, anguilles et perches des trois grands lacs du comté !
Par son regard bienveillant et attentif sur la nature Gilbert White peut contredire les observations admises. En s’amusant avec une chauve-souris apprivoisée, il constate qu’elle est tout à fait capable de se remettre à voler une fois qu’elle est tombée sur une surface plane, malgré un déplacement « fort ridicule et grotesque ». Enfin c’est avec beaucoup d’humour que Gilbert White vous livrera les secrets du langage et la richesse du vocabulaire des volailles de la basse-cour, poule commune en tête ! Empreint de poésie, ce livre regorge d’anecdotes sur la nature et les animaux. On finit par n’avoir qu’une envie : sortir observer tout cela par soi-même. Aïe l’hiver arrive … la lecture d’une lettre du naturaliste de temps à autre devrait nous permettre de patienter jusqu’au printemps !
Festival du livre et de la presse d’écologie
L’auteur, Gilbert White (1720–1793), vicaire de son état de la paroisse de Selborne, située à 80 km au Sud-Est de Londres dans le Hampshire, deviendra, au long de sa vie, un naturaliste et un ornithologue britannique qui, aujourd’hui, compte parmi les pères des sciences naturelles modernes et de l’écologie scientifique. Il est, entre autres, un des premiers à avoir appuyé sa réflexion sur l’observation en pleine nature. Son Histoire naturelle de Selborne [Natural History of Selborne], où il passa la quasi totalité de son existence, publiée pour la première fois en 1789, est, étonnamment, un des ouvrages de langue anglaise qui a été le plus édité, derrière la Bible, Shakespeare et Harry Potter.
L’ouvrage rassemble deux séries de lettres que Gilbert White a écrites à Thomas Pennant, un des grands zoologistes de son temps et à Daines Barrington, juriste et naturaliste amateur. Dans ses lettres, White rend compte de ses observations minutieuses de la faune et de la flore, du rythme des saisons et surtout des oiseaux migrateurs qui fréquentaient les alentours du village de Selborne.
Selon Donald Worster (Les pionniers de l’écologie, Sang de la terre, 1992), l’histoire naturelle de White est sans doute l’une des plus importantes contributions à l’écologie de terrain au commencement de la science anglaise. Le projet de White était en effet de recenser les êtres vivants que contenait la paroisse de Selborne et comprendre les liens qui les unissaient au sein d’un même système de corrélations.
Un ouvrage clé qui participe de la fondation de la de la science écologiste, publié et traduit pour la première fois en France.
En observant la faune et la flore de son village, la pasteur anglais GILBERT WHITE a -t-il inventé l’écologie ?
Le jardin d’Eden ne l’intéressait pas plus que ça. Ce qui fascinait vraiment Gilbert White (1720–1793), pasteur de la commune de Selborne, au sud de Londres, c’était la sexualité des grenouilles, l’ouïe des abeilles, la migration des hirondelles ou la transpiration des arbres. “J’avais dans ma poche une liste d’oiseaux à observer (...) Je notais chaque jour l’absence ou la persistance du chant de chaque oiseau”, écrit-il dans la compilation de lettres qui constitue Histoire naturelle de Selborne, ouvrage publié pour la première fois en 1789. En lisant ces courriers adressés à ses amis zoophiles (en tout bien tout honneur), on est frappé par l’énergie amoureuse, à la fois candide et rigoureuse, que White met à décrire les moindres détails naturels qui environne sa paroisse. L’homme d’Eglise veut résoudre chaque énigme de la faune et de la flore et cherche non seulement à répertorier les espèces, mais aussi à étudier “leur vie et leur conversation”. Car ce fervent naturaliste a l’intuition de l’existence d’un écosystème où chaque élément serait lié aux autres—notion encore dans les choux pour ses contemporains.
Le Mystère des bocages
Toute sa vie, Gilbert White fait de l’écologie sans le savoir—le mot naîtra quelques décennies après sa mort, en 1866, sous la plume du biologiste allemand Ernst Haeckel. La “science des relations des organismes avec le monde environnant” éclot avec le développement de la biologie, après la publication de L’Origine des espèces, rédigée par Darwin en 1859. A la même époque, la révolution industrielle cause ses premiers dégâts et des pionniers de la simplicité volontaire, comme Léon Tolstoï en Russie ou Henri David Thoreau aux Etats-Unis, posent les bases de l’écologie politique.
Mais revenons à White : en s’enthousiasmant pour les mystères de ses bocages tout en cherchant à faire avancer les sciences naturelles, le pasteur change la façon dont l’humanité va regarder, étudier et décrire la nature. Son livre bucolique devient fétiche en Angleterre (deux cents rééditions !) et inspire une ribambelle de peintres, de poètes romantiques. Surtout, il capte la philosophie de ce qui deviendra le courant vert aux XIXe puis XXe siècle. “Il est sans doute le premier à comprendre et à expliquer la nécessité de prêter attention même au plus petit être vivant car il est utile à l’écosystème”, écrit en préface l’universitaire Anne Dromart. Grâce à sa correspondance champêtre, ce pasteur incollable sur les sangliers ou les merles à plastron est devenu un pape de la pensée environnementaliste.
STANDARD, le trimestriel de la mode et de la culture
« La meilleure façon de comprendre le rapport des Britanniques avec la nature est de lire ce livre. C’est un phénomène culturel. »
Valérie Chansigaud historienne de l’environnement / FRANCE CULTURE
Traduite pour la première fois en français, l’histoire naturelle de Selborne est un monument. Il était grand temps de découvrir Gilbert White (1720–1789) en France. Car en Grande Bretagne c’est non seulement un classique mais Un des trois livres les plus publiés et réédités. L’hexagone est fermé, il faut le percer du dehors. Les Editions Le mot et le reste s’en occupe.
A première vue, deux séries de lettres destinées à deux savants britanniques. En fait, il s’agit bel et bien d’une grande et belle composition. Et le régime épistolaire nous implique et nous interpelle toujours.
Gilbert White est un pasteur érudit et curieux des choses naturelles. Selborne est un petit village isolé non loin de Londres. White observe, note, vérifie, expérimente. Sa méthode, originale pour l’époque, consiste à analyser les milieux naturels tels qu’ils se donnent et tels qu’ils changent dans le temps. Les plantes, les insectes, les asticots, les oiseaux, la terre, le tout dans cet espace de Selborne et au gré des saisons, voire du climat. Voici le pionnier de l’éthologie, un des premiers écologues modernes.
White expérimente avec un esprit systémique très contemporain : liens, partie incidente sur le tout, rétroactions etc. Voici en vrac quelques exemples :
⁃ Le rôle du ver de terre dans l’équilibre du terreau (le compost)
⁃ Constat que les émanations gazeuses sont nocives pour les plantes.
⁃ Les abeilles n’ont pas peur de l’écho, contrairement à ce que prétendait Virgile.
⁃ L’anatomie du coucou n’est pas un obstacle à la couvade, ou à l’absence de couvade.
⁃ Les concombres peuvent pousser avant la saison.
Non seulement il éprouve mais il prouve en provoquant avec des moyens très simples les phénomènes naturels. Son âme de cherchant côtoie celle du chercheur. Et il trouve. Il découvre trois espèces de pouillots, les distinguant par leur chant ! Il classe le rat des moissons ainsi que la noctule commune.
Le pasteur n’a pas la tête dans les étoiles. Lecteur de Linné et de Buffon, notre savant jardinier se double d’un zoologue averti et attentif. Modèle pour les chercheurs en bio-éthologie de demain, White est un exemple très concret qui montre que la science (et les sciences) est bien de la littérature, et de la meilleure : celle qui se nourrit de ce qui n’est pas elle, celle qui ne tourne pas en rond à se regarder le nombril, une littérature savante et abordable, fondée sur des phénomènes observables pour mieux les saisir et les comprendre.
White prépare Cuvier et Darwin, et sans doute Mendel. Michel Foucault l’aurait honoré lui octroyant une place de choix dans l’archéologie des sciences humaines.
Il n’est jamais trop tard pour mieux cultiver son jardin. Alors imitons ces émigrants anglais du 19° siècle qui emportaient, outre une Bible, cette géniale et très utile Histoire de Selborne. Son titre, trop modeste, touche et pointe du doigt, avec un tact tout britannique, ce vivant universel qui, si nous l’oublions prétentieusement, ne nous oubliera pas, en toute candeur. So, White now.
Méconnu en France, l’Histoire naturelle de Selborne (1789) est un des ouvrages anglais qui ont été les plus édités derrière la Bible et Shakespeare. Publié pour la première fois en français, il rassemble deux séries de lettres que Gilbert White, naturaliste et ornithologue, a écrites à Thomas Pennant, un des grands zoologistes de son temps, et à Daines Barrington, juriste et naturaliste. Gilbert White est l’un des premiers à avoir appuyé sa réflexion sur une observation minutieuse en pleine nature, autour de son village, Selborne, au sud-ouest de Londres. Sa rigueur scientifique est servie par une prose simple et lumineuse. Ed. Le Mot et Le Reste (23 €).)
Festival international du film ornithologique de Menigoute
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Les amis américains
Tendance lourde cette année : l’abondance de traductions de textes de référence en matière de philosophie de la pensée écologiste, et d’auteurs de “nature writing”, la littérature inspirée par la nature, très en vogue aux États-Unis. Wildproject veut ainsi donner accès aux ouvrages américains qui ont construit le courant de l’éthique environnementale. (...) Dans un registre similaire, l’éditeur marseillais Le Mot et Le Reste a lancé en janvier Le Pays des petites pluies, un des grands classiques de la tradition américaine de “nature writing”, écrit par Mary Austin. Est également prévu en août Histoire naturelle de Selborne, ouvrage paru pour la première fois en 1789 et écrit par Gilbert White, considéré comme l’un des pères fondateurs de la pensée écologiste. L’année dernière, la nouvelle version française de Walden de Henry D. Thoreau par Brice Matthieussent, le traducteur notamment de Jim Harrison, avait obtenu un gros succès, les 4000 exemplaires étant aujourd’hui épuisés. (...)