« Et si nous devions mourir
Comme ça tout à coup en attendant
Avant que le moment ne vienne
Le désir gaspillé en mots
Les mains se touchant à peine
Et si nous devions mourir
Un beau matin au milieu d’un rêve
Un cauchemar inachevé
Laissant nos corps froids
Au bord d’un après-midi
Sans aucun avenir ni devenir
Oseraient-ils regarder nos yeux vides
Oseraient-ils murmurer
Parmi les pierres tombales
Inventer des raisons pour notre absence
Suivraient-ils notre mémoire
Tout en interrogeant le ciel
Leurs pieds dérangés
Par les feuilles mortes
Par un nuage cachant le soleil
S’embarrasseraient-ils de leurs ombrelles
Et que dire du vieux cheval
Qui nous traînerait vers notre place
Ayant chancelé toute ma vie
entre le tourment d’une superficielle fainéantise
et l’horreur
d’une action désintéressée
je me trouve finalement
dans une situation
où ne rien foutre
exclusivement
devient un acte
de la plus haute valeur
ce n’est pas la mort
qui nous effraie
c’est la peur
de la mort. »
Édition bilingue français/anglais
Dans Ici et ailleurs, se développe un long poème dans une langue imagée telle que seul Federman sait l’écrire, alliant le drame le plus noir à la légèreté la plus aérienne.