Après le repas, Léon leur proposa sa gnôle de prune. Toute tension tragique ayant disparu, l’un des rescapés, prénommé Simon, se risqua à demander :
— C’est une drôle d’équipe que vous faites là. J’aimerais bien savoir ce qu’un vieux trappeur, un guide, et deux marins font avec une jeune somalienne dans un tipi au milieu de la forêt ?
— C’est à cause d’un naufrage, répondit Elias, mais ça s’rait un peu long à t’expliquer.
Prix du pays du Mont-Blanc 2017
Prix “Récit d’Ailleurs” des lycéens de Saint-Pierre et Miquelon 2018
Revue de presse
Le journal Saint-Pierre-et-Miquelon reçoit Patrice Gain à l’occasion du lauréat Récit de l’ailleurs pour son ouvrage La Naufragée du Lac des dents blanches.
Pour (re)voir cet échange qui débute à la 12ième minute, cliquez ici
Le 27e salon international du livre de montagne de Passy a démarré, hier soir, par la traditionnelle remise des récompenses. La plus prestigieuse, le grand prix, est revenue à Odette Bernezat pour son recueil de nouvelles “Que la montagne est belle !” édité par la maison grenobloise Glénat. Au fil de ses 264 pages, l’auteur, alpiniste reconnue et pionnière des treks au Sahara avec son mari Jean-Louis, déroule une partie de sa vie, animée par le plaisir de l’ascension et du voyage.
Le jury du grand prix a également décerné deux mentions spéciales : une à Gérard Guerrier pour “Alpini”, également édité chez Glénat, et l’autre à Stéphanie Bodet qui, chez les Chamoniards de Guérin, signe “A la verticale de soi”.
Les autres catégories
Le prix mondial du livre d’images de montagne est, lui, revenu à Florent Cardinaux pour “Jura aux origines” (autoédition) et, là aussi, le jury a décerné deux mentions spéciales : pour “L’envol du gypaète” d’Antoine Rezer et Jean-Luc Danis (éditions la Salamandre) et pour “En hauts lieux” de François Perraudin chez Slatkine, deux maisons d’édition suisses.
Le prix du pays du Mont-Blanc a sacré, de son côté, un auteur à la renommée grandissante, Patrice Gain, pour “La naufragée du lac des Dents blanches” (ed. Le mot et le reste). La catégorie “romans et documents” est revenue à “Naufrage au Mont-Blanc” d’Yves Ballu, chez Guérin, celles des “beaux livres” aux “Visages de l’invisible” de Patrick de Wilde (ed. Chaman) et celle “histoire et patrimoine” à Jacques Gombert pour “Châteaux, vieilles pierres et blasons de Haute-Savoie” (Neva éditions), auteur qui signe d’ailleurs, cet été, une rubrique hebdomadaire sur le sujet dans Le Dauphiné Libéré.
Enfin, le prix “nature et environnement” est revenu au Canadien Harvey Locke pour “The last of the Buffalo – return to the wild” (Summerthoughts publishing) avec une mention spéciale pour “Éleveurs en herbe, éveil d’une vocation” de Monique Roque-Marmeys (autoédition).
Retrouvez l’article sur le site du Dauphiné
Premières phrases :
Je regardais par la vitre de la camionnette le paysage qui défilait depuis le viaduc de l’autoroute. Sa hauteur était considérable et c’est à peine si j’osais jeter un œil sur le village situé en contrebas. Des falaises grises noyées dans une forêt de sapins le bordaient de part et d’autre et fermaient l’horizon. Le ciel était couvert […] Mes pensées exploraient sans retenue d’obscurs recoins. Nous roulions vers un nouvel horizon sans savoir en quoi il pourrait nous être profitable.
Pourquoi ce livre
En parcourant les nouveautés de la maison d’édition le Mot et le Reste, je suis tombée sur ce livre. Sa couverture – un edelweiss – et son titre m’ont interpellée – je connais (de nom) le massif des Dents Blanches dans les Alpes. En me penchant sur son résumé, je me suis dit que ce livre avait dû être écrit pour moi ! Un road movie qui nous mène des Alpes au Grand Nord canadien, cela me parle forcement ! Et cerise sur le gâteau, deux des quatre protagonistes habitent l’île Houât en Bretagne (je vous ai déjà dit que j’étais amoureuse des îles bretonnes ?). J’ai d’humides souvenirs de tentatives d’accostage en bateau pneumatique sur Houât, mais ceci est une autre histoire !
Mon avis
Il y a des livres où, dès les premières phrases, vous savez que vous allez être emporté et passer un très bon moment. La naufragée du lac des Dents Blanches de Patrice Gain a été un de ceux-là pour moi.
« C’est une drôle d’équipe que vous faites là. J’aimerais bien savoir ce qu’un vieux trappeur, un guide, et deux marins font avec une jeune somalienne dans un tipi au milieu de la forêt ?
– c’est à cause d’un naufrage, répondit Élias, mais ça s’rait un peu long à t’expliquer »
Après le naufrage de leur chalutier, deux marins (le narrateur et Elias) ont l’opportunité de partir quelques jours dans les Alpes pour se remettre de leurs émotions. Le maire de leur île possède un chalet dans le massif des Dents Blanches. Celui-ci leur confie une cargaison d’huîtres et de muscadet à remettre au maire du petit village alpin où se situe le chalet. Le maire n’en verra jamais la couleur.
Alors qu’ils arrivent à peine dans ce petit coin perdu des Alpes, ils font la connaissance, au bistrot du village, de Léon un guide de montagne. Les trois hommes sympathisent de suite et s’installent dans un refuge près d’un lac. (je ne connais pas le lac des dents blanches – je ne l’ai pas non plus trouvé sur le net –, mais la description du lieu m’a fait penser au lac blanc – un endroit magique)
Un soir, en attendant le retour de ses camarades, le narrateur (je n’aime pas quand les personnages n’ont pas de prénom) trouve Saamiya, une jeune somalienne, échouée près du lac. Les trois hommes vont la prendre sous leurs ailes et tout mettre en œuvre pour l’aider à accomplir sa quête qui va les mener jusqu’aux confins du Grand Nord canadien.
Ce livre m’a complètement enchantée. Je l’ai dévoré d’une traite, bien calée sous mon plaid par une après-midi pluvieuse. Je n’ai pas vu le temps passer. Une histoire vraiment incongrue, mais délicieuse, qui sort des sentiers battus. C’est presque un conte ou même un racontar.
En 200 pages les personnages ont réussi à me toucher, la gentillesse d’Élias et la « dévotion » du narrateur en font des personnes touchants. L’histoire de Saamia, réfugiée somalienne, est très dure sa persévérance est exemplaire. L’auteur a parfaitement réussi à mêler paysage magnifique, sujet de société, et rigolade dans le même ouvrage.
L’écriture de Patrice Gain – pour qui c’est le premier roman – est exquise. La description des paysages est parfaite, j’avais l’impression de reconnaître des lieux… où pourtant je n’ai jamais mis les pieds. Il faut dire que l’auteur est un passionné de montagnes et de grands espaces, cela se ressent fortement dans ses écrits.
C’est le troisième auteur coup de cœur que je découvre chez Le mot et le reste (le premier étant Arnaud Devillard et le second Kenneth White ). La maison d’édition sort essentiellement des ouvrages autour de la musique, mais quand elle publie autre chose, ça me plaît beaucoup. J’ai d’ailleurs très envie de découvrir aussi les écrits du paysan – écrivain André Bucher un autre auteur publié chez cette maison d’édition.
La naufragée du lac des Dents Blanches est un petit livre que je vous recommande fortement. Vous passerez très agréable moment en sa compagnie. Installez-vous confortablement avec une tasse de chocolat chaud ou un bon verre de vin (histoire d’accompagner les 4 acolytes), et laissez vous transporter.
Retrouver la chronique de Chinouk sur son site