Revue de presse
Premières phrases :
”– un œuf tourné, toast, café !
Là dehors, Montréal. Les rues et le fleuve. J’en entends la rumeur. Et là-bas, tout au fond, vaste beauté qui dort, le Labrador.
Sitôt mon petit-déjeuner terminé, je commence à m’enquérir du Labrador. Au voyageur Terminus, je décroche l’un de ces téléphones qui donnent des renseignements et, comme si j’avais onze ans, je demande :
S’il vous plaît, comment est-ce qu’on va au Labrador ?
– Où ça ?
– Au Labrador
– Au Labrador ?
– Mais oui, au Labrador !
– Monsieur, c’est un joke ou quoi ?
[…]
– Monsieur, d’où venez-vous ?
– De France
– Je me disais bien. Monsieur, chez vous, vos provinces sont collées les unes aux autres. Ici c’est pas pareil.
– D accord, mais on peut aller au Labrador, oui ou merde ?
– Monsieur, je n’en sais rien. Je réponds à des questions précises.
Elle me raccroche au nez.”
Pourquoi ce livre :
Je crois que c’est avec ce titre que j’ai découvert Kenneth White. Je me souviens l’avoir vu en grand format sur une table de mon libraire, il était juste à côté de «Journal des canyons» d’Arnaud Devillard chez le même éditeur. Ce jour-là c’est Arnaud Devillard qui est reparti avec moi, mais «La route bleue» était toujours sur ma Wishlist. Depuis j’ai lu – et adoré — d’autres livres de Kenneth White (lien) mais il est temps que je découvre cette fameuse route bleue, d’autant plus que le récit vient de sortir dans la jolie collection de poche de la maison d’édition « Le Mot et le reste ».
Mon avis sur La route bleue de Kenneth White :
Avec la route bleue, Kenneth White nous emmène avec lui dans un voyage poétique. Un voyage qu’il rêve de faire depuis qu’il est petit quand, au détour d’un livre, il découvre la province du Labrador.
Nous voilà donc à suivre les pérégrinations de l’auteur de Montréal à la baie d’Ungava, au Labrador. En longeant le fleuve Saint-Laurent, il va traverser de nombreux villages, certains valent la peine d’un arrêt de plusieurs jours, d’autres non. Il va y rencontrer des personnages hauts en couleur, se mêler à la population locale, il va avoir l’occasion de traverser plusieurs réserves indiennes et de sympathiser avec des Indiens Montagnais, et par la même occasion de découvrir la triste réalité de la vie dans ces réserves aujourd’hui.
Soupir…, j’ai toujours envie de soupirer quand je tourne la dernière page d’un livre de Kenneth White.
Je viens à peine de terminer de parcourir cette « route bleue » que j’ai envie d’y retourner. Je l’ai vraiment trouvé trop court, ce petit livre.
On y retrouve ici tout ce que j’aime chez l’auteur : un mélange de récits de voyage et de poésies, le livre se termine d’ailleurs par un long poème. L’histoire est parsemée de Haïkus et de listes en tout genre : des noms de villes traversées, d’expressions québécoises…
On y parle d’Indiens, de trappeurs, d’Histoire du Canada, on y retrouve aussi les écrivains chers à l’auteur comme : Thoreau, Walt Whitman (il faut que je découvre cet homme), Bashô, Melville…
Kenneth effectue ce voyage sans pression, au jour le jour, au gré de ses envies et rencontres.
L’écriture de l’auteur est sublime. Douces et agréables à lire, les pages de ce livre tournent toutes seules.
Si vous ne connaissez pas cet auteur il faut absolument le découvrir, et ce petit livre est une très belle porte d’entrée dans l’œuvre de Kenneth White.
Lire la chronique sur Les Passions de Chinouk