Parution : 25/10/2024
ISBN : 9782384314874
216 pages (148 x 210)

20.00 €

La Vie de radeau - Nouvelle édition

Le réseau Deligny au quotidien

Jacques Lin s’est attaché à écrire ce voyage, pourtant hors du langage, et c’est pourquoi cette “vie de radeau” est un témoignage si précieux.
Ce récit autobiographique retrace l’aventure extraordinaire d’un groupe formé dans les Cévennes autour de Fernand Deligny qui accueillît, avec les moyens du bord, des autistes. Jacques Lin a été l’un des premiers à s’embarquer dans cette aventure. Il la raconte dans ce journal de bord rétrospectif, précis et imagé. Un récit au présent où se mêlent activités quotidiennes, scènes cocasses et moments d’épiphanies joyeuses, au plus près de cette expérience précaire et commune, vécue à l’écart de toute institution. La Vie de radeau raconte le parcours exemplaire d’êtres humains, qui, contre vents et marées, tentèrent de créer un espace où il existe une vie meilleure pour tous. Cette expérience, toujours en cours, reste une exception dans la société actuelle qui ne tolère pas la différence.

Revue de presse

La vie de radeau, les mains des non-parlants Adrien Cambron Le Suricate littéraire 5 mars 2025
La pratique de la psychothérapie institutionnelle Alain Chiron Grégoire de Tours 10 octobre 23024
- Cartouches (50) Roméo Bondon Ballast 30 janvier 2020

La vie de radeau, les mains des non-parlants

La vie de radeau : le réseau Deligny au quotidien raconte la vie quotidienne de Jacques Lin avec des personnes autistes. Quittant l’usine pour ne plus jamais y revenir, autour de ses 18 ans, l’âge de tous les possibles, Jacques Lin rencontre Fernand Deligny, éducateur reconnu. Cette petite bande mettra en branle de nouveaux projets collectifs pour vivre avec des personnes non parlantes, fin des années 1960, en ce qui concerne Lin. Cette réédition de La vie de radeau commence par un chapitre à l’usine, assez dément, description d’un monde ouvrier et de personnages haut en couleur qui s’astreignent à effectuer les mêmes tâches volontairement, tous les jours. Si on lui fait miroiter qu’il pourrait vite devenir « quelqu’un », Jacques Lin va fuir dès qu’il pourra cette fausse promesse. Très jeune, il va se retrouve dans les Cévennes, dans un petit village où d’autres personnes effectuent les mêmes gestes et les mêmes mouvements, inlassablement… sauf qu’il s’agit de les laisser vivre, à l’extérieur. Jacques Lin, né en 1948, n’est pas du style à s’épancher sur ses sentiments, sa grandeur d’âme ou sa posture politique. Il n’a rien à prouver, et ne cherche jamais à séduire le lecteur et la lectrice. Il décrit ses aventures de vie, terre à terre et quotidienne, avec deux ou trois jeunes qui ne parlent pas. Ne possédant pas le langage, ils (ce sont surtout des garçons) communiquent autrement leur mécontentement ou leur plaisir. Jacques (et Deligny) se contente de vivre avec. Aucune recherche d’éducabilité, à les rendre « moins » ou « plus » aptes à quoique ce soit, non, il s’agit de les accepter pour ce qu’ils sont et de trouver des points d’entente. Très vite, les gestes prennent le pas, les mains commencent à parler, à tapoter, à couper du bois, mettre la table, s’harmoniser pour vivre en commun. Les lieux existent toujours, la méthode Deligny a su se perpétuer et des personnes autistes continuent de bénéficier de l’aide d’hommes et de femmes qui dédient leur vie à leurs besoins.
L’auteur décrit donc les alentours, ses inlassables déménagements, vivotant durant des années avec deux ou trois personnes non parlantes. Les conditions de vie sont inimaginables aujourd’hui, impensables pour un « centre d’éducation aux normes » : trous dans le toit, toilettes nature, pas de nourritures pour manger tous les jours, eau à chercher à la source, sans financement, seulement quelques sous reçus grâce à la reconnaissance de Deligny, connu pour ses positionnements éducatifs. Ce sont les années 1960–70 qui sont décrites, un mode de vie complètement fou, hors système. Pas de sexe, de drogue ni de rock pourtant (ou s’il y en a, il n’y est pas fait référence), mais une vie faite de survie, où l’alimentaire devient l’important, l’écoute du corps des autres le seul métronome.
La vie de radeau raconte donc une société hors normes où les personnes autistes peuvent vivre comme tout le monde, dans une maison et un extérieur non clôturé, où ils ne sont pas traités comme des enfants ou des fous. Cette utopie devenue réalité, Jacques Lin en a fait sa réalité. Comme dit précédemment, il est assez avare en propos personnels. La vie de radeau, ce n’est pas totalement lui, c’est un concept de vie. J’aurais aimé en savoir davantage sur cet homme, si prompt à quitter la vie d’usine, âgé de seulement 18 ans, et qui toute sa vie et jusqu’à aujourd’hui encore, vécu dans les Cévennes. Il y rencontra sa femme, Gisèle Durand, sa collègue durant toutes ses années, et eut un enfant avec elle. Très pudique, nous ne saurons rien de cette relation. Si on sait que ses frères vinrent travailler avec lui, quelques années, et que cela entraîna des disputes dues à une mauvaise communication, on ne sait pas grand-chose de son trajet intérieur, de ce qu’il y aura laissé, de ce qu’il aura appris, de ce qui l’a poussé à rester, à tenir, de ce qui le motivait de l’intérieur à faire de ce chemin de croix son chemin à lui. Il lui reste encore à écrire ce livre-là.”

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Adrien Cambron
Le Suricate littéraire 5 mars 2025

La pratique de la psychothérapie institutionnelle

“Pour se déplacer, on utilise notamment un radeau l’action éducative prend les contuurs du trajet d’un radeau qui part dans toutes les directions loin d’aller toujours dans le même sens. Le récit est très avare de repères temporels, il y généralement une certaine sobriété dans la contextualisation. On perçoit cependant quelques caractéristiques de cette aventure humaine qui laisse une très grande liberté d’expression à des personnes qui n’utilisent guère le langage, moyen de communication le plus fréquent chez les humains. Par contre l’art et le travail manuel sont des outils largement présents.”

A lire en intégralité

Alain Chiron
Grégoire de Tours 10 octobre 23024

- Cartouches (50)

C’est d’une ten­ta­tive dont il est ques­tion et, à tra­vers elle, de celles et ceux qui l’ont por­tée ain­si que des lieux qu’elle a convo­qués. Pendant plus de 50 ans, Jacques Lin, ancien ouvrier élec­tri­cien, s’est éver­tué à main­te­nir avec d’autres une aire d’ac­cueil d’en­fants et d’a­dultes autistes aux pieds des Cévennes. Certains connaissent de cette aven­ture les noms de Fernand Deligny, l’un de ses ins­ti­ga­teurs à la plume pro­lixe et pré­cise, et de Janmari, autiste qui fut « sans le savoir la bous­sole de cette démarche » jus­qu’à son décès. Jacques Lin retrace dans ce court texte l’ex­pé­rience d’une vie aux côtés d’en­fants vivant à l’é­cart du lan­gage et des cadres sociaux éta­blis — donc stig­ma­ti­sés, sou­vent, pour cela. C’est une vie hors-champ qui leur a été per­mise aux alen­tours du vil­lage de Graniès : non pas désor­don­née (au contraire, tant ce que Deligny a appe­lé le « cou­tu­mier » a une place impor­tante pour eux) mais dis­tan­ciée des néces­si­tés civiles et civiques. Née autour de 1968, cette ten­ta­tive a sur­vé­cu aux années mal­gré les dif­fi­cul­tés maté­rielles ren­con­trées. Le quo­ti­dien fut fait de menues tâches répé­tées mais par­fois mises en péril par une visite de la DDASS, un pro­prié­taire récal­ci­trant ou le froid, tout sim­ple­ment.

[…]

C’est un regard alter­na­tif à celui qui s’im­pose sur l’au­tisme que l’ou­vrage offre. La chro­nique de ce quo­ti­dien révèle com­bien il est pré­cieux de se gar­der de tout dis­cours nor­ma­tif sur ce qui nous excède : le décrire et ten­ter de vivre avec est un pre­mier pas vers sa com­pré­hen­sion.

Lisez la chronique intégrale sur le site de la revue Ballast

Roméo Bondon
Ballast 30 janvier 2020
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