Revue de presse
C’est un livre qui pourrait facilement tenir lieu de vademecum pour toute personne sur le point de visiter les déserts du sud-ouest des Etats-Unis. Le bien nommé Le désert, publié en 1901, a été édité en français au début de l’année chez Le Mot et le Reste. L’éditeur a d’ailleurs fait un travail soigné, avec postface, glossaire, chronologie et notes évoquant la manière dont l’auteur a travaillé.
Le désert est le fruit de deux ans d’exploration de ces régions par son auteur, John C. Van Dyke, et fourmille de descriptions précises sur à peu près tous les aspects du désert, chacun se voyant dédier un chapitre : formation des canyons et des cuvettes, l’air, le ciel, la lumière, les couleurs, la faune, la flore (pardon : « Cactus et sarcobate vermiculé ») , etc. C’est typiquement le genre d’ouvrage que l’on glisse dans son sac à dos en arpentant l’Arizona ou le désert de Mojave.
Pourtant, Le désert n’est pas l’œuvre d’un scientifique. John Charles Van Dyke est né en 1856 dans le New Jersey. Il n’est ni géologue, ni zoologue, ni biologiste, ni météorologue. C’est un juriste de formation, qui a suivi ses études à New York et qui est devenu spécialiste… de beaux arts et de peinture !
Documentaire et poésie
Mais celui-ci découvre assez tôt l’Ouest américain, en 1868, quand sa famille s’installe dans le Minnesota. Il explore ensuite, entre 1898 et 1901, le Colorado, le Montana, la Californie et l’Arizona. Il tombe ainsi sous le charme de ces régions arides et minérales que peu de gens connaissent à l’époque. Son livre en est donc une véritable présentation, essentiellement descriptive. Il s’est beaucoup documenté sur les aspects scientifiques, mais le livre n’est en rien un pensum universitaire. La fascination de l’auteur pour la région est palpable.
En fait, Van Dyke met toute sa connaissance et surtout sa sensibilité d’amateur de peinture pour rendre en mots les couleurs et la matière de la terre, du ciel et des nuages. L’exercice est donc à la croisée du documentaire et de la poésie, ce qui en fait un objet étrange, très agréable à lire mais un peu mystérieux. D’autant que, curieusement, Van Dyke donne très peu d’indications de lieu. On ne sait pas exactement où il est allé, ni comment, s’il était seul ou accompagné d’un guide.