Un livre syncopé, plein de bruit et de douleurs, mais aussi d’énergie et de blagues – comme un morceau d’Armstrong.
Grégoire Leménager – L’Obs
Revue de presse
Il y a 50 ans, l’illustre Louis Armstrong disparaissait à l’âge de 69 ans. Tout a été dit sur ce personnage essentiel de l’histoire du jazz. Inventeur d’un vocabulaire musical inédit, il a popularisé une culture hybride née d’un choc identitaire entre plusieurs sources africaines et européennes. Que sait-on cependant de son enfance ? Pourquoi et comment est-il devenu le trompettiste et chanteur adulé que l’on a connu au XXe siècle ? Claire Julliard, auteure de Little Louis (Éd. Le Mot et le Reste), imagine les premiers pas d’un gamin joyeux, doué, intrépide, dont la destinée prodigieuse s’écrit le soir du réveillon 1912.
Il aura fallu une arrestation zélée le 31 décembre 1912 pour que le petit Louis Armstrong trouve sa voie. Il a 11 ans et, comme tout gamin candide, ne sait pas trop ce qu’il attend de la vie. Il se laisse porter par les événements et ses puériles incivilités le conduisent dans un refuge pour jeunes Noirs jugés turbulents. C’est là qu’il purge sa peine pour avoir naïvement fait feu dans la rue avec un revolver en guise de feu d’artifice. Ce foyer pour enfants effrontés aura pourtant une vertu insoupçonnée : l’éducation musicale ! Bien que peu déterminé à remettre sur le droit chemin le petit Louis, le professeur et chef d’orchestre de cette école pénitentiaire néo-orléanaise, Peter Davis, se prend progressivement d’affection pour cette graine de voyou doté d’un charme et d’un enthousiasme irrésistibles. Il lui confie la mission de jouer du cornet dans la formation jazz de l’établissement carcéral. Les progrès rapides et les aptitudes incontestables du jeune apprenti font mouche et lui prédisent un bel avenir. Ce sera le début d’une aventure trépidante dans l’univers du swing.
Bien qu’il eut plusieurs chaperons durant sa jeunesse, l’un d’eux resta longtemps dans la mémoire de Louis Armstrong. Il s’appelait Joe “King” Oliver. Fondateur du Creole Jazz Band dans les années 1920, ce brillant instrumentiste louisianais se souviendra de “Little Louis” à qui il avait donné des conseils quelques années plus tôt à La Nouvelle-Orléans. En arrivant à Chicago, il invita Armstrong, devenu adulte, à le rejoindre et à prendre place dans son orchestre. L’histoire ne faisait que commencer. Les vingt premières années de Louis Armstrong furent donc décisives et nourrissent le récit vif de Claire Julliard. Elle donne la parole au trompettiste, alors sexagénaire, qui se remémore avec malice son enfance sautillante et agitée. Le ton badin de “Satchmo” ne cache pourtant pas les épreuves d’antan, le poids de la ségrégation, les combines pour survivre, les déceptions, les doutes et les renoncements. Malgré tout, la bonhomie du héros nous éclaire sur sa foi universaliste et son indiscutable bienveillance.
Little Louis est un roman fort documenté qui ne trahit pas les balbutiements d’un futur géant du jazz afro-américain. Le souci du détail et la restitution rigoureuse des lieux, des protagonistes, des événements, rythment ce conte biographique palpitant. On voit le petit Louis grandir, hésiter, se perdre, s’affirmer, et finalement briller. Son témoignage reste la proposition amusée de l’auteure mais, somme toute, trouve sa pertinence dans ce dédale de saynètes échappées d’un autre siècle.
Claire Julliard était au micro d’Isabelle Kortian dans l’émission Le monde en questions sur Cause Commune, pour parler de son roman “Little Louis”.
Louis Armstrong dont on commémore cette année le centième anniversaire de sa naissance, est né et a grandi à la Nouvelle-Orléans. Élevé jusqu’à l’âge de 5 ans par sa grand-mère Joséphine, une ancienne esclave, il l’appelle Maman. Sa mère, qu’il appelle Mayann, reprend alors l’enfant, car elle ne parvient pas à élever seule sa sœur plus jeune que lui, et subvenir aux besoins du foyer. Séparation douloureuse pour cet enfant cabossé par la vie, qui fait connaissance en une même journée de sa mère et de sa sœur, Mama Lucy, ainsi que de la ségrégation raciale, lorsqu’en prenant le tramway en larmes pour se rendre chez sa mère, il tente de s’asseoir à l’avant près du conducteur, dans la partie réservée aux Blancs.
Claire Julliard a puisé la matière principale de son roman dans les propres souvenirs de Louis Armstrong consignés dans Ma vie à la Nouvelle-Orléans. A 5 ans, voilà donc Little Louis devenu chef de famille, prenant soin de sa petite sœur, faisant les courses et multipliant les petits boulots, pieds nus, pour nourrir la famille qui connaît la faim. Le jour, il est charbonnier, livreur de journaux, laitier, balayeur de tombes. Le soir, il a son couvert chez les Karnofsky qui le prennent sous leur protection. Il les considérera jusqu’à la fin de sa vie comme « sa » famille juive. Ils l’aideront à acquérir son premier instrument de musique. A la tombée de la nuit, il est musicien des rues et chante, avec quelques copains, afin de récolter quelques pièces. Un soir de Nouvel An, le 31 décembre 1912, il tire en l’air avec un pistolet pour faire la fête, et se fait arrêter par la police. Il est envoyé dans une institution pénitentiaire pour enfants noirs abandonnés. Il y reste un certain temps, aucun Blanc n’ayant payé la caution pour qu’il en sorte au plus vite. Mais, il y apprend à jouer du cornet à piston, il intègre la fanfare de l’établissement, dirigée par Peter Davis qui a repéré son immense talent et dont il restera proche tout au long de sa vie. A sa sortie du Refuge, il retourne pelleter du charbon, le vendre à la criée en chantant ou jouant du cornet pour attirer le client. Devenu le père adoptif de Clarence, sur décision du conseil de famille, il veille en outre sur l’enfant de sa cousine décédée, et le fera jusqu’à la fin de ses jours. Le soir, il joue dans les bars, les bouges du quartier chaud de Storyville, fréquentés par les prostituées et les voyous, dans les « honky tonks » où s’invente le jazz à la Nouvelle-Orléans, sur fond de gospels, de blues et de musique de fanfare.
Son amour pour sa ville natale, l’enfant de la rue devenu un génie de la trompette le chantera haut et fort et n’hésitera jamais à dire ce que tous les musiciens du monde doivent à cette ville, qu’il quitte pour la première fois, à l’âge de 18 ans, quand Fate Marable le recrute dans son orchestre de jazz sur le Dixie Belle, un de ces « steamers » touristiques (ou bateaux à vapeur) qui remontent le Mississipi. C’est là qu’il troque son cornet à piston contre la trompette, un instrument qui n’était joué que dans les orchestres de luxe. A 20 ans, il quittera définitivement la Nouvelle-Orléans, pour Chicago d’abord, à l’appel de Joe King Oliver, et pour entamer ensuite une grande carrière internationale. Originaire comme lui de la Nouvelle-Orleans, King Oliver incarne la troisième bonne étoile de Little Louis qui l’admire depuis son plus jeune âge et dont il observait et mémorisait les gestes des doigts des mains et le souffle pour apprendre à jouer d’un instrument qu’il rêvait d’acquérir un jour. Avec sa musique, son cornet à piston, sa trompette, sa voix, sa foi en l’humanité, son énergie et sa joie de vivre, il cherchera à vaincre les barrières de la ségrégation, le racisme, l’exploitation de l’homme par l’homme.
Réécouter l’interview sur Cause Commune
A l’occasion du 50e anniversaire de la disparition de Louis Armstrong (qui va correspondre à quelques semaines près au 120e anniversaire de sa naissance), les éditions Le mot et le reste ont la bonne idée de rééditer le roman de Claire Julliard sorti il y un an, juste avant le premier confinement. Dans ce “roman vrai”, l’écrivaine donne la parole à l’homme vieillissant qui revient sur les premières années d’un Little Louis formidablement résilient.
Une émission à réécouter sur TSF Jazz
La promesse de cette émission, Pop And Co, c’est que la musique raconte ce que nous sommes. Elle raconte quelqu’un, une génération entière, une époque ou un pays.
Rebecca Manzoni consacre une émission à La Nouvelle Orléans et convie Claire Julliard pour parler de Louis Armstrong et de la ville et du quartier qui l’ont vu grandir.
Une émission à réécouter ICI
AU DÉPART, ça semble une drôle d’idée, ce récit de l’enfant Louis Armstrong écrit à la première personne. Mais l’auteure explique s’être plongée dans les entretiens, les souvenirs de l’immense musicien, et dans ceux de ses amis les plus proches. C’est ainsi qu’elle a reconstruit la voix claire et
joyeuse de « Little Louis », chantonnant son histoire. Une enfance dure, miséreuse, émaillée de morts et
d’abandons, mais un gamin merveilleux, à qui sa grand-mère adorée apprend à “bien se tenir”, qui se met au boulot à 5 ans et chante déjà avec les copains. Un gamin qui, dans son quartier puant et dévasté de La Nouvelle-Orléans, au début du siècle dernier, ignore tout de la ségrégation jusqu’à ce qu’il monte dans un tram et comprenne, furieux, que la loi fixe sa place à l’arrière, avec les « gens de couleur ». A
11 ans, une connerie l’envoie dans une prison pour enfants, et, pour une fois, les barreaux se révèlent bénéfiques ; il y devient le clairon de la fanfare. Sa fierté, sa passion ne le quitteront jamais, pas plus que sa stupéfiante joie de vivre. Impossible, tout au long du livre, de ne pas s’enflammer ni d’entendre que résonne son « Wonderful World ».
Que sait-on de l’enfance et la jeunesse d’un génie du 20e siècle, Louis Armstrong en l’occurrence ? Peu de choses en vérité. Les sources manquent sauf celles de Louis lui-même qui se raconte souvent sans tenir compte d’un minimum de chronologie. Il fallait donc combler les trous. Claire Julliard, dans « Little Louis », le fait avec un minimum d’empathie. Le mystère reste pourtant entier. La Nouvelle-Orléans est une ville stratifiée, les Blancs, les Créoles et les Noirs ne vivent pas dans les mêmes quartiers. La vie est dure. C’est, peut-être ce qui manque : la réalité de ce temps. L’auteure rend compte des sentiments de Satchmo, son pseudo, de sa réalité. Que demander de plus ?
On sait que le jazz est un roman depuis Alain Gerber. Claire Julliard, journaliste littéraire et autrice entre autres de la biographie chez Folio de Boris Vian, reprend le flambeau et nous livre une histoire pleine de bruit et de fureur, un conte merveilleux qui aurait pu virer au tragique tant Little Louis n’était pas né sous les meilleurs auspices. Sa vie ne fut pas “a bed of roses” et l’ image de clown jovial qui lui collait à la peau, lui porta tort, lui qu’on accusait de servir la soupe aux Blancs. Quand on chante “Black and Blue”, on ne sourit pas tous les jours à la vie. Celle qui fait œuvre de romancière, à partir de sources précises et du journal d’Armstrong, réécrit l’enfance du trompettiste, ses jeunes années, en 21 chapitres animés, à la façon d’un entretien, comme si Louis nous parlait. Depuis sa naissance supposée le 4 août 1900, à Perdido, rue du quartier noir de la Nouvelle Orleans, jusqu’à son départ en 1922 pour le Nord et Chicago afin de rejoindre son maître, celui qui lui a tout appris, King OLIVER, le roi du cornet! “Heaven, I’m in heaven” c’est le titre du dernier chapitre où, à 22 ans, il se croit arrivé au paradis! Les jeux ne sont pas faits pourtant!
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Dans Little Louis, on suit comment il fut envoyé très jeune, à 13 ans, dans une maison de redressement. Où comment un coup de pistolet, tiré en l’air, la nuit du Nouvel An 1913, changea l’avenir du jazz. Il fut littéralement sauvé par la musique, intégré dans la fanfare de l’établissement par Peter Davis, formation dans laquelle il occupera bientôt une place importante de cornettiste! Ce sera le début d’une longue carrière car il connaîtra vite le succès, la reconnaissance des autres musiciens et du public. Jusqu’à la fin.
Roman de l’apprentissage, traversée initiatique, y compris de son éducation sentimentale, houleuse et compliquée, ce portrait vif et documenté se lit d’un trait, avec plaisir. On sera sensible à la manière dont l’auteur pointe ce qui constitue le talent, l’essence de l’art d’un musicien tout en resituant la naissance du jazz dans ce berceau sudiste. La phrase de Philip Roth en exergue, “Let us remember the energy” s’adapte parfaitement au cas Armstrong: il a toujours su rebondir, s’adapter aux difficultés, célébrer la beauté du monde; il savait d’où il venait et ne l’a jamais oublié. Il n’a jamais perdu la joie de jouer et n’a donc jamais abandonné la pratique de son instrument, en dépit de sérieux problèmes de lèvres que connaissent tous les trompettistes, lui qu’on surnomma Satchmo “such a mouth”. Sa première trompette lui a donné comme une promesse de félicité, il en sortait ses sons vifs et moelleux, mais aussi perchés dans l’aigu, stratosphériques en final. Il pouvait jouer classique et ragtime, il était tellement virtuose et pourtant, il ne perdit jamais un trac intense d’où ces images devenues des clichés, le montrant s’épongeant le front constamment!
On a un gros coup de cœur pour ce personnage formidable qui croyait en la vie et ne vivait (presque) que pour la musique. Bravo pour le travail de recherche de Claire Julliard, plein de tendresse pour ce génial défricheur, ambassadeur du jazz!
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L’art peut-il sauver une vie ? La stature de Louis Armstrong, enfant de la rue puis pur génie de la trompette, impose avec éclat la réponse.
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Pour le bonheur du gamin, le directeur d’une fanfare, Peter Davis, lui confie un cornet, et ne tarde pas à mesurer à quel diamant brut il a affaire. Little Louis conte donc, à la première personne (ce qui n’est pas la moindre qualité du livre) les neuf années qui ont précédé le départ du jeune prodige vers Chicago. Chanson de geste autant que de musique, la saga ne laisse rien ignorer d’un parcours périlleux (entre la livraison diurne du charbon et les premiers concerts nocturnes dans des lieux interlopes où se pavanent les filles de petite vertu et les mauvais garçons), ni de la progression inéluctable du trompettiste vers la lumière. La qualité du travail de Claire Julliard (biographe de Boris Vian, auteure d’ouvrages pour la jeunesse et nègre de personnalités) est bien de décrypter le caractère polymorphe de ces instants d’enfance finissante, entre violence et velours, désespoir et joie inextinguible.
L’auteure s’appuie sur une rigoureuse documentation, et sur sa capacité à agrémenter la parole d’un jeune garçon afro-américain du siècle dernier de ses propres phrases. Ici, Louis Armstrong affronte la misère, le racisme et le capitalisme blanc. Et lorsqu’il empoigne sa trompette, tout s’efface.
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Little Louis, téméraire pari de Claire Julliard : donner à entendre l’enfance heureuse de Louis Armstrong (1901–1991). Armstrong, trompettiste solaire. Le premier du nom à avoir marché sur la lune. Musicien total. Cette ahurissante aptitude au bonheur. Ou comment un garçon qui n’aura manqué de rien – racisme à tous les étages, misère en sous-sol, violence d’état quasi nobélisable – devient à la force du sourire, l’artiste le plus considérable du siècle. Inventant au passage le jazz pour la planète, et sachant s’affirmer avec courage plus qu’on ne l’a dit. « Je ne suis ni grand, ni beau, mais je souris au monde. Et le monde me sourit. »
Sous édition impeccable, Claire Julliard recense ses références et trouve son propre tempo. Exact, sobre, le tempo des dieux. On la connaît comme auteure, journaliste littéraire, mais chose plus rare, elle mentionne son passé de « nègre » dans l’édition. Or ici, elle ose : raconter les premières années de Louis, soit, mais en première personne. Au « je ». Distance, ton, voix, ça marche à fond. Little Louis réjouit autant qu’il instruit. Apre science du « nègre d’édition », sans doute ; si rares qualités d’« auteure pour la jeunesse » ; pur talent d’écrivaine, Claire Julliard s’envole. Le livre désiré par grand confinement : tous publics, tous âges, l’intelligence de la joie en style de pensée.
L’enfance de Louis, la Nouvelle-Orléans et ses tonk, la naissance du jazz, la misère et la musique. Claire Julliard, sous une allure de faux entretien, explore cette partie peu connue de la vie de Louis Amstrong. Little Louis donne à entendre la voix du maître, son optimisme, sa joie et cette confiance œcuménique dans la musique. On lit cette libre évocation comme on écoute un morceau de Louis Amstrong, entre blues et joie.
On peut toujours s’interroger sur l’intérêt de s’approprier une vie, d’en faire un roman peut-être seul apte à donner à voir la complexité de la vie d’un homme. Il faut pourtant reconnaître à Claire Julliard le vrai talent de rendre limpide son évocation de la période la plus mal connue de la vie de Louis Amstrong. Une façon de se mettre à hauteur de personnage pour éviter la dévotion d’une inutile hagiographie. Louis Amstrong apparaît dans toutes ses failles : son rapport aux femmes et surtout non tant son rapport à la ségrégation que la façon dont sa figure a pu être utilisée par la bonne conscience blanche. Une question compliquée qui permet à l’autrice de rentrer au coeur du personnage : Louis Amstrong se définit lui-même comme un bateleur, un clown au désir éperdu de plaire.
On touche d’ailleurs aux limites mêmes de l’exofiction : s’emparer d’un personnage pour retracer son destin contraint aux reconstructions psychologiques. Claire Julliard les élude en donnant la parole à son personnage, en le laissant dérouler la façon dont il s’est façonné son propre mythe. La Musique fut ce qui sauva Louis Amstrong. Ça paraît simpliste, est-ce pour autant faux ? Little Louis est avant tout un exercice de remerciement : parler de soi devrait sans doute être davantage un remerciement à touts ces rencontres qui nous ont façonnés. Une série de rencontres, de personnes bienveillantes ou sous le charme de ce gamin plein d’énergie. De sa grand-mère à tous ces musiciens, la vie est toujours invraisemblable. Comme l’est par exemple sa rencontre avec une famille juive, l’identification des malheurs communs fait par le jeune Louis.
Tous le charme de Little Louis tient, presque plus qu’au personnage d’Amstrong, à l’évocation d’une ville : La Nouvelle-Orléans. Ces bars clandé, sa naissance canaille du jazz, pas mal de musicien était aussi souteneur. Les calamités qui la frappe, sa grandeur dans sa misère. On y est. L’autrice souligne d’ailleurs qu’une grande partie du jazz c’est aussi la nostalgie pour cette ville. Little Louis est alors un roman très swing.
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Mon père était trompettiste et saxophoniste, dans sa jeunesse il jouait dans les bals avec son frère aîné. N’étant pas encore née, je n’ai pas eu la joie de connaître cette époque mais à chacun de mes anniversaires je lui demandais de me jouer ses morceaux préférés.
Tout comme Louis Armstrong, il a rejoint les étoiles depuis bien longtemps et j’ose espérer que si l’occasion se présente, ils s’offrent un bœuf de temps en temps pour se rappeler le bon vieux temps.
En attendant, je sais d’où me vient ma passion pour le jazz, la musique en général et tous ces musiciens d’ici ou d’ailleurs.
Mais revenons à ce magnifique récit, laissons mes souvenirs nostalgiques errer dans mes pensées.
À travers ce récit, c’est toute l’enfance de Louis que l’on découvre, parfois chaotique mais malgré tout, toujours joyeuse.
L’histoire d’un petit garçon qui aurait pu devenir voyou mais qui sera sauvé par sa passion pour la musique.
Un enfant courageux, emplit d’amour et de générosité pour sa famille et ses amis et qui le restera une fois adulte.
Little Louis nous fait redécouvrir la Nouvelle-Orléans du passé, la naissance du jazz, dans un contexte ultra violent de ségrégation et de misère.
En s’inspirant des souvenirs de Louis Armstrong consignés dans Ma vie à la Nouvelle-Orléans [1952] (Coda, 2006, traduit par François Thibaut), et en rajoutant de nombreuses anecdotes, Claire Julliard nous fait cadeau d’un formidable roman sur la jeunesse tumultueuse de Satchmo, l’un des plus grands génies du Jazz.
Un magnifique blues qui nous emporte, nous bouleverse comme cette musique qui véhicule des émotions simple et sincères.
À découvrir absolument en s’accompagnant pourquoi pas d’un bon whisky et des sons merveilleux de la trompette de notre merveilleux Louis Armstrong.
Lisez toute la chronique, mise en images, sur Dealer de Lignes
L’émission Basique vous recommande la lecture de Little Louis dans ses coups de cœur.
Une émission à revoir sur le site de France 2
Alex Dutilh vous parle, en musique, du livre de Claire Julliard sur l’enfance de Louis Armstrong.
Une émission à réécouter sur le site de France Musique
“Little Louis” de Claire Julliard qui paraît aux éditions Le Mot et le Reste, nous emmène dans les bas-fonds de La Nouvelle-Orléans, pour découvrir la jeunesse d’une des plus grands génies du jazz : Louis Armstrong.
Voilà un ouvrage bien plaisant qui devrait beaucoup intéresser les amateurs de musique, particulièrement ceux qui s’intéressent et qui écoutent du jazz. Cet ouvrage nous fait découvrir la jeunesse d’un des plus grands génies du jazz, dans les bas-fonds de La Nouvelle-Orléans. Son titre Little Louis vous laisse deviner qui est cet artiste de génie dont il parle.
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Little Louis nous parle de lui, de sa grand-mère qui était pour lui la meilleure des femmes, qu’elle voulait faire de lui un gamin éduqué et responsable. Il nous parle de ses nombreux beaux-pères, particulièrement Gabe, un homme simple, de sa mère et de Mayann mais aussi de son père, qu’il ne croisait qu’en de rares occasions.
Son quartier, réservé aux noirs, se trouvait à proximité d’un quartier peuplé de chinois et de juifs. Des juifs peu appréciés à l’époque avec lesquels il s’entendait bien et une famille, les Karnofsky, qui deviennent sa famille d’adoption.
Il nous parle de sa première fanfare, de son admiration pour Davis, la personne la plus déterminante de sa vie, son maître spirituel et de La Nouvelle-Orléans, peut-être le personnage principal de ce roman, une ville marquée par la ségrégation, une ville à l’histoire passionnante.
Alors voilà, Little Louis, le dernier livre de Claire Julliard est un ouvrage sympathique sur la naissance d’un des plus grands musiciens de jazz. Un ouvrage dans lequel on voit que l’on peut être heureux dans un endroit où règnent la dépravation et le crime. Louis Armstrong s’est construit dans la rue, c’est là où il a tout appris nous dit-il, bien loin des belles demeures des blancs qui, plus tard, l’idolâtreront.