Revue de presse
« Marcher sur la Diagonale du vide » est le livre à glisser dans votre sac à dos pour un périple au grand air. De Vézélay à Figeac, Jean-Luc Muscat collecte les fragments, pas après pas. Nourricier, empreint de la nature, brassées salvatrices et généreuses, la marche assigne une renaissance en devenir. Révélation, carte postale qui prend vie subrepticement.
Illustration parfaite de ce que les géographes ont nommé « Diagonale du vide » et que le politiquement correct s’est empressé de rebaptiser « Diagonale des faibles densités ». Illustration aussi de l’ignorance voire du mépris des élites parisiennes dorlotées dans le confort républicain à la française. »
Déambuler carte en main, empreinte sociologique, certifiée. Retenir les frontons, les passages glorieux. Ressentir et prendre à pleines brassées l’offrande symbolique de l’effort parchemin. Le temps étire son pictural frémissement. L’horizon altier, alliance avec la solitude.
« Sur un pilier de voûte, une mélusine à deux queues incarne attrait de la chair et fécondité, interpelle le visiteur et remplit son bagage au même titre que l’eau et du pain. »
« Marcher sur la Diagonale du vide » fil ésotérique qui étale son arborescence dans le plein du midi, mouvements, habitants, 660 kms d’épreuves et de cueillettes paraboliques.
« Il est des moments où il faut s’activer, faire circuler l’énergie pour trouver l’accord, se mettre au diapason de soi. »
A chaque jour, son rituel. Le périple chante sur les toits, la verdoyance en contre-bas, sueur perlée, l’effort échange le droit de passage.
« La région est par endroits telle que l’a aimée Georges Sand. C’est une palette pastelliste. »
L’homme est socle. Pas après pas, l’idiosyncrasie est une toile de maître. La Diagonale est salutaire, reconnaissante envers les siens. Le désert rural n’est plus. Car, c’est ici, que resurgit le macrocosme. Il suffit d’être respectueux, attentif aux bruissements, signatures qui confirment la venue du marcheur de lumière. Et tout change alors.
« De sombres allées humides m’ont emmené dans un ailleurs digne de Murakami où l’on débouche, après de longues heures de marche, sur l’envers du monde. »
Le monde trépidant, l’éphémère et le futile, mauvaises herbes de l’autre côté du chemin, « Marcher sur la Diagonale du vide » hédoniste et humble est une cascade qui ne se donne pas au premier regard. La géographie est une poésie. Les hôtes, des réfugiés contrant l’urbanisme à outrance. Et comme ils ont raison ! Jean-Luc Muscat est un observateur. Les entrelacs dévoilent les mystères pour ce marcheur en fiançailles avec les aurores. La randonnée n’est plus. Jean-Luc Muscat est l’arbre et le caillou. Le randonneur migrant sur une diagonale qui n’a de crainte que l’hostilité. Vézélay à Figeac… Le soleil en diapason, guide spirituel. L’Histoire du monde sur la carte de France. Ce récit est une cartographie bienfaisante. Après le point final, un désir celui de marcher dans les empreintes de Jean-Luc Muscat.
Après avoir écrit Voyage du côté de chez moi, sorti chez le même éditeur en février 2019, Jean-Luc Muscat récidive avec Marcher sur la diagonale du vide. Dans le premier, l’auteur partait à pied de chez lui, dans le second, il part de Vézelay pour revenir à pied jusqu’à chez lui, près de Figeac dans le Lot. Un trajet qui s’inscrit dans un rectangle que géographes et démographes appellent « diagonale du vide » et que l’auteur requalifie de diagonale de la déprise, « pour exprimer le déclin de la population et des services de proximité, eu égard aux habitants de ces régions qui ne vivent pas en état d’apesanteur ». Un trajet d’environ 660 km, que l’auteur va parcourir en 25 journées d’avril.
Il est difficile de transcrire la marche, car l’acte d’écrire se fait à l’arrêt, au moment des pauses ; si la marche est inspiration, alors l’écriture en serait l’expiration, une expiration qui laisse des traces. Ainsi Marcher sur la diagonale du vide, en invitant le lecteur à marcher avec l’auteur, le déplace en une succession de tableaux mêlée d’impressions, de réflexions, d’anecdotes.
La mémoire a déjà commencé à travailler le matériau – paysages, rencontres, sensations – capté par les sens lors de la marche, mais Jean-Louis Muscat sait le rendre suffisamment vivant pour que le lecteur se sente marcher lui aussi et qu’il ait l’impression de découvrir au même moment que l’auteur, ce que le chemin déroule de beauté, d’obstacles, de surprises agréables et de déconvenues et l’acte physique même de la marche.
La marche nous fait renouer avec nous-mêmes et avec nos origines : de mémoire d’homme, nous avons toujours marché. En ramenant les choses à l’essentiel et en prise directe avec le réel, la marche amène à développer une forme de sagesse, pour peu que le marcheur ne soit pas juste intéressé par la performance. Prendre le temps de voir, de sentir les lieux traversés, d’être réellement présent avec cette lenteur obligée, comparativement à tout autre mode de transport, peut ouvrir l’esprit tout autant que tous les autres sens. Le marcheur est confronté physiquement à lui-même et aux éléments : ici souvent la pluie, le vent et même le gel, le froid, et l’effort que la marche demande oblige à lâcher prise sur toute préoccupation autre que celle de l’instant présent.
Jean-Louis Muscat n’est pas un poète, mais il est sensible à la poésie ou au manque de poésie des lieux. On comprend très vite que la sensation de décrépitude qui pèse sur les milieux encore habités de cette « diagonale du vide » et la laideur et l’ennui des zones périphériques des quelques villes traversées, lui donne hâte de retrouver les champs, les prés, les bois, les milieux plus sauvages où les rencontres se font plus animales, végétales et où la solitude devient légèreté et jouissance. Jean-Louis Muscat adore les arbres et il en connaît un bout à leur propos, sa formation originelle étant celle de forestier, aussi la façon dont on les traite le touche très directement. Et la façon dont on traite un arbre, une forêt, est très représentative de la façon dont on traite la nature en général et l’humain en particulier qui, même s’il l’a oublié, en fait partie intégrante. Il n’y a de séparation que dans un mythe de modernité qui ne cesse de prouver ses limites et ses effets délétères.
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En lisant Marcher sur la diagonale du vide, j’ai aimé partager cette expérience de marche de Vézelay à Figeac, marcher dans l’écriture d’un autre, non seulement parce que la destination finale est un pays que je connais bien et où je vis depuis bientôt vingt ans, mais parce que marcher et écrire sont deux activités qui me sont, à moi aussi, essentielles et que c’est exactement ce que je voudrais faire : ce genre de livres-là, et cela m’en a donné une envie encore plus forte. Je peux parfaitement comprendre cette addiction, comprendre combien il peut être malaisé de retourner à un mode de vie plus statique, plus encombré. Le corps aime marcher et l’esprit aime cette découverte lente et profonde des choses, des gens et des lieux.
Ce livre qui naît du mouvement, a tissé ensemble la marche et le message que cette marche a infusé dans le marcheur, un message important à transmettre : éloge de la lenteur, éloge de la simplicité, éloge du naturel, éloge du vivant et d’un tissu social vivant, alors que dans ces régions traversées, il s’est tellement délité qu’il n’est plus que haillons. Des lambeaux se soulèvent cependant, s’agitent encore au souffle provoqué par le déplacement du marcheur et dévoilent quelques couleurs, quelques sourires, quelques gestes d’hospitalité, de générosité, comme des braises encore vives d’un autre temps, mais aussi exposent leur aigreur, leur colère, la fermeture des êtres comme réponse à celles des lieux.
Marcher oui, marcher pour rester humain, c’est peut-être la clé, n’en déplaise à la vitesse exponentielle de nos sociétés lancées à toute allure vers un désert du sens, des sens et au final d’essence… Ce qui nous obligera peut-être au final à marcher de nouveau, toutes et tous !
”La chronique intégrale est sur La Cause littéraire”:
Après avoir marché autour de chez lui Jean-Luc Muscat décide, pour notre plus grand plaisir, de renouveler l’expérience et cette fois-ci de partir pour une randonnée un peu plus longue. Il décide de débuter sa marche dans la ville de Vézelay et parcourir ce que les géographes appellent « la diagonale du vide » pour rentrer chez lui à Figeac.
Par des chemins de traverse, qui couperont parfois le célèbre chemin de Compostelle, il va traverser des villages vides de commerces et de vies. Avec son récit, Jean-Luc Muscat met en exergue la désertification des villages et donc la mort des campagnes avec la fermeture des écoles et des commerces.
Il faudra 25 jours à l’auteur pour relier ces deux villes, au rythme de ‘l’escargotisme’ qu’il apprécie, 25 jours de presque solitude. Trouver un gîte et de quoi se ravitailler ne sera pas chose aisée dans ces villages où il n’y a plus rien. Il ne faudra surtout pas louper le coche et se ravitailler quand, oh miracle, on croise un village avec un commerce !
Suivre les pérégrinations de Jean-Luc Muscat a été un pur bonheur, car comme lors de son premier récit, j’ai retrouvé la langueur et la fraîcheur de ses mots. Son écriture est douce et appelle à la contemplation. Je regrette seulement que ce petit livre ne fasse que 120 pages, et en même temps il se suffit à lui-même.
Marcher sur la diagonale du vide est un petit récit tout doux et dépaysant que je vous recommande fortement pour cet été.
La chronique complète est à découvrir sur Les Passions de Chinouk
Ceux qui ont la passion des randonnées pédestres, connaissent sans doute le terme de la « Diagonale du vide ». Jean-Luc Muscat lui a donné le titre de son livre. Il suffit de cheminer sur plusieurs centaines de kilomètres selon son inspiration, là où ce que la France dite profonde, révèle aux marcheurs. Une expérience solitaire où tous les sens sont exacerbés selon ce que la nature offre à observer ou à sentir. Jean-Luc Muscat explore une terre désertée par l’homme, souvent parti s’exiler en ville en laissant derrière lui des murs délabrés, des jardins en friches ou des commerces désaffectés. De ce constat nostalgique, émane du marcheur des vagues de poésie traduites par le silence et inscrites dans les temps passés. Un esprit selon les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau. De Vézelay à Figeac, il a foulé les chemins, les routes, dérangé les pierres et les herbes folles sous ses semelles de vent, juste le temps de faire UN avec la terre, de lui rendre hommage, l’accompagner de sa sensibilité, de son souffle pour le plaisir de respirer ailleurs et pour mettre à la lumière, ce qui, chez certains, ne serait qu’indifférence. A souligner un style d’écriture dense et raffiné !
Un petit ouvrage à glisser dans son sac à dos et à lire à l’ombre d’un arbre !