Revue de presse
Rockeuse, écrivaine… et surtout poétesse. “Sans oser le demander”, sur France Culture, étudie la facette la plus intense et fondamentale de Patti Smith. Une grande partie de l’émission raconte sa passion dévorante pour le poète maudit, qu’elle a découvert ado.
Patti Smith, née en 1946 dans une famille fauchée, disait ne pas avoir la force d’attendre trop longtemps avant de devenir une star. Sa rencontre avec l’illustre photographe Robert Mapplethorpe en arrivant à New York en 1967 « la sauve de la faim, de la solitude et de l’anonymat », raconte Matthieu Garrigou-Lagrange. Dans Sans oser le demander, sur France Culture, il explore une autre facette de la chanteuse culte : son rapport à Arthur Rimbaud. Intrigante et prenante, l’émission creuse également sa biographie.
Entre deux riffs de guitare entêtants, l’artiste confie de sa voix rauque qu’elle est « contrainte à l’écriture » depuis qu’elle a 11 ans. Cinq ans plus tard, elle vole un exemplaire des Illuminations, attirée par le visage du poète en couverture. Happée par son style, la rockeuse écrira la préface d’ Une saison en enfer, empruntera le titre Dévotion pour un de ses morceaux, et achètera la maison familiale de Rimbaud dans les Ardennes. Pour Pierre Lemarchand, auteur de Patti Smith & Arthur Rimbaud, une constellation intime (éd. Le mot et le reste), « ce sont pleins de petits cailloux qu’elle dissémine sur sa route, où elle compagnonne avec lui ».
Amant platonique et sensuel, compagnon fidèle, grand frère solaire dans la galaxie qui relie certains artistes à d’autres en faisant fi des époques, Arthur Rimbaud a inspiré Patti Smith tout au long de son existence. Spécialiste des voix singulières, des alchimistes, des magiciennes traversant les miroirs — telles Patti Smith, Nico ou Karen Dalton — pour montrer les faces cachées du monde les plus cruelles et les plus tendres du monde à travers leur art, l’auteur offre dans cet ouvrage hors norme une invitation à explorer les liens entre le poète vagabond et la poétesse punk. […] Comme à l’accoutumé, la plume de Pierre Lemarchand touche au sublime.
Une chronique à retrouver dans le Longueur d’Ondes n°95
[…] Un essai du journaliste français Pierre Lemarchand qui porte sur Patti Smith et Rimbaud fait de fort belle façon le point sur cette « constellation intime » dans laquelle la jeune prolétaire américaine née dans les quartiers pauvres du nord de Chicago (père ex-militaire devenu ouvrier, mère serveuse dans un greasy spoon) devenue ouvrière en usine avant de fuir à New York à 20 ans en 1967 a pu devenir une sœur ardente du poète absolu, à New York où elle aura connu et aimé le photographe Robert Mapplethorpe, homosexuel qui va mourir du sida en 1989, et où, lorsqu’elle commencera à se mêler à la scène punk, avec le groupe Television, le premier guitariste avec qui elle travaillera s’appellera, ça ne s’invente pas, Tom Verlaine. Rimbaud qui la précède la poursuit. […]
Un lien indéfectible relie Patti Smith à Arthur Rimbaud depuis toujours… Ou du moins depuis la rencontre de Patti, encore adolescente, avec celui qui deviendra son « amant secret » après sa découverte éblouie du recueil « Illuminations« . La passion est née et ne la quittera plus, aussi bien dans sa vie personnelle qu’artistique… Cette « Constellation intime » entre la « poétesse rockeuse » américaine et le poète de Charleville nous est dévoilée dans ses moindres détails au fil de cette double biographie qui s’attache, à travers le parcours de Patti, à faire resurgir celui de Rimbaud. Car l’œuvre de Patti Smith, tissée de ce lien mystique qui les unit, est étroitement mêlée à celle de Rimbaud… On y découvre notamment qu’elle lui a rendu de vibrants hommages autour de ses poèmes lors de ses performances musicales et récitées « Rock’ N Rimbaud« , et avec l’hypnotique « Mummer love » où elle chante des fragments de ses poèmes sur des chants soufis et des sons enregistrés à Harar (avec la complicité de Stephan Crasneanscki et du collectif Soundwalk Collective), ou encore qu’elle a participé à « La phrase » (un concept imaginé par Karelle Ménine et Ruedi Baur, que Swaz vous avait présenté (ici !) lors de sa chronique de l’ouvrage « Voyages entre les langues« ) en inscrivant le poème « Ninety-eight wounds » sur les murs de la ville de Mons… Qu’elle se rend régulièrement dans les endroits où Rimbaud a vécu, au musée où sont visibles encore ses effets personnels, et sur le lieu de sa sépulture… Poussant sa passion pour le poète jusqu’à acquérir sa maison de famille qu’elle a restauré en respectant son aspect d’origine. Des pèlerinages sur les traces de Rimbaud que l’on suit avec émotion, tout comme les parcours de ces deux magnifiques et passionnés poètes, au fil de ce palpitant ouvrage qui nous en dévoile toutes les facettes…
Une chronique à retrouver dans À vos marques tapage
Une émission en deux parties pour évoquer Patti Smith sous différents rapports : par l’influence que la lecture d’Arthur Rimbaud a eu sur son écriture et sur sa vie, et par l’histoire de son premier album, “Horses”.
Ces termes romantiques et évocateurs par lesquels Charles Shaar Murray faisait dans les pages du New Musical Express l’éloge du premier album de Patti Smith à sa sortie montrent comme celle-ci s’est rangée dès son apparition au rang de ses contemporains les plus estimés. Peut-être est-ce même peu de le dire ainsi : pour beaucoup, elle est celle qui a su redonner au rock un souffle politique et un élan lyrique au mitan des années 1970, en lui faisant épouser les grandes causes militantes de son temps. Horses est ainsi une pierre angulaire de l’histoire du rock, l’un des premiers albums à se détourner de la structure classique couplet-refrain des chansons, où une forme singulière de mysticisme côtoie entre autre des influences d’écriture théâtrale, de psychologie, de reggae, et de poésie…
Et parmi les références qui irriguent l’œuvre de Patti Smith, il en est une plus incontournable que les autres : toute sa vie, la musicienne américaine a inscrit ses pas dans ceux d’Arthur Rimbaud. Avant même de découvrir les Illuminations à 13 ans, elle écrit ses premiers textes et rêve aux mêmes fugues et aux mêmes lointains que le poète français en son temps. Née dans une famille pauvre dans laquelle la culture tient néanmoins une place importante, élevée dans un Pitnam qui est son Charleville, elle se rendra en pèlerinage sur les lieux de vie de Rimbaud (dans les Ardenne où elle achètera même la maison de famille de Rimbaud, mais aussi à Marseille où il mourut, ou sur les traces de Carjat qui le photographia), organisera des événements en son honneur, fera référence à ses vers dans ses propres textes, et elle reprendra à son compte sa façon de lier la poésie ardente à l’idéal politique.
Arthur Rimbaud est donc présent dans Horses comme dans tout l’œuvre de Patti Smith jusqu’à aujourd’hui : il est une bonne manière de commencer d’aborder la poésie de la chanteuse américaine, et de voir comment son œuvre ne se résume pas à cette influence (même capitale) et comment elle la déborde autrement.
Pierre Lemarchand est l’invité de cette émission.
Réécouter Sans oser le demander sur France Culture
Chez Patti Smith (Chicago, 30 décembre 1946), l’ambition littéraire est précoce quand bien même elle n’ait publié en 1972 qu’un premier recueil de poèmes, « Seventh Heaven ». L’écriture prévaut cependant sur la musique et la chanson, la photographie et le dessin. C’est l’avis de Pierre Lemarchand (Rouen, 1974) qui livre un portrait fouillé et sensible dans « Patti Smith & Arthur Rimbaud – Une constellation intime ». « La soif de découvrir se double d’une soif de s’exprimer, commente l’écrivain et critique, aussi Patricia commence-t-elle à écrire, dès l’âge de sept ans. Les pages noircies recueillent les poèmes reflétant ses états d’âme ou des histoires qu’elle invente pour ses frères et sœurs. » Elle a dix-sept ans lorsqu’elle est pleinement conquise par le rock’n’roll en regardant chez ses parents, dans le New Jersey, une émission de télévision où les Rolling Stones interprètent « Time Is On My Side » : « Ils m’ont enflammée à leur torche, témoigne-t-elle. J’étais gelée, rougissante. Ce n’était pas la musique d’un petit garçon à sa maman. C’était alchimique. Je ne comprenais pas la recette, mais j’étais prête. » Elle rêve bientôt d’« insuffler dans le mot écrit l’immédiateté et l’attaque frontale du rock’n’roll ». Très tôt, la poétesse et rock star reconnaît avoir été fascinée par la culture française, et surtout la littérature. Antonin Artaud, Charles Baudelaire, Louis-Ferdinand Céline, René Daumal, Jean Genet, Gérard de Nerval, Marcel Proust, Arthur Rimbaud, Raymond Roussel et Paul Verlaine occupent les premières places dans son panthéon, au même titre que William Blake, Mikhaïl Boulgakov, William Burroughs, Jim Carroll, Allen Ginsberg, Jack Kerouac, Sam Shepard, Robert Louis Stevenson, Walt Whitman, Oscar Wilde et William Butler Yeats. [...]
Une chronique à retrouver en intégralité sur Encres vagabondes
Marraine du punk-rock, Patti Smith a toujours évoqué ses nombreuses influences : Bob Dylan, William Blake, Allen Ginsberg, mais aussi et surtout Arthur Rimbaud. L’artiste s’est rendue à Marseille et à Charleville sur les traces du poète, a racheté sa maison de famille à Roche et l’influence rimbaldienne se ressent au cœur de son œuvre, que ce soit par la référence directe (Radio Ethiopia) ou plus subtile (l’androgynie rebelle de la célèbre pochette de Horses).
Patti Smith & Arthur Rimbaud, une constellation intime s’attelle à suivre l’histoire d’amour impossible et anachronique entre l’apprentie poétesse devenue star et l’auteur d’ Une saison en enfer. Le récit, très documenté, s’appuie sur de nombreux entretiens et articles. Journaliste rock fasciné par la scène indé new-yorkaise des années 60, Pierre Lemarchand suit linéairement la trajectoire de son héroïne : des années 60 à nos jours, il relève les présences de Rimbaud dans l’œuvre, la sensibilité et les choix de vie de la chanteuse. L’exercice s’avère parfois un peu artificiel, faute d’autres filtres de lecture, et l’emphase à grand renfort de métaphores oniriques atteint quelquefois ses limites. Plusieurs moments d’intimité sont toutefois restitués avec une empathie touchante, en particulier les visites à Charleville, véritables pèlerinages religieux, ou la rencontre coup de foudre avec Rimbaud devant un exemplaire d’Illuminations. Loin de se résumer à une influence littéraire, l’obsession de Patti Smith pour Rimbaud revêt de nombreux autres aspects : désir sexuel et fascination pour la jeunesse éternelle du célèbre portrait de Carjat, soif de voyage et d’exotisme… Si l’auteur souligne avec habileté les parallèles entre les deux artistes, et notamment leur ennui de provinciaux rêvant d’ailleurs, les raisons profondes qui ont mû Patti Smith et l’ont amenée à désirer Rimbaud, à désirer d’être Rimbaud conservent ainsi une part de mystère tout au long de l’ouvrage, poussant le lecteur à vouloir en savoir davantage, et à se replonger dans l’œuvre de ses deux inspirations.
Une chronique à retrouver sur Zibeline
Dans un ouvrage fascinant, Pierre Lemarchand explore la relation intime qu’entretiennent deux astres flamboyants : Patti Smith et Arthur Rimbaud.
Dans votre livre, vous nous exposez comment la culture américaine a été fortement impactée par le message rimbaldien par l’intermédiaire de Patti Smith, à la suite des poètes Beat.
Si on reprend l’image du lanceur de feu, le flambeau rimbaldien est attrapé par les poètes Beat dans un premier temps. Pour Patti Smith, ces derniers sont très importants : du statut de références pour elle ; ils passent vite à celui d’amis. C’est le cas d’Allen Ginsberg ou Gregory Corso par exemple. Elle finit par reprendre ce flambeau dont ils s’étaient saisi en premier. Cette filiation est très importante. Quand elle offre son premier récital de poésie à la St Mark’s Church en février 1971, dans l’assistance on retrouve bon nombre de ces poètes et poétesses de la Beat Generation à l’occasion d’un passage de relais de Rimbaud aux Beat et des Beat à Patti Smith. […]
Retrouvez l’entretien de Pierre Lemarchand dans NOVO
Que les cieux semblent magnétiques lorsque l’on croise une étoile filante et qu’elle nous marque à jamais. Car le jour où Patti Smith tombe sur les Illuminations d’Arthur Rimbaud, elle ne sait pas encore qu’un pan entier de sa vie va découler de cette découverte, mais déjà se révèle à elle un sentiment de liberté.
Tel un bateau ivre de vie, le va et vient entre les pensées d’Arthur Rimbaud et celles de Patti Smith entrent alors en friction et flamboient en un feu de revendication. Voilà ce que le livre de Pierre Lemarchand met en exergue.
De ses mots et de ses attentions, il ravive alors une flamme libératrice à la chaleur d’une passion animée par le désir des deux artistes de fuir une réalité maussade.
C’est donc un voyage inouï que l’auteur nous propose dans cet essai aussi émotionnel que la sensation poétique d’un instant clé, le moment où tout se joue, pour un avenir rêvé plein d’ivresse euphorique.
Pour Patricia Lee Smith, Arthur Rimbaud sera la pierre secrète avec laquelle elle tracera son chemin et ouvrira cette voix céleste qui illuminera alors ses nuits.
Il y a d’ailleurs dès le début chez Patti Smith, sans le savoir, un rôle de mémoire car combien de fans iront à leur tour s’illuminer aux chants du poète et faire perdurer sa parole ? A travers l’amour que Patti lui consacre, à travers ses poèmes dédiés : Dream of Rimbaud et Rimbaud Dead, mais aussi à travers ses hommages constants, la poétesse est donc ici une gardienne de souvenirs, un passeur d’émotions.
Pour Patti, comme pour son amoureux secret, c’est toute une vie dédiée à l’écriture qui se déploie et partout dans son œuvre on voit que l’ombre de Rimbaud accompagne son élan artistique.
Les albums arrivent et la trace du poète hante les pochettes, les paroles, l’attitude même d’une gestuelle.
Désinvolture et actes manifestes, Patti écrira à l’encre indélébile l’histoire de cette fulgurance comme une respiration qui scellera à jamais sa détermination à vivre comme elle l’entend : libre.
Ainsi, Pierre Lemarchand nous propose une balade dans tout ce qui a pu réunir les deux poètes, comme ces marches longues telles des réceptacles à idées que les deux aiment à sentir vibrer en leur chair. Mais aussi l’écriture évidemment, les voyages et même la photographie puisqu’on sait aujourd’hui que Rimbaud s’est aussi intéressé à cette technique nouvelle pour écrire, différemment peut-être, l’autre histoire de sa vie, tout comme Patti s’est mise à faire des photos instantanées au polaroid pendant la période où elle a décidé de se retirer de la vie publique.
Il faut donc rendre grâce à ce livre car ce travail cible une des plus jolies rencontres de l’art… et à son tour, Pierre Lemarchand pose une pierre sacrée sur la mémoire intense de ces destins croisés.
Une chronique à retrouver sur Persona
L’émission Bon Vieux Temps sur Radio Rennes a consacré une émission spéciale autour du livre Patti Smith et Arthur Rimbaud, Une constellation intime de Pierre Lemarchand.
Musicienne, poétesse, pionnière punk, photographe, peintre, amie de tous les maîtres de la beat generation, Patti Smith, artiste locale, avait une admiration sans limites pour Arthur Rimbaud. Ce livre tente de la décrypter.
Une poésie, une vie résolument modernes
Admiration, séduction, fascination, amour, tendresse : la jeune Patti Smith est passée par tous les stades des sentiments heureux qui peuvent unir deux êtres
Le livre de Pierre Lemarchand retrace une histoire d’amour entre un homme et une femme, une amitié, une complicité. Une très grande complicité intellectuelle, de caractère. D’autant plus troublante qu’elle se manifeste par-delà les océans et à des dizaines d’année de différence. […]
Un livre attachant, vivant, instructif. Recommandé à tous les amis de Rimbaud et aux admirateurs de Patti Smith.
Musicienne, pionnière punk, poétesse, mais également peintre et photographe, Patti Smith est une artiste totale. À l’âge de 16 ans, elle a découvert Arthur Rimbaud et ses Illuminations. Depuis, le poète ne l’a jamais quittée.
Autant le dire et l’écrire tout de suite : depuis longtemps déjà, on apprécie le travail et la ligne directrice de la maison d’édition d’Yves Jolivet, Le Mot et le reste. Entre autres raisons, mais ce n’est pas la seule, parce que l’éditeur marseillais consacre plus de la moitié de ses publications à l’histoire de la musique, de toutes les musiques. Parmi les nouveautés, les amateurs de rock en général et de Patti Smith en particulier vont se délecter du livre de Pierre Lemarchand consacré à la constellation intime, qui unit depuis sa jeunesse Patti Smith à Arthur Rimbaud. […]
La « rencontre » a lieu en 1963. Bien avant que Patti Smith ne devienne icône du rock’n’roll. Mais aussi de la poésie : dans les décennies qui arrivent on mettra sans aucun doute l’accent également sur ce point-là… Patti (on l’appelait encore « Patricia »), seize ans, aperçoit un livre sur l’étal d’une librairie à Philadelphie, pas très loin de la Gare routière. Il s’agit d’une édition bilingue du recueil les « Illuminations ». En couverture, le portrait que l’on connaît tous de Rimbaud, une photographie que l’on doit à Carjat. Patti Smith situe vaguement le poète français, ne sait pas encore que lui et elle ont connu – à cent ans d’intervalle – la même enfance et la même adolescence, solitaires et éprises d’évasions (au sens propre et figuré). N’ayant pas un dollar en poche, mais irrépressiblement attirée par le portrait de ce jeune homme… elle vole le livre ! Sa vie peut basculer…
Pierre Lemarchand nous livre ici une biographie de Patti Smith : de la jeune fille rêveuse (lire à ce sujet l’autoportrait qu’elle dresse de sa jeunesse dans « Glaneurs de rêves ») à la grand-mère à la chevelure hirsute – son image de marque. L’auteur nous détaille l’envers du décor « Horses », nous explique « Radio Ethiopia », « Easter », la genèse du projet « Summer Love », initié par Stephan Crasneanscki et le Soundwalk Collective (avec Philip Glass au piano). Et tant de choses que les admirateurs de Patti Smith ignoraient sans doute. En partie en tous cas… Parce qu’on ne savait pas à quel point la vie artistique (et même la vie sans autre adjectif) de cette immense femme était liée à la passion qu’elle voue pour le poète ardennais. Son ami le plus intime…
Pierre Lemarchand nous dévoile cette intimité, nous emmène sur les routes empruntées par Patti Smith, à la rencontre de son Pygmalion imaginaire. Bouleversant !
Une chronique à retrouver sur JazzMania
Historiquement Vôtre réunit, à l’occasion des 130 ans de sa disparition, 3 personnages fascinés par Rimbaud : Paul Claudel (1868–1955), un autre poète qui, comme lui, savait manier les mots, et que Rimbaud – et Dieu aussi… – a accompagné durant toute sa vie. Puis Léo Ferré (1916–1993), un chanteur avant-gardiste qui a puisé dans le passé, et notamment dans celui de Rimbaud, pour mettre ses textes en musique. Et une fan, chanteuse aussi, mais plus récente et plus rock : Patti Smith qui vit carrément en couple avec Rimbaud. Oui oui…
”Découvrez le récit de Matthieu Noël sur Patti Smith et Arthur Rimbaud à partir de 51 sur Europe 1
On connaît principalement Patti Smith pour son tube Because the Night coécrit avec Bruce Springsteen. Pour ceux qui ne sont pas des fans de la première heure, ce recueil est une très belle occasion de découvrir plus qu’un personnage, une constellation, comme l’indique le titre. Patti Smith explore les mots, les accole, rompt les cadences habituelles des phrases et crée un monde. Avec ses vers comme avec ses photos, c’est l’impalpable qu’elle cherche à atteindre. Elle s’inspire de Rimbaud qu’elle a rencontré très tôt, dans l’étal d’une librairie. Un livre volé va changer sa vie, sa vision du monde et de l’écriture.
Ses chansons, depuis Horses, l’album qui a fait son succès en 1975, jusqu’à Mummer Love en 2019 lui permettent d’explorer sa poésie parlée, chantée sur des musiques ou des sons.
Voilà finalement ce qui manque le plus à cet ouvrage : la voix de l’interprète. Plus on tourne les pages, plus on a envie de l’entendre nous dire, nous chanter, nous lancer ses poèmes. Et plus on a envie d’aller relire Rimbaud. Car la passerelle entre les deux artistes n’est pas un simple artifice de narration. Il y a ces Illuminations volées, évoquées plus haut, dont la lecture marquera l’œuvre de Patti Smith, qui nourrira ses poèmes avec les vers et le parcours de l’infatigable voyageur du Harar. Il y a ces changements brusques dans l’existence de la chanteuse, qui font écho à ceux du poète maudit. Rimbaud s’invite dans les écrits de l’artiste et pas seulement dans les deux poèmes qui portent son nom. Il y a une présence à travers de nombreux textes, ainsi que dans le mode de vie, la recherche artistique et créative de Patti Smith.
Cette rencontre intemporelle, cette histoire qui ne pouvait arriver, a bel et bien existé. Par les rêves, les écrits, au-delà de l’espace et du temps, les deux êtres se sont croisés. Peut-être ? Sûrement. Cela ne fait aucun doute pour elle. Et devant un tel itinéraire, on a bien du mal à ne pas la croire.
Patti Smith et Arthur Rimbaud, une constellation intime nous raconte une communion entre deux poètes de talent. Et si la constellation intime de la rockeuse comporte bien sûr d’autres artistes plus contemporains que le poète, l’auteur des Illuminations n’en reste pas moins le centre, tel un soleil toujours en mouvement.
Une chronique à retrouver sur Avoir à lire
Chaque matin, Ombline Roche vous raconte l’histoire qui se cache derrière un artiste. Un rendez-vous incontournable pour mieux apprécier l’œuvre de son auteur. Aujourd’hui, Patti Smith.