Revue de presse
Parangon des groupes de rock indépendant, Arcade Fire a conquis la planète dès 2004 et son premier album, « Funeral », passant d’un coup au statut de groupe culte en brûlant toutes les étapes. 14 ans plus tard, le collectif canadien a grandi, évolué, muté même si l’on
s’en réfère à sa musique, mais il continue de se positionner à la marge, réussissant l’exploit d’être tout à la fois insaisissable et populaire. Matthieu Davette tente de résoudre l’énigme Arcade Fire dans un ouvrage bien ficelé.
Il s’écrit peu de livres en français sur la scène musicale contemporaine et chaque addition est la bienvenue. Le Français Matthieu Davette apporte sa pierre à l’édifice en publiant une biographie très détaillée sur son groupe fétiche, Arcade Fire. Même si le livre est bâti uniquement à partir de sources secondaires et contient plusieurs imprécisions sur Montréal, berceau du groupe, («Ontario Street»?, «le Printemps d’Érable»??, «l’UQAM, l’école multimédia de Montréal»???), sa lecture devrait ravir les fans, toujours avides de détails sur un groupe qui a su cultiver le mystère.
La chronique sur le site de Métro
À propos du livre de Matthieu Davette sur Arcade Fire.
Paru aux éditions Le Mot et le Reste, Arcade Fire est une belle porte d’entrée menant sur le parcours de ce groupe que l’on ne présente plus. Difficile de passer à côté de ces petits génies qui, en l’espace de dix-sept ans, ont marqué de leur empreinte la musique du XXIème siècle.
Un livre au nom on ne peut plus évident : Arcade Fire. Paresse de l’auteur ou refus d’en faire des caisses ? Matthieu Davette est pourtant d’une justesse chirurgicale. Choisir Arcade Fire, c’est évidemment indiquer au lecteur qu’il a entre les mains plus de 300 pages destinées à rendre compte de l’histoire, de l’évolution et de ces petits détails de parcours qui ont fait de cette formation le fer de lance de la scène alternative actuelle. Mais c’est aussi souligner la simplicité de ces sympathiques Montréalais d’adoption, simplicité de l’émotion qui touche l’auditeur à l’écoute de morceaux comme « Afterlife » ou « Wake Up », simplicité d’un collectif qui ne cessera de garder son indépendance et ce même après avoir tutoyé les sommets.
« Simplicité » : le mot, bien qu’idéal pour souligner la générosité qu’offre par et au-delà de sa musique la formation menée par Win Butler et Régine Chassagne, semble pourtant faible pour la décrire. Avec pas moins de sept musiciens (chiffre pouvant monter jusqu’à quinze), ce groupe est connu de tous pour leurs morceaux entêtants, la richesse des arrangements et la catharsis de leurs shows, véritables moments de liesse où la barrière entre musiciens et public se rompt au profit d’un partage sans artifice. Depuis ses débuts, Win Butler, principal compositeur du groupe, n’aura de cesse de vouloir entraîner les fans dans la fougue d’un rock tantôt dansant, tantôt mélancolique, toujours énergique et instinctif.
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Aujourd’hui, tout le monde, ou presque, a déjà entendu un morceau d’*Arcade Fire*, même si certaines personnes ignorent de qui il s’agit exactement. Qu’il s’agisse d’habillage sonore de certaines émissions, d’un air entendu ici ou là, le groupe laisse une trace visible sur son passage. En quinze ans, le groupe s’est forgé une réputation d’excellence scénique et discographique qui en fait l’un des groupes les plus importants au monde. Matthieu Davette revient sur ce parcours atypique à travers le livre Arcade Fire (aux Éditions Le mot et le reste).
En chiffres, Arcade Fire c’est un EP, 5 albums, 25 singles et des millions d’album vendus. La production est prolifique, d’autant plus qu’elle chevauche le plus souvent de gigantesques tournées mondiales. Pourtant, la qualité est présente à chaque nouveau disque, combien même le groupe s’engage sur des chemins totalement différents d’un album à l’autre. Mais revenons au début de l’histoire.
Arcade Fire, c’est avant tout la rencontre d’un couple, celui formé par Win Butler et Régine Chassagne. Lui est Américain, elle Canadienne d’origine Haïtienne. Lorsqu’ils se rencontrent, Win essaye déjà depuis quelque temps de monter un groupe de rock, mais elle sera l’élément déterminant dans cette fondation. Au début des années 2000, Montréal est sans conteste un (le?) lieu privilégiant la création musicale. La scène est florissante, notamment articulée autour du label constellation. Les influences diverses nourrissent le groupe qui, lors de concerts à l’énergie dévastatrice, commence à se faire un nom et à attirer de nombreux musiciens.
Le groupe se monte peu à peu, acquérant rapidement une réputation de performer hors norme. En parallèle, le groupe écrit ses premières chansons, qui regroupées entre elles formeront le disque qui les a fait connaître, à savoir le magnifique et incontournable Funeral. Accompagné par le label Merge, à qui ils resteront fidèles pendant quatre albums, les ventes décollent. Dix mille exemplaires de ce premier album seront vendus en une semaine.
S’ensuit une première tournée, épuisante, mettant les membres du groupe, dont Win, dans le rouge physiquement tant leurs concerts sont une pure débauche d’énergie. Mais déjà le groupe embraye sur le deuxième album, Neon Bible. Les ventes sont au rendez-vous, la tournée qui suit grossit. Et ainsi de suite avec The Suburds, Reflektor et (mais avec moins de recul possible à la vue de sa parution relativement récente) Everything Now.
Pourtant, le groupe ose se réinventer, prendre des risques et surtout acquérir une indépendance sans cesse grandissante. Cela n’est pas au goût de tout le monde, mais Win Butler a une idée fixe, celle de faire ce qu’il veut comme il veut. L’indépendance comme mantra, le groupe poursuit son chemin, innovant à tout point de vue, qu’il s’agisse simplement de musique (avec des techniques d’enregistrement souvent live), d’artwork (leur univers visuel est très marqué, des pochettes d’album aux affiches annonçant leurs concerts) ou de promotion.
Ce bouquin est absolument passionnant. Pourquoi ? D’une part, Matthieu Davette a fait un véritable travail de recherche. Tous les faits sont exposés, relatés, avec justesse. Le côté passionné de l’auteur joue pour lui, car nous sentons une sorte de fascination de celui-ci envers le groupe, sans que cela ne sombre dans l’obséquiosité. Bon point donc. Son écriture est fine, rythmée, ne sonne pas trop journalistique (comprendre que le côté littéraire de l’objet est bien présent).
D’autre part parce que loin d’être un amoncellement de référence, le bouquin est vivant, dynamique, à l’image du groupe en quelque sorte. De nombreuses anecdotes le jalonnent, rendant les membres du groupe palpables, accessibles, humains, ne les mettant pas sur un piédestal ou ne les rendant pas quasi divins. Matthieu Davette relate également les secrets de fabrication des disques, de façon légère, ce qui plaira aux techniciens (mais les frustrant peut-être un peu), mais également aux simples passionnés du groupe, novice en matière de technique de production, qui apprendront à connaître un peu plus la recette du succès des Arcade Fire.
Nous apprécions également le fait que soit mis en avant tout le côté généreux du groupe, notamment pour l’association Partners in health qui aide les populations à Haïti. Le groupe, en plus d’être inventif, que ce soit d’un point de vue marketing et d’un point de vue purement musical, se donne pour des causes qui lui semblent justes. Si le succès fait tourner la tête de certain, Arcade Fire reste les pieds rivés au sol, ses membres étant loin de ressembler à des robots emplis de vanité.
Cette humanité transpire dans toutes les pages du bouquin qui est donc à conseiller à tous les amoureux du groupe, mais également à ceux qui ne le connaissent que de façon superficielle. Cette biographie nous rappelle qu’avoir des valeurs forte permet d’avancer sur un chemin artistique riche, ce que semble avoir oublié une partie de la scène musicale actuelle. Un groupe innovant, une vision artistique et humaine. Que demander de plus ?
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