Une immersion dans les années d’avant le Flower Power qui sera une véritable cure de jouvence pour certains. De là à revendiquer le remboursement de l’ouvrage par la sécurité sociale, il n’y a qu’un pas.
Dominique Boulay – Blues Magazine
Enfant, Bill Graham a fui l’Europe pour échapper aux armées d’Hitler. Après avoir passé sa jeunesse dans les rues du Bronx puis dans les salles de restaurant des grands hôtels des Catskills, et tenté sa chance comme acteur, c’est à San Francisco qu’il ouvrira, à la veille du Summer of Love, le mythique Fillmore, où il fera connaître les grandes icônes rock de toute une génération – Jefferson Airplane, le Grateful Dead, Janis Joplin, Cream et bien d’autres encore.
Personnage complexe, adoré ou détesté, il est raconté ici par lui-même et par ceux qui l’ont connu ou cotoyé – Jerry Garcia, Keith Richards, Eric Clapton, Carlos Santana… – avec en toile de fond trois décennies de rock vécues au plus près de l’événement (les festivals de Monterey, Woodstock et Altamont, les tournées des Rolling Stones, le Live Aid…), jusqu’à sa tragique disparition en 1991.
Voici le portrait attachant et haut en couleur de l’homme qui a inventé le rock business.
Revue de presse
Faut être confortablement confiné pour s’attaquer aux 800 pages de ce livre. Depuis le temps que le pensum traîne sur la table de chevet. Bill Graham n’a jamais écrit une chanson, n’a jamais pratiqué un instrument… Et reste pourtant une des figures emblématiques du rock. Une référence dans le phalanstère d’ego bien trempés de cet univers où il a su imposer le sien (d’égo) en construisant et inventant un business au milieu des années psychédéliques à San Francisco. Celui d’un programmateur, producteur, tourneur, manager où il a fait grandir Grateful Dead, Quicksilver, Santana et tant d’autres dans son Fillmore. Une salle devenue mythique qui a trouvé un temps son pendant à New York, la ville qui a vu grandir Bill Graham. Grandir et non naître, lui le juif errant d’Europe de l’Est né en 1931 qui a vécu sa prime enfance à Berlin. Né Grajonza, nom d’origine russo-polonaise, le jeune Wolodia se retrouve à fuir seul le nazisme par la France, l’Espagne avant de gagner les Etats-Unis. On trouve mieux pour se construire un futur paisible et serein.
Dans ce livre de souvenirs, à chacun « son » Bill Graham. Dans un ordre chronologique, la famille (ses sœurs et son frère d’adoption), ses amis, ses collègues, ses collaborateurs et aussi et surtout les musiciens (Keith Richards, Pete Townshend, Jerry Garcia, Eric Clapton, Grace Slick…) prennent la parole. Chacun son tour, par événement, scène essentielle de sa vie, on découvre un Bill Graham passionné, autoritaire, lunatique, mais aussi un grand professionnel attachant et perfectionniste.
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Un livre qui dévoile le dessous de cartes pas toujours très propres. Mais l’homme était au rendez-vous de notre histoire. Et pour nous, pauvres européens, chaque prise de parole, chacune des 800 pages sont une aventure menée tambour battant au cœur des années flower power de Haight Ashbury. Une aventure qui dévoile ses pires secrets, mais aussi l’âme de ces événements. Et surtout ce qu’allait devenir la musique. Bill Graham était un des éléments moteurs de ce voyage, un des personnages clés qui a su faire vibrer pendant 20 ans l’aventure rock au sommet de sa gloire et donner à notre culture la folie des grandeurs.
Depuis le rock s’en est allé. Depuis 1991, Bill Graham avec lui. La nouvelle édition (2019 – la première sortie aux Etats-Unis date de 2004) de ce livre reste un hymne à la gloire de cet homme qui a marié musique et business. Pour le meilleur et pour le pire. Un livre indispensable pour tous ceux qui veulent plonger dans ces années et comprendre comment la violence des chocs que nous subissons aujourd’hui. Oui, seul le mot business est resté.
La chronique intégrale est à retrouver en ligne
Un excellent bouquin est sorti, un monument, aux éditions Le Mot et Le Reste, dans la collection “Attitudes”, Bill Graham présente : une vie rock’n’roll avec une préface de Pete Townshend.
C’est un très beau livre d’à peu près 800 pages qui raconte l’histoire de Bill Graham, rescapé des camps de concentration parti aux États-Unis, passant sa jeunesse dans les rues du Bronx avant de finir un jour par ouvrir une salle mythique aux États-Unis, le Fillmore, où ont joué la plupart des grands groupes en 1968–69 (Janis Joplin, Grateful Dead, Cream, les Doors, Jefferson Airplane…). Bill Graham était un personnage haut-en-couleur, très apprécié, souvent très détesté. Le livre raconte aussi les festivals de Monterey, Woodstock, Altamont.
Il est mort en 1991, figure fascinante des sixties, du flower power.
C’est un très beau bouquin de Robert Greenfield, qui avait déjà sorti deux bouquins sur les Stones aux éditions Le Mot et Le Reste, je vous le conseille vraiment, c’est un monument de l’histoire du rock.
Easy Rider en écoute sur Radio PFM
L’ère psychédélique est toujours regardée dans le rétroviseur avec fascination. C’est le temps de l’amour sans frein et de la créativité infinie. L’esprit n’a jamais été aussi ouvert qu’en ces années où l’on traversait les portes de la perception en écoutant Grateful Dead, un livre d’Allen Ginsberg ou de William Burroughs à portée de mains. Le psychédélisme est une contre-culture de vaste dimension qui possède ses connaisseurs, parmi lesquels Philippe Thieyre, Steven Jezo-Vannier et Bill Graham. Leurs éclairages rendent intelligibles le Psychedelic Sound et l’art rétinien des affiches de la Bay Area aussi hermétique que trippant.
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The Psychedelic Experience, l’ouvrage que Richard Alpert, Timothy Leary et Ralph Metzner ont publié en 1964 est un manuel célébrant Carl Gustav Jung et le Bardo Thödol dans le but d’expliquer les étapes du voyage à l’acide. A ce moment, la révolution psychédélique est en marche.
Cette double promotion par The Psychedelic Experience et les Merry Pranksters qui ont acheté, au printemps 1964, un bus scolaire International Harvester aboutit à l’éclosion des acid tests, “une épreuve individuelle et collective” (Steven Jezo-Vannier) pour connaître l’aventure intérieure, celle que promet le LSD et qui réalise, à travers des visions, la disparition des contours entre l’usager et le reste du monde.
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Les Pranksters ont de bonnes fréquentations. Pour le développement de leurs tests, ils comptent sur un ami de choix. Bill Graham, organisateur du Trips Festival de San Francisco qui réunit, en janvier 1966, Grateful Dead, Allen Ginsberg, le Living Theathre de Julian Beck et Judith Malina, Big Brother & The Holding Company, Steward Brand, éditeur du Whole Earth Catalogue, bible de la contre-culture, est le gérant du Fillmore Auditorium, l’une des grandes scènes de la musique psychédélique, qui verra se produire Pink Floyd, Quicksilver Messenger Service, Jefferson Airplane et Janis Joplin.
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Entre 1966 et 1971, près de 600 affiches sont réalisées par une poignée de graphistes maniant le code psychédélique avec un sens aigu de l’hermétisme qui est le vocabulaire secret des initiés. Leurs messages destinés à rameuter aux portes du Filmore, de l’Avalon Ballroom et du Matrix les hipsters en mal de sensations fortes deviennent bientôt des objets de culte.
Bill Graham se souvient : “Je partais sur le coup de 4 heures du matin, je roulais jusqu’à Berkeley et je recouvrais d’affiches tous les murs de la ville, avec une préférence pour les chantiers, avec leurs grandes palissades. Quand les gens se réveillaient le matin, il y en avait partout. Au début, les affiches coûtaient 5 ou 600 chacune à imprimer. J’en faisais fabriquer 5000. Ensuite le prix a beaucoup augmenté. Bichromie, quadrichromie… Certaines étaient quasiment illisibles ! Au point que je disais aux dessinateurs “si on garde ce dessin, il faudra rajouter un astérisque, et une légende en bas pour tout expliquer.” Mais ça a fini par devenir le jeu à la mode, chaque semaine : essayer de déchiffrer ce qui était écrit sur l’affiche !”
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L’art psychédélique rétinien expire en 1971 avec la fermeture des deux Fillmore de Bill Graham, laissant derrière lui une cohorte de morts (Jimi Hendrix, Alan Wilson, Janis Joplin, Neal Cassady, Lenny Bruce…) alors que se profilent Goa et Katmandou, ces routes cul-de-sac où s’étiolent les derniers hippies aux cerveaux incolores, accrochés machinalement à une seringue psycholeptique.
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Bon, c’est pas parce que Noël approche qu’il faut continuer à rêver béatement sur ses posters des Doors et s’imaginer que Mick Jagger n’est intéressé que par l’amour et l’harmonie entre tous ses brothers et ses sisters. Tsss… Jeunes crédules boutonneux, depuis que le rock est rock, et que la musique est zic, le monde est confronté au même problème : la maille, l’oseille, le flouze, les pépettes, le dentier de grand-mère. En un mot comme en 100, les sous. Un sujet spécial crise à aborder avec dextérité, donc attention aux âmes sensibles : si vous croyez encore à Saint-Nicolas et à la Petite Souris, que vos artistes favoris se baladent la fleur à la Gibson uniquement pour prêcher la beauté de l’art, gare à vous ! En retraçant le destin hallucinant de Bill Graham, c’est tout l’envers du rock qui se dérobe sous nos pieds, l’enfer des tractations, l’omniprésence des egos, des managers et des agents, la starification et l’inflation galopante des cachets. Bref, le rock’n’roll, c’est d’la merde, et ce magnifique livre de témoignages en désosse les rouages. Une plongée saisissante dans les coulisses du rock business, aussi dépourvue de glamour qu’un ouvrage suivant un nain dans la fabrique à jouets du Père Noël. La GROGOLISTE est ouverte, réduite mais avec de gros articles.
Lire cet excellent article en intégralité : LE GROGSTORE
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Ceci est la monumentale biographie de l’un des personnages clés de l’histoire du rock’n’roll et de ses dérivés. Je passe sur ses premières années et embraye tout de suite sur l’épisode de la San Francisco Mime Troupe, à laquelle il se joint dans le milieu des années 1960. Rapidement dans le besoin pécuniaire, il fait organiser des concerts de soutien pour lui venir financièrement en aide, et c’est là que tout commence. L’idée des concerts à organiser et des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. D’abord une salle de fortune, puis un Filmore West à San Francisco, et plus tard, un Filmore East à New York, et la succession des groupes les plus fameux de l’époque qui viennent y effectuer leurs meilleures prestations jusqu’en 1971, date de la cessation d’activité des deux prestigieuses salles.
Puis, arrivent les grands concerts en plein air, à dimension gigantesque, et à la suite, les grands festivals sans prétexte, avant ceux inspirés par les causes sociales et humanitaires. Tous les acteurs et protagonistes de l’histoire ont la parole et rendent le récit particulièrement réaliste et terriblement d’actualité. Il faut dire que cette histoire revisite l’adolescence de bon nombre d’entre nous. C’est un tragique accident d’hélicoptère qui vient mettre fin à cette destinée particulière, en 1971…
Une immersion dans les années d’avant le Flower Power qui sera une véritable cure de jouvence pour certains. De là à revendiquer le remboursement de l’ouvrage par la sécurité sociale, il n’y a qu’un pas.
Samedi 19 novembre, Aymeric Leroy était l’invité de l’émission Bulles noires de Radio Libertaire. Entre une discussion endiablée autour de Bill Graham, de grands morceaux liés à la carrière de ce manager, longtemps directeur du Filmore à San Francisco, ont été passé : Jefferson Airplane, Grateful Dead, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Santana, Cream, Crosby Stills Nash & Young, Butterfield Blues Band…
Hier soir (jeudi 17 novembre), l’émission Addictions présentée par Laurence Pierre du lundi au jeudi était largement consacrée au folk ainsi qu’à la sortie de l’ouvrage Folk & Renouveau (”…un événement, c’est la sortie de ce livre absolument énorme… Le livre est très très bien fait…”). A la clé aussi une playlist Folk en partie issue de l’ouvrage. Laurence Pierre et Philippe Thieyre ont également présenté l’ouvrage de et sur Bill Graham.