Revue de presse
Dénigrée ou adulée, Dalida a revêtu de multiples identités : l’exotisme, la culture franco-américaine, la musique disco, soulignant les nombreux points d’achoppement qui traversent la culture française — le statut des femmes, des étrangers, des minorités sexuelles.
Dalida, mythe et mémoire est le fruit de dix ans de recherche de la chercheuse Barbara Lebrun, Senior lecturer en French Studies à l’Université de Manchester. En cela, il dépasse largement la seule figure de Dalida, celle-ci constituant plutôt un prisme à travers lequel l’auteure analyse la culture populaire française de la deuxième moitié du XXe siècle. Or, pour cela, quoi de mieux qu’une artiste qui, derrière ses traits de vedette de variété démodée, est également célébrée, voire canonisée, mettant ainsi en tension un grand nombre de représentations culturelles ? Les nombreuses railleries dont a fait l’objet Dalida durant toute sa carrière contrastent en effet avec le culte qui lui est voué aujourd’hui, de la Mairie de Paris au Palais Galliera, en passant par l’Institut du monde arabe.
Soigné sur le fond comme sur la forme, l’ouvrage est issu d’une heureuse rencontre entre l’auteure et le Mot et le reste, maison d’édition principalement consacrée à des livres journalistiques et anthologiques sur les musiques populaires. Chacun des deux semble avoir effectué un « pas de côté » pour accoucher de ce projet : l’éditeur a pleinement investi le terrain universitaire en assumant l’ancrage théorique jusque sur la quatrième de couverture ; et l’auteure a trouvé un ton original, exigeant, tout en restant ouvert à un public plus large et surtout francophone, après un premier ouvrage en anglais consacré au « rock métis », lauréat du prix de l’International Association for the Studies of Popular Music en 2011 (Lebrun, 2009). […]
Indirectement, le parcours de Dalida fait écho aux approches philosophiques de la justice sociale adaptées au contexte particulier des musiques populaires (Spanu, 2019). Plus particulièrement, on pense à l’approche de Nancy Fraser qui théorise les dilemmes inhérents aux identités marginalisées : entre célébration politique de la différence et effacement stratégique au sein d’une culture hégémonique (Fraser, 2011). Un des aspects frappants du propos de l’ouvrage consiste justement à montrer comment la chanteuse n’a cessé d’être célébrée et dénigrée, rendant visibles les nombreux points d’achoppement qui traversent la culture française : sur le statut des femmes, des étrangers, des minorités sexuelles, voire de la langue française comme symbole d’identité nationale. En cela, on ne peut que saluer la publication de Dalida, mythe et mémoire, qui traite de musique populaire française avec sérieux et évite les écueils essentialistes qui crispent de nombreux débats en France. Tant par son approche que par ses réflexions nuancées, l’ouvrage apporte une pierre décisive à l’édifice des réflexions sur la diversité culturelle dans le contexte particulier des industries culturelles et médiatiques françaises.
Un article à retrouver en intégralité sur La vie des idées
Vedette populaire au destin tragique, l’interprète de Gigi l’Amoroso fait encore parler d’elle, 34 ans après sa disparition. […]
Cet ouvrage cherche à comprendre comment s’est forgé le mythe Dalida. Il explore les multiples facettes d’une femme et d’une artiste complexe, à la fois séductrice sexy et héroïne tragique, icône orientale et reine du disco.
Un article à retrouver en intégralité sur Femme Actuelle
De son vivant, comme depuis sa disparition il y a 34 ans, on a tout dit sur Dalida, le meilleur comme le pire, infos ou intox, on ne compte plus le nombre de livres parus sur elle, bios, fausses ou vraies, hommages, albums, témoignages, là encore vrais ou faux, d’amis ou de soi-disant amis…
Bref, les livres ne se comptent plus et voilà qu’un Nième livre sort sur elle : «Dalida, mythe et mémoire», écrit par Barbara Lebrun, enseignante à Manchester, s’intéressant à la chanson en général et ayant écrit plusieurs livres sur le rock, la chanson populaire, la musique…
Et la voilà qui s’attaque à Dalida, mythe s’il en est un mais on est loin des biographies plus ou moins approximatives, on est là sur une vraie thèse, ce qui fait tout l’intérêt de son livre.
Elle déconstruit et dissèque l’œuvre de l’artiste, année après année, chanson après chanson, mode après mode… Dalida, artiste on ne peut plus plurielle puisqu’elle a traversé les modes, les mouvances, s’y raccrochant ou les précédant. Sa carrière fut étroitement mêlée à sa vie personnelle, faite de joies et de drames, qui a fait ce qu’elle est devenue. Et Barbara fait aussi le parallèle entre la femme et l’artiste qui, souvent se confondent mais aussi se contrarient.
Dalida était une artiste populaire dans le sens le plus large du terme, qu’elle fut tout autant critiquée qu’encensée, adorée ou détestée, déesse ou ringarde, moderne ou kitch…
Mais ça c’était avant… Avant qu’elle ne disparaisse comme on le sait et tout à coup, la voici devenue mythe.
Barbara passe cette carrière au peigne très, très fin, une carrière multiple, certains diront incohérente qui va de «Bambino» au «sixième jour», passant des ritournelles italo-espagnoles, au rock et au twist, des chansons exotiques à la grande chanson française,de la chanson arabe venue de son pays natal, l’Egypte, au disco et au spectacle à l’américaine…
Chez Dalida, il y a tout autant du mystère que de la magie, même si les zones sombres sont pléthore. Barbara Lebrun ne peut que constater une évolution constante chez cette chanteuse qui ne vivait que pour son métier et était prête à tout chanter pour rester au sommet. Ce qu’elle fit d’ailleurs avec plus ou moins de bonheur mais toujours avec une grande sincérité.
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Ringarde ? Démodée ? Avant-gardiste ? Elle fut tout cela mais avant tout elle reste authentique.
Barbara Lebrun s’est vraiment investie dans la vie et l’œuvre de cette artiste aux multiples facettes, et elle nous offre là un livre unique par rapport à tous ceux qui sont sortis depuis trente ans. Peut-être parce qu’elle prend un recul par rapport à cette artiste qu’elle n’aime ni déteste car elle ne l’a pas connue. Un très beau travail d’investigation.
Un article à retrouver en intégralité sur Evasion Magazine
Dans un livre passionnant et très documenté, Barbara Lebrun, enseignante, situe le parcours
de Iolanda Gigliotti, dite Dalida, dans son contexte, historique, musical et idéologique.
En quoi peut-on parler de « mythe » au sujet de Dalida ?
Dans le sens contemporain, un mythe est une histoire consensuelle acceptée par la plupart des gens qui prend le sens de l’évidence à force d’être répétée. Dans le cas de Dalida, le mythe d’une femme tragique apparaît en 1967 avec sa tentative de suicide. Ce mythe prend de l’ampleur au fil des ans par ce qu’écrivent les biographes, ce que disent les documentaires, les hommages. Mais d’autres mythes existent à propos de cette chanteuse, construits par les médias et ses chansons, son identité musicale.
Par exemple ?
Par exemple, on parle souvent de Dalida comme « chanteuse ringarde », dès le début des années 1960. Cela a trait à son identité « exotique » qui passe vite de mode. À la télé, dans les années 1970, elle semble ringarde pour une partie des journalistes qui lui reprochent d’être âgée et de continuer à chanter, de s’accrocher aux modes par opportunisme.
Beaucoup l’ont critiquée de son vivant. Et elle est désormais culte…
Je ne crois pas que Dalida soit culte, mais elle a atteint, dans sa carrière posthume, une forme de notoriété monumentale (plutôt que commerciale) qui lui manquait de son vivant, produite par différents discours et par la circulation de ses chansons dans les bandes-son de films, sans moquerie, et son parcours touristique à Montmartre. Ou encore des reprises inattendues de Dalida par des artistes comme Dominique A, Alain Souchon, Izia Higelin.
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Si vous ne deviez retenir qu’un titre de Dalida pour cerner le mythe…
Son mythe est pluriel pour moi, je choisis donc trois chansons : Besame mucho (version disco) pour danser, Dans la ville endormie (musique de Sheller), à redécouvrir comme chanson de solitude amoureuse et Come prima pour l’entendre à la fois en français et italien.
Découvrez toute l’interview sur Ouest-France.fr
Fans intellectuels de Dalida, réjouissez-vous ! Vous avez de quoi vous offrir quelque chose pour les fêtes de fin d’année à l’occasion de la sortie d’un nouvel essai sur la chanteuse intemporelle : Dalida : Mythe et mémoire de Barbara Lebrun. Entre sociologie, philosophie et musicologie, la chercheuse analyse Dalida sur plus de 300 pages. Une lecture passionnante.
Lire l’avis et la critique livre de Bulles de Culture
Le livre de Barbara Lebrun est dans les coups de cœur de Basique.
Pop N’Co aujourd’hui, c’est Dalida. Yolanda Gigliotti dite Dalida (1933–1987) fut étrangère et française. Ringarde et cool. Clichée et humaine. Elle a incarné la star et le refus de l’arrogance à la fois. Quand elle se donne la mort en Mai 1987, elle a 54 ans.
Rebecca Manzoni a joint Barbara Lebrun au téléphone pour parler de la sortie de son livre et de la réception culturelle de l’artiste aux plusieurs visages.
Une émission à réécouter sur la page de Pop N’ Co