Revue de presse
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Un bon chanteur mort. Ainsi s’intitulait l’essai de Dominique A en 2008. Vrai que pour un biographe, mieux vaut écrire sur une personne disparue – ainsi, on peut se pencher sur une existence achevée. Jusqu’alors deux livres, vieux de plus de dix ans, faisaient autorité pour Miossec et Daho. Il s’agissait d’En quarantaine et d’Étienne Daho : Portraits et entretiens, respectivement rédigées par Vincent Brunner et Benoît Cachin en 2007. Thierry Jourdain et Frédéric Tallieux leur emboîtent le pas. Dans le cas du Brestois, Jourdain a rencontré le songwriter et quelques collègues (Tiersen, Mellano, Gilis…) laissant d’autres avis sur le bas-côté. Dommage, car l’ouvrage précité exposait davantage d’invités et surtout des voix dissonantes. Quant à Étienne Daho, cette biographie fondée sur la discographie du natif d’Oran, de Mythomane (1981) à Blitz (2017) comporte des lacunes. Malgré une volonté d’exhaustivité, nulle trace de sa participation au premier essai de Yan Wagner par exemple. Ceci posé, ces deux sommes restent recommandables à qui ne possède pas les références antérieures.
On n’attendait pas Etienne Daho
Frédéric Tallieux, chroniqueur au webzine Forces parallèles, revient avec Etienne Daho l’éden retrouvé sur la carrière et le parcours du chanteur. Qu’il est loin le temps où, dans les années 80, il faisait figure de chanteur à minettes, sur fond de rythmes synthétiques (la mode de l’époque) ! Qui aurait parié parmi les rockers de l’époque un kopeck sur lui qu’on accusait de ne pas avoir de voix ? Voilà qu’en 2019, il est le parrain de la french pop, l’homme du bon goût musical, célébré par la critique et le public, auteur enfin, à soixante ans, d’un disque majeur, Blitz, que doivent lui envier certains confrères.
Un parcours exemplaire
Avec Etienne Daho l’éden retrouvé, autant biographie qu’essai sur l’œuvre de l’artiste, on découvre tout d’abord un enfant blessé par la séparation de ses parents, un adolescent pudique et aussi un fanatique de musique.
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Etienne Daho l’éden retrouvé est une belle occasion de (re)découvrir celui qui est finalement devenu un artiste passionnant. Bashung mort, Daho est celui qui désormais domine ce qu’on appelle la chanson française.
La chronique intégrale est disponible en ligne
Étienne Daho est devenu, au fil d’une carrière forte de 12 albums studio (si l’on inclut Le condamné à mort, disque où Daho et Jeanne Moreau déclinent le poème de Jean Genet comme un disque à part entière de la discographie du chanteur), la figure incontournable de la pop en France. Une partie de la jeune génération se réclame de lui et la presse spécialisée l’encense.
Pourtant, ce chanteur n’a jamais cessé de se remettre en question, abordant ses disques de la façon la plus honnête qui soit. Frédéric Tallieux revient, dans Étienne Daho, l’Éden retrouvé, sur ce parcours jalonné de succès et à la droiture artistique sans détours.
Un fou de musique.
Tout commence par un juke-box, à Cap Falcon (Algérie), ville qui a vu grandir Étienne Daho. Ce juke-box trône dans l’épicerie-café de ses tantes et le jeune garçon y découvre pêle-mêle le yéyé et le rock n’roll, la pop aussi. Ses artistes de prédilection ? Les Beach boys, Françoise Hardy. Il les chante, il les danse sur les tables du troquet, se façonnant ainsi une sérieuse culture musicale qui aide l’enfant solitaire qu’il est à s’épanouir. Le départ du père de ce foyer, et le rapatriement en France lors de l’indépendance du pays le marquent profondément. Si de l’un il ne dira quasiment rien, de l’autre il met un pied dans la faune musicale rennaise, par l’entremise des Marquis de Sade.
Avec eux, il tisse de solides relations amicales, notamment avec Franck Darcel, le guitariste, qui produira ses deux premiers albums. Étienne Daho, en fan de musique, et des Stinky Toys d’Elli et Jacno, organise une soirée concert et fait la connaissance du célèbre couple. L’alchimie opère, il leur fait découvrir ses textes et, hasard, destin ou juste récompense au talent du chanteur, en découle une carrière faite de succès et de prises de risque artistique.
La biographie.
La première constatation que nous pouvons faire, c’est que les analyses de Frédéric Tallieux sont absolument passionnantes. Bien écrit, exploré jusqu’à la moelle, le sérieux de sa démarche biographique n’entrave en rien le plaisir de sa lecture. En effet, qu’il s’agisse de revenir sur le caractère technique de la réalisation des disques de Daho ou sur les éléments ayant déclenché l’inspiration pour les entamer, jamais la plume de l’auteur ne vient alourdir le propos.
Ses avis sont objectifs, ses décortications du comment du pourquoi s’appuient sur une analyse fine, passionnée mais toujours écrite avec le souffle de celui cherchant à transmettre son savoir sans l’imposer. Qu’il s’agisse de musique, des visuels des albums ou des vidéos clips appuyant tel ou tel single, Frédéric Tallieux observe, agence ses idées de façon à ce que tout entre en corrélation. Il n’hésite pas, par exemple, à critiquer un vidéo-clip dont l’essence lui échappe, mais sans le faire de façon gratuite.
Ces qualités d’écriture, de vocabulaire également, apporte tout le relief nécessaire à un ouvrage de ce type, c’est-à-dire savoir rester informatif, tout en y inculquant assez de souffle pour que l’histoire qu’il raconte reste accrocheuse (sans jamais être racoleuse). Avouons-le tout de suite : nous ne sommes pas fans d’Étienne Daho mais cette bio, nous l’avons dévorée, preuve que Frédéric Tallieux possède de sérieux arguments littéraires et journalistiques.
Ce que nous en retenons.
Comme nous venons de le dire, nous ne sommes pas fan d’Étienne Daho dont l’univers musical nous laisse relativement de marbre. Pourtant, à travers quelques interviews que le principal intéressé a donné il y a quelque temps, l’envie d’en connaître plus sur lui nous a titillé les méninges. Ce bouquin tombe donc à point nommé et nous permet d’approfondir le sujet Daho de façon très sérieuse (pour ne pas dire quasi exhaustive). Cette biographie évoque entre autres un homme tenace, discret certes, mais avec une volonté de fer (de faire?).
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Preuve s’il en est de toute la clairvoyance de ce chanteur à part dans le paysage musical hexagonal.
Toute la chronique est à retrouver sur Litzic
On a tous quelque chose d’Etienne Daho. Une chanson qui nous rappelle. Pensez donc, depuis les années 80, le petit gars d’Oran, bercé quelques années plus tard par la pop new wave rennaise a tracé son chemin. Et de modes en aléas marketing, il a su rester fidèle à une vraie élégance, mariant l’esprit britannique, les attaches bretonnes et une connaissance des intérêts parisiens.
N’oublions pas qu’il fut le premier artiste français à signer sur le jeune label anglais Virgin. Avant cela Frank Darcel (Marquis de Sade) lui avait offert un passeport pour la gloire en produisant son album « La Note, la note » contenant le séminal « Week-end à Rome ». L’occasion d’une première rencontre avec Arnold Turboust. La famille bretonne s’agrandit du côté de Nantes. Déjà.
Frédéric Tallieux nous invite ainsi à suivre d’albums en albums, la carrière de chanteur iconique. Ses choix, ses états d’âmes, ses rencontres (le groupe Saint Etienne, Les Valentins, le guitariste de Starshooter, celui de l’Affaire Louis Trio et bien sûr, l’ex Ubik Xavier Geronimi), donnent vie à autant de chapitres de sa vie musicale. Car le livre reste d’une discrétion remarquable sur sa vie privée. Et c’est bien ainsi. Les bretons que nous sommes n’apprécient pas trop le voyeurisme ; juste comprendre comment se construit une belle carrière.
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C’est ainsi qu’on arrive tranquillement à « Blitz », dernier opus du chanteur sorti en 2017 qui ferme le livre. Si le choix de suivre les sorties d’album reste une bonne idée, il demeure que se perdre dans les détails des clips surprend et ennui à la fin. La bonne idée, restant de ponctuer chaque sortie d’album par les tournées qui suivent. Une respiration pour le lecteur autant qu’un trait d’union vers un autre Daho, toujours aussi attachant et complexe.