Revue de presse
Intemporel poète et musicien, Brassens fut également un militant actif dans le milieu anarchiste d’après guerre. Après sa rencontre avec des anars (Marcel Renot et Armand Robin, qui devinrent de fidèles amis), il prêta sa plume, anonymement ou sous de savoureux pseudonymes (Géo Cédille, Charles Malpayé, Charles Brenss, Georges Pommier…), dans des « brûlots » tels que « Le libertaire » (dont il fut le secrétaire de rédaction), « Le combat syndicaliste » et « L’anarchiste ». Il tenta même de créer son propre journal « Le cri des gueux » (avec ses copains Émile Miramont et André Larue), mais celui-ci ne vit jamais le jour, faute de moyens financiers… S’il fut toute sa vie fidèle à ses idéaux, Brassens, rétif à toute forme d’autorité, quitta assez rapidement le militantisme et sa fédération qui louchait un peu trop à son goût vers le communisme, pour pouvoir exprimer ses idées en toute liberté, à travers ses chansons… Un art qu’il maîtrisait à la perfection ! A travers cette biographie, Frédéric Bories nous propose de remonter aux sources des convictions de Brassens, en relatant son enfance à Sète, ses premiers boulots, son départ forcé pour le STO, ses rencontres, et bien sûr son avidité de littérature où les grands poètes de son panthéon côtoyaient Proudhon, Bakounine et Kropotkine, dont la lecture a sans l’ombre d’un doute forgé son esprit libertaire. Augmenté de photographies et de la reproduction de ses articles publiés dans la presse anarchiste, ce passionnant document nous dévoile un Brassens profondément humaniste qui affirmait que « L’anarchisme, ce n’est pas seulement de la révolte, c’est plutôt l’amour des hommes ». Un Brassens que son ami René Fallet avait décrit avec les mots les plus justes qui soient : « La voix de ce gars est une chose rare qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de coups de poing sur le képi, une voix qui va à la bagarre et à la chasse aux papillons. Tant que les gorilles violeront les juges, Georges Brassens sera lui-même ». Ce qu’il a été, jusqu’à son dernier souffle… Quel bonhomme !!!
Une chronique à retrouver sur À vos marques tapage
Après une parenthèse sur les années de jeunesse passées à Sète, le biographe se concentre ici essentiellement sur une courte période de la vie de Brassens, soit les années de fin de guerre ou qui ont suivi immédiatement la fin de la 2ième guerre mondiale. Epoque à laquelle l’homme (pourtant si pudique et discret) se déclare ouvertement anarchiste, au point de devenir un permanent du journal du mouvement (Le Libertaire) et un personnage important de la Fédération anarchiste. Frédéric Bories analyse cette période minutieusement, pour en dégager les raisons qui amèneront d’autres biographes à se pencher quant à eux sur la vie de Brassens, le parolier / musicien…
Car, et on le comprend vite, Brassens ne se destinait pas à une vie de chanteur… Le show-business, très peu pour lui, qui préférait vivre dans l’ombre, à lire (et relire) Jean de La Fontaine, François Villon, Hugo, et tant d’autres. A défaut de manger à sa faim (on retrace ici ces années de guerre durant lesquelles il trouve refuge chez Jeanne et Marcel pour échapper à la Gestapo et aux travaux forcés), Brassens dévore de la littérature et s’intéresse au mouvement anarchiste parisien avec lequel il partage ses idées (la haine de tout pouvoir en particulier). En découleront au fil du temps quelques textes que l’Histoire de la chanson retiendra : « La tondue », « Jeanne », « Chanson pour l’Auvergnat », … Car Brassens s’en rend vite compte : « Je ne pense pas être un poète… Un poète, ça vole plus haut que moi ! ». Pour vivre de ses mots, il devra les mettre en musique, lui qui admire sans limite Django Reinhardt… Mais ça, c’est une autre histoire, que vous lirez dans d’autres biographies…
Une chronique à retrouver sur JazzMania
Chacun ou presque a en tête un vers, voire une strophe d’une chanson de l’enfant de Sète où il vit le jour en 1921. Mais qui sait ce qui est à l’origine des textes de ses chansons, dont on saisit plus ou moins confusément un engagement lié à des convictions dont l’auteur n’use jamais pour une morale quelconque qu’il a toujours réprouvée, même s’il était un admirateur de La Fontaine ?
Frédéric Bories a consacré son ouvrage à retracer dans le détail les années, entre 1946 et 1948, que Brassens a consacrées à l’anarchisme, parce que c’est là, selon l’auteur, que se situent les éléments qui vont conditionner toute son œuvre, et au-delà, sa vie, une après-guerre vécue dans la pauvreté, avec le strict nécessaire matériel pour vivre, pas de superflu donc, mais une avidité intellectuelle qui lui fera dévorer littérature et philosophie. […]
Frédéric Bories a mené là une véritable enquête en fouillant dans nombre d’archives pour retrouver les premières traces de ce qui fera de Brassens ce chanteur singulier, puisqu’il n’a pas d’équivalent quant à l’écriture et la musique dont on dit trop peu la richesse. Avant de proposer au public une chanson, Brassens « essayait » plusieurs mélodies pour tester la justesse de celle qui mettra le plus en valeur ses textes.
Le refus de toute violence, de toute autorité, le respect d’autrui, l’amour des mots, sont au cœur de toute son œuvre, et l’accent mis sur l’anarchie individualiste dans cet ouvrage en est le mérite, tant il est vrai que nous sommes aujourd’hui à des années lumière de ce courant de pensée.
Retrouvez la chronique en intégralité sur La Cause littéraire
Les essentiels de Basique sur France 2 conseillent le livre de Frédéric Bories, Georges Brassens, Militant anarchiste !
Pour le centenaire de la naissance de Brassens, qui pouvait depuis Marseille et avec tant de brio, nous conter le Brassens militant anarchiste, si ce n’est Frédéric Bories dans son ouvrage ! Cette thématique était par trop souvent gommée pour ne garder que le Georges goguenard et père pénard. Coquin de sort, à croire que par cet ouvrage, il n’est pas mort. On découvre un autre Brassens d’une incommensurable culture littéraire. Lui qui fit son école buissonnière à travers les Villon et poètes de travers. Lui qui libre pensa entre les ouvrages de Proudhon, Bakounine… Il devint même secrétaire de rédaction, en tant que journaliste autodidacte, à l’humour pinçant dans ses rubriques à démystifier les passant honnêtes, dans les colonnes du Libertaire, organe de la fédération anarchiste. Toute cette verve riche, on la retrouva dans ses chansons léchées dans une langue vivante et revigorante. Etait né le Georges Brassens que l’on croisa sur les planches où lors des différents meeting de soutien aux mouvements libertaires et antimilitaristes de son temps, Il ne renia jamais ses idées, “Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente ». […]
Outre la grande richesse de cet ouvrage de nous faire découvrir toutes les facettes de Georges Brassens à la fois journaliste écrivain, poète en verve, vu de l’intérieur du militant anarchiste individualiste qu’il a toujours été, son auteur Frédéric Bories nous prouve qu’il maîtrise parfaitement son sujet. Dans la toute dernière partie du livre, il nous livre un précis historique du mouvement anarchiste du temps de Brassens qui complète parfaitement ses propos antérieurs et les enrichit. Il ne faut pas oublier qu’il est enseignant à Marseille et issu du CIRA Centre international de recherche sur l’anarchisme. Ceci expliquant sans doute cela et son travail acharné de mémoire. Chapeau bas, l’artiste et un énorme merci pour son éclairage qui manquait cruellement dans le paysage autour de la figure de Georges Brassens militant anarchiste.
Une chronique à retrouver en intégralité sur Le Mague
On l’oublie parfois, mais Georges Brassens fut un indécrottable anarchiste. La preuve : il noircit des pages et des pages dans Le Libertaire, organe de la Fédération anarchiste dont il fut secrétaire de rédaction. Bien plus qu’une bête compilation des écrits du Sétois, F. Bories s’emploie à commenter et resituer ses articles dans leur époque (1946–1948) – un âge d’or où se croisent, dans ces colonnes, Léo Ferré, André Breton,
Armand Robin ou encore Albert Camus. Ainsi, à travers la plume de Brassens en fil rouge, c’est toute une histoire du mouvement anarchiste de l’immédiat après-guerre qui se dessine sous nos yeux – et l’influence de celui-ci sur la vie et l’œuvre de l’artiste. Un éclairage pertinent et stimulant, nom d’une pipe !
Une chronique à retrouver dans LM Magazine
Frédéric Bories est enseignant et un des archivistes du Centre International de Recherches
sur l’Anarchisme de Marseille. Il publie prochainement (début janvier) une biographie du Georges Brassens anarchiste revenant sur la période de militantisme actif et sur ses amitiés libertaires.
Tu présentes les années de formation du Brassens libertaire. Il semble qu’il y ait eu une intense activité de lecture des textes fondateurs de l’anarchisme.
Frédéric Bories : Durant la Seconde Guerre mondiale à Paris, Brassens reclus chez sa tante puis chez Jeanne et Marcel Planche, parcourt la littérature. Il y fait ses humanités et découvre largement les auteurs. Certains d’entre eux le marquent particulièrement. Il lit des auteurs très connus comme Victor Hugo, André Gide… d’autres moins connus comme Claude Tillier et son roman Mon Oncle Benjamin, Charles-Louis Philippe… Il étudie les poètes, surtout les symbolistes et les poètes maudits : Baudelaire, Mallarmé et François Villon qu’il considérera comme le premier des anarchistes.
Brassens lit aussi les philosophes : J.J. Rousseau et surtout Voltaire puis il est amené à fréquenter certains théoriciens anarchistes : Pierre-Joseph Proudhon, Pierre Kropotkine et Mikhaïl Bakounine. Il n’a peut-être pas eu une intense lecture anarchiste mais il y découvre des valeurs qu’il porte en lui. Une sorte d’attachement viscéral à la liberté, ainsi qu’une rage profonde quand les hommes veulent imposer quelque chose à d’autres hommes. Ils sont anti-étatistes, ils ne sont pas partisans de l’armée, ils revendiquent l’égalité sociale et non l’exploitation de l’homme, ils sont partisans d’une certaine indépendance de l’individu en face de la société, et ça lui convient tout à fait. […]
L’interview en intégralité est à lire dans Le Monde libertaire.