« La grande musique noire a toujours été un poing levé, à la fois à l’égard des conditions socio-économiques au sein desquelles elle a pris forme, mais aussi comme relais de diffusion vindicatif de vibrations inédites. Fier et vibrant, ce poing levé revêt des formes multiples. La trompette euphorique de Louis Armstrong dans les bordels de La Nouvelle-Orléans, les arrangements géniaux de Dave Bartholomew ou la batterie fougueuse d’Earl Palmer dans l’unique studio de la ville, la voix surpuissante d’Howlin’ Wolf sur les ondes d’une radio de West Memphis, la guitare prométhéenne de Muddy Waters dans un club du Southside de Chicago, la basse d’airain de James Jamerson dans “la fosse aux serpents” du studio Motown de Detroit ou deux platines reliées artisanalement entre elles par Kool Herc dans un parc du Bronx, sont autant de manifestes musicaux d’une grandeur jamais démentie. […] Loin d’être lisse et uniforme, cette grande fresque murale aux cent dix nuances de noir offre des aspérités lumineuses à ceux qui la parcourent. La sélection de Philippe Robert propose un “regard sur le passé à travers le présent” de la musique noire. »
Extrait de la préface de Florent Mazzoleni
Revue de presse
“Comme l’ouvrage Folk et Renouveau, une balade anglo-saxonne qu’il avait cosigné avec Bruno Meillier, le nouveau livre de Philippe Robert consacré à la Great Black Music est un modèle du genre.”
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Rock, hip-hop, avant-garde, techno et même folk, les “black music” sont au cœur de notre culture musicale. Mieux, elles sont également bien souvent le levier qui fait bouger les choses, culturellement, comme socialement. Philippe Robert, essayiste et journaliste aux Inrockuptibles, Mouvement, Vibration et Jazz Magazine, le sait bien. Celui qui avait déjà signé Pop, Rock : Un itinéraire bis en 140 albums essentiels revient aux éditions Le Mot et le reste en 2008 avec la somme définitive sur le sujet. Jazz, rock, hip-hop, soul, psychédélisme, musique expérimentale, blues, tous les albums incontournables digne de figurer dans votre discothèque sont ici présents. Mis en page sous forme d’anthologie comme c’est souvent le cas chez l’éditeur Marseillais, Great Black Music, un parcours en 110 albums essentiels propose une fiche album détaillée par disque, son histoire, son impact sur le cours de la musique et ses descendances. Le tout présenté par un vrai spécialiste. A noter que l’ouvrage bénéficie aussi d’une excellente préface synthétique de Florent Mazzoleni, qui lui non plus n’est pas le dernier des connaisseurs.
Ce n’est pas le premier livre de Philippe Robert dont on vous parle dans nos pages (on l’avait même interviewé pour son itinéraire folk il y a quelques numéros), et cette réédition de son Great Black Music recevra autant d’éloges que ses congénères. Le journaliste s’y attache à présenter 110 albums dans des styles a priori très différents mais qui constituent finalement une seule et même grande entité, la Great Black Music.
[…] L’auteur, comme à son habitude, dose avec intelligence les classiques, les découvertes et les raretés. Chacun peut donc commencer le livre à son niveau.
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Tout d’un coup, trois bouquins sortent et ils racontent presque toute notre culture dite musicale : tout le 20eme siècle y passe, des balbutiements aux derniers souffles technologiques. L’un empile les musiques noires venues de si loin. L’autre raconte la révolution Pop Rock électrique et ses racines campagnardes. Le troisième énumère tous les fous de sons depuis le début du siècle, avant même Eric Satie.
À travers la musique noire, on remonte évidemment aux rythmes ancestraux, avant même l’esclavage. Le choc des sensibilités blessées des Africains et le contact avec les instruments et la musique romantique blanche va faire le reste.
À travers un seul groupe, le Grateful Dead et son maitre Jerry Garcia, on en apprend sur le Blues, la Country, le Rock, la révolution psychédélique puis les montagnes russes : LSD, Light Show, Acid Test, Festivals, Parties, révolution sexuelle et tournées mondiales, l’avènement d’une industrie musicale générée par les apprentis sorciers hippies.
Quant aux sons, du classique aux modernes – musiques sérielles, concrètes, répétitives, minimalistes ou techno, digitales, muzak… tous les penseurs, ingénieurs, compositeurs, bidouilleurs, bricoleurs qui vont gravir la montagne sacrée des ondes sonores, des vagues, des nappes et des possibilités.
Dans le premier, Great Black Music, Philippe Robert résume 110 albums : en une double page, le meilleur de chaque artiste (ou groupe). Sa vie, son style, son apport, la pochette du meilleur album… Puis 2 listes: les autres albums datés et une poignée d’artistes proches.
Intelligent et efficace, même s’il manque des Cubains et des Africains, car l’auteur a choisi l’Amérique comme creuset avec une excroissance jamaïcaine importante. Mais c’est une liste de merveilles allant de Billie Holiday à nos jours, avec Sly, Jimi, Betty Davis, Otis ou Sun Ra, et tous les surdoués du blues, de la Soul, du Reggae-Dub, et même des maudites comme Millie Jackson, Jill Scott Heron et tant d’autres, bref surapprouvé par NOVA.
Pour Grateful Dead, évidemment c’est centré, mais le Dead a débuté bien avant le groupe lui-même et fut environné de plein d’évènements à conséquences mondiales : drogue, Vietnam, révoltes, émeutes, réseaux répression, trouvailles de synthés et autres boucles, distorsions et échos.
Steven Jezo-Vannier est un fou du détail, il sait tout. Cette révolution de 1964 jusqu’à 1969, avec le « avant « et le « après », qui paraît d’avant notre ère, si loin, presque déplacée aujourd’hui. Mais ses vieux chevelus préhistoriques ont quand même poussé les portes de la perception. (Pour compléter, le livre de Tom Wolfe Acid Test raconte l’épopée du Magic Bus, post Beat, des Pranksters et des Hells, dans le chaudron lysergique.)
Quant à Digital Magma de Jean Yves Leloup, c’est un puits d’informations historiques, souvent mal connues, notamment toute l’école allemande d’Alban Berg à Stockhausen, les Italiens, les Américains comme John Cage et La Monte Young, des ribambelles d’ingénieurs, novateurs et même de philosophes pour développer les nouveaux champs acoustiques. Jusqu’à nos raves, samples, DJ, et autres fondus de home studio, réseaux internet, dématérialisation.
Trois livres, un éditeur, une passion et des auteurs vraiment dévoués. À compléter sur le net, en attendant c’est NOVAPLANET qui régale.