Revue de presse
Rédacteur en chef du webzine Albumrock, Nicolas Merrien a déjà publié une monographie sur un célèbre groupe de hard rock, Black Sabbath, Children of the grave. Il choisit dans Guns N’Roses, reckless life (littéralement « la vie insouciante ») de se pencher sur l’histoire du groupe au succès météorique.
Ces derniers, après des conflits interminables d’égos, sont finalement revenus sur le devant de la scène en 2016 avec une partie de leur « line up » originel et ont effectué une tournée mémorable. Reste que, pour une bonne partie des jeunes générations, ils restent largement méconnus. Qui étaient donc ces chevelus aux tenues qu’on qualifierait de ringardes (pour rester polis) ?
Des gosses paumés
La lecture de la biographie de Nicolas Merrien permet de voir que les cinq membres originels du groupe ont tous connus des enfances compliquées dans des familles dysfonctionnelles. La palme revient bien sûr au futur chanteur Axl Rose, abandonné par son géniteur violent à l’âge de deux ans et élevé par un beau père pasteur. Mais l’enfance du futur Slash, élevé par des parents hippies et branchés (sa mère a été une des innombrables maîtresses de David Bowie), a été bien perturbée aussi. Le parcours scolaire des autres gunners est tout aussi chaotique. Ils découvrent tous très vite le sexe, la drogue et le rock. Et chacun de leurs côtés, ils ont une folle envie de devenir musiciens.
Welcome to L.A.
Le futur Axl Rose débarque à Los Angeles et se fait très vite remarquer dans les milieux punk et rock grâce à sa voix et aussi à son caractère disons particulier. À Los Angeles, il retrouve Izzy Stradlin, un ancien copain de lycée, et rencontre dans différents groupes Slash, Steven Adler (leur premier batteur) et le bassiste Duff McKagan. Nicolas Merrien retrace avec beaucoup de minutie la genèse du groupe. Entre squats, drogues, groupies, petits boulots, voire deal (Stradlin revendait de la dope pour financer le groupe), ils finissent par enregistrer Appetite for destruction chez Geffen en 1987. L’album ne devient pas un carton tout de suite mais, servi par des concerts incandescents, une réputation sulfureuse qui séduit les jeunes américains des classes moyennes (les gunners dévastent des hôtels, se droguent et se saoulent comme c’est pas permis), et des chansons comme Welcome to the jungle et Paradise city (ah celle-là), il s’impose progressivement dans les charts, se vendant à plus de 30 millions d’exemplaires. Bien plus que ce qu’Aerosmith, le modèle des Guns N’ Roses, n’a jamais vendu pour un seul de ses albums !
La chute
Evidemment, l’histoire ne s’arrête pas là. Elle est triste en fait. Ozzy Osbourne aurait dit d’eux qu’ils auraient pu devenir les prochains Rolling Stones. Comme icônes rebelles, les Guns N’Roses vont pourtant être dépassés par Nirvana dont l’album Nevermind éclipse les deux volumes de Use your illusion. On est ici dans le travers classique des doubles albums : un simple de quinze titres aurait eu un impact comparable à leur premier opus, les Guns ont fait du remplissage. Le groupe commence à se désagréger avec les départs de Steven Adler et surtout d’Izzy Stadlin, compositeur doué à l’origine de certains succès du groupe. L’ego et les problèmes psychologiques d’Axl Rose vont achever le groupe. Slash jettera l’éponge en 1996, les autres suivront. Est-ce la fin ?
Le retour ?
Axl Rose mettra près de douze ans à finir Chinese Democracy, enregistré avec une ribambelle de musiciens. Démodé, lessivé, le groupe n’est plus que l’ombre de lui-même même si certains concerts sont incandescents. Slash et les autres musiciens entament des carrières solos avec plus ou moins de succès et Axl devient un temps le chanteur d’AC/DC. La récente reformation laisse espérer aux fans des lendemains meilleurs. On le souhaite tant le groupe fut bon. En tout cas, cet ouvrage, réellement passionnant, fera leur bonheur.
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Cette bible s’adresse à tous ceux qui ne connaissent pas ce que furent les Guns ‘n Roses.
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaitre, de ce temps ou ce groupe, l’air de rien se mit à révolutionner, ni plus ni moins, le monde du rock, en criant plus fort, plus haut que tous les prétendants à la couronne.
Les GnR devinrent l’essence du rock, ni plus ni moins. C’est sur ce parcours atypique que se propose de revenir Nicolas Merrien, pour qui, aucun détail de la vie des GnR n’est visiblement inconnu…
Tout, vous saurez tout sur les GnR, de la force qui les a animé, de celle qui les a propulsé sur le devant de la scène, qui a fait leur succès et qui les a détruit.
L’auteur choisit de respecter l’ordre chronologique, tout comme il s’astreint lors des premiers chapitres à dessiner la personnalité de chaque musicien, en envisageant l’enfance de chacun d’entre eux, les parcours bien souvent identiques ou chaotiques, mettant ainsi à jour les faiblesses, les manques et les incertitudes de chacun. Le rock n’est pas hasard, le choix de devenir musicien non plus, tout comme celui de migrer vers Los Angeles, la Mecque.
Il est intéressant de noter qu’au tout début, c’est une solide amitié qui lie les uns autres, les musiciens se croisant régulièrement dans des groupes respectifs sur la scène de LA, jouant parfois ensemble, se disputant déjà les compétences de l’un ou l’autre, comme si les GnR avaient eu besoin de s’apprivoiser durant toutes ces années avant de commettre l’irréparable.
Mais c’est peut-être bien l’arrivée de Duff McKagan au poste de bassiste qui stabilisa le line-up : chacun y apportant alors sa culture musical, blues, rock, punk. mais surtout ensemble ils se révélèrent être de biens meilleurs musiciens dont l’émulation naturelle permit de sortir les brûlots les plus significatifs du band, avec une déconcertante facilité. Mêmes envies musicales, mêmes histoires personnelles ou presque, même appétence pour les filles, la fête, les expériences illicites.
Comme tous les groupes, les débuts furent misérables, les conditions de vie effroyables, celles pour jouer ne furent pas meilleures, jusqu’au jour ou les langues se délièrent, que le public se fit pressant au Troubadour, au Whiskey à Gogo, que Geffen se mit sur les rangs pour signer ce groupe de rock à la réputation déjà ingérable, mais dont l’image et le potentiel musical n’étaient plus à démontrer.
Le premier album fut, même si les ventes mirent plus d’un an avant de véritablement s’envoler, le coup de maître que le groupe n’aurait jamais du composer : parfait en tous points, au point de révolutionner le monde de la musique, du rock. Un petit clip-video mis en rotation sur Mtv et ce fut le déluge de sollicitations, de décibels, de reconnaissance, d’étourdissements.
Pourtant, ce qui aurait dû être un embryon d’histoire fut hélas, une funeste apogée.
Le groupe ne put jamais véritablement recomposer un album de cette trempe, ses successeurs même s’ils contiennent des titres phares, semblèrent bâclés, édulcorés recouverts d’intentions musicales timorées. A mesure que les années passèrent, les excès s’amplifièrent, les divergences musicales se mirent à croître, les égos devinrent ingérables et tandis que l’argent coulait à flot, les musiciens jetèrent l’éponge, un à un, sauf le vocaliste.
De carrières en projets musicaux dont la qualité musicale reste discutable, mais toujours habilement commentés, disséqués par Nicolas Merrien, il n’en reste pas moins que les musiciens des GnR n’ont jamais été aussi puissants qu’en jouant ensemble, qu’en grandissant ensemble, même si le chaos que connut le groupe se mit à remplir leurs vies respectives, au point parfois de faire craindre le pire.
Toujours est-il que comme dans toutes les grandes et belles histoires, la tournée internationale Not in this lifetime de 2016, qui marque la réunion des GnR (aux 2/3 des membres originels) s’avère être une des quatre plus lucratives tournées jamais montées à ce jour.
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans, désormais peuvent connaitre…