Revue de presse
Consacrée « ville la plus rock de France » dans LO n°81, Marseille a une riche histoire en la matière, sur laquelle revient ce livre. La scène phocéenne, Robert Rossi la connaît sur le bout des doigts. Et pour cause : au sein de son groupe Quartiers nord, dont il est le chanteur, l’artiste en parcourt le moindre recoin depuis plus de 40 ans. De sa plume passionnée, factuelle et précise, mais également dénuée d’affect trahissant sa formation universitaire, l’auteur revisite le passé au travers de biographies d’une cinquantaine de groupes, dont il a interviewé les membres. Et les destins de se croiser, les joies et les peines (le sort tragique du groupe Fuzz et de son guitariste Nono Mardirossian) : la vie quoi ! Des yéyés à la new wave, on revisite l’histoire tout en redécouvrant un patrimoine oublié (Choc, Barricade, Push rock’n’roll, etc). Cerise sur le Vieux Port : le livre est accompagné d’un CD de douze titres !
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Le chanteur du groupe Quartiers Nord a signé un ouvrage foisonnant qui rappelle l’histoire du rock à Marseille entre 1960 et 1980.
Truffé d’anecdotes et miné d’informations précieuses collectées par Robert Rossi, Histoire du Rock à Marseille, 1960–1980, est sorti il y a quelques mois. Un juste retour des choses et presque la résorption d’une anomalie, tant pareil ouvrage sur le thème n’avait été réalisé auparavant. Un déclic amorcé en 2006 lorsque le chanteur du groupe Quartiers Nord découvre qu’une histoire du rap à Marseille va être publié. « J’ai trouvé cela incroyable dans la mesure où ce mouvement était plus récent que le rock. Mais je me suis dit que quelqu’un allait un jour prendre le sujet en main à Marseille ». En vain. Il commence alors à s’y atteler. Mais il met le projet entre parenthèses en raison d’une thèse à soutenir et des multiples concerts qu’il donne avec Quartiers Nord.
Ce n’est qu’en 2014 qu’il remet le couvert et continue ses recherches, les focalisant sur les groupes de Marseille intra-muros ayant sévi sur période 1960–1980, pour aboutir au livre qui paraît trois années plus tard. Ou deux décennies de rock phocéen balayées depuis l’émergence, au début des années 60, de l’ancien boxeur Rocky Volcano qui « serait le premier chanteur de rock marseillais à avoir atteint une notoriété nationale » et dont la légende dit qu’il se serait « lancé dans la musique sur les conseils de Sugar Ray Robinson ». Les sixties marseillaises sont ainsi jalonnées de groupes marquées par l’empreinte british comme les Gardians, Les cinq gentlemen ou encore Les kilts. Malgré l’essor, les médias locaux semblent passer à côté de la contre-culture rock, à l’instar du Provençal parlant de cette musique « par le biais déjà désuet d’une rubrique intitulée : Ces jeunes qui font un orchestre », rappelle Robert Rossi. La Marseillaise ne fait pas exception à la règle en ne mentionnant pas le rock dans ses colonnes « sur toute la durée de l’année 1969 », illustre l’auteur. « Le rock était perçu ici comme la musique des Américains. Alors qu’aux États-Unis, il était vu comme une musique communiste, du diable, où noirs et blancs se retrouvaient », rectifie-t-il.
Une déferlante hard
A Marseille, le rock touche toutes les strates de la population, du bourgeois jusqu’au prolétaire, attestant du phénomène de société. Le blues rock gagne Marseille dans les années 70 à travers des groupes comme Experience ou Caronna Machination, sans compter « une déferlante hard » ou, plus tard, une vague Punk qui accouchera de Wild Child, Nitrate ou Leda Atomica pour les plus connus. Autant de chapitres abordés dans la remarquable anthologie réalisée par Robert Rossi, qui se termine par l’évocation du rock diablement marseillais prodigué par le groupe Quartiers Nord depuis 1977. Ses membres sont en effet sortis du schéma selon lequel le rock ne pouvait être chanté qu’en anglais et se sont détournés de modèles qui « singeaient » ce qui se faisait à l’époque. Une marque de fabrique constituée d’une « musique dure et un humour zappatissant [...] un groupe qui chante la vie des prolos immigrés des cités périphériques », soulignait le journaliste Michel Embareck en 1982.
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Le Prix des Marseillais, initié il y a une douzaine d’années par le Comité du Vieux-Marseille, a récompensé jusqu’ici toutes sortes d’ouvrages littéraires : romans policiers et historiques, monographie de quartier, bande dessinée, roman jeunesse, livres patrimoniaux… Cette année, il innove une nouvelle fois, en franchissant une porte inattendue, celle du rock. Après une longue délibération en effet, qui aboutit à la mise en avant de trois finalistes, c’est le livre de Robert Rossi Histoire du rock à Marseille – 1960–1980 qui a enlevé le morceau, d’une courte tête devant le Dictionnaire des écrivains marseillais d’Olivier Boura.
Pour Georges Aillaud, président du jury, il s’agissait aussi de donner “une image ouverte et moderne du Comité du Vieux-Marseille”. Car, avec cette équipe, composée notamment aussi d’Yves Davin, qui organise le Carré des écrivains, le patrimoine n’est pas poussiéreux, même s’ils sont les premiers à défendre les “vieilles pierres”, comme celles de la Corderie aujourd’hui ou, avant cela, celles que l’on avait retrouvées sur l’emplacement de l’actuel collège Izzo, au Panier.
Le prix qui sera décerné cette année, Histoire du rock à Marseille (paru aux éditions Le Mot et le Reste), est une peinture vue de l’intérieur de vingt ans de rock marseillais, par un auteur qui est à la fois un des musiciens de rock les plus en vue de cette période, un romancier qui a dépeint cette époque à travers plusieurs ouvrages et un historien, auteur d’une thèse sur le très sulfureux Léo Taxil. Son Histoire du rock se présente sous la forme d’un dictionnaire qui compile plus de 300 musiciens, à travers les groupes qui ont fait l’actualité du rock marseillais pendant vingt ans, de Quartiers Nord (le groupe dont Robert Rossi est le chanteur) à Nitrate ou Special Service, en passant par Lawlessness, Cops and Robbers ou encore Leda Atomica ou Eddy Milton et ses Parcmètres. Les connaisseurs apprécieront.
Pour les autres, cette Histoire du rock sera une plongée dans une Marseille méconnue, souvent – presque toujours – underground, aux côtés de personnalités fortes et passionnées. Un prix qui est loin d’être seulement littéraire, mais qui met un coup de projecteur aussi sur cette musique rock (qui ne s’est pas arrêtée en 1980, tant s’en faut), cette musique rock dont Marseille, malgré le rap après elle et l’opérette avant elle, est un des bastions français, quoi qu’on en dise.
“J’attendais depuis des années que quelqu’un fasse ce travail, pour que cette mémoire ne disparaisse pas…”, expliquait Robert Rossi dans une interview. Ce travail, il l’a finalement fait lui-même, et c’est aussi un ouvrage très “patrimonial”, qui correspond tout à fait à la volonté du Comité du Vieux-Marseille – rappelons-le organisateur du Prix des Marseillais – d’ouvrir toutes les portes de Marseille à celles et ceux qui sont curieux de leur ville.
Ce prix sera remis officiellement à son auteur le samedi 18 novembre, dans le cadre du Carré des écrivains, au Centre Bourse.
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À L’heure d’un retour en force de la scène rock à Marseille, un livre vient nous rappeler que ce courant musical a déjà connu son heure de gloire des années 60 à 80 avant la déferlante rap.
On vous parle d’un temps que les moins de quarante ans n’ont pas pu connaître. Celui d’un âge d’or du rock marseillais (1960–1980) décrit par le menu détail par l’un de ses acteurs, Robert Rossi leader du groupe Quartiers Nord, alors fer de lance de cette scène.
L’ouvrage est publié par la maison d’édition installée à Marseille, Le mot et le reste, dont une grande partie du catalogue est dédié à la musique. Dix ans de travail pour retracer la naissance et l’évolution du rock marseillais. Au prix de très nombreuses rencontres, recherche d’archives et de vieilles maquettes, on croise la route de Rocky Volcano, le Johnny Hallyday provençal, de Santa Maria et sa pop psyché ou la new wave de Leda Atomica ou le punk de Wild Child.
Des noms qui ne vous diront peut-être pas grand chose mais qui ont écumé les salles et bars cultes de la ville comme le VV, le Central, le Gari ou les Templiers (dont peu ont survécu) et creusé le sillon pour les générations de musiciens des années 80 jusqu’à nos jours où le rock fait un retour en force dans la ville, à l’image du succès populaire rencontré par Phocéa, la rue du Rock et des groupes comme Date with Elvis et Dissonant Nation, ou d’autres groupes pas encore aussi connus mais tout aussi talentueux comme Quetzal Snakes, Tomy and the Coogar. (EF)
Le Petit Plus: Un CD est livré avec avec le livre contenant des tracks retrouvés par certains artistes (pressés avec le mixage d’époque donc)
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Vingt ans d’aventures emportées par le temps…
Les courageuses et salvatrices éditions Le Mot et Le Reste, qui font un beau travail de mémoire sur la musique – et sur les auteurs à part de la contre-culture – résident à Marseille, et n’oublient pas leur cité. Avec le livre et l’historique du Rock marseillais, Robert Rossi retrace, groupe par groupe, tous ceux qui, dans l’enthousiasme des années 60 et 70, se sont jetés à leur tour dans le chaudron bouillant du rock, de la pop, du rythm and blues…
Tout sur ma mère
Ce bloc de 325 pages dit tout, avec en plus quelques nostalgiques images d’époque, qui nous rappellent les allures de toute une jeunesse européenne qui évoluait avec des musiciens américains, puis anglais, leaders d’une génération qui voulait changer à tout prix. Il s’est passé tant de choses dans ces 20 ans -1960–1980 – qu’il est naturel de revenir en arrière pour s’assurer qu’on n’a pas rêvé…
Effectivement, une conjugaison astrale sans doute, et la maturation d’une première moitié de siècle à la fois prometteuse et catastrophique, a aiguillonné un monde post guerres mondiales, dans une frénésie de créations et d’expériences vécues. Quelques simples noms de groupes : Rocky Volcano, Santa Maria, Choc, Barricade, Wild Child, Leda Atomica…
Bronzer, fumer, jouer
Quartiers Nord.. Disent à eux seuls la course du rockabilly, à la pop, puis au gauchisme révolutionnaire, un doigt de mystique, d’anarchie, de psychédélisme jusqu’à la new wave et au punk. Ce midi de la France, où déjà l’Europe allait se baigner, bronzer, se baigner, danser, boire et fumer un joint au coucher de soleil, a donné son lot d’artistes, même éloignés des maisons de disques et majors.
Le livre de Rossi liste et décrit les groupes, lieux, esprits et souvenirs, comme un missel de nos jeunesses. Livre de prières au monde pour qu’il arrête de déconner, et laisser la liberté créer de l’espace !
Avec cet annuaire – historique – évocation, un CD de douze morceaux insérés dans la couverture achève de faire vivre et vibrer ces pionniers : les groupes, Choc, Flypops, Barricade, Rush Rock N Roll, Fuzz, Leopold Bloom, Quartiers Nord, Silver Skull, Nitrate, Wild Child, Palace Hotel, Leda Atomica. Qu’ils aient approché la gloire ou pas, c’est égal : ils ont fait vivre les choses là où elles étaient.
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Robert Rossi – leader du groupe Quartiers Nord – retrace l’émergence et les grandes heures de la scène rock marseillaise de 1960 à 1980 ! Des souvenirs intacts enrichis d’entretiens, nous racontant l’épopée du « Johnny local » Rocky Volcano, et de plusieurs représentants de la scène pop psyché (Choc, Santa Maria…), rock anar (Barricade), punk (Wild Child), new-wave (Leda Atomica)... Au-delà de la description des groupes et de leur impact local (ou national), voici l’occasion de redécouvrir les spécificités culturelles d’une ville définitivement à part, le tout sous un angle rock’n’roll rarement détaillé jusqu’à lors !
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Voilà un ouvrage qui vient rappeler l’importance de la cité phocéenne dans l’histoire du rock hexagonal. On ne dira jamais assez que la scène rock marseillaise actuelle, contrairement aux idées reçues, est très vivace et abrite de nombreux groupes très actifs, et ceci depuis plus d’un demi-siècle. Malgré cela, encore peu de gens de l’extérieur voient Marseille comme une « ville rock », le hip hop étant, comme on le sait, davantage exposé et médiatisé.
Robert Rossi, auteur de cette Histoire du rock à Marseille (de 1960 à 1980) publiée chez Le Mot et le Reste, a été à la fois le témoin et un acteur prépondérant de cette scène rock marseillaise, puisqu’il est un des membres fondateurs du groupe emblématique Quartiers Nord, toujours en activité depuis sa création en 1977. Il vient justement nous rappeler que cette vivacité musicale n’est pas récente et que la ville ne s’est pas réveillée avec IAM, loin de là. Les trois décennies qui ont justement précédé l’arrivée des rappeurs marseillais ont été riches et foisonnantes en groupes en tous genres. Mais cette scène, plutôt que de pâtir d’une mauvaise réputation inhérente à la ville, a été victime d’un manque d’intérêt manifeste et n’a jamais été vraiment prise au sérieux alors qu’elle aurait mérité bien le contraire. Robert Rossi cite d’ailleurs dans la préface le musicologue érudit (et musicien) François Billard qui déclarait que Marseille « peut se vanter d’avoir eu un rôle très original dans l’histoire du rock en France ».
Robert Rossi vient confirmer ceci en faisant un inventaire à la fois chronologique et par genres, ces groupes ont suivi naturellement et comme tout le monde les différentes modes musicales consécutives à l’explosion rock originelle : sont ainsi évoqués le pionnier Rocky Volcano (qui est passé à côté d’un succès massif au début des années 60), des groupes yéyés, blues rock, progressifs, hard rock, punk, post punk. Il s’attarde sur ceux qui ont le plus marqué les esprits ou les plus emblématiques, comme par exemple les Five Gentlemen qui donnaient dans ce qu’on appelait alors « le style anglais » (comprenez sous influences Rolling Stones et Kinks), Barricade qui pratiquait un free rock déjanté dans l’esprit de Captain Beefheart et qui fut même un des plus illustres représentants de l’underground français des années 70 (soutenu par le magazine Actuel notamment), Quartiers Nord (toujours en activité aujourd’hui), Wild Child et son rock habité, entre les Stooges et les Doors, les turbulents Nitrate, ou les déjantés Leda Atomica.
Robert Rossi rend aussi hommage à des groupes à la durée d’existence plus brève mais qui ont eu leur importance ou un certain impact ; ll met ainsi l’accent sur ce qu’ils ont pu apporter d’original. Une formation comme Albert & sa Fanfare Poliocétique qui reprenait des standards du rock’n’roll français des origines (Chaussettes Noires et consorts) sur le mode hommage-dérision, et ceci bien avant Au Bonheur des Dames, préfigure ainsi tout un pan du rock parodique. Le dénommé « Albert » en question n’est autre qu’un certain Jo Corbeau, acteur essentiel de l’univers musical de la ville. John Milton et ses Parcmètres ou même Quartiers nord, dont la démarche était d’intégrer le franc-parler et l’accent marseillais au rock, ainsi que leur sens de l’auto-dérision, ont eu une influence évidente sur Massilia Sound System.
L’auteur s’est livré à un travail minutieux d’archiviste et d’historien (car en plus de ses activités musicales, Robert Rossi est Docteur en Histoire). Il consacre à chaque groupe (il y en a une soixantaine) un article agrémenté de photos des musiciens ou de pochettes de disques. De nombreuses interviews des différents acteurs de cette scène ont été recueillies ainsi que des extraits d’une rubrique qui paraissait dans le quotidien « Le Provençal » intitulée « ces jeunes qui montent un orchestre » et qui rapportait les témoignages souvent amusants des jeunes rockers en herbe. Robert Rossi donne des détails précis sur l’histoire, souvent picaresque et chaotique, de chaque groupe. On peut évidemment constater que monter un groupe de rock n’était pas aussi facile qu’aujourd’hui. Les infrastructures et les lieux « rock » ou autres moyens de diffusion n’étaient ni très nombreux ni ce qu’ils sont à l’ère d’internet. Les apprentis rockers se heurtaient souvent à l’incompréhension générale et se faisaient facilement insulter à cause de leurs chevelures et leurs tenues vestimentaires. Il fallait donc vraiment être animé d’une motivation sans faille mais vivre cette aventure rock’n’rollienne était un des meilleurs moyens d’échapper au conformisme ambiant.
Ce relevé épars de témoignages rend du coup cette Histoire du Rock à Marseille très vivante. Les lecteurs qui fréquentent le milieu rock de la ville reconnaitront quelques figures locales bien connues mais les autres s’amuseront aussi de ces récits et itinéraires très documentés, qui auraient pu être vécus par importe quel musicien en herbe de la même époque dans une autre grande ville de France ou européenne. Au-delà de Marseille, tous ces groupes font partie intégrante de la révolution musicale qu’a été le rock. Robert Rossi cite à ce propos Pierre Magnetto, journaliste à la Marseillaise qui avait déclaré : «Ce fait de société a pour résonance les jeunes et la ville, avec son million d’habitants, Marseille n’échappe pas au phénomène ». Et parmi tous ces rockers évoqués, bon nombre d’entre eux ont eu une notoriété qui a largement dépassé le cadre marseillais. Barricade, par exemple, a vu émerger des musiciens reconnus et hors norme comme Hector Zazou et Joseph Racaille, ou même Manfred Kovacic qui fut le clavier et le saxophoniste de Bashung et qui est désormais producteur et propriétaire d’un studio d’enregistrement de réputation internationale. Un des autres acteurs du groupe, François Billard, déjà cité plus haut, est l’un des plus éminents spécialiste français du Jazz et a écrit de nombreux ouvrages sur le sujet. Claude Olmos des Five Gentlemen a joué par la suite avec Magma. Jean-Marc Monterra, qui jouait dans le groupe de rock progressif Eau Noire est devenu un guitariste renommé dans le milieu des musiques improvisées et d’avant-garde, il est aujourd’hui le directeur du GRIM à Marseille. L’écrivain et journaliste François Thomazeau avait tenu la basse dans le groupe new wave Special Service. Le groupe Quartiers Nord continue à tourner dans différents spectacles qu’il qualifie « d’opérettes rock marseillaise » et rencontre un succès qui ne se dément pas.
Le livre est en plus accompagné d’un CD 12 titres qui montre que certains de ces groupes avaient peu de choses à envier à leurs homologues anglo-saxons. Cette Histoire du rock à Marseille est un bel ouvrage très bien documenté et passionnant pour quiconque s’intéresse à l’histoire du rock en France. On ne peut que souhaiter qu’il y ait un jour une suite consacrée aux décennies suivantes au vu du très grand nombre de groupes qui sont apparus depuis à Marseille. Mais ceci sera évidement une toute autre histoire.
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Aux éditions marseillaises Le mot et le reste vient de paraître une Histoire du rock à Marseille, 1960–1980, signée Robert Rossi, un livre qui manquait à notre bibliographie musicale de la ville. Nul mieux que Robert « Rock » Rossi n’était à même de l’écrire, ce livre ; non seulement parce qu’il est lui-même un rocker de première bourre, co-fondateur d’un des groupes les plus emblématiques de ce demi-siècle, le groupe « Quartiers Nord », mais aussi parce que cet auteur-compositeur-chanteur est, par ailleurs, docteur en Histoire contemporaine et qu’il s’est frotté à ce titre à des recherches approfondies sur des sujets tels que les revue satiriques à la fin du XIXe siècle et qu’il a publié une thèse énorme suivie d’un très gros bouquin sur le journaliste marseillais Léo Taxil, roi des fumistes, 1854–1907.
Avec cette Histoire du rock à Marseille, Robert Rossi reconstitue donc les principaux épisodes de l’apparition et du développement du grand mouvement d’émancipation culturelle et sociale qui, à Marseille comme ailleurs, s’est traduit dès la fin des années 50 dans la musique populaire par des sonorités et des rythmes nouveaux. « Rock’n’roll et yéyés », « Style anglais », « « Rythm’n’blues phocéen », « Pop Psyché », « L’expérience blues rock marseillaise », « Rock fusion alternatif », « Progressif néo-romantique », « Déferlante hard », « Rock’n’roll déjanté », « Proto-punk, punk et post-punk » et enfin « Rock marseillais »… telles sont les catégories dans lesquelles il classe successivement les groupes – près de deux cents au total – qu’il recense. Sa recherche, Robert Rossi l’a faite dans divers documents d’archives à sa disposition, dans la presse, mais avant tout grâce aux temoignages qu’il a recueillis auprès des artistes eux-mêmes. Et il peut donc raconter les aventures de plus de soixante groupes qui ont fait – et pour certains continuent à faire – l’histoire du rock à Marseille : de Rocky Volcano et des Dynamycks à Léda Atomica et à Quartiers Nord, en passant par les 5 Gentlemen, South California, Caronna Machination, Gédéon, Sepher, Verte Fontaine ou encore Alanda et Albert et sa fanfare poliorcétique…
Au total, 320 pages précieuses, illustrées musicalement d’un CD de 12 titres « historiques » collé sur la 3e de couverture.
ll n’y a pas 36000 groupes de rock à Marseille, ni même 36, dont le nom ait débordé du cadre d’un milieu rock, certes vivant, mais hélas assez peu connu du reste des Marseillais. Et encore moins au-delà. Mais Quartiers Nord est de ceux-là. Depuis la fin des années 70, à travers plusieurs configurations différentes, mais avec toujours le même leader et chanteur, Quartiers Nord poursuit sa route, entre blues, hard-rock et opérette marseillaise… Ce chanteur, Robert ‘Rock’ Rossi, est aussi historien (auteur d’une thèse sur le journaliste, auteur et agitateur Leo Taxil), et, avec une certaine logique, il s’est plongé lui-même dans l’histoire du rock marseillais… En commençant par ses premières années, par la genèse de ce mouvement et l’ensemble des groupes nés avant les années 80.
Il en est sorti un petit pavé de plus de 300 pages, d’une belle densité, publié chez Le Mot et le Reste, où l’on croise tous ceux qui ont fait le rock marseillais depuis les années 60. Autant de trajectoires relatées avec une passion communicative par un Rossi qui a fait de sa plume d’habitude enlevée un outil exceptionnellement sobre et élégant au service de cet univers, qu’il connaît évidemment sur le bout des doigts. Et qu’il retranscrit ici avec précision, grâce à de nombreux entretiens.
“J’ai considéré, commence Rock Rossi, que c’était une nécessité de commencer cette histoire du rock par les années 1960–1970… J’attendais depuis des années que quelqu’un fasse ce travail, pour que cette mémoire ne disparaisse pas…” Mais personne ne s’y est mis à sa place. Le voilà donc en accoucheur de la mémoire d’une famille culturelle marseillaise, pas forcément la plus tranquille, mais qu est la sienne. “J’ai commencé à travailler là-dessus en 2006, avec les plus anciens, avant qu’ils ne soient morts… En fait, cela a commencé en partie grâce à Marc Touché, un sociologue qui avait travaillé sur nous (Ndlr : Quartiers Nord), qui avait également recueilli un long témoignage de Rocky Volcano (Ndlr : l’auteur du premier 45 tours “officiel” du rock marseillais, “Comme un volcan”, en 1961). C’est comme ça que j’ai commencé. Je savais que Claude Djaoui (Ndlr : guitariste de jazz qui a été au contact de nombreux musiciens marseillais de rock) avait été son guitariste, alors je suis allé le voir, avec dans l’idée d’écrire seulement, à ce moment-là, une introduction à l’histoire du rock à Marseille…”
Robert Rossi contacte alors des éditeurs, notamment L’écailler du Sud, qui avait publié le livret de l’opérette-rock de Quartiers Nord 2001, L’Odyssée de L’Estaque, mais le livre ne se fait pas en ces années 2006–2007… “Je travaillais sur ma thèse, le groupe était très occupé par les opérettes, les concerts, les répets. Puis, début 2015, c’est Alain Battaglia (Ndlr : directeur du centre musical Hypérion, aux Cinq-Avenues, et fils du fondateur de Battaglia Musique) qui me relance. Il m’a conseillé d’aller voir l’Alésien Gérard Alméras, ce qui m’a étonné parqu’Alméras était un chef d’orchestre de bal, mais il m’a expliqué qu’il avait fait du rock dans sa jeunesse, notamment avec les Korrigans, les Atoms, des groupes qui existaient en 1960 et dont je n’avais pas entendu parler. J’ai donc décidé de reprendre moi-même les recherches, avec d’abord les anciens. Je suis donc allé à la rencontre de Claude Olmos (Ndlr : membre notamment d’un des mythes fondateurs du rock marseillais, des années 60, Les 5 Gentlemen), de Richard Kennings” (Ndlr : auteur de plusieurs 45 tours dans les années 60), et l’aventure de ce livre pouvait commencer. “C’était très différent de mon travail précédent (Ndlr : sa thèse sur Léo Taxil) parce que cette fois je ne pouvais pas consulter des archives, ou très peu, mais on a essayé d’être précis”.
Pour son éditeur, Yves Jolivet, Nantais installé à Marseille où il a fondé la maison d’édition Le Mot et le Reste, spécialisée dans les livres sur la musique, et en particulier le rock et la pop, “la mémoire s’est estompée à Marseille, beaucoup plus qu’à Rennes, à Nantes ou à Lyon, les ruptures musicales ici ont été plus violentes”. Pour autant, estime Robert Rossi, “il y a une scène rock vivante à Marseille. Même si elle n’a pas connu la même reconnaissance que les scènes de Rennes ou de Lyon. Peut-être qu’on était trop loin de Paris, pour les groupes à l’époque c’était plus difficile d’aller voir les maisons de disques, du coup on n’a pas eu de vedette, et la scène locale, qui était pourtant très développée, est restée ignorée.”
Au fil des pages de ce livre, le lecteur musicien reconnaîtra les siens, mais toutes les Marseillaises et les Marseillais qui ont suivi des concerts dans les années 70–80 retrouveront aussi des noms qu’ils avaient peut-être oubliés, des souvenirs de soirées, des refrains entendus… On ne va pas tout vous lister ici (plus de 200 groupes et plus de 500 musiciens sont répertoriés dans l’index), mais notez quand même : vous allez reprendre contact avec les Dynamicks, les Torpedos, Leda Atomica, Nitrate, Special Service, Barricade, Lawlessness, Cops and Robbers, etc, vous allez rediscuter avec Jo Corbeau, Phil Spectrum, Eddy Milton (et son Parcmètre), François Billard, Jacques Menichetti, Kino Frontera, Fred Bert, Jacques Saruggia, et même retrouver les disparus du rock’n’roll marseillais, comme Jean-Luc Scinicariello, Nicolas “Zaroff” Bufferne, Patrick Capozzi, disparu il y a quelque semaines à peine, etc. Le tout est illustré de photos en noir et blanc, petit format, et agrémenté d’un cd de 12 titres pour ainsi dire “historique” avec des morceaux de Barricade, de Rush Rock’n’Roll, de Fuzz, Wild Child ou encore Nitrate.
Ne reste plus à Robert Rossi qu’à écrire la suite, l’histoire du rock d’aujourd’hui, avec les groupes nés après 1980… Il a du boulot !
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