Parution : 05/04/2012
ISBN : 9782360540419
528 pages (148 x 210)

25.00 €

It’s only rock’n’roll et autres bricoles

EXTRAIT
Philippe Paringaux était une star. Avec ses cheveux longs, ses pantalons de velours et son éternelle cigarette, il ressemblait à un dandy rock’n’roll mâtiné de voyou et correspondait parfaitement à son époque. Dans ses textes, il y avait une espèce de générosité révoltée. J’aimais son écriture très déliée qui avait amené certains à la qualifier de Chateaubriand du rock. Paringaux employait un style classique pour parler d’un sujet qui ne l’était pas du tout. Nous, les lecteurs de Rock’n’Folk, nous n’avions que notre chaîne stéréo et quelques disques, mais nous avions décidé de faire de cette musique notre destin. Pour nous, Paringaux était un passeur. (Philippe MANOEUVRE)

Introduction de Christophe Quillien.

Ce livre reproduit le meilleur des chroniques de Philippe Paringaux parues de 1968 à 1974 : Miles Davis en concert à Paris, Woodstock et l’île de Wight, sans oublier Bath ou le Montreux Jazz Festival, les concerts des Stones et du Led Zep, la mort de Brian Jones, les Who… Bref, sont restitués ici des grands moments de l’histoire du rock, vus par un exégète de la pop qui sait avouer, preuve de son talent, que « jamais la musique des mots, en admettant qu’on sait la jouer juste, ne remplacera la vraie musique, celle des notes ».
Enlevé, percutant et instructif.

Revue de presse

- It's only rock'n'roll et autres bricoles Sophie Chambon Les Dernières Nouvelles du Jazz 14 septembre 2012
- Planète Mojo - Philippe Paringaux Denis Roulleau Mojo Magazine Juillet-Août 2012
- Portrait - Philippe Paringaux - le rock critic qui aime le jazz Guy Darol Jazz Magazine Août 2012
- Chronique du bon vieux rock 24 Heures
- Pour cultiver sa culture rock - des chroniques seventies E. Barnett Grazia 29 juin 2012
- La chronique d'Eric Serva Eric Serva France Musique 29 juin 2012
- It's only rock'n'roll et autres bricoles Jean-Pierre Simard Rolling Stone juin 2012
- Attention, mythe ! Serge Kaganski Les Inrockuptibles 16 mai 2011
- It's only rock'n'roll et autres bricoles Le Rock mai 2012
- It's only rock'n'roll et autres bricoles Guy Darol Rien ne te soit inconnu 4 mai 2012
- Paringaux cat go ! Serge Kaganski Les Inrocks.com 10 mai 2012

- It's only rock'n'roll et autres bricoles

Autre lecture incontournable en cette fin d’été, même pas hors sujet pour les DNJ, le recueil de chroniques de Philippe Paringaux, l’une des têtes pensantes de Rock and Folk, ” la NRF de la contre-culture ”, entre 1968 et 1973. Pourquoi ? Parce que fort étonnamment, Paringaux comme Koechlin, les deux timoniers du Rock & Folk historique, étaient de vrais passionnés de jazz. Pour preuve, le premier numéro de la revue a paru en juillet 66, comme hors série de Jazz Hot.
Paringaux, voilà un type qui n’était pas sectaire, qui appréciait toute bonne musique, imprégnée de blues et qui pouvait écouter les Beatles à l’Olympia et Charlie Mingus à Wagram. Des types de cette génération qui entendirent sans préjugé aucun, jazz, pop et rock, croyez moi c’est rare… capable d’apprécier autant In A Silent Way que Led Zep II. Un véritable éclectisme, au sens le plus noble du mot et non une dispersion brouillonne. C’est un régal que de (re)découvrir les articles de PP qui témoignent du vrai désir d’écriture de celui qui a toujours manifesté un goût prononcé pour le roman et la littérature. Il aimait les mots, et écrire sur la musique relevait pour lui de l’exercice de style. Tout chroniqueur devrait en prendre de la graine. La critique rock lui doit une fière chandelle. “Jazz Magazine et les Cahiers du Cinéma possédaient une véritable écriture et une personnalité, ils étaient des ” bibles ” dans leur domaine respectif, et Rock and Folk s’est hissé à leur niveau, en écrivant sur le rock, considéré à l’époque comme une musique pauvre.”
Il a formé malgré lui toute une génération de critiques qui ont su décrire, avec la plus grande liberté, la révolution musicale qu’ils avaient la chance de vivre, et développer les fondements d’une esthétique rock. Reportages, critiques sensibles, coups de cœur pas bidon ni trafiqués, Paringaux écrit sur Léo Ferré, Dylan, CSN&Y, le Buffalo Springfield, Montreux pop, Wight blues, Lou Reed, Larry Coryell, Zappa et The Mothers of Invention, Johnny Winter, Jeff Beck et John Mayall , Pink Floyd, the Tony Williams Lifetime, B.B King, Wayne Shorter, Tim Buckley, Charles Mingus , Sun Ra, The Who… La liste n’est pas exhaustive tant cette période est bénie, favorisant l’éclosion de groupes talentueux. Il aime entourer les musiciens, et c’est ainsi qu’il approchera Miles en 1970 à l’île de Wight qui lui confiera même sa trompette rouge.
Il y a aussi ses fameuses Bricoles, de véritables textes d’auteur au ton neuf…où il donne des nouvelles du petit monde du rock, parle de tout et de rien mais avec grand talent. Le reste est à découvrir dans ce recueil absolument passionnant qui devrait figurer dans toute bibliothèque d’amateur de rock, pop, jazz ou d’amoureux de la musique tout simplement. Paringaux a arrêté d’écrire sur le rock depuis longtemps, devenu ermite sur une île atlantique, il n’en a pas moins contribué à éveiller, à faire danser de nouveaux (in)fidèles, prêts à écouter la musique plus que les experts. A en savoir moins, mais à se laisser guider par le plaisir et l’émotion, l’oreille et le coeur. Ce n’est donc pas une histoire du rock and roll, ni un cours magistral mais bien une série de portraits ” chic et choc ”, croqués au feeling, de figures élues parmi bien d’autres à venir… Aujourd’hui, on relit l’histoire de cette musique, de ces années où le temps est comme aboli, sans perspective ni recul. Un bonheur de lecture rare.
Autre particularité de ce livre : si ce sont ses textes qui sont repris et son nom d’auteur qui figure sur la couverture, Paringaux appréciant la maison d’édition Le mot et le Reste et se faisant volontiers traducteur au besoin, il n’a pas souhaité se prêter à la sélection de ses textes, corpus gigantesque d’un écrivain de musique prolifique, d’autant qu’il lui est arrivé parfois de rédiger la majeure partie du mensuel.

LES DERNIÈRES NOUVELLES DU JAZZ

Sophie Chambon
Les Dernières Nouvelles du Jazz 14 septembre 2012

- Planète Mojo - Philippe Paringaux

EXTRAIT

“Cliché où l’on voit Paringaux aux cheveux longs, avec Mick Jagger, Jimmy Page, Franck Zappa… Autant de souvenirs de l’âge d’or du rock et d’un magazine pour lequel son rédacteur en chef cultivait deux credo :« Je souhaitais faire partager un esprit rock, emmener le lecteur au-delà de la musique, et publier des plumes libres même si leurs goûts étaient en contradiction avec les miens. Dans les années 70, vous pouviez lire dans Rock&Folk des signatures aussi opposées que le folkeux Jacques Vassal et le novöpunk Yves Adrien. Je suis fier d’avoir réussi ce grand écart, inimaginable aujourd’hui. »

MOJOMAGAZINE

Denis Roulleau
Mojo Magazine Juillet-Août 2012

- Portrait - Philippe Paringaux - le rock critic qui aime le jazz

Dans son numéro d’été 2012, Jazz Magazine consacre un portrait de deux pages à Philippe Paringaux dont une anthologie des meilleurs articles vient de paraître aux éditions le Mot et le Reste.

MORCEAUX CHOISIS

(...)
PARINGAUX s’installe durablement à Rock & Folk où il devient la parangon d’une nouvelle écriture, la critique rock qui ne doit rien à Lester Bangs mais tout à la littérature française (de Baudelaire à Jean-Jacques Schuhl) et à la lecture de Jazz Magazine, qu’il dévore goulûment tout au long des années 1960.
(...)
CE STYLISTE ayant inventé une écriture que les glousseurs ne jurant que par la suprématie du gonzo journalisme feraient bien d’aller lire se serait donc en partie construit au contact de Jazz Magazine.
(...)
PROPULSÉ au panthéon de la rock critic, Paringaux rigole : “C’est un fourre-tout qui ne veut pas dire grand chose de plus que ce qu’il dit : chroniqueur spécialisé dans le rock. Après, il y en a de toutes sortes, de tous styles et de toutes religions, et même de vrais journalistes, ce que je n’étais certainement pas, contrairement à la plupart des rocks critics anglo-saxons que j’ai pu rencontrer. Ce que je veux bien croire, parce qu’on me l’a souvent répété, c’est que j’ai probablement été le premier à essayer de transposer la tradition littéraire (plus que journalistique, justement, et même si je trouve qu’en ce qui me concerne le qualificatif “impressionniste” conviendrait mieux que “littéraire”) de la fameuse “critique de jazz à la française” dans le domaine du rock’n’roll. À défaut de savoir fabriquer du jazz ou du rock, les Français ont toujours su en parler…”

JAZZMAG

Guy Darol
Jazz Magazine Août 2012

- Chronique du bon vieux rock

EXTRAIT

“Dans It’s only rock’n’roll et autres bricoles, Philippe Paringaux parle évidemment d’une autre époque. Celle où il interviewait Jimmy Page, de Led Zeppelin, dans sa suite, allongé sur son lit. Celle où il suivait Frank Zappa dans le bus de sa tournée. Celle où le critique rock acquérait ses lettres de noblesse, ébloui par des dieux vivants sur scène.
« Wight? J’y étais. Regardez mes médailles », ironise-t-il en 1970. La même année, le Français découvre un îlot de pure musique. « Elle s’appelle Montreux. Il s’appelle Claude Nobs. Suisses, tous les deux. Ils s’aiment. Si fort que le second est en train de faire de la première le haut lieu du pop du Vieux-Continent. »
Avec sa silhouette émaciée de chat errant, Paringaux se faufile partout. Contrairement à ses collègues, l’amoureux des lettres modère au maximum l’usage du jargon franglais, s’oblige à trouver des équivalences. Avec tendresse, Philippe Manoeuvre se souvient que, pour cette raison, il était surnommé le « Chateaubriand du rock ». À juste titre : le voir.”

24HEURES

24 Heures

- Pour cultiver sa culture rock - des chroniques seventies
Vous trouvez que votre vie n’est pas assez rock’n’roll? Remédiez illico à cette injustice grâce à ce pavé enflammé. Passionné de pop musique, ex-rédacteur en chef de Rock&Folk, Philippe Paringaux vous ouvre l’esprit avec ses chroniques, rédigées entre 1968 et 1973, et y fait entrer une tornade. On notera notamment ses textes sur Woodstock et la mort de Brian Jones : d’intense morceaux de bravoure.
E. Barnett
Grazia 29 juin 2012

- La chronique d'Eric Serva

“Un voyage initiatique mais lucide au cœur de la plus grande histoire musicale populaire du XX° siècle. Beaucoup mieux qu’une froide encyclopédie, ce nouvel ouvrage est un témoignage unique : une sélection de chroniques relatant une exceptionnelle série d’expériences, de tournées, de voyages et de rencontres vécus et retranscrites
à chaud par son auteur entre 1968 et 1973. C’est une chose que de raconter une histoire musicale, s’en est une autre de l’écrire en l’ayant vécue.
Ce livre a d’autant plus d’intérêt que, chose assez rare, la belle écriture, simple et sensible de Philippe Paringaux reste étonnante de fraîcheur, elle conserve intact son pouvoir de transmission et, à sa lecture, on découvre, on redécouvre éventuellement mais surtout notre écoute des plus grands s’enrichit. De Miles Davis à Led Zepplin en passant par Ian Matthews, Gainsbourg, Dylan, Eddie Cochran ou Wayne Shorter, chaque chronique, chaque récit donne envie, si bien qu’attention, la lecture de cet ouvrage
risque de coûter un bras à tous ceux qui ne disposent pas encore d’une discothèque idéale.
Indispensable tant sa lecture est aussi passionnante que pertinente” (Eric Serva pour France Musique – Juin 2012)

REECOUTER L’EMISSION

Eric Serva
France Musique 29 juin 2012

- It's only rock'n'roll et autres bricoles
Où il faut reparler du Chateaubriand de la presse rock française, de l’homme distancié qui a donné un sens à l’écriture “pop”, ce qu’il disait lui-même, au sein de la rédaction d’un magazine qu’il a longtemps porté, Rock & Folk. Un livre taillé sur mesure qui retrace les moments forts vécus durant les grandes heures de la presse musicale, concerts des Rolling Stones, interviews de monstres sacrés (Léo Ferré), instants privilégiés (Miles à Paris), portraits au trait (la mort de Brian Jones) sans oublier les chroniques de disques barrées. Grâce à sa superbe exigence d’écriture, Philippe Paringaux – comme ceux qu’il enrôla dans sa quête – a très certainement changé la face du rock en France avant de se consacrer à ses sublimes romans graphiques avec Loustal. Respect, donc. Et mention spéciale pour la longue intro biographique de Christophe Quillien, le Mister BD de Rolling Stone.
Jean-Pierre Simard
Rolling Stone juin 2012

- Attention, mythe !

Une plume légendaire de la critique rock française compile ses meilleurs articles.

Attention, mythe !
Principale plume de Rock & Folk de 1968 à 1973, Philippe Paringaux en devient ensuite le rédacteur en chef jusqu’en 1970, menant en parallèle une activité d’auteur de BD avec Loustal. Fabuleux détecteur de talents, il enrôle d’autres Philippe (Garnier et Manoeuvre), Yves Adrien, Laurent Chalumeau, Michka Assayas, François Gorin, leur laisse carte blanche pourvu que le style soit bon. Reportages, entretiens, analyses ou chroniques de disques défilent ici, témoins d’une époque où le rock était une aventure, où les stars inconscientes de leur statut restaient accessibles aux journalistes. Dans une langue classique mais vibrante, traduisant une pensée sensible et profonde, Paringaux fait partager ses longs moments aux côtés de Led Zeppelin, Mick Jagger ou Miles Davis, repère très tôt le génie de Neil Young, du Velvet ou de Karen Dalton, invoque la charge séditieuse du rock (importante dans la France de Pompidou) mais fustige les gauchistes de Panurge… Et puis il y a Bricoles, chronique personnelle où Paringaux pose la casquette de rock-critic pour ciseler des nouvelles évocatrices qui appelaient déjà des illustrations de Loustal. Depuis des années, Paringaux est médiatiquement invisible, comme secrètement retiré.

Serge Kaganski
Les Inrockuptibles 16 mai 2011

- It's only rock'n'roll et autres bricoles

Introduit par Christophe Quillien, déjà auteur d’un livre sur l’histoire de Rock & Folk, It’s Only Rock compile les écrits et chroniques de Philippe Paringaux, son rédacteur en chef, publiés entre 1968 et 1974. Fin styliste capable de citer Baudelaire dans un papier sur Miles Davis, Paringaux doublait sa clairvoyance pop d’un délicat vernis littéraire. Ses fameuses mini-nouvelles Bricoles éclairaient les pages de l’institution de la presse rock hexagonale. Quarante ans plus tard, les comptes-rendus de sa visite à Wight 70, de sa fascination récurrente pour Dylan, Led Zeppelin et les Stones (voir sa chronique à chaud d’Exile on Main Street) et de sa perplexité devant le concert de David Bowie à Earls Court en 1973 continuent de ravir les amateurs de rock critic exigeante et lettrée.

Magazine LeRock

Le Rock mai 2012

- It's only rock'n'roll et autres bricoles

A moins que vous ne possédiez les 81 premiers numéros de Rock & Folk, ce livre est un compagnon nécessaire. Philippe Paringaux qui en fut le rédacteur en chef y composa, entre 1968 et 1973, de véritables fresques qui ne devaient rien à la musicologie car elles étaient instruites par une écoute et un regard sensibles. Ses modèles d’écriture, il les avait trouvés dans Jazz Magazine et principalement en lisant Alain Gerber. Il inventera une nouvelle langue pour évoquer Frank Zappa, Miles Davis, le Festival de Bath, les Beatles, Moondog ou encore Otis Redding, celui par lequel il entrera en littérature. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Philippe Paringaux est un lecteur passionné et son bagage considérable devait transporter toutes les fines plumes du XIXème siècle. C’est un constat que l’on fait en suivant le fil de ses phrases qui s’origine dans une bibliothèque. Jacques Colin qui lui succédera dans les années 1980 rappelle la puissante impression qu’avait produit sur lui Rose Poussière de Jean-Jacques Schuhl et Femina Marquez de Valery Larbaud. Ses Bricoles qui ne tenaient guère compte de l’actualité musicale témoignent de son intention : Philippe Paringaux se vivait d’abord comme un écrivain. Rock & Folk était son scriptorium.

Rien ne te soit inconnu

Guy Darol
Rien ne te soit inconnu 4 mai 2012

- Paringaux cat go !

La presse a été fondamentale dans mon apprentissage culturel, journalistique et politique. Bien calé au fond de la classe, près du radiateur, lycée Buffon, je lisais Rouge, Libé (première époque !), Actuel (où écrivaient certains Bernard Zékri ou Michel-Antoine Burnier), les Cahiers du cinéma, Best (où officiait le Dordor d’or), Pilote avant de rentrer chez moi feuilleter le grand quotidien du soir auquel était abonnée ma mère. Tout en haut de mon panthéon de papier trônait, indélogeable, Rock&Folk. Sa maquette de classe, son épaisseur, son icono, et surtout, sa haute teneur en grandes signatures. Avec Philippe Manoeuvre, on rigolait, avec Alain Dister, on révisait, avec Philippe Garnier, on voyageait, avec Yves Adrien, on était percuté par le style et on vivait le rock avec trois coups d’avance, puis plus tard, avec Laurent Chalumeau, on rigolait, révisait et voyageait… Rock&Folk, c’était écrit.

En tout petit dans l’ours figurait le nom de Philippe Paringaux. A l’époque où je dévorais R&F (75–85), Paringaux en était le rédacteur en chef mais n’écrivait plus. Du moins il ne signait plus de papiers. Mais vu sa fonction, on pouvait deviner qu’il rédigeait les sommaires, chapos, légendes photos. Et puis il était le traducteur des textes de Nik Cohn accompagnant les dessins de Guy Pellaert dans le fabuleux Rock Dreams. Enfin, Paringaux légendait magnifiquement les superbes dessins-peintures-photogrammes de Loustal. Paringaux-Loustal, quelle doublette ! Cadres dépeuplés, textes haïkus, mais tellement chargés de rêverie, de fantômes, de hors-champ ! J’avais droit à quelques gouttes du talent de Paringaux, j’en aurais bien bu des bouteilles cul-sec mais la source semblait tarie, ayant écoulé l’essentiel de son jus dans les années 68 – 73.

Ma soif est enfin étanchée : ces textes mythiques de la préhistoire de la rock critique française sont enfin réunis dans un recueil qui vient de paraître : It’s only rock’n’roll et autres bricoles (Le Mot et le Reste), 400 pages de Paringaux. Première impression, mais je m’en doutais : Paringaux écrivait bien, mais dans une langue assez classique, claire et déliée. Chez lui, pas d’anglicismes, d’argot, de style parlé, de formules claquantes, pas de ces pirouettes langagières qui épiçaient souvent le style de ses collègues. Paringaux ne bousculait pas la langue française mais la servait sobrement, et s’en servait talentueusement pour projeter des sensations, des émotions, des idées aussi, esthétiques et politiques. Conscient de la difficulté de la mission du critique rock, il disait souvent que les mots étaient impuissants à transcrire la musique, abstraction sensuelle. Mais c’est aussi cette impuissance et les mille façons de la dompter qui font la beauté de ce métier, et les textes de Paringaux en sont la preuve.

Ces articles de Paringaux nous emmènent dans de grands festivals mythiques (Ile de Wight, Montreux…), dans l’intimité de Led Zeppelin, dans des conversations au long cours avec Mick Jagger ou Léo Ferré, ou dans une virée nocturne parisienne avec Miles Davis. Epoque innocente où les stars de la musique étaient facilement accessibles. Ses critiques de disques montrent un auditeur sensible et lucide, qui repère assez tôt le génie de Neil Young, la singularité tranchante du Velvet et de Lou Reed, ou la puissance abîmée de la grande Karen Dalton. Paringaux était plus un émotionnel qu’un analytique et c’est dans la rubrique « Bricoles » que son romantisme désenchanté, son dandysme vaguement détaché, sa plume habitée transparaissaient au mieux. Loin de l’agenda de l’actu, Paringaux remplissait cet espace avec ce qu’il faut bien appeler des nouvelles, textes infusés de mythologie noire, emplis d’élégantes volutes de fumée, racontant une histoire, un moment, une émotion, une ambiance, par lesquels il accédait au statut d’écrivain.

Père fondateur de la rock critique, Philippe Paringaux est aussi à ce titre l’un des grands oncles de la presse contre-culturelle des cinquante dernières années. Pourtant, cette figure séminale est aujourd’hui peu connue, voire oubliée. Paringaux y a sans doute mis du sien : alors que ses camarades de la classe R&F ont publié des livres, écrit dans d’autres médias, poursuivi des carrière à la télévision ou au cinéma, lui est resté très discret, retiré on ne sait où, quasi absent des médias. Il scénarise parfois une bd, a écrit un roman (Blues blanc) mi-raté, mi-splendide, mais se tient globalement à l’écart du buzz ambiant, sans doute fidèle à son éthique, à sa nature profonde de solitaire désabusé, toujours imprégné de nostalgie, rongé par la maladie des paradis perdus (il a d’ailleurs aussi écrit des textes de chansons pour Christophe). It’s only rock’n’roll est un bon moyen de découvrir le meilleur de son travail et de regagner le paradis des années mythiques du rock.

LES INROCKS.COM

Serge Kaganski
Les Inrocks.com 10 mai 2012
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