Tony Sanchez se lie d’amitié avec les Stones au début des années soixante. Il devient « l’assistant » − entendre fournisseur de drogue − de Brian Jones puis de Keith Richards et partage avec eux de nombreux moments, les hauts comme les bas, les défonces, les soirées, les femmes, les fâcheries, les tracas avec la police. Jusqu’à devenir accroc à l’héroïne. Il décide un jour d’arrêter, d’entamer une cure de désintoxication, et de témoigner de ces folles années passées aux côtés des Stones.
Témoignage de premier plan, écrit avec sincérité, ce livre n’agite pas seulement les habituels faits d’armes des trois rock stars (les excès, le côté magie noire), mais montre une grande compréhesion de leurs personnalités et de leurs liens complexes.
Revue de presse
N’ont pas hésité sur le titre chez Le Mot et le Reste – me demande ce que Benjamin Mallais spécialiste de la poésie irlandaise a dû en penser – mais traduire Up and Down with the Rolling Stones par J’étais le Dealer des Rolling Stones, c’est ce que l’on appelle un saut qualicatif ! Loi du commerce numéro 1 : toujours éveiller la curiosité malsaine du futur consommateur.
Tony Sanchez fils d’un riche propriétaire de restaurant a eu de la chance. Faisait partie de cette jeunesse dorée – pas des plus riches, mais rien à voir avec la piétaille de base – qui a formé les premiers bataillons du Swinging London au début des années soixante. Fréquentait les clubs et les boîtes huppés de cette micro-société gentry-rock qui mêlait vedettes es rock’n’roll et blousons dorés. Ce qui lui a permis de côtoyer de fort près les Rolling Stones.
L’a écrit son bouquin de souvenirs dès qu’il a commencé en 1979 à mettre les bouts se tirer de l’oeil de l’ouragan. Le livre est paru en 1980 et est vite devenu un classique de la littérature stonienne. Il aura fallu plus de trente ans pour qu’il soit accessible de par chez nous au public non-anglophone. C’est dommage car il forme un contre-point parfait au Life de Keith Richards ( voir KR’TNT N° 43 du 09 / 03 / 11 ) et il est instructif et amusant de confronter les points de vue.
J’étais le dealer des Rolling Stones – KR’TNT
Au palmarès des livres tell-all comme disent les Anglo-Saxons, ceux qui vous disent tout sur des trucs un peu cracras donc sinon pourquoi voudrait-on nous le préciser, celui-ci J’étais le dealer des Rolling Stones par Tony Sanchez (titre qui n’est pas le titre original et qui autodétruit un peu de l’ambivalence du texte où l’auteur tente très maladroitement de faire genre il était pas le dealer mais il rendait des services) reste sûrement dans le peloton de tête des bouquins attirants qu’on aime à déguster mais qui laissent tout de même un drôle de goût.
C’est vrai qu’à priori, le mec, Spanish Tony Sanchez touche dans cette chronique de sa vie de dealer de superstars, à la sacro-sainte matrice originelle de tout le binz : le rock + la drogue + les Stones + les femmes des Stones, le tout à la grande époque créatrice, avouons que peu de matériaux semblent aussi croustillants que les révélations espérées et si le livre commence sur les chapeaux de roues avec un portrait de Brian Jones, alors défoncé en chef de la petite meute et Don Juan triomphant, la suite m oins glorieuse de ses frasques où Tony Sanchez nous raconte comment il tabassait ses conquêtes et abandonnait ses enfants calme tout de suite les velléités glam du revival et montre bien toute l’ambivalence du procédé douteux – Sanchez ne parle jamais de s’être interposé, même verbalement, devant ces abus – et la difficulté à se placer moralement dans cette lecture sans les réponses préalables à quelques questions essentielles comme : est-ce que ce qu’il raconte est vrai, doit-on croire un dealer dont la parole est, même selon les critères les plus relâchés hein, pour le moins douteuse, est-ce pertinent, voire même vaguement instructif? À quelle aune morale juge-t-on des faits autrefois banals et maintenant choquants? Cet ouvrage présent-t-il le moindre intérêt? Fuck oui.
Certes, les principaux protagonistes ont désavoué le livre et son auteur, “vil parasite” selon Marianne Faithfull, ce défoncé qui “ne sait pas même écrire son propre nom alors écrire un livre…” comme l’a déclaré Keith Richards et tout le monde s’accorde à dire qu’il n’était tout simplement pas là à de nombreuses occasions qu’il raconte pourtant comme s’il en avait été partie prenante mais il faut reconnaître que son récit de première main est tout simplement fascinant : anecdotes dingues, beautiful peple à chaque ligne (huhu), conversations intimes, précisions tatillonnes, drames, jalousies, drogues variées, coucheries, châteaux maléfiques, procès retentissants, amours fratricides, tabloïds déchaînés, morts tragiques, argent partout, police, magie noire, ce livre semble parfois n’être qu’une hallucinante collection de clichés sur tout ce que le rock a pu engendrer comme fantasmes; sauf que c’est le contraire, un peu come l’oeuf et la poule et que là, la poule ça serait les Stones.
J’étais le dealer des Rolling Stones est le livre de la semaine dans l’émission hebdomadaire Easy Rider.
Une chronique à réécouter ICI