Revue de presse
Dans “Historiquement vôtre”, Stephane Bern et Steven Jezo-Vannier reviennent sur les secrets plus ou moins connus des chansons de Noël, pas toujours si enchanteresses ou innocentes !
L’émission dans son intégralité est disponible ici
Dans le cadre d’un article sur les chansons de Noël, Alain Wey a interrogé Steven Jezo-Vannier. Voici leur entretien :
Pourquoi avoir écrit sur les chansons de Noël?
On pense généralement que c’est un vieux truc ringard, chanté par des starlettes pop en mal de tubes ou des crooners comme Sinatra. En réalité, c’est le passage obligé à tout artiste anglo-saxon et particulièrement américain!
Cette tendance n’a pourtant pas pris dans la culture française…
Dans les années 1950–70, Berthe Sylva, Edith Piaf, Johnny Hallyday ont chanté Noël, mais ce courant était affilié à la chanson réaliste et n’avait rien de funky ni de joyeux. Ça parlait d’orphelins, de morts, etc. Le fameux Petit Papa Noël de Tino Rossi est à l’origine une chanson écrite pendant la guerre qui racontait qu’un enfant suppliait le Père Noël de lui ramener son père prisonnier…
Ces dernières décennies, il n’y a jamais eu autant de sorties de chansons et d’albums de Noël…
Tout à fait. Il y a eu énormément de productions dans les années 1940, 50 et 60. Il y a de nos jours un vrai regain, une explosion. Aux Etats-Unis, des stations de radio sont capables de passer une programmation 100% Noël 24 h sur 24 tout au long du mois de décembre. Ce qui paraît assez insensé de ce côté-ci de l’Atlantique!
Qu’est-ce qui rend ce genre si particulier?
C’est un univers truffé de surprises, de petits secrets et enveloppé de plein de stéréotypes, souvent péjoratifs. On oublie que c’est le style musical qui a la plus grande longévité, puisqu’il est hérité des chants religieux du début du Moyen Age. Il y a aussi toute une histoire sociologique derrière sur l’évolution de la musique, à qui elle appartenait avant, comment elle est devenue un univers profane et quelle influence a eu l’industrie dessus!
Vous dites que ces chansons ont toutes des accords caractéristiques qui sonnent immédiatement.
Oui, on en retrouve la trace jusqu’au fameux White Christmas de Bing Crosby. C’est comme les grelots ou les clochettes, des instruments magiques qui n’existent nulle part ailleurs. Et pif, 50% des chansons de Noël ont forcément des grelots. Il y a comme ça des recettes, des ingrédients nécessaires!
Vous parlez aussi du double sens de certaines de ces chansons…
Oui. Comme avec Elvis par exemple. Dans Santa Claus Is Back In Town, il chante «si tu as été sage, Santa Claus descendra dans ta cheminée ce soir» et c’est le Père Noël qui roule en Cadillac et qui chante ça aux auditrices… Eh bien voilà! Nier le double sens serait absurde. C’est ça qui est fantastique dans ces chants, il y a tout et leur contraire!
Etes-vous devenu fan des chansons de Noël?
Non, pas spécialement. Mais comme j’ai également écrit un livre sur Sinatra, j’adore les chansons de Noël qu’il interprète. J’aime aussi beaucoup l’album d’Ella Fitzgerald A Swinging Christmas, qui balance d’enfer!
L’intégralité de l’article est à retrouver sur Coopération
Steven Jézo-Vannier était l’invité de Rebecca Manzoni dans Pop N’ Co sur France Inter pour parler des chansons de Noël.
Ça n’est pas sans fébrilité que nous consacrons ce nouvel épisode de Pop’N Co aux chansons de Noël. Fébrilité, parce que l’annonce de ce thème provoque soit un bel enthousiasme, soit un blanc dans la conversation…
Je me suis dit qu’une heure sur Noël avant le 25, nous mettrait déjà à l’écart de l’actualité, dans une bulle de féérie parallèle. Evidemment, je m’étais trompée. Parce que ce répertoire épouse les humeurs du monde. On écoute ces chansons pour un besoin de réconfort ou une envie de contestation : chanter que ce moment de fête peut aussi être insupportable, selon les époques.
Je me suis dit aussi que cette émission serait garantie sans Tino Rossi. Et ça, ça a marché. Comme le dit Jacques Dutronc : “Tino Rossi, c’est comme la cuisine à l’ail. Ça permet de vivre vieux. Mais ça permet surtout de vivre seul”.
En revanche, Jacques Dutronc, il y aura dans Pop N’Co. Et Johnny Hallyday. Et Nat King Cole. Et Mariah Carey. Et Chilly Gonzales.
En plus de signer un livre qui s’intitule “Plaisirs non coupables”, Chilly Gonzales est l’auteur d’un album de Noël : “A very Chilly Christmas”.
Un disque où il reprend des standards au piano : de “Jingle Bells” à “Last Christmas”, du groupe Wham!
Un peu avant midi, on va donc soulever le capot d’une des chansons arrangées par Chilly Gonzales et interprétée par Jarvis Cocker et Feist.
Même en 2020, Noël existera donc.
L’émission Pop N’ Co est à réécouter sur France Inter
À l’occasion de la sortie du film Last Chritmas, Laurent Hakim fait un focus sur George Michael et l’anthologie de Steven-Jezo-Vannier.
Revoir la séquence en ligne à partir de 23’40
La musique et Noël : une folle histoire d’amour et de business. Un livre explore ce répertoire de fête.
Ben revoilà Noël. Et à Noël, en avant la zizique! Oui, madame. Mais pas n’importe laquelle. Pas de rythmes endiablés, de riffs saignants ni de refrains tonitruants. La chenille redémarrera et les canards danseront à la Saint-Sylvestre. Devant la crèche, c’est de la roucoulade qu’il nous faut, profane ou chrétienne, mais toujours bien suave, voire dégoulinante, avec chœurs, cloches, violons et bons sentiments. La famille communie dans la douceur et la spiritualité, avec Tino Rossi ou Pavarotti qui miaulent dans les enceintes. À moins d’opter pour le chant grégorien ou le gospel, qui marchent très fort sous le sapin aussi.
Notez que la consubstantialité de la Nativité et de la musique ne date pas d’hier. Ce sont des anges, dit-on, qui auraient poussé la première goualante au-dessus de la fameuse étable de Bethléem où venait de naître qui vous savez. Depuis, le disque de Noël est devenu un passage quasi obligé pour toute célébrité chantante. D’Elvis Presley à Roch Voisine, via Mariah Carey, Céline Dion, James Brown, Wham! ou Demis Roussos. Chaque année à la fin de décembre, l’industrie discographique, pleine d’ardeur chrétienne, emplit ainsi les bacs d’albums aux pochettes pleines de flocons, d’angelots, de houppelandes rouges et de barbes blanches. De la musique sacrée parfois, de la sacrée musique plus rarement.
Le récent livre «Jingle Bells» de Steven Jezo-Vannier nous raconte l’histoire de ce genre musical singulier, radicalement saisonnier, et donc périssable à la vitesse d’un foie gras. De ses origines religieuses à ses déclinaisons les plus glorieuses («White Christmas» de Bing Crosby, la chanson la plus vendue de l’histoire), coquines (Eartha Kitt qui, dans «Santa Baby», envisage d’accueillir le Père Noël en tenue légère), loufoques, grotesques ou inattendues. Oui, AC/DC, les Sex Pistols, Run DMC, Snoop Dog ou les Ramones ont sacrifié à la tradition. L’auteur nous révèle également les secrets de fabrication d’un chant de Noël qui fait mouche. Comme l’emploi de l’accord magique, le ré 7e mineur diminué, qui confère, semble-t-il, illico un parfum de cotillon, de conifère et de cannelle à une mélodie lambda.
Retrouver la chronique sur La Tribune de Genève
L’art se déploie sous toutes ses formes dans cette première rubrique de l’année où vous trouverez des ouvrages de street art urbain ou en pleine nature, des monographies de peintres (Paula Rego, Chagall, Hokusai), une biographie d’Yves Saint-Laurent et le carré Hermès en volume et en beauté dans un superbe livre pop-up. La photographie n’est pas en reste avec un ouvrage sur la lutte pour les droits civiques aux USA et un catalogue d’exposition sur Doisneau et la musique ! Je vous propose également un « elféméride » des saisons, une improbable histoire des chants de Noël, de replonger dans les archives du cinéma avec un bon club sandwich et de vous remémorer les slogans cultes de la pub. Pour terminer, hommes et femmes politiques prennent du poil de la bête et montrent les dents sous le crayon aiguisé de Morchoisne et Festjens ! Bonne lectures à toutes et à tous !
« Let it snow », « White Christmas », « Jingle bells » et autres chants de Noël envahissent les bacs des disquaires, les soirées de réveillon en famille et même les allées de supermarché, comme un puissant « marronnier » qui revient tous les ans à date fixe. Magiques pour certains, horripilants pour d’autres, ces chants qui font fureur dans les pays anglo-saxons ont envahi petit à petit les ondes européennes pour devenir aujourd’hui incontournables, en musique de fond sous les sapins enguirlandés, pour faire entièrement partie du décor sonore de nos fêtes de fin d’année. Pétris de bons sentiments et gluants telle la guimauve, les chants de Noël nous offrent cependant quelques pépites inattendues, en parodies et textes trash, qui soulignent la totale hypocrisie des libations annuelles autour du foie gras et de la malheureuse dinde aux marrons. Il faut dire que le répertoire de Noël est un genre musical à part entière d’une incroyable diversité qui a engendré des centaines de reprises par des musiciens de tous bords, de la musique sacrée au funk, reggae, rock, punk, heavy Metal et même du rap ! Et oui ! En dehors des standards américains bien connus interprétés par Bing Crosby, Dean Martin ou Sinatra, quelques énergumènes énervés ont délicieusement et électriquement donné « leur » version des « Christmas songs » ! C’est ce que nous explique de manière furieusement détaillée Steven Jezo-Vannier dans cet ouvrage où il retrace dans ses grandes lignes l’histoire des chants de Noël, des plus « kitsch » au plus politiquement incorrects, décortiquant en prime une centaine de titres allant de Judy Garland, des Petits chanteurs à la croix de bois, des Beatles et des Stones, en passant par Bowie, Prince, les Pogues, les Ramones ou Alice Cooper. Les « frenchies » ne sont pas oubliés… Ah ! Le « Petit papa Noël » de Tino Rossi, « La fille du père Noël » de Dutronc, « Le père Noël noir » de Renaud ou le « Petit papa Noël » de Trust ! Qui ne les a jamais fredonnés ? Steven a rempli sa hotte du pire mais aussi du meilleur et du plus inattendu du genre, pour le plus grand plaisir de nos oreilles ! A vos platines !
Thomas Schwoerer et son équipe ont interviewé Steven Jezo-Vannier dans la réserve aux cent milles vinyles de la médiathèque musicale de Paris.
Incontournable standard des fêtes, l’album de Noël. Une recette éprouvée mais toujours efficace, avec des succès qui donnent le vertige, et des interprètes qui varient du crooner au rappeur. Si le modèle est importé des Etats-Unis, la tradition, elle s’exporte dans le monde entier. Steven Jezo-Vannier a analysé le phénomène dans un ouvrage.
Revoir l’interview de Steven sur le site d’Arte
Peuplées de doubles sens, parodiées par des rappeurs, imprégnées d’histoires d’orphelins et de soldats morts au combat, les chansons de Noël ne sont pas uniquement des morceaux sirupeux et stéréotypés.
“All I Want For Christmas Is You”, “Petit Papa Noël”, “White Christmas”… Les classiques des chansons de Noël nous reviennent en tête chaque année à la même période. Une tradition qui truste les charts en Angleterre et aux États-Unis depuis près de soixante-dix ans, avec son lot de recettes aseptisées, de paroles naïves, de kitsch, mais aussi de provocation, de double sens et de parodies. Le répertoire de Noël est bien plus divers et étonnant qu’on ne pourrait le croire. Une richesse folle qui a poussé l’auteur Steven Jezo-Vannier à y consacrer son nouveau livre, Jingle Bells, l’improbable histoire des chansons de Noël. Et il n’y a pas que Bing Crosby, Mariah Carey et Tino Rossi à y découvrir, mais aussi Snoop Dogg, Prince, The Moog Machine, Johnny Cash, Stevie Wonder, Renaud, Jimi Hendrix, Eazy-E ou encore Arcade Fire.
Une institution populaire incontournable
“Ce répertoire est totalement intégré à la tradition, c’est un passage obligé, chaque année, explique Steven Jezo-Vannier. Aux États-Unis, il y a eu un nouveau souffle très fort dans les années 1940, où il a été récupéré par l’industrie musicale qui l’a désacralisé et en a fait un objet pop. C’est le titre “White Christmas” de Bing Crosby, en 1942, qui change la donne. On s’aperçoit qu’il y a un filon. C’est tout de suite le carton absolu, la pièce fondatrice au répertoire Noël moderne. On sort des églises. Du coup, on instaure une tradition motivée par l’appât du gain, c’est vrai.”
En Angleterre, il y a une course effrénée pour savoir quel titre sera premier des ventes le soir de Noël. L’institution populaire est très forte. Il est d’ailleurs de bon ton de dire que la France échappe à ce phénomène. Une idée que l’auteur tempère pour deux raisons : “D’abord, si on revient en arrière, il y a le succès gigantesque de Petit papa Noël de Tino Rossi, sorti en 1946, qui reste le plus grand succès musical français encore aujourd’hui. Alors certes, on ne l’entend plus beaucoup de nos jours, mais il a marqué tout le monde. La musique de Noël s’imprime dans l’enfance, quasiment avant que l’on ait des filtres de goûts culturels. Elle entre en résonance avec la fête de Noël elle-même, qui est une fête nostalgique, un rituel où l’on fait tous les ans le même repas avec les mêmes gens, la même déco, et donc la même musique. Et puis je tempère parce qu’on a un certain snobisme en France. Il faut bien se rendre compte que les magasins, les radios, la télé utilisent tous la musique de Noël. Il y a un climat laïc dans le pays qui amène de la réticence, mais surtout une frontière très ténue entre le chant religieux et le chant profane.”
Merry Muthfuckin’ X-mas !
Cette année, les poids lourds du genre se nomment John Legend (oui, oui), Katy Perry ou même Roch Voisine. Mais le boss du catalogue de Noël depuis bientôt dix ans, c’est Michael Bublé. “Quand il sort son album Christmas en 2011, il le fait avec producteur qui a déjà fait des chansons de Noël. Il joue sur le côté gendre idéal, crooner, évocation de la tradition des années 1940, un petit côté Sinatra…” Les ventes sont colossales. Mais Steven Jezo-Vannier fait remarquer un fait surprenant : “Les chansons de Noël tristes ont plus de succès. Les seules qui rivalisent avec les grands standards des années 1940, c’est “All I Want For Christmas Is You” de Mariah Carey, qui raconte une rupture amoureuse, “Last Christmas” de Wham!, idem, et “Fairytale of New York” de The Pogues, qui parle de violence conjugale.”
Même le rap s’est plié à l’exercice, souvent par parodie et provocation. Kurtis Blow avec “Christmas Rappin’” dès 1980, Run-DMC avec “Christmas In Hollis” en 1988, Eazy-E avec “Merry Muthfuckin’ X-mas” en 1992, Ludacris avec “Ludacrismas” en 2007, Snoop Dogg avec ”‘Twas The Night Before Christmas”, Ghostface Killah avec “Ghostface X-mas” en 2008, Run The Jewels avec “A Christmas F*cking Miracle” en 2013, Lil Jon avec “All I Really Want For Christmas” il y a quelques jours… La liste est longue.
Des doubles sens en pagaille
Beaucoup de ces chansons rap sont un peu cradingues, portées sur le sexe. Mais si la vulgarité est ici explicite, elle n’est pourtant pas l’apanage du hip-hop. “Dans les années 1940, l’industrie pense que les chansons de Noël sont enfantines. On y glisse donc des doubles sens dédiés aux parents. Dans “I Saw Mommy Kissing Santa Claus” (notamment interprété par les Jackson 5), par exemple, il y a ce gamin qui surprend le Père Noël en train de se faire chatouiller la barbe par sa maman. On est dans l’œil de l’enfant, mais les adultes se demandent si c’est le Père Noël, si c’est un amant, si c’est le père qui jour au Père Noël avec sa femme etc. Ella Fitzgerald chantait “Santa Claus Got Stuck In My Chimney” (“Le Père Noël est bloqué dans ma cheminée”), le double sens est évident. Quand les rappeurs s’y mettent de manière provocante, ils mettent tout de même un pied dans la tradition. On est dans la respectabilité, mais on la bouscule.”
Tout au long de son livre, l’auteur remarque que les traumatismes de la seconde guerre mondiale ont durablement imprégné le répertoire de Noël, en France et aux États-Unis notamment. “White Christmas” sort deux semaines après l’attaque de Pearl Harbor, et est chanté aux soldats pendant la guerre. Le texte original de “Petit Papa Noël” racontait la demande d’un enfant de libérer son père des prisons allemandes, Tino Rossi en ayant fait changer les paroles pour rendre la chanson plus légère.
Mi-euphorisantes, mi-anesthésiantes, les chansons de Noël peuvent apparaître aux yeux de beaucoup de gens comme une injonction malsaine à être heureux, comme un filon surexploité par l’industrie du disque, comme une régression musicale et intellectuelle. Mais cela serait nier la complexité du répertoire, son ancrage extrêmement profond dans la culture anglo-saxonne et les artistes qui se sont attelés à l’ouvrir à d’autres styles et concepts bien moins formatés. En tout cas, il y a de quoi composer des playlists bien sympas pour le réveillon de Noël.
Ellen Ichters a interviewé Steven Jezo-Vannier pour qu’il vous parle de son anthologie dédiée aux chansons de Noël. Le résultat de cette rencontre sera diffusé en dix temps dans l’émission Pony Music sur la RTS. Un calendrier de l’Avent qui tombe à pic.
Tous les épisodes à réécouter sur la RTS :
1/10
2/10
3/10
4/10
5/10
6/10
Dans “Jingle Bells, l’improbable histoire des chansons de Noël”, Steven Jezo-Vannier plonge dans les origines d’une tradition protéiforme devenue un marché lucratif. Il s’attarde aussi sur une centaine de titres de ce registre décrié ou adulé.
“Chaussez vos raquettes pour un parcours en cent chansons, plein de surprises à gros rubans rouges”, annonce Steven Jezo-Vannier en préambule de son récent et instructif ouvrage “Jingle Bells, l’improbable histoire des chansons de Noël”. Le sujet, déjà insolite et unique, jugé passionnant ou rédhibitoire, a désormais son histoire.
Le livre s’attache à percer avec une bonne dose d’humour les secrets inavoués de ce lucratif marché qu’est la ritournelle de fin d’année, à travers une galerie de cent artistes, entre standards indémodables et titres obscurs. Avec quelques ingrédients “magiques” et un peu de marketing, ces chansons ont en tout cas conquis la planète et les records de vente, et même sauvé la carrière de Mariah Carey, relève l’auteur français, spécialiste de la contre-culture et de l’univers rock.
Comme la bûche et le sapin, les chansons de Noël reviennent chaque année avec les mêmes refrains, pétris de bons sentiments. [...] Leur répertoire abrite le pire et le plus kitsch de ce qui se fait en musique. [...] Mais que les fans se rassurent, les Christmas Carols ne sont pas tous aussi saints qu’ils le prétendent.
Steven Jezo-Vannier dans “Jingle Bells, l’incroyable histoire des chansons de Noël”
Mais derrière la face kitsch de ces chants pérennes qui ont le mérite de ne pas trop se prendre au sérieux se trouve aussi le meilleur et le plus inattendu: ainsi de l’album “A Christmas Gift For You” de Phil Spector ou du “R2-D2 We Wish You A Merry Christmas” où “Bon Jovi souhaite un joyeux Noël au droïde de Star Wars”. Qui pensait encore entendre les Sex Pistols ou Run DMC invoquer l’esprit de Noël?, interroge le livre qui évoque aussi bien les crooners habitués du genre que les artistes de renom qui se sont pliés à cet exercice traditionnel: d’Elvis Presley à Lady Gaga via Jimi Hendrix, les Beatles, Pink Floyd, Arcade Fire ou Snoop Dog. Sans parler des anti-chansons de Noël de Miles Davis (“Blue Xmas”) ou “Don’t Believe in Christmas” des Sonics et de certains titres contestataires qui ont même subi les foudres de la censure.
Ce qui fait dire à Steven Jezo-Vannier que “la musique de Noël ne ressemble à aucune autre, ni dans ses caractéristiques ni dans l’usage que le public en fait”. Sans qu’il affirme pour autant qu’il s’agit vraiment d’un genre musical à part entière puisque le concept est flou et que tous les styles ne répondent pas aux mêmes critères.
“Le répertoire jouit d’une richesse et d’une diversité uniques. Il renferme des centaines de morceaux, de quoi dresser un tableau bien plus vaste que ce livre [...]. Dans le nombre, il existe une quantité insensée de reprises, de compilations et de 45-tours. Par nature, la musique de Noël est consommable, pour ne pas dire jetable. Les maisons de disques, qui n’ignorent aucun marché, ont conscience qu’elle s’apprécie annuellement.”
Steven Jezo-Vannier dans “Jingle Bells, l’incroyable histoire des chansons de Noël”
Ce singulier univers musical transcende ainsi tous les styles musicaux. Un syncrétisme que reflète parfaitement la chanson aussi incontournable que symbolique qu’est “Jingle Bells” (“Vive le vent” pour sa traduction française), créée en 1857. Elle a été interprétée par le chanteur country Willie Nelson aussi bien que par Afrika Bambaataa, le père fondateur du hip-hop, Duke Ellington, les Beatles, Luciano Pavarotti, Al Green, Gwen Stefani, Frank Sinatra et Etta James.
De ses origines religieuses remontant à la tradition biblique à la tradition de la reprise dont la culture américaine est particulièrement empreinte, de la spécificité française à la tonalité plus grave liée au courant de la chanson réaliste de l’entre-deux-guerres aux nombreuses déclinaisons dans le folklore européen, la chanson de Noël a conquis la planète de façon protéiforme au fil des siècles.
Après avoir exploré les racines historiques et les déclinaisons du genre, “Jingle Bells” s’attarde enfin sur une centaine de titres. Et passe en revue les classiques: “White Christmas” chanté par Bing Crosby” et “The Christmas Song” façon Nat King Cole, les scansions rap de Run-DMC dans “Christmas in Hollis”, le sucré fondant de “Last Christmas” par Wham!, les plus rock “Merry Christmas (I Don’t Want to Fight Tonight” des Ramones et “Petit Papa Noël” de Trust ou “La fille du Père Noël” de Jacques Dutronc.
Lire l’article sur le site de la RTS
Pour la parution du livre Jingle Bells de Steven Jezo-Vannier (Le Mot et Le Reste), et parce que la période l’impose, Pop & Co s’intéresse à l’histoire de ces mélodies, rassurantes et réconfortantes pour certain·e·s, anxiogènes et déprimantes pour d’autres, qui vont nous accompagner pour les prochaines semaines.
Rebecca Manzoni et son équipe vous parle de l’anthologie de Steven Jezo-Vannier.
À réécouter sur le site de France Inter