Revue de presse
Pierre-Frédéric Charpentier est enseignant et chercheur en histoire. Il est l’auteur de livres sur les intellectuels français entre 1936 et 1940, et d’un Rock the Casbah-Le son de The Clash, également publié chez Le Mot et le Reste.
Dans son introduction, il explique l’organisation du livre, et son propos uniquement musical. Une vingtaine de pages, claires, concises, sont consacrées à l’histoire et à l’évolution technique, musicale, du groupe, puis aux premiers mois de New Order. On constate tout de suite que P.-F. Charpentier ne prend pas Ian Curtis pour un demi-dieu, il n’est pas question ici d’un quelconque romantisme noir pour fans morbides, il en parle comme d’un homme souffrant d’épilepsie et de dépression. Voici le portrait musical d’un groupe de rock enfin débarrassé de ses oripeaux légendaires.
Le corps du livre est réalisé à partir de l’ensemble des enregistrements existants et disponibles : répétitions, démos, passages en studio, disques. Pour chaque titre ou presque, l’auteur a traduit des passages de paroles, et signalé les reprises notables quand il y en a. Les concerts sont évoqués au gré des pages.
Fort logiquement, on débute la lecture avec Warsaw dont la première trace musicale date du 18 juillet 1977. Cette première démo est importante, non seulement dans l’histoire musicale du groupe, mais aussi pour ce livre : P.-F. Charpentier y fait preuve d’honnêteté et d’objectivité. Il n’hésite pas à traduire ce que Ian Curtis a pu écire de plus mauvais, le texte de “You’re no good for me” : « I can wash the dishes-My soups can taste delicious », ce que l’auteur traduit par « Je peux laver la vaisselle-Mes soupes peuvent avoir un goût délicieux ». Loin, très loin de “Love will tear us apart”.
Moins anecdotique, plus problématique, est le rapport au nazisme et à son esthétique. C’est peut-être ici que le métier d’historien de l’auteur transparaît. D’une part il recontextualise ces images et propos, et d’autre part, en montre l’évidente bêtise. C’est à cette époque une transgression classique, qui n’a pas vu Siouxsie affublée d’une croix gammée ? L’adresse au public de Bernard Sumner le 2 octobre 1977, les paroles de “No love lost” et de “Warsaw” évoquent toutes Rudolf Hess, d’autres textes de cette période sont truffés de références au nazisme, et que dire de la pochette du EP An Ideal For Living réalisée par Bernard Sumner où le recto montre un membre des jeunesses hitlériennes et le verso des photos du ghetto de Varsovie ? On peut dire, que pour une fois, la mise au point est claire. Ici, point de tergiversation.
La mue du groupe punk vers la new wave est très bien décrite, l’auteur met en lumière chaque détail, chaque différence, on voit le groupe au travail. Notamment sur “No love lost” : assemblage d’une partie punk et d’une intro beaucoup plus évoluée musicalement. C’est encore plus tangible avec des titres comme “Transmission” ou “Shadowplay”. Toute la période 77–78 jusqu’à l’enregistrement RCA est d’une grande érudition et montre un gros travail de recherche car elle est peu documentée. En septembre 1978, le groupe passe pour la première fois à la TV, séquence décrite avec un brin d’humour et d’agréables petites moqueries.
Joy Division progresse rapidement, et sous nos yeux : la première Peel Session, en janvier 1979, donne à écouter des morceaux avant qu’ils ne passent entre les mains de Martin Hannett. Suivent d’autres essais où le groupe s’endurcit.
En avril, étalées sur trois weekends, se déroulent les séances d’enregistrement et le mixage d’Unknown Pleasures. On ose imaginer le calvaire de Stephen Morris à qui Martin Hannett fait enregistrer chaque élément de batterie séparément. Hannett réalise seul le mixage, il refuse toute participation du groupe, à l’écoute du résultat Curtis et Morris adorent, Hook et Sumner détestent. Des années plus tard, Sumner a encore du mal à écouter l’album. Pour Peter Hook, c’est différent, puisqu’il joue intégralement Unknown Pleasures avec The Light.
Chaque morceau enregistré est détaillé : composition, écriture, enregistrement, production par Martin Hannett. Chaque instrument est analysé et en particulier le jeu de Stephen Morris. En réécoutant pendant la lecture, grâce aux utiles commentaires de l’auteur, j’ai découvert des sons que je ne connaissais pas.
[…]
La principale originalité de ce livre est d’aller dans le temps jusqu’à Movement. Là où d’autres s’arrêtent au suicide de Ian Curtis en se posant des tas de questions métaphysiques relevant plus des pages faits divers qu’autre chose, P.-F. Charpentier documente cette période de transition où Peter Hook, Stephen Morris, Bernard Sumner ne sont plus Joy Division, sans être encore New Order. Cette métamorphose qui paraissait si rapide, si nette et franche dans l’histoire musicale ne l’est pas. Et c’est tout à l’honneur de l’auteur de nous éclairer sur ces quelques mois.
On assiste donc au début de ce qui n’est pas encore New Order. La première séance, organisée par Tony Wilson, avec Kevin Hewick au micro tourne au fiasco. C’est à partir de juin que le groupe commence à répéter à trois et compose ses premiers titres. Le groupe continue mais n’a plus de tête, au sens propre. Les premiers concerts sont instrumentaux, avec une place vide où se tenait Ian Curtis, puis chacun chante un peu comme il peut. Le choix de Bernard Sumner au chant ne sera pas une évidence, même Rob Gretton, leur manager, s’y essaiera. Ils ne pouvaient que continuer ensemble, ils avaient ce traumatisme en commun mais aussi et certainement besoin les uns des autres pour le dépasser.
Les répétitions Western Hero en septembre 1980 montrent bien leur volonté de continuer. Tous les morceaux joués sont nouveaux, ou presque. Ces sessions se trouvent sur l’édition anniversaire de Movement sortie en 2019. New Order enregistre son premier disque en septembre, il s’agit de deux titres travaillés avec Ian Curtis, dont le superbe “Ceremony”. Le 45T sortira en mars 1981 et arrivera à la première place des classements indépendants. En octobre, l’arrivée de Gillian Gilbert paraît presque fonctionnelle, la place des claviers dans les nouvelles compositions est de plus en plus importante, il devient difficile d’assurer à trois le jeu de quatres instrumentistes
Joy Division n’existe plus, mais en février les trois musiciens retournent en studio pour enregistrer quelques overdubs pour des morceaux figurant sur Still.
Etalées sur le premier semestre de l’année 1981, les sessions d’enregistrement de Movement sont marquées par les rapports délétères de Martin Hannett avec Peter Hook et Bernard Sumner, qui veulent se mêler de la production, chose impensable pour Hannett. Movement, de l’aveu même des musiciens des années après, est encore un album de Joy Division, comme un solde de tout compte. Musicalement, ce qui est gracé sur ce disque est la suite logique de Closer. L’arrivée des claviers sur le 2°album de Joy Division se confirme avec cet album, le chemin vers l’électronique est confirmé. C’est avec le single “Everything’s Gone Green” enregistré pendant les sessions de Movement, que New Order nait vraiment.
Cette chronologie relativement complexe est décryptée talentueusement dans ses moindres détails par Pierre-Frédéric Charpentier. Là où le flou régnait, place désormais à la netteté.
Après la partie consacrée à “Movement”, arrive la partie archéologique du livre : l’auteur y recense quelques inédits et chute de studio, des versions live notables, des remix tardifs et mêmes des faux titres de Joy Division.
Suit un utile dictionnaire biographique où l’on trouve bien évidemment les musiciens, mais aussi toutes les personnes qui ont gravité autour du groupe, du reconnu Tony Wilson à Wroey que la postérité n’a pas retenu. Pour ma part, je l’ai lu dès le début, et m’y suis reporté à plusieurs reprises. Ce dictionnaire est complété par un index, une discographie, une bibiographie et une filmographie, des sites internet, et d’une table des matières fouillée.
Cette foison d’informations fait regretter l’absence d’une véritable édition des morceaux de Joy Division.
La chronique intégrale est sur Xsilence
Pierre-Frédéric Charpentier, enseignant et chercheur en histoire à Toulouse, est l’auteur de plusieurs livres dont Les intellectuels français et la guerre d’Espagne (1936–1939). Il publie régulièrement dans la revue Aden, qui s’intéresse à la vie et à l’oeuvre du romancier, philosophe, journaliste et homme politique Paul Nizan. Chez Le Mot Et Le Reste, il a déjà publié un remarqué Rock The Casbah-Le Son De The Clash.
Après avoir lu puis chroniqué sur le bog son livre Joy Division Sessions 1977–1981, NicoTag a eu envie d’en savoir plus. Pierre-Frédéric Charpentier a chaleureusement accepté de répondre à ses questions.
Vous êtes historien de métier, vous avez sorti plusieurs ouvrages dans ce domaine notamment au sujet des intellectuels français entre 1936 et 1940. Qu’est-ce qui vous a amené à écrire sur la musique ?
Je suis effectivement historien et enseignant. Sur le plan de la recherche, mes travaux portent sur l’histoire politique et culturelle des années 30 et 40 – mais pas exclusivement. Ce qui m’a conduit à écrire sur le rock, c’est l’échec d’un projet d’édition en 2012. Un éditeur m’a refusé un manuscrit déjà rédigé sur les vaincus de l’élection présidentielle, le groupe de ceux qui arrivent en 3e position et qui sont donc les premiers à ne pas se qualifier pour la finale – le texte sera finalement publié en 2017 par Le Félin, sous le titre : Le Troisième Homme. Histoire des grands perdants de l’élection présidentielle (1958–2012). Me retrouvant sans éditeur avec un texte, dans lequel je m’étais beaucoup investi, j’ai décidé de tout laisser de côté et de rédiger un livre sur un sujet qui me plaisait avant tout. D’où le rock, d’où The Clash, d’où Le Mot et le Reste, à qui j’ai proposé le manuscrit – vite écrit, mais auquel je songeais depuis longtemps – d’un dictionnaire des chansons du groupe. Et voilà donc, Rock The Casbah. Le son de The Clash, paru en 2013.
Quels sont vos goûts musicaux ?
Que de réponses possibles !...
Dans ce qui suit, j’indique mes préférences en gras. Mes goûts musicaux sont tournés en priorité sur cette formidable vague musicale, allant de la fin des années 70, avec le punk, jusqu’au milieu des années 80, mais là-encore, ce n’est pas exclusif. Avant, je suis plus Velvet Underground, Doors, Stooges et New York Dolls que n’importe quoi d’autre, et certainement plus Kinks ou Who, que Beatles ou Rolling Stones (encore que je préfère nettement ceux-ci aux précédents). Pour faire le lien entre l’avant et l’après 1977, j’adore Roxy Music, ainsi que la trilogie berlinoise de David Bowie.
De manière générale, je suis un inconditionnel du rock anglais des années 70–80 : The Clash en priorité, ainsi que pas mal de groupes issus du punk, mais qui, si on les écoute attentivement, ne se sont jamais cantonnés dans un même genre musical, mais en ont exploré d’autres (The Damned, Public Image Limited, The Stranglers, Stiff Little Fingers, Ruts). J’aime aussi la new wave (Joy Division, puis New Order, surtout celui des débuts, The Cure, Section 25, Magazine, The Chamelelons, Bauhaus, The Sound, Siouxsie, les premiers Clan of Xymox, ou encore Wire, que j’adore, toutes périodes confondues). Je suis enfin un inconditionnel des grands et inégalables mélodistes britanniques (le regretté Pete Shelley pour les Buzzcocks, Johnny Marr pour les Smiths – je pourrais aussi ajouter Wire ici) ou irlandais (The Undertones). Un peu plus tard, vers les années 90, j’ai toujours préféré les formidables Lush, Supergrass, puis Franz Ferdinand à Oasis et Blur, qui m’ont toujours laissé froid.
Mention spéciale au ska et reggae blanc des Specials et, plus tard au Mezzanine de Massive Attack, parfaite synthèse musicale entre… The Clash et Joy Division ! (je ne suis pas le seul, ni le premier, à l’avoir noté).
Côté américain, j’adore Devo pour les mêmes raisons qui me font aimer la new wave anglaise, j’apprécie Blondie, le Remain in Light des Talking Heads, Wall Of Woodoo ou les B 52’s et, à un degré moindre, Television, Richard Hell ou les trop répétitifs Ramones. Mais le doublon Pixies-Nirvana est venu me ravir à la fin des années 80, après toute cette soupe électronique (même si j’en garde un bout). Il y a eu aussi les Dandy Warhol, un peu plus tard, mais surtout Garbage. On l’aura compris : ma sensibilité est plus britannique qu’américaine.
Et justement, en ce qui concerne l’héritage musical français, il est assez secondaire. Je n’aime pas le présupposé de la chanson française qui veut plus émouvoir par le texte que par la musique (je me sens plus près des Anglo-saxons, qui font exactement le contraire), hormis Michel Polnareff, pour son talent mélodique, et Serge Gainsbourg, pour Melody Nelson et quelques autres et, plus ponctuellement Jacques Dutronc, Françoise Hardy et Joe Dassin. Sinon, des chanteurs comme Brassens et Ferré m’emmerdent plus qu’un jour de pluie… Toujours pour la période 70–80, je ne suis pas très mainstream, car mes groupes préférés, ce ne sont ni Téléphone, ni Trust (encore que je ne les déteste pas), mais Métal Urbain, Taxi Girl, Marquis de Sade, Starshooter et, à un degré moindre, les Dogs, Stinky Toys, Extraballe (leur premier album est un bijou inconnu), Edith Nylon, Orchestre Rouge, Mikado et même le premier Lio (c’est dire !). Un rare compositeur à égaler les Anglais sur le plan des mélodies, c’est le très estimable Étienne Daho (point commun avec Taxi Girl), et son exceptionnel Pop Satory(qu’il faut réécouter). Ensuite la Mano Negra, les Négresses Vertes et Noir Désir, comme tout le monde, mais aussi Nuclear Device, et surtout et avant tout Les Thugs (eux-aussi une exception française sur le plan mélodique, avec une de mes chansons préférées : “Dreamers Song”). Aujourd’hui : Lescop, La Femme, mais aussi Shaka Ponk.
Ailleurs : on oublie trop les Allemands, avec d’abord le groupe choral des années 30, les Comedian Harmonists (extraordinaires), Kraftwerk, les géniaux inventeurs de la techno à visage humain, le merveilleux Trans Europa Express, les deux premiers albums punk de Nina Hagen, qui valent plus que le détour, ou encore le très bon album techno de Terranova, Peace Is Though. Hommage aux Hollandais de Clan Of Xymox et Gruppo Sportivo et, plus ponctuellement, à l’Italien Paolo Conte ou aux Espagnols de Kortatu. En plus des Irlandais déjà cités au-dessus, je peux ajouter Dexy’s Midnight Runners à la liste.
En musique contemporaine : Philip Glass.
Avant de publier vos livres musicaux, avez-vous écrit des articles, des chroniques, dans la presse, sur des blogs ?
Non.
Pouvez-vous nous parler de votre premier ouvrage musical, Rock The Casbah- Le son de The Clash ?
Comme indiqué plus haut, ce livre est né de l’échec d’un projet d’édition, disons plus «classique», et de ma volonté de passer à autre chose pour ne pas en rester à l’amertume. De là, l’idée de me livrer en historien à l’étude de mon groupe de rock préféré, The Clash. Il y avait déjà une ample littérature à son sujet, en anglais ou en français, mais j’ai voulu faire quelque chose que personne n’aurait fait avant, et mon choix s’est porté sur un dictionnaire des chansons, mais alors de toutes leurs chansons : officielles, face B, rares, remix, inédits, démos, etc. J’ai même consacré une section de l’ouvrage aux chansons perdues ! Je voulais, d’une part, produire une écriture scientifique évacuant le mythe et l’emphase dans un genre culturel reconnu, mais volontiers considéré comme mineur, et, d’autre part, battre les Anglo-saxons sur leur propre terrain, en termes d’exhaustivité et de précision. Dans cette optique, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur un éditeur, Le Mot et le Reste, dont l’approche me semblait exactement correspondre à mes exigences. Il ne faut jamais l’oublier, car un texte, si valable soit-il, ne vaut jamais rien s’il n’y a pas quelqu’un pour l’éditer.
Qu’est-ce qui vous a décidé à consacré un livre à Joy Division et aux débuts de New Order ?
Joy Division est, juste après The Clash, mon groupe préféré – mais sans exclusive. Le bouquin sur les Clash ayant été remarqué, je me suis dit que je pourrais continuer sur le même registre avec un autre de mes groupes de prédilection. J’ai juste voulu être encore plus rigoureux sur ce deuxième livre musical que sur le premier, ce qui fait par exemple que j’ai ajouté des notes de bas de page pour que ce soit un vrai livre d’historien. S’est posée ensuite – comme pour tout chercheur – la question des limites de mon sujet. Et là, je me suis dit 1) qu’il fallait dégager tout le fatras de la légende romantique autour de Ian Curtis (il y en avait déjà pas mal comme ça, pourquoi en rajouter ?) et 2) que je ne pouvais pas me limiter à la coupure du 18 mai 1980, le jour de son suicide. Si je m’intéressais vraiment à la musique, je devais intégrer le premier opus de New Order, Movement(1981), l’impossible troisième album de Joy Division, si Curtis avait vécu, et tout entier marqué par le deuil de ce dernier. C’était une évidence. Et d’autant plus que tous les autres bouquins, anglais, français et autres disaient en substance : «Après le suicide de Ian Curtis, les trois survivants de Joy Division forment New Order…» Ben voyons, comme ça, du jour au lendemain ! En réalité, la transition avait pris plusieurs mois (avec des enregistrements correspondant à cette période trouble) et, au final, une année pleine et entière pour passer de l’un à l’autre sur le plan musical. Je voulais aussi partir à la recherche de cet entre-deux que personne n’avait évoqué avant de façon méthodique. D’où l’idée de faire un bouquin basé sur les bornes chronologiques 1977–1981 (et non 1980). Jusqu’au bout, j’ai redouté que mon éditeur ne rejette ce parti pris, mais, à mon grand soulagement, il l’a accepté sans discussion. Parce que c’était fondé : les dernières instrumentations des survivants de Joy Division, en tant que musiciens de Joy Division, pour des overdubs sur plusieurs titres de la compilation Still, datent en effet de… février 1981 ! Ça bouleverse quand même certaines certitudes.
Que représente Joy Division et New Order pour vous ? Quels sont morceaux préférés et pourquoi ?
[…]
Vous avez choisi un angle inhabituel pour traiter de Joy Division, en effet vous vous concentrez sur la musique et éludez quasiment le côté « mythique » qui règne autour de Ian Curtis. Ce qui rend votre ouvrage intéressant. Pourquoi cet angle plutôt inédit ?
Parce que, si la mort tragique de Ian Curtis me touche, sa légende romantico-morbide, en revanche, m’emmerde profondément. Cela me fait penser aux gens qui portent le tee-shirt avec les stries d’Unknonwn Pleasures et qui pensent connaître Joy Division parce qu’ils aiment “Love Will Tear Us Apart”. J’ai voulu apprendre aux gens la véritable histoire des chansons, sans fard, et même parfois avec les échecs des musiciens (leurs réactions consternées à l’écoute du mixage des deux albums par Martin Hannett), leurs bides (la voix épouvantable de Morris lors de ses tentatives de chant au début de New Order) ou plus simplement leurs petites imperfections (une voix sous-mixée ici, un larsen oublié par là). Je me suis dit que ça présentait de l’intérêt. J’ai aussi voulu donner à lire pour la première fois en français tout un tas d’histoires et d’anecdotes lues en langue anglaise et jusqu’à présent non-traduites en français. Je pensais qu’au-delà du mythe, cela donnerait une image plus juste et plus intéressante du groupe – un travail d’historien, en somme.
Au-delà de ça, je crois qu’il y a également mon intérêt pour la création musicale et son évolution sur plusieurs années. C’est cette alchimie des groupes qui m’a toujours fasciné. Car, contrairement à un chanteur, un groupe se forme au terme d’un processus de maturation complexe, crée en une certaine durée, puis se délite inexorablement, et chacune de ces trois étapes est passionnante.
Il y a pléthore de livres sur Joy Division ou Ian Curtis, je pense à Paul Morley, Déborah Curtis, Fabien Ralon ou Peter Hook pour ne parler que de livres en français. Comment vous positionnez-vous par rapport à eux ?
Je me suis positionné sur le plan de l’analyse. Autrement dit, j’ai lu les analyses des autres essayistes, mais cela m’intéressait moins que le reste. Du coup, j’ai surtout compilé les témoignages des uns et des autres en sélectionnant principalement les ouvrages des principaux concernés, à savoir les musiciens : Peter Hook, Bernard Sumner et Stephen Morris (ainsi que, à un degré moindre, de Deborah Curtis). Et tout cela, seulement à propos des chansons et comment on les faisait vivre, avec les différentes étapes : inspirations initiales, choix musicaux, conditions d’enregistrement, mixage, promotion artistique, anecdotes inattendues, etc. L’intérêt était de croiser ces sources pour les enrichir (ce qui m’a été particulièrement utile sur l’après-Joy Division, quand les trois musiciens essaient de raconter comment ils ont fait – je m’en suis beaucoup servi), mais aussi pour démonter des témoignages erronés (comme lorsque Peter Hook accuse Bauhaus d’avoir pompé le riff mélodique de “Mesh” (1981)… pour leur “Bela Logusi’s Dead” (1979 !!...)). Ne jamais perdre de vue le caractère aléatoire d’un témoignage.
Pensez-vous faire une suite avec les albums de New Order ?
Oui, j’y ai songé, mais je ne travaille que sur des groupes qui ne sont plus en activité, de manière à avoir une vue globale sur un sujet fini. Or, New Order tourne toujours. Donc, pas de bouquin sur New Order dans l’immédiat.
Sur quel groupe ou artiste aimeriez-vous écrire à présent ?
Mon prochain livre de ce style portera – croisons les doigts – sur un groupe français qui n’est plus activité. Ça me changera du rock britannique, mais ce n’est pas pour tout de suite et c’est la raison pour laquelle je ne souhaite pas en dire plus.
Clash et Joy Division sont tous deux de la même époque. C’est une coïncidence ou vous avez une prédilection pour la musique britannique de cette époque ?
Oui, énormément ! Je vous renvoie à ma réponse à la seconde question.
Quelles sont vos influences en matière d’écriture musicale ?
Mes influences en matière d’écriture sont davantage celles de l’historiographie traditionnelle, avec des chercheurs spécialistes en histoire culturelle, comme Pascal Ory ou Jean-François Sirinelli, qui – de ce que j’en sais – ne connaissent rien au rock. J’ai repris leur rigueur analytique et leur méthode de classement, alors que les autres livres, de facture «rock», ne me convainquaient pas, sauf s’il s’agissait de témoignages (toujours précieux). J’ai aussi pioché du côté de lectures en anglais. Mais, le problème avec Joy Division, c’est qu’on retombait très vite dans la légende romantique de Curtis. Et comme je n’écrivais pas une bio, cela ne m’a pas été très utile.
Ecrire sur la musique ou sur l’histoire c’est la même chose pour vous ? Ou est-ce que vous avez la pression de vos pairs en histoire ?
Au fond, oui. Je me suis rendu compte que je mettais le même sérieux à traiter ce sujet «mineur» qu’est la musique rock, que les candidats à la présidentielle ou les intellectuels français des années trente. Cela m’est apparu comme une évidence : si le premier sujet était plus populaire et moins savant que les deux autres, il m’apparaissait tout aussi important. J’ajoute que les deux domaines (histoire / rock) ne sont pas cloisonnés, loin de là. J’ai fait juste avant le confinement une séance de cours à des étudiants, à qui j’ai parlé du rock et de la guerre froide. Par ailleurs, à la toute fin de mon ouvrage sur Les Intellectuels français et la guerre d’Espagne, j’ai discrètement reproduit trois courts vers du “Spanish Bombs” des Clash. Il en va de l’écriture comme du reste : rien n’est étanche, tout communique.
La deuxième partie de la question est drôle. En effet, non seulement, je n’ai jamais reçu de pressions de la part de mes pairs historiens, mais le bouquin les a même amusés. Mon cher maître et ami, Pascal Ory, avait ainsi pris l’habitude d’interpeler les gens de son entourage devant moi en leur disant, d’un air amusé : «– Vous savez que Pierre-Frédéric a écrit un livre sur les Clash ?...Oui, les Clash !... » Et sinon, je n’en reviens pas non plus du nombre de fois où ce bouquin m’aura servi de sauf-conduit, parmi les chercheurs de ma génération. Un vrai talisman !
En quoi votre métier d’historien vous a t-il été utile pour écrire sur la musique ?
Mon métier d’historien m’a été utile pour me dégager du mythe et de la légende, l’un et l’autre excessivement pesants et déformants, autour de Ian Curtis, afin de mieux recentrer ma recherche sur l’origine de Joy Division : ses chansons. Bref, sur l’essentiel. Je laisse le mythe aux autres (et l’avantage, c’est qu’on broder dessus sans fin !). Cela m’a aussi permis d’inscrire la création artistique dans son contexte historique : la crise des années 70, le chômage, l’absence de perspectives et tout le reste.
Un conseil de lecture sur Joy Division et New Order ? En littérature musicale ? En histoire ? Autres sujets ?
Je limiterai ma réponse aux lectures concernant Joy Division et New Order. Concernant le premier groupe, il y a de très bonnes synthèses, comme la bio de Mick Middles et Lindsey Reade sur Ian Curtis ou bien l’ouvrage fondateur en français de Sébastien Raizer, celui de Fabien Ralon aussi.
Mais ce qui m’a le plus servi, ça a été les témoignages des acteurs. Celui de Deborah Curtis, Touching From A Distance, sur l’envers du décor, mais aussi les trois visions des trois survivants. Les deux gros volumes pleins d’un humour inattendu de Peter Hook, Unknown Pleasures : Joy Division vu de l’intérieur , et Substance : New Order vu de l’intérieur parus chez Le Mot et le Reste, mais aussi, le tome de Bernard Sumner, Chapter And Verse : Joy Division, New Order And Me et les deux de Stephen Morris, Record, Play, Pause, I et – bientôt, espérons-le – II. Ces deux références couvrent les périodes des deux groupes et sont en anglais, mais se lisent très facilement (et très agréablement), pour peu que l’on ait envie d’en savoir un peu plus sur Joy Division et New Order.
Il faut aussi lire la longue (et unique) interview donnée au Vif-L’Express par l’amie de cœur belge de Ian Curtis, Annik Honoré, quelques années avant sa mort. C’est disponible en ligne, et ça donne des clés nouvelles pour nuancer très sensiblement le livre de Deborah Curtis.
Pour les mordus, il y a enfin le carnet de notes de Ian Curtis, So This Is Permanence, paru en format album et enrichi de nombreux documents, de même que les albums photos de Kevin Cummins sur les deux groupes.
Qu’écoutez-vous, que lisez-vous en ce moment ?
En ce moment, je lis avec passion l’essai historique en deux volumes de Philippe Ariès, L’Homme devant la mort – c’est d’actualité.
Vos projets éditoriaux, tous sujets confondus ?
Quand la vie aura repris son cours normal, et quel que soit le temps que cela prendra, je publierai une biographie consacrée à Valentin Feldman, un jeune philosophe de 33 ans, juif, communiste et résistant français. Il est resté célèbre pour avoir lancé en juillet 1942, aux soldats allemands qui allaient le fusiller, ces derniers mots plein d’aplomb : « – Imbéciles, c’est pour vous que je meurs ! » Un sacré bonhomme et, pour moi, la fin attendue d’une quête très personnelle de plus de 15 ans.
Lisez l’interview intégrale sur Xsilence
Dans le cas de Joy Division, l’expression « ce que l’histoire ne dit pas… » est totalement vaine. Des histoires, on en a lu, vu et entendu. Souvent malgré nous, à coup d’anecdotes en pagaille sur la micro-carrière du groupe qui s’arrêta net le jour où Ian Curtis se donna la mort le 18 mai 1980. Et s’il y a une telle fumée, c’est qu’il y a eu un feu. Résultat, Love will tear us apart est au programme du moindre medley rock de n’importe quel mariage, entre un bon gros “Black Betty” et “Message in a Bottle”, pour le plaisir de votre cousine qui porte un t-shirt frappé du design de Unknown Pleasures acheté chez l’IKEA du textile local.
Au rayon fait d’armes plutôt impressionnants pour un si jeune groupe, Joy Division – Sessions 1977–1981 peut servir de piqûre de rappel très bien documentée. Mais il est légitime de se demander ce qui nous aurait échappé dans les biographies de Peter Hook, Unknown Pleasures – Joy Divison vu de l’intérieur (Le Mot et le Reste) en tête ? Car si elles ne sont peut-être pas totalement objectives, elles ont le mérite de se lire comme des romans menés par la verve de cette grande gueule de Hookie.
Le parti pris de Pierre-Frédéric Charpentier est donc de mettre la musique de Joy Division au centre de son travail. Elle, et la poésie indissociable de Ian Curtis, dès les prémices du groupe à l’époque de Warsaw. On a donc droit à une analyse monomaniaque de tous les enregistrements disponibles. Des albums Unknown Pleasures et Closer, ainsi que les singles officiels, au nombreux live pirates, séances de répétitions ; des tous débuts à ce qui allait devenir New Order en 1981, Charpentier estimant que l’ombre de Curtis plane toujours sur le trio en deuil, mais déjà au travail.
Une lecture qui peut s’avérer très vite un poil plombante et répétitive – vu l’axe adopté et le répertoire malgré tout assez mince – clairement destinée aux fans les plus hardcores qui se feront une joie de réécouter en direct lesdites versions. Toutefois, si on veut regarder la pinte de bière à moitié pleine, on peut envisager ce Sessions 1977–1981 comme un exercice de style appartenant à un passé où la moindre info et photo prise à la volée possédait un charme difficile à retrouver à l’heure d’une communication digitale de masse, où le mystère n’a plus beaucoup sa place. Et qu’on ne vienne pas me faire dire ce que je n’ai pas dit – que c’était mieux avant – je n’y étais pas.
Découvrez les autres chroniques dans le Marque ta Page #9
Le livre de Pierre-Frédéric Charpentier est dans les essentiels de Basique.
Une émission à revoir sur le site de France 2
Les livres sur Joy Division se comptent par dizaines et, à première vue, on pourrait se demander ce qu’y a à ajouter sur une formation musicale, certes mythique mais qui a duré à peine plus de deux années ? Les écrits biographiques des trois anciens membres, Peter Hook, Bernard Sumner et Stephen Morris, auraient pu suffire.
Mais Pierre-Frédéric Charpentier, historien et auteur d’un autre livre chez Le Mot Et Le Reste consacré à The Clash, s’est livré à une démarche à la fois ludique et chronologique pour marquer les quarante ans de la disparition du chanteur Ian Curtis : conter l’histoire du groupe au travers de tous les enregistrements, officiels ou rares, qui sont parvenus jusqu’à nous. Répétitions, soundchecks, sessions en studio, démos, mixages différents, voire chansons perdues ou hypothétiques. Le livre se base ainsi entièrement sur la musique du quatuor mancunien, partant des débuts punk et de l’énergie brute jusqu’à la maîtrise inégalée d’une esthétique sonore coldwave laissant la part belle aux expérimentations synthétiques et funèbres.
Le volume s’étale ainsi sur plus de cinq cents pages, et on évolue dans cette aventure, morceau par morceau. L’auteur n’a pas choisi de s’arrêter à la mort tragique de Ian Curtis par pendaison le 18 mai 1980. En effet, de nombreux enregistrements et bootlegs sont parus à titre posthume, mais même les débuts de New Order, menés par les trois musiciens restants (la période Movement et Everything’s gone green), sont tellement marqués par le deuil qu’il était impossible de ne pas les traiter ici. C’est d’ailleurs peut-être les parties les plus intéressantes car les moins analysées auparavant.
En effet, que dire de plus aujourd’hui sur ces chefs-d’œuvre intemporels que sont Unknown Pleasures et Closer ? Qui aurait pu d’ailleurs croire que des objets aussi sombres et précieux auraient pu devenir des objets de consommation planétaires (je pense notamment à la couverture du premier album) ?
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Pierre-Frédéric Charpentier se lance donc dans un recensement de toutes les traces sonores et ravira ainsi les complétistes. Cela dit, si l’approche est louable, la lecture peut se révéler rébarbative : les morceaux, pas si nombreux, sont abordés dans toutes leurs différentes versions, les secondes sont mentionnées quand il est supposé se passer des événements techniques (pas forcément nécessaire pour une œuvre aussi émotionnelle et intense) et les corrections et relectures ont manqué (p. 215). Nous sommes donc face à un travail de recherche sérieux, mais pas forcément facile à digérer. Il n’en reste pas moins un outil précieux pour aller chercher des versions rares, remixées et inédites que le fan aurait laissé passer, pour voir les concerts du groupe répertoriés, pour se replonger dans les méthodes d’enregistrement peu orthodoxes de Martin Hannett ou pour retrouver les paroles des chansons, toujours aussi fortes et troublantes.
Sur le plan discographique, ce livre est en effet très fourni et donne l’envie de se replonger dans cette histoire musicale à la fois terrible (la douleur, la dépression et la perte en sont indissociables) et profondément belle. Charpentier en revient aussi aux influences diverses et extra musicales (Werner Herzog, J.G. Ballard, Eraserhead, etc.) et il est appréciable de ne pas tomber dans un ouvrage qui fait de la psychologie de comptoir. La puissance des compositions, à la fois austères et hantées, de Joy Division ont quelque chose de bien plus irrationnel que cela.
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Il fut un temps où les écrits sur le rock étaient denrée rare, encore plus lorsqu’il s’agissait de musiques alternatives et indépendantes. Mais, depuis quelques années, on assiste au contraire à une recrudescence de livres originaux ou traduits qui revisitent des pans entiers de l’histoire musicale et lorsque le sujet touche à un sujet aussi « mythique » que Joy Division la liste d’ouvrages disponibles devient vertigineuse.
On s’interroge alors toujours sur la pertinence d’un enième livre sur le groupe. Passée cette réserve initiale, la découverte de l’objet en question « Joy Division – Sessions 1977–1981 » de Pierre-Frédéric Charpentier éteint très vite toute crainte. En effet, la forme du livre est réellement singulière, l’auteur choisissant d’aborder le groupe en accompagnant chronologiquement chacun des enregistrements studio, ces fameuses sessions comme le sous-titre l’indique. Le lecteur se voit donc entraîné de semaine en semaine, de mois en mois à travers l’aventure si courte et intense du quatuor.
L’auteur scrute dans ces replis intimes et ces phases de questionnement parfois esthétiques, parfois existentiels, un groupe en mutation accélérée du punk rugueux des premiers pas aux ultimes spasmes sonores allant vers des champs glacés et synthétiques, en passant par la relation « attraction-désastre » avec Martin Hannett qui offrira au groupe un son qu’il n’envisageait pas, mais qui deviendra son identité.
Dans ce livre, la musique est au centre, le son est le noyau, une musique portée par des individus qui sortent transformés par une alchimie étrange reposant sur des personnalités antagonistes, de l’amitié, des conflits et de profonds traumatismes. De cette énergie de groupe naîtra une des musiques les plus troublantes et fondatrices de l’after-punk et des disques parmi les plus fondamentaux de l’histoire du rock.
Au fil de la lecture, comme souvent dans les très bons livres sur la musique on est happé et saisi de l’envie de remettre les disques sur la platine, d’explorer toutes les nuances et détails décryptés par l’oreille d’entomologiste de Pierre-Frédéric Charpentier. L’analyse souvent judicieuse de l’évolution des titres session après session, le recours à des extraits des paroles de Ian Curtis est parfaitement dosé et souligne la plongée et les spasmes de l’auteur-chanteur aux prises avec la dépression.
L’autre grande force de cet ouvrage est son choix marqué de ne jamais verser dans le marécage de la « petite histoire » et du faits divers, en restant concentré sur la musique, l’art qui, à eux seuls, dressent un portrait poignant et terrassant de Joy Division.
On ressort de cette lecture troublé et envoûté, le livre réussissant à faire partager de l’intérieur l’histoire de quatre jeunes mancuniens à la trajectoire entre « Licht und Blindheit » (lumières et ténèbres) pour reprendre le titre du disque paru sur Sordide Sentimental en 1980.
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Au final ce livre est incontournable pour les amateurs de Joy Division, même ceux qui pensent avoir totalement épuisé le sujet seront surpris tant par la structure que par le contenu. Sans oublier une qualité d’écriture rare, une langue au cordeau, sobre et précise, jamais baroque ou outrancière. Une lecture plus que recommandée !
La chronique intégrale est disponible sur Trinity Webzine
Certains se souviennent avec émotion que chaque année Bernard Lenoir célébrait la mort du chanteur de Joy Division en diffusant tous les 18 mai, à sa date anniversaire, l’une de ses chansons dans son émission. L’année 2020 marquera les 40 ans du décès tragique de Ian Curtis. Les éditions Le Mot et le Reste, qui rééditent dans quelques jours le premier livre de Peter Hook sur l’Haçienda, publieront le 20 février « Joy Division, sessions 1977–1981 », ouvrage-somme de Pierre-Frédéric Charpentier, qui reviendra sur la chronologie des enregistrements des mancuniens, et sur l’importance capitale de son producteur, Martin Hannett.
Adepte du financement participatif, les éditions du Boulon viennent quant à elles de lancer une nouvelle campagne pour « Twenty-four Hours », récit des 24 dernières heures de la vie de Curtis, signé de l’auteur bordelais Diego Gil.
éditions du Boulon
Des signes parmi d’autres – Peter Hook repasse par la France à l’automne prochain pour une énième tournée commémorative – , qui nous rappellent que le mythe Curtis n’est pas prêt de s’éteindre.