Le résultat est à la hauteur de l’événement avec un ouvrage qui va bien au-delà de la musique, retraçant l’histoire politique d’un pays qui continue d’affronter ses démons intérieurs.
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Revue de presse
L’artiste californien dégaine vendredi son cinquième album, “Mr. Morale & The Big Steppers”. Une nouvelle plongée dans la société américaine, vue par un artiste unanimement salué. […]
Un bon garçon dans une ville folle
Comme les membres du légendaire groupe de gangsta rap NWA, son camarade The Game ou les stars du tennis Venus et Serena Williams, Kendrick Lamar Duckworth est né à Compton, en périphérie de Los Angeles (Californie). Dans son livre Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche, Nicolas Rogès explique que le rappeur a su rester éloigné des démons des ghettos américains. Et ce même s’“il connaissait des membres du gang des Pirus, une branche des Bloods, notamment Show Gudda, son mentor. Très tôt, ce dernier a voulu le protéger, en l’empêchant de prendre part à toutes leurs activités. Ses potes lui ont dit : ‘Regarde ce que tu peux faire avec un micro, tu as des choses plus grandes à accomplir’. En cela, il est un ‘good kid’ dans une ‘mad city’”, résume l’auteur auprès de franceinfo. […]
Retrouvez l’article complet sur France Info
Après cinq ans de silence, le rappeur californien Kendrick Lamar, devenu l’une des bandes-son du mouvement Black Lives Matter, publie “Mr. Morale & The Big Steppers”. Un cinquième album dense où la critique sociale cotoie une forte part introspective.
A 34 ans, Kendrick Lamar est déjà l’une des plus grandes voix du rap américain. Seul artiste de hip-hop à avoir été couronné par un prix Pulitzer pour “Damn”, son dernier album sorti il y a cinq ans, il est même considéré comme un symbole générationnel. Grâce à des textes qui puisent leurs influences dans la littérature noire américaine et les idéaux des grandes figures des mouvements sociaux.
“Lamar s’est nourri de légendes et de violences”, résume Nicolas Rogès pour évoquer la figure qu’il conte dans sa biographie, “Kendrick Lamar – De Compton à la Maison-Blanche” (Le Mot et le Reste, 2020). Le natif de Compton, ville située à trente minutes de Los Angeles et associée depuis trente ans au gangsta rap, s’est émancipé en même temps que la cité californienne s’est affranchie d’une violence à laquelle il n’a jamais pris part.
Pour son retour après cinq d’absence, Kendrick Lamar s’est même offert le luxe de l’annoncer avec un titre supplémentaire ne figurant pas sur son nouvel album. Il a accompagné “The Heart Part 5”, un rap aussi militant que rageur, d’un clip vidéo où il prend grâce à la technique du deepfake l’apparence de figures populaires mais controversées de la communauté afro-américaine, d’O. J. Simpson à Kanye West en passant par Will Smith ou le basketteur Kobe Bryant. Un morceau qui détonne avec les dix-huit autres titres plus introspectifs réunis sur “Mr. Morale & The Big Steppers”, double album où il évoque volontiers ses plaies de l’enfance ou son rôle de père et d’artiste. […]
Retrouvez l’article en intégralité sur la RTS
Comment expliquer cette ferveur et qu’est ce qui rend Kendrick Lamar si populaire? Nicolas Rogès, auteur de la biographie Kendrick Lamar: De Compton à la Maison-Blanche analyse pour BFMTV.com les raisons de ce succès.
Un artiste à contre-courant
En 1995, lors d’une balade avec son père, Kendrick Lamar tombe par hasard sur le tournage du clip de California Love, morceau interprété par ses idoles Tupac Shakur et Dr. Dre. À l’époque, il n’a alors que huit ans mais il le sait déjà: il deviendra rappeur.
Presque 30 ans se sont écoulés depuis cette prémonition, mais Kendrick Lamar n’a pourtant jamais perdu de vue son rêve d’enfant. En l’espace de quatre albums, il s’illustre aujourd’hui comme l’un des rappeurs américains les plus influents de sa génération. Une ascension impressionnante qui s’explique notamment, selon Nicolas Rogès, par le positionnement assumé de l’artiste en marge de l’industrie musicale. […]
Retrouvez l’interview de Nicolas Rogès sur BFMTV
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Quasi invisible depuis cinq ans, Kendrick Lamar a le pouvoir de suspendre le temps… Parce que l’attente a été longue depuis Damn (2017). Et parce que le rappeur de Compton (Californie) nous a habitués à nous faire écouter des choses jamais entendues jusque-là.
« À chaque album, il a su faire évoluer son art, ramener un nouveau concept, loue Nicolas Rogès, journaliste et auteur de Kendrick Lamar : de Compton à la Maison-Blanche. Sa force, c’est qu’en racontant des histoires très personnelles, il parle à beaucoup de monde. » […]
Retrouvez l’interview de Nicolas Rogès sur Ouest France
Il y a 10 jours, Kendrick Lamar sortait Mr Morale & the Big Steppers, son nouvel album attendu depuis plus de cinq ans par ses fans. Selon Nicolas Rogès, biographe de l’artiste, il pourrait s’agir de son dernier opus.
Une suite de sa carrière au cinéma
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« I choose me, i’m sorry », c’est ce que Kendrick Lamar répète en boucle dans cet ultime oeuvre. Pour certains, comme Nicolas Rogès, il s’agirait d’un indice démontrant qu’il s’agit là de son dernier album. Au micro de France Télévision, le biographe apporte tout de même quelques nuances à son propos : « J’ai également perçu cette dernière phrase comme le signe que ce serait son dernier album. Je pense qu’il va se mettre en retrait de la musique de plus en plus parce qu’à 35 ans, il a peut-être dit tout ce qu’il avait à dire. C’est sans doute la fin de Kendrick Lamar tel qu’on le connait. On sait qu’il veut aller de plus en plus vers le cinéma. » À voir quelle décision prendra le californien, mais connaissant sa rareté, les fans risquent de devoir profiter de ce nouvel album pendant de longues années.
Un article à retrouver en intégralité sur Booska-p
Alors que le rappeur Kendrick Lamar vient de sortir un nouvel album après cinq ans d’absence, comment va l’homme, quel est le message de l’artiste, et quel futur se dessine pour le rappeur ? Nous avons interrogé son biographe, le Français Nicolas Rogès, auteur de “Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche”.
Le rappeur américain Kendrick Lamar, figure majeure du hip-hop, vient de sortir son cinquième album, Mr Morale & The Big Steppers, après cinq ans d’absence. Un disque très riche, dans lequel l’artiste âgé de 35 ans se met à nu comme jamais. Qu’il évoque ses traumas de jeunesse, les abus sexuels subis par sa mère et la reproduction infernale des schémas de génération en génération, qu’il médite sur la transidentité, la paternité, la religion, le racisme ou la violence, qu’il aborde ses propres doutes, failles et infidélités, il parvient toujours à passer admirablement de l’intime à l’universel. Avec pour objectif premier de nourrir et faire avancer le débat au sein de sa communauté, à laquelle ce prix Pulitzer adresse en priorité sa prose engagée.
Pour mieux comprendre la portée de son propos et où s’inscrit dans son parcours cet album avec lequel il semble tourner une page, nous avons conversé avec Nicolas Rogès, auteur de Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche, la première biographie (au monde) de cet immense rappeur.
Aveu de son addiction au sexe et de ses infidélités, révélation des abus sexuels subis par sa mère et du changement de genre de sa tante, le fait qu’il confie avoir eu une panne d’inspiration de deux ans et avoir entrepris une psychothérapie : Kendrick Lamar avait-il déjà été aussi loin dans le dévoilement de son intimité que sur ce nouvel album ?
Nicolas Rogès : Je pense que c’est son album le plus personnel, ce qui est fou quand on pense que chacun de ses albums est une exploration de son enfance et de son passé. Je trouve que c’est même parfois difficile à écouter tant il est impudique. Dans des villes laissées pour compte comme Compton, on ne parle jamais de ces problèmes et les gens ne vont jamais voir de psy parce qu’ils ont peur de paraître faibles. C’est un aspect très intéressant de l’album. Je trouve en tout cas qu’il a réussi sur Mr Morale & the Big Steppers à perfectionner sa formule. Damn et To Pimp a Butterfly sont de bons albums mais il fallait se prendre la tête pendant des heures pour en comprendre le sens. J’ai l’impression que celui-ci est plus direct, moins crypté. Il a réussi à faire quelque chose de très intime et très profond tout en étant plus accessible, même si ses textes sont comme toujours ouverts à des centaines d’interprétations et qu’on n’a pas fini d’en faire le tour. […]
Retrouvez l’interview de Nicolas Rogès en intégralité sur France Info
[…] À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait et les idées d’une véritable plume “With Attitude”. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Nicolas Rogès, journaliste musical et auteur de deux livres Move On Up : la Soul en 100 disques et Kendrick Lamar : de Compton à la Maison-Blanche aux éditions Le Mot et Le Reste. De l’approche biographique à la critique artistique, en passant par le reportage sur le terrain, notre conversation ouvre la porte à de nombreuses formes d’écriture, ici appliquées à un sujet qui me tient à cœur : la musique.
Hello Nicolas et merci d’avoir accepté l’invitation ! Cette interview va être assez originale puisqu’on va évidemment parler de toi, mais aussi d’un autre homme sur lequel tu as écrit. Car l’an dernier, tu as publié la première biographie francophone du rappeur Kendrick Lamar. Et comme tout le monde ne le connaît pas forcément, je te propose de présenter le personnage et de nous dire pourquoi c’est selon toi un artiste majeur dans le paysage musical contemporain.
Alors pour commencer, c’est un artiste qui vient d’une ville voisine de Los Angeles : Compton. C’est un lieu important dans l’histoire du [gangsta] rap qui est notamment connu pour avoir vu émerger Dr Dre et le NWA. À savoir que c’est une ville et non un quartier, contrairement à ce qu’on entend souvent. La différence de terminologie est importante car cela a un certain nombre d’implications pour Compton.
Ce qui est intéressant avec Kendrick Lamar, c’est qu’il s’est inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs tout en sachant très tôt dans sa carrière qu’il devrait s’en démarquer — aussi bien dans le style que dans le discours. Ce que j’aime particulièrement chez lui, c’est qu’il est dans une remise en question permanente et une réinvention constante de son art. C’est d’ailleurs ce qui fait son génie, et c’est aussi la clé de sa longévité.
Sur le volet personnel, c’est quelqu’un qui se caractérise par sa discrétion, son humilité, mais aussi par l’importance qu’il accorde à sa famille et ses racines. Et dans sa vie, rien n’est plus important que Compton et les gens avec qui il a grandi. Si bien que c’est un fil rouge dans sa discographie qui le fera remettre en question son impact et sa célébrité au fil des années.
Et s’il n’a pas créé de rupture au sein du rap ou créé de nouveau courant musical, c’est à mes yeux un artiste majeur dans le sens où il a réussi à s’imposer tout mettant un point d’honneur à rester lui-même. Ses albums sont très importants d’un point de vue politique, social et culturel tant ils disent de choses sur le monde qui nous entoure.
Pour être tout à fait honnête avec toi, Kendrick n’est pas mon artiste préféré — loin de là même. Mais je suis fasciné par sa capacité à être un modèle pour les gens qui l’entourent. Et pour moi, c’est la marque de fabrique des plus grands artistes aujourd’hui. […]
L’interview est disponible en intégralité sur Plumes With Attitude
Par la force des choses, les ouvrages écrits en France sur des musiciens anglo-saxons se basent souvent sur des informations de seconde main. Trop loin, trop cher, trop de barrières, pour qui voudrait mener une enquête directement sur place. Nicolas Rogès, cependant, un auteur déjà connu pour Move on Up, une très recommandable anthologie de la soul music, ne s’est pas contenté d’une démarche d’archiviste. Il est allé au charbon, il a livré un travail de fourmi, contactant tous les proches de son sujet d’étude, en interviewant beaucoup. Il s’est aussi déplacé sur les lieux, à Compton, un détour dont il a rendu compte dans Libération et chez L’ABCDR du Son. La couverture même de son livre, il l’a faite illustrer par Anthony Lee Pittman, un artiste des lieux. Et au bout de cet effort, il a publié une biographie complète de Kendrick Lamar, rappeur phare de la dernière décennie, telle qu’il n’en existe même pas en anglais.
Cet ouvrage très documenté passe en revue toutes les facettes du rappeur, toutes les contradictions de celui qui, comme le souligne le titre de son second album Good Kid, M.A.A.D City, est un gentil garçon qui a grandi dans un environnement de bad boys. Issu de Compton, adoubé par The Game et Dr. Dre, l’ancien K-Dot descend en droite ligne du gangsta rap californien. Et pourtant, même s’il rejette l’étiquette trop commode de “rappeur conscient”, il est un homme réfléchi qui s’engage socialement. Il a sorti des albums concept ambitieux (pour ne pas dire prétentieux), gorgés d’influences jazz et soul, mais il a aussi renoué avec la simplicité et les sonorités plus contemporaines de la trap music, avec le virage de DAMN. Il a surtout pris soin, à chaque nouvelle sortie, de renouveler sa formule de fond en comble.
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Retrouvez la chronique en intégralité sur Fake For Real
Originaire de Grenoble, Nicolas Rogès a écrit la première biographie française du rappeur californien Kendrick Lamar. Pour cela il s’est rendu à Compton, dans le comté de Los Angeles, afin de s’imprégner de la ville où a grandi l’artiste. Si il n’a pas pu approcher Kendrick Lamar ni son label, très discrets dans les médias, il nous raconte son voyage, les lieux et les rencontres qui lui ont permis de retranscrire le parcours d’une icône générationnelle.
L’interview de Nicolas Rogès est à retrouver en vidéo sur Le Dauphine libéré
Kendricak Lamar, de Compton à la Maison-Blanche écrit par Nicolas Rogès est dans la sélection de Noël de Sortir à Paris !
“Voilà un ouvrage pour en savoir plus sur cet artiste incontournable de la scène hip-hop américaine. Ses cinq albums, plébiscités par la critique et le public, lui ont permis de déjouer les pronostics en s’élevant au-dessus de la misère et des gangs associés à sa ville natale. Cette biographie, tissée sur place au contact de son entourage, retrace le parcours de l’un des nouveaux « rois du hip-hop », couronné en 2017 d’un prix Pulitzer.”
La sélection est à retrouver sur Sortir à Paris
Les réjouissances de fin d’année arrivent à grands pas et elles ne se feront pas sans musique, malgré la fermeture des salles de concert. Sachant que le livre devrait être cette année un des cadeaux les plus en vue, nous avons sélectionné cinq ouvrages à glisser sous le sapin au rayon musiques actuelles. Comme le dit le DJ Laurent Garnier depuis le début de la crise sanitaire #heureusementwestillhavemusic (heureusement nous avons encore la musique).
Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche de Nicolas Rogès
Adulé dans le hip-hop où il est considéré par beaucoup comme une sorte de “Messie”, Kendrick Lamar est un cas d’école. Comment cet Afro-Américain né il y a 33 ans à Compton, quartier déshérité de Los Angeles, s’est-il retrouvé en quelques années à la proue du rap mondial, jusqu’à être le premier rappeur à obtenir le Prix Pulitzer ? Pour cette biographie aussi minutieuse que son sujet, l’auteur Nicolas Rogès s’est rendu à Compton, où il multiplié les rencontres et les entretiens avec une vingtaine de personnes de l’entourage, amis d’enfance, collaborateurs, conseillers de l’ombre et premiers partenaires du virtuose de la rime. Son ouvrage éclaire la personnalité de Kendrick Lamar, dévoile ses influences, décrypte ses textes personnels et politiques fourmillants de références littéraires et historiques, et analyse l’ensemble d’une œuvre brillante sans cesse réinventée qui lui a déjà valu 13 Grammy Awards. On y découvre notamment un activiste très influent mais taiseux, qui préfère oeuvrer sur le terrain plutôt que fanfaronner sur les réseaux sociaux : si la lutte contre les discriminations imprègne chacune de ses chansons, elle guide aussi chacun de ses actes en faveur des siens, mais en toute discrétion.
La sélection est à retrouver sur France Info
Retour de Moggo sur écoute pour un cinquième épisode cette fois dédié au label Top Dawg Entertainment. L’occasion de revenir sur le groupe Black Hippy composé de Kendrick Lamar, Schoolboy Q, Jay Rock et Ab-Soul. Pour nous accompagner, Nicolas Rogès qui a sorti le livre “Kendrick Lamar, de Compton à la maison blanche” et Sandra aka Beforesuccess, photographe mais également animatrice du podcast Outcast et Tiers-list.
Réécouter le podcast Moggo sur Ecoute, Partie 1 / Partie 2
Autrefois, le free jazz sonnait l’alarme et dénonçait l’immobilisme créatif et social de la grande Amérique. 50 ans plus tard, la fronde est toujours aussi vivace mais s’exprime avec les outils d’aujourd’hui, les acteurs d’aujourd’hui, les courants et modes d’aujourd’hui. En 1987, un futur et brillant orateur voyait le jour à Compton en Californie. Kendrick Lamar Duckworth allait devenir un artisan de la rébellion afro-américaine. Son intelligence, cadencée par des mots cinglants et réfléchis, a touché la fibre contestataire de toute une génération. Le journaliste Nicolas Rogès lui consacre un ouvrage complet, Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche , disponible aux Éditions “Le Mot et le Reste”.
Une émission à réécouter sur RFI Musique // L’épopée des musiques noires
La biographie de Kendrick Lamar par Nicolas Rogès est dans Les Essentiels de Basique !
En collaboration avec les éditions Faces Cachées, La Place présente un rendez-vous avec la littérature et ceux qui l’écrivent. Auteurs à succès, primo-romanciers ou journalistes, ils ont tous rédigé et publié un livre. L’occasion de discuter avec un invité de son parcours, travail et méthodes d’écriture, et d’échanger avec le public sur un domaine aussi fantasmé que méconnu.
À l’occasion de la sortie du livre “Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche” (éditions Le mot et le reste), les journalistes de l’Abcdr Du Son Raphaël Da Cruz et Sébastien Darvin reçoivent l’auteur Nicolas Rogès.
Une interview à réécouter sur Youtube
Pour tous les fans du grand Kendrick, les amateurs de rap US ou les curieux de la société américaine, la première biographie du rappeur génial de Compton.
Au-delà du simple récit biographique, en soi déjà passionnant, ce texte va fouiller dans l’histoire sociale et politique des États-Unis de manière éclairée et éclairante, loin des clichés.
À noter la très belle « cover », magnifiquement illustrée par le brillant artiste peintre Anthony Lee Pittman.
Que pouvait-il bien y avoir dans le biberon de Kendrick Lamar pour qu’il devienne l’un des plus grands rappeurs de ces dernières années, le seul à avoir reçu le prestigieux Prix Pulitzer? C’est l’une des questions que pose le journaliste Nicolas Rogès dans son passionnant De Compton à la Maison Blanche. Grâce à lui, on vous donne quelques éléments de réponse plus un mix spécial gorgé de lactose.
Chronique et mix à lire et écouter sur Le Grigri
À la 44’15 min sur Get Busy, on parle de la biographie de Kendrick Lamar écrite par Nicolas Rogès, et on en parle bien !
Ecouter le replay de Get Busy.
L’émission Spectrum diffusée sur RTS a consacré une série en 5 épisodes à Kendrick Lamar, vu par Nicolas Rogès. Si vous l’avez manquée, vous pouvez écouter les épisodes en podcast :
Ecouter l’épisode 1.
Ecouter l’épisode 2.
Ecouter l’épisode 3.
Ecouter l’épisode 4.
Ecouter l’épisode 5.
Et un article à lire sur RTS
Premier rappeur à être récompensé d’un prix Pulitzer, en 2017, Kendrick Lamar est désormais considéré comme un symbole générationnel. Une biographie réussit à percer le mystère de cette star californienne discrète du hip-hop, à partir de sa ville natale Compton.
Trente-trois ans et un talent insolent. Premier rappeur à être récompensé d’un prix Pulitzer en 2018 pour son album “Damn”, Kendrick Lamar est désormais considéré comme un symbole générationnel, grâce à des textes qui puisent leurs influences dans la littérature noire américaine et les idéaux des grandes figures des mouvements sociaux.
“Lamar s’est nourri de légendes et de violences”, résume Nicolas Rogès à la RTS pour évoquer la figure qu’il conte dans sa biographie récemment parue, “Kendrick Lamar – De Compton à la Maison-Blanche”. Le natif de Compton, ville située à trente minutes de Los Angeles et associée depuis trente ans au gangsta rap, s’est émancipé en même temps que la cité californienne s’est affranchie d’une violence à laquelle il n’a jamais pris part.
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Si on connaissait déjà Nicolas Rogès pour son bon livre Move On Up, la soul en 100 disques, on est heureux de retrouver sa plume dans un ouvrage au long souffle qui se consacre cette fois plus particulièrement à Kendrick Lamar, ainsi qu’à l’entourage et la ville de ce dernier. Sans surprise, l’auteur y mobilise encore un savoir d’archiviste – dont on vous parlera plus en détails avec le prochain Marque ta Page, qui aborde donc son ambitieux Kendrick Lamar, de Compton à la Maison-Blanche.
Cette capacité à accumuler des informations, à les débusquer comme à les articuler, ne constitue pas la principale qualité de l’auteur, ayant pris l’habitude de déployer son discours : tant sur les réseaux sociaux, dans des magazines comme Soul Bag, ou même à l’occasion de récits plus romanesques, Nicolas Rogès a quelque chose à dire de tout, et souvent le dit bien – avec beaucoup ou peu de mots.
Puisque nous avions prévu de le rencontrer, avant que le coronavirus ne retarde cet échange en gelant le monde de la culture et des relations humaines, on s’est dit qu’il était assez pertinent de lui demander une Boite à Trésors avec les 10 titres qui suscitent spontanément chez lui l’envie de libérer ses histoires. Ne sachant pas s’en empêcher, l’auteur a préféré nous livrer ses pépites du moment, toutes frappées d’un justificatif efficace. Et c’est tant mieux.
À écouter sur Goûte mes Disques
Dans ce quatrième épisode de votre deuxième saison de Topline, vos 3 chroniqueurs ont reçu l’auteur Nicolas Rogès, pour discuter de son tout récent bouquin sur un des artistes les plus influents de sa génération, le natif de Compton, Kendrick Lamar.
Une interview à écouter dans le podcast Topline
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Ce n’est pas un livre destiné aux connaisseurs de rap ou aux auditeurs du rappeur ; c’est un livre pour les passionnés de musique, d’histoire et d’histoire de la musique.
En dépit de ses 425 pages, il est loin d’être indigeste et l’écriture y est pour beaucoup. Une lecture agréable du début à la fin donnant parfois l’impression de lire une fiction, tant la narration est entraînante. C’est un cadeau que Nicolas Rogès nous fait, lui qui avait prévu d’arrêter d’écrire sur la musique après la sortie de Move On Up : La soul en 100 disques. Un ouvrage écrit par un passionné qui traite d’un rappeur passionnant, qui – pour l’anecdote – est le premier artiste hip hop à avoir remporté un prix Pulitzer.
Alors merci, la fan que je suis est conquise.
La chronique est à lire dans son intégralité sur Citizen Jazz
Kendrick Lamar, son voyage à Compton, son livre… À l’occasion de la sortie de « Kendrick Lamar : de Compton à la Maison Blanche », rencontre avec l’auteur Nicolas Rogès.
L’interview est à découvrir en vidéo sur Youtubeïque
Nicolas Rogès est auteur, conférencier et journaliste. Il publie en 2018 son premier livre, Move On Up, la soul en 100 disques aux éditions Le Mot Et Le Reste. Deux ans plus tard, il sort chez le même éditeur son nouveau livre Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche sur la star du rap Kendrick Lamar. Nous avons eu la chance d’échanger avec lui sur son parcours, son travail et ses influences.
Équipe Créative : Bonjour Nicolas, merci d’avoir accepté notre invitation. Est-ce que vous pourriez vous présenter pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas forcément, nous raconter votre parcours et comment êtes-vous passé d’auditeur à journaliste puis auteur ?
Nicolas Rogès : J’ai l’impression que je ne m’en suis pas du tout rendu compte dans la mesure où j’ai commencé à écrire au lycée, je devais avoir 17 ou 18 ans. A la fac, je ne faisais pas quelque chose qui me passionnait donc je voulais une sorte d’échappatoire et ça a été l’écriture. La musique me passionnait aussi, alors je me suis dit pourquoi pas écrire sur ce sujet. Finalement, j’ai commencé sur un blog, puis j’ai intégré des plus grosses structures et j’ai proposé des articles à des magasines, comme Soul Bag. A un moment, j’en ai eu marre d’écrire sur le web, il y avait plusieurs choses qui me frustraient, et je voulais écrire sur du papier. C’est pour ça que j’ai écrit mon premier roman, qui n’est pas encore publié, et que j’ai enchaîné avec le livre sur la soul. Et même si le livre sur la soul n’a pas très bien marché médiatiquement, il m’a donné une certaine crédibilité, ça a boosté mon CV et permis d’intégrer des structures comme Libération ou de travailler pour l’Abcdr du Son, et aussi de prétendre à des financements pour le livre suivant. Ce livre sur la soul m’a appris plein de choses, m’a permis de m’améliorer et d’acquérir énormément d’expérience.
L’interview complet est à retrouver sur l’Equipe Créative
Nicolas Roges, l’auteur de la biographie de Kendrick Lamar, revient sur son parcours et l’écriture de ce livre.
L’interview vidéo est disponible sur Youtube
C’est un travail de titan qu’a abattu le journaliste-auteur Nicolas Rogès. La biographie qu’il a consacrée à Kendrick Lamar est en effet terriblement fouillée, méticuleuse, touffue. Et surtout passionnée. Il faut dire que son sujet est passionnant. Mais aussi terriblement casse-gueule.
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Nicolas Rogès relève le défi en ayant notamment épluché pendant deux ans des dizaines d’interviews, vidéos, etc. Il s’est également rendu sur place à Compton, Los Angeles, là où tout a débuté pour Lamar : Rogès en a ramené mille détails, couleurs, nuances, odeurs…. Auteur de Move on up, la soul en 100 disques, toujours aux éditions Le mot et le reste, il s’est également évertué à replacer le rappeur et son label TDE dans un contexte, historique notamment, plus large, revenant par exemple sur les luttes pour les droits civiques et les émeutes de Watts. C’est aussi là une des grandes qualités d’un ouvrage qui parvient à synthétiser l’une des trajectoires les plus éblouissantes, mais aussi complexes, de la musique populaire actuelle.
Découvrez la chronique intégrale en ligne
*Journaliste et passionné de rap, Nicolas Rogès a écrit la première biographie en français sur Kendrick Lamar.
Nicolas Rogès a écrit un livre à la fois vivant, ouvert à ceux qui ne connaissent pas forcément bien Kencrick Lamar, mais aussi un livre précis pour les spécialistes de hip-hop. Un livre pour tous, que l’on peut lire dans les transports ou le soir avant de s’endormir. Si la spécialisation est là, la détente aussi et c’est la force de cette biographie qui ne se déroule pas de façon chronologique, mais qui permet quand même de suivre Kendrick Lamar à la trace…*
Pourquoi avoir choisi Kendrick Lamar comme sujet de ton livre ?
C’est une personnalité intéressante, car il n’entre pas dans les schémas médiatiques traditionnels. C’est un activiste, mais il est très discret, il ne parle jamais, y compris sur les réseaux sociaux, cela fait deux ans qu’on ne l’a pas vu, c’est aussi ce qui est frustrant pour ses fans. Il s’implique beaucoup dans sa communauté, notamment à Compton où il revient souvent. Il distribue des jouets, des fournitures scolaires, il soutient des labels locaux, il organise des œuvres de charité, il est très actif sur le plan social. Et puis, c’est une icône générationnelle depuis la sortie de “Alright” qui a été un hymne pour le mouvement Black Lives Latter en 2015 et encore aujourd’hui avec ce qu’il se passe aux Etats-Unis. Je trouvais aussi intéressant d’écrire sur l’histoire quand l’histoire est toujours en marche. On a tendance à écrire sur les gens uniquement quand ils sont morts. Et puis, je voulais aussi que ce livre serve de grille de lecture pour les prochains albums de Kendrick Lamar.
C’est vrai qu’il y a beaucoup de références à ses textes…
Oui, je me suis beaucoup appuyé sur ses paroles. Je les remets dans leur contexte à la fois musical et historique pour offrir deux niveaux de lecture sur la musique que tu écoutes. Le meilleur retour que l’on puisse me faire, c’est de me dire, j’ai écouté “King Kunta”, je l’écoute tout le temps, c’est super entraînant, mais, maintenant j’ai compris pourquoi il l’avait appelé comme ça. C’est vraiment important pour moi. Parce qu’il y a quand même quelque chose de frustrant chez Kendrick pour un public français, c’est que ce n’est pas forcément facile de bien comprendre tout ce qu’il dit et c’est vraiment dommage de passer à côté parce que dans l’album “To Pimp a Butterfly”, il dit énormément de choses sur le monde qui nous entoure. C’est pour cela que j’ai voulu traduire certains de ses textes pour les mettre à disposition d’un public pas forcément bilingue. Mais le livre, ce n’est pas que ça, j’ai vraiment retracé toute sa vie depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui.
Tu as été à Compton suivre ses traces ?
Oui, c’était hyper important d’aller sur le terrain. Dans “good kid”, il parle de rues, de magasins ou de fast-food dans une écriture très visuelle. D’ailleurs, le sous-titre de “Good Kid, Maad City” c’est “un court-métrage” par Kendrick Lamar. Alors, j’ai eu envie de voir ça de moi-même. Je suis donc parti à Compton pendant une grosse semaine avec Julien Cadena, un photographe professionnel. Sur place, on a réalisé un reportage sur Compton publié par l’Abcdr du son dans lequel on a interrogé beaucoup de proches de Kendrick Lamar.
Et le toucher lui, c’est impossible ?
(Rires) TDE, c’est une forteresse, ils ne communiquent avec absolument personne sauf quand ils sont en promotion, et même là, c’est difficile. Moi, je les ai harcelés sur les réseaux sociaux. Je sais qu’ils sont au courant que j’ai écrit un livre parce que j’ai quand même réussi à avoir un manager de TDE et un des meilleurs potes de Kendrick lui a envoyé un texto pour lui dire ce que je faisais ça donc je sais qu’ils sont au courant, par contre je n’ai pas eu de retours. J’ai essayé de faire des choses “fourbes” comme aller voir des stagiaires qui venaient d’arriver chez TDE que je repérais sur LinkedIn et j’allais leur parler. Eux, ils me disaient qu’ils allaient se renseigner et je n’avais plus de nouvelles. Ça m’est arrivé 4 ou 5 fois donc j’ai arrêté. Au début, c’était frustrant, mais ça m’a forcé à chercher autour de TDE et Kendrick et donc d’aller interviewer des gens qui ont fait partie de leur vie, mais qu’on n’interroge jamais.
[…]
En amont, cela doit nécessiter un gros travail ?
C’est vraiment long et c’est parfois frustrant parce que tu envoies plein de messages sur Instagram ou sur Twitter et beaucoup ne te répondent pas. Un jour, par miracle, un mec qui s’appelle G-Weed, une légende de Compton et un mentor pour Kendrick, a posté la photo de “To Pimp A Butterfly” et a taggué toutes les personnes qui sont sur la photo, car ce ne sont pas des figurants mais bien des potes de Kendrick Lamar. J’ai récupéré plein de comptes Instagram comme ça et je les ai tous contactés. Au final, j’ai pu rencontrer une vingtaine de personnes de cette façon. C’est un travail de fourmi, j’ai fait une sorte de généalogie autour de lui en partant de ses clips, de ses photos. Ça m’a pris six mois environ de faire ça, mais j’ai pu apprendre plein de choses sur Kendrick, sur son enfance et j’ai confirmé des choses sur lui que je savais déjà.
Toute l’interview est disponible sur Générations
“Grâce à Kendrick Lamar, les rappeurs n’ont plus peur de se montrer vulnérables” : Nicolas Rogès publie la première biographie du prodige de Compton
L’auteur Nicolas Rogès vient de sortir “Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche”, la toute première biographie du rappeur américain. Nous lui avons parlé.
Parce qu’il voulait “voir les choses dont parle Kendrick Lamar dans ses albums”, l’auteur Nicolas Rogès a fait le déplacement à Compton (Los Angeles), ville natale et point d’ancrage du virtuose de la rime. Là, il a multiplié les rencontres et les entretiens avec une vingtaine de personnes de son entourage, amis d’enfance, collaborateurs, conseillers de l’ombre et premiers partenaires de rap. Il en résulte Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche, une biographie riche et détaillée, la première au monde (une autre doit sortir en octobre aux Etats-Unis) sur celui qui a souvent été qualifié de “Messie du hip hop”.
Aussi minutieuse que son sujet, elle éclaire la personnalité du rappeur Prix Pulitzer âgé de 33 ans, dévoile ses influences, décrypte ses textes aussi personnels que politiques fourmillants de références littéraires et historiques, et analyse l’ensemble d’une œuvre brillante sans cesse réinventée qui lui a déjà valu 13 Grammy Awards. Plonger dans le parcours exceptionnel de ce jeune noir d’un quartier deshérité de Los Angeles arrivé au sommet à la seule force de sa volonté, c’est aussi mettre un pied dans la fabrique du rap et en particulier dans l’ascension du label exigeant qui l’a vu naître, Top Dawg Entertainment, issu des mêmes quartiers. Et au-delà, se mettre à l’écoute d’une génération d’Afro-américains “grandie dans la fournaise des ghettos, marquée par le racisme institutionnalisé”.
Nicolas Rogès revient pour nous sur ses motivations et sur ce qu’il a découvert en écrivant cet ouvrage incontournable pour les admirateurs de ce lutteur du verbe, l’un des plus éminents représentants du “rap conscient”.
Quel est votre rapport personnel au hip-hop et à Kendrick Lamar en particulier ?
Nicolas Rogès : Je suis né en 1991 et le hip hop est la musique de ma génération, j’ai l’impression d’avoir baigné dans le rap toute ma vie. Pour quelqu’un qui a grandi comme moi à Grenoble, cette musique était une fenêtre fascinante sur un monde que je ne connaissais pas. Kendrick Lamar, je m’y suis intéressé parce qu’il a cette faculté assez unique de raconter des histoires. Son album Good kid, m.A.A.d city qui l’a fait connaître est presque un roman et j’adore sa capacité à emporter son auditeur sur des chemins jamais arpentés.
Que représente-t-il dans le rap actuel ?
Kendrick Lamar a réincarné une certaine conception du rap qui s’était perdue. Les albums concept, les chansons qui durent une douzaine de minutes avec 25 couplets, c’est presque à contre-courant des canons de l’industrie actuellement. Même dans sa manière de communiquer, Kendrick Lamar est différent : à l’heure où tout le monde poste au moins deux photos par jour sur Instagram, il est discret, il communique peu. Et puis il a amené autre chose : le rap de la côte Ouest a souvent été associé au gangsta-rap, un rap de gangster, très violent. Lui parle exactement des mêmes choses mais sous une perspective différente : celle du bon gamin, ce “good kid”, comme il se décrit lui-même. Il parle de la même réalité mais il dit : “La culture des gangs a tué des amis à moi et des membres de ma famille, l’alcoolisme a précipité des gens de mon entourage dans les abysses de l’addiction”. Son point de vue a changé pas mal de choses dans le monde du rap : maintenant les rappeurs n’ont plus peur de montrer qu’ils sont vulnérables.
Il a pu parfois agacer par son côté vertueux…
Je n’ai pas voulu faire un livre à la gloire de Kendrick Lamar, j’ai un peu égratigné aussi sa légende parce qu’effectivement on le présente toujours comme l’enfant béni du rap, le Messie, celui que personne ne peut critiquer, celui qui a gagné un prix Pulitzer. C’est un peu le rappeur qu’il est acceptable d’écouter pour les gens empêtrés dans des clichés qui estiment – à tort – que le rap est une musique de voyous et de gangsters. De ce côté-là, effectivement, il peut être un peu énervant.
Pourquoi avoir écrit cette biographie, la première à sortir sur cet artiste âgé seulement de 33 ans ?
Parce que c’est un artiste qui dépasse complètement le cadre de la musique et vient interroger le monde qui nous entoure. Les brutalités policières, le rapport à la violence, le rapport à la religion. Il questionne aussi ce que c’est que d’être un leader dans une communauté. Il ne se présente pas du tout comme un saint. Il dit : j’ai vu le sang couler et j’ai fait couler du sang, sachez que j’ai un passé lourd à porter. Cette opposition permanente qu’il montre entre le bien et le mal, entre la paix et la violence, entre le sang et l’eau bénite, en fait un artiste très intéressant à analyser. Il n’a que 33 ans mais c’est un bourreau de travail doté d’une capacité à se réinventer propre aux grands artistes comme Bowie et Prince, et qui construit ses albums de façon très méticuleuse, avec un sens maniaque du détail.
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Pourrait-il y avoir en France un Kendrick Lamar ?
En France, il y a de très belles plumes. Mais Kendrick Lamar est unique. C’est ce qui fait que sa musique est intéressante : elle prend sa source dans des choses très personnelles. En France, certains écrivent très bien. Je pense à Alpha Wann de l’Entourage. J’adore le rappeur montpelliérain Sameer Ahmad qui fait des albums très complexes lui aussi. Comme le rap américain, le rap français est souvent présenté de la mauvaise manière à coups de clichés alors qu’il y a des auteurs splendides. Gaël Faye, que j’ai découvert à ses débuts quand il était encore avec Milk Coffee and Sugar écrit magnifiquement bien et il a cette même démarche de décrire le monde avec ses textes. Mais il n’y aura pas d’autre Kendrick Lamar.
Comment imaginez-vous Kendrick Lamar dans dix ou vingt ans ? Le voyez devenir businessman ou entrer en politique ?
S’engager en politique, je ne pense pas. Un de ses amis d’enfance me disait que s’il se présentait à la mairie de Compton, il n’aurait aucune concurrence et serait élu tout de suite. Mais je doute que ça l’intéresse. Il y a peu, il avouait qu’il ne votait même pas. Aux prochaines élections, vu l’enjeu, j’espère qu’il va se mettre à voter. Il dit : “Mon pays m’a rendu la vie très difficile et rien ne change jamais au niveau politique. Par contre moi je peux agir à mon niveau auprès des gens qui comptent pour moi et changer des choses.” Par ailleurs, il se rapproche beaucoup du monde du cinéma. D’abord avec la bande originale de Black Panther qu’il a dirigée et puis son label a signé un très gros contrat avec Warner Bros. En outre, ses clips sont de véritables court-métrages donc il va aller vers ça. Pas forcément réalisateur de films, mais coordinateur, proposant des sujets. Ou alors il montera un label, conseillera des artistes locaux. Il fera peut-être de moins en moins de musique parce que je suis persuadé qu’à partir du moment où il n’aura plus rien à dire il arrêtera.
Vous qui êtes bien renseigné, savez- vous si un nouvel album arrive ?
Je suis même sûr qu’un nouvel album devait arriver autour du mois de juin puisque Kendrick Lamar était prévu en tête d’affiche de nombreux festivals du monde entier. Le disque a été reporté. Or là il vient d’être photographié par un paparazzi en train de filmer un clip donc à mon avis quelque chose va arriver en fin d’année ou au début de l’année prochaine. Je dis ça mais avec lui on ne sait jamais, il peut sortir quelque chose demain ou dans six ans. Quelque chose arrive mais on ne sait pas quand.
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On a discuté avec Nicolas Rogès, auteur de l’ouvrage “Kendrick Lamar : de Compton à la maison Blanche”. Dans ce livre immersif et passionnant, il raconte comment ce “bon gamin ” discret qui esquivait les balles dans les rues de Compton, est devenu un rappeur de légende.
Écrire un livre sur Kendrick Lamar ? En voilà un défi de taille tant l’aura du rappeur est aujourd’hui immense. Pas de quoi effrayer Nicolas Rogès, conférencier et auteur français originaire de Grenoble qui vient de sortir son nouveau livre intitulé Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche . Publié aux éditions Le mot et le reste, l’ouvrage de plus de 400 pages s’emploie à retracer la vie et le parcours hors du commun d’un artiste devenu en à peine quelques années de carrière, une légende la musique et, bien au-delà, une icône générationnelle.
Un ouvrage de terrain et ancré dans l’Histoire
Finalement, une fois cela dit, que connaissons-nous vraiment de Kendrick Lamar Duckworth ce « bon gamin » qui a grandi dans une « ville de dingue » ? Car si ces textes, ses interviews et son entourage en disent déjà beaucoup sur lui et son vécu, il faut évidemment creuser bien plus profond pour cerner toute la complexité, le génie et l’ambiguïté du personnage. C’est ainsi que, pour parfaire sa démarche littéraire, en plus d’un pointilleux travail de recherche, entre analyse de textes et compilation de sources, l’auteur s’est livré à un véritable travail d’investigation et de terrain. Son objectif ? Dresser le portrait du rappeur et raconter son histoire en s’immergeant au plus près de sa vie et de son quotidien.
Il raconte :“Je suis parti huit jours à Compton. C’était court, mais intense. J’ai rencontré et échangé avec ses proches et ses amis d’enfance, ceux qui étaient là avant qu’il devienne la superstar qu’il est aujourd’hui. Beaucoup l’oublient, mais Kendrick a rappé pendant presque dix ans avant d’être repéré et signé par Dr. Dre”.
La force de cet ouvrage est bien là, il fouille et met en lumière des facettes encore jamais ou peu exploitées dans l’historiographie de Kendrick Lamar. Ce livre n’est en effet pas uniquement centré sur l’artiste lui-même, mais aussi sur la ville de Compton et son histoire. « Il est impossible de reconstruire correctement l’histoire de Kendrick sans la confronter avec l’histoire socio-culturelle et économique de Los Angeles et de Compton », affirme l’auteur.
Tout comme il est également impossible de parler de sa réussite sans la mettre en lien avec l’histoire rocambolesque de son label Top Dawg Entertainment “Le succès de Kendrick Lamar est avant tout un succès d’équipe. Il est à mettre au crédit de son talent bien sûr, mais surtout à TDE. Sans ses collaborateurs, des mecs de l’ombre comme MixedByAli, Sounwave, Dave Free et Top Dawg, Kendrick n’existerait pas. On parle de lui comme « l’enfant prodige au succès fulgurant”, mais dans les faits, ce n’est pas du tout le cas”.
Déconstruire les mythes d’une véritable “succes story”
Et c’est là encore que le livre se différencie. Cet ouvrage n’est effectivement pas à prendre comme un récit de groupie à la gloire de Kendrick. En s’affranchissant le plus possible de l’affect, son auteur veille à toujours à prendre un maximum de recul. ” Je ne voulais pas écrire un livre qui dit : “regardez comme Kendrick est grand, il a battu tous les records et c’est le plus grand artiste de tous les temps ! “Kendrick est un artiste comme un autre, aussi brillant soit-il, il n’est pas intouchable comme certains l’affirment. On peut tout à fait saluer son impact et la qualité de son travail en pointant ses faiblesses, ses désaccords et ses contradictions. Par exemple, comme me le disait Raphaël Da Cruz, si dans son discours, c’est un leader, s’il est incontestablement une icône pour la cause afro-américaine, musicalement, il n’est pas un artiste très influent et n’a jamais instigué de tendances. Aujourd’hui au niveau du son, personne ne fait du Kendrick. Dans le rap, ils sont beaucoup plus à faire du Future ou du Drake ».
Bien sûr, cela n’enlève en rien à l’immensité de son talent et à la force de son l’impact sur les gens. S’il est arrivé à un tel niveau de prestige aujourd’hui, ce n’est pas sans raison. Au-delà de sa musique, Kendrick s’est, comme chacun sait, imposé comme un leader charismatique, au point de devenir la voix la communauté afro-américaine désabusée.
Dans un pays profondément marqué par les violences raciales et gangrené par les violences policières, le rappeur a utilisé la force des mots pour panser les plaies des membres de sa communauté et leur redonner de l’espoir. Ce fut notamment le cas avec son album To Pimp A Butterfly sorti en 2015, ancré dans son époque et profondément marqué politiquement. “S’il n’est pas mon artiste préféré, Kendrick m’a toujours énormément intéressé de par sa dimension sociale et politique. C’est le genre d’artiste comme Curtis Mayfield qui font des chansons qui te font réfléchir”, admire Nicolas. Une démarche artistique qui l’a mené jusqu’à la Maison-Blanche, où il a pu serrer la main de Barack Obama.
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Quid du nouvel album ?
Aujourd’hui, une question est désormais sur toutes les lèvres : après les succès de Good Kid ma.a.a.d City, To Pimp A Butterfly, Damn. et la BO inspirée du film Black Panther, que peut bien donc nous préparer Kendrick Lamar ? Les bruits de couloirs parlent d’un album inspiré du rock. Bien qu’il n’ait, bien entendu, obtenu aucune information concernant les plans futurs du rappeur, Nicolas Rogès, avec ce qu’il a appris du rappeur et de sa manière de travailler, ne s’est pas privé de faire un pronostic :
“Je suis persuadé que son album est prêt depuis longtemps. Je ne saurais pas dire de quelle couleur il sera, mais je suis sûr que ça sera quelque chose de radicalement différent par rapport à ses projets précédents. Une des forces de Kendrick, c’est de savoir se réinventer en permanence. Il va là où on ne l’attend pas et se moque totalement de heurter ses auditeurs. Tant mieux, c’est comme ça qu’on s’inscrit dans la durée. C’est la marque des grands artistes. Pour son futur album, je ne sais pas s’il sonnera rock, mais ça ne m’étonnerait pas. Je ne serais pas surpris non plus qu’il arrive avec quelque chose de très chanté. C’est quelque chose qu’il développe depuis Black Panther et que l’on retrouve dans des morceaux plus récents qui ont fuités. Je n’ai pas de certitudes, mais je sais que ça sera différent et rien que pour ça, c’est une bonne chose”.
Qu’importe ce qu’il nous réserve, soyez sûrs que dans 10–20 ans, les habitants de Compton et du monde entier continueront de louer son nom. Kendrick Lamar, lui qui au même titre qu’Ice Cube, The Game, Eazy-E, DJ Quick, Dr. Dre ou NWA, peut être fier de faire partie du Panthéon rap de la côte ouest pour l’éternité.
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Retracer le parcours de Kendrick Lamar, de Compton à la Maison-Blanche, c’est le défi que s’est lancé Nicolas Rogès, dans son livre dévoilé mi-septembre aux éditions Le mot et le reste. Le fruit d’un travail de terrain de plusieurs années, en parcourant la ville natale du rappeur, et en tentant de percer les secrets du si intime TDE. Témoignages, rencontres et découvertes : l’auteur se confie sur cette expérience humaine, chargée de dresser le portrait inspirant de l’un des plus influents artistes de cette dernière décennie.
Tu as déjà parlé de musique dans ton précédent livre “Move On Up: La soul en 100 disques essentiels“, une musique qui d’ailleurs a fortement influencé le rap. Pourquoi commencer à parler de rap avec Kendrick Lamar ?
En fait, ça fait très longtemps que j’écris sur le rap, c’est la musique avec laquelle j’ai grandi. Je suis vraiment de cette génération. Ça fait dix ans que j’écris sur la musique, sur des blogs et des webzines (Néo Boto). L’idée du livre est née lors d’une réunion avec mon éditeur après la sortie de mon livre sur la soul pour discuter de mon prochain projet en octobre 2018. Il m’a d’abord proposé une biographie de Jay Z ou Eminem : je n’étais pas du tout emballé. Non pas parce que je n’aime pas ces artistes, mais je ne me sentais pas forcément prêt et j’étais plus intéressé par la posture de Kendrick, sur ce qu’il pouvait dire sur la société et transmettre via ses chansons. Il m’a alors proposé un livre sur Kendrick Lamar, la grande star du rap à ce moment là. J’ai hésité, je me suis dis que ce n’était peut être pas une bonne idée d’écrire sur un artiste dont la carrière n’est pas finie. Mais dès le lendemain matin, j’étais convaincu. C’est un livre qui pourra être mis à jour, et puis il y a déjà tellement à dire sur ce qu’il a fait, en finalement très peu d’albums.
Le fait d’avoir emmagasiné toute cette culture sur la soul, ça t’a aidé à comprendre et capter les influences de Kendrick ?
Complètement, Kendrick c’est quelqu’un de très influencé par la soul et la funk. Ses parents n’écoutaient que ça donc il a grandi avec The Isley Brothers, qu’il a d’ailleurs samplé sur “I” dans To Pimp A Butterfly, Curtis Mayfield le chanteur préféré de sa mère, Aretha Franklin, etc. Dans le clip de “The Heart Part.1” sorti en 2010, on le voit chez un disquaire et il sort des disques pour les montrer à la caméra, et ce sont tous des disques de soul. Donc oui, effectivement le fait d’avoir fait énormément de recherches sur la soul ça m’a permis de comprendre certains de ses messages et surtout ses influences, d’où il venait afin de les mettre en relation. Si tu fais le parallèle entre la carrière de Curtis Mayfield et celle de Kendrick, il y a beaucoup de similitudes dont je parle dans le livre, comme le fait d’avoir réussi à prouver qu’un message politique et social n’était pas incompatible avec un véritable succès commercial. Et puis le rap c’est aussi le fruit de toutes ces musiques là, le gospel, la funk et Kendrick est quelqu’un qui rend beaucoup d’hommages à ceux qui l’ont musicalement précédé.
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L’album qui l’a vraiment fait éclater sur la scène internationale c’est Good Kid Maad City: est-ce que tu penses que cet album a été une étape nécessaire pour avoir la maturité d’écrire un projet aussi musicalement complexe que To Pimp A Butterfly ? Est-ce qu’il avait calculé le fait de sortir un projet plus adapté au grand public avant de faire sortir cet album beaucoup plus engagé ?
Je pense que la sortie de TPAB n’était pas calculée, mais celle de Good Kid l’était parce qu’il a commencé à l’écrire en 2008. Il savait que c’était l’album qui devrait le présenter au grand public. Il avait besoin de raconter son histoire, la sienne et celle des gens de sa génération avant de pouvoir parler de sa communauté. Je pense qu’il voulait faire un album comme TPAB depuis longtemps, mais il n’avait pas commencé à y réfléchir ni à l’écrire car dans son processus mental c’était important de d’abord parler de lui pour après prendre de la hauteur et devenir un leader de sa communauté. En 2008, l’année où il a commencé l’album donc il avait déjà défini le titre et 2012, la tracklist à changé au moins dix fois donc il a écrit et réécrit l’album entre temps. Mais beaucoup d’éléments étaient déjà prêts depuis très longtemps.
Kendrick a prouvé à beaucoup de gens de Compton qui était membre de gang qu’ils pouvaient s’en sortir en ayant un message positif.
Dans ton reportage pour Libération tu décris Kendrick comme “la figure de proue” qui a permis à Compton de s’émanciper de la violence. Ça m’a fait pensé au clip de “King Kunta” et à sa collaboration avec Reebok où il avait réussi à réconcilier (au moins le temps d’un morceau) les Crips et les Bloods. Est ce que tu peux nous en dire un peu plus sur l’impact qu’il a eu dans cette guerre des gangs ?
C’est un peu le fil rouge de mon livre, c’est pour ça que je l’ai appelé “De Compton à la Maison Blanche” car selon moi toute la carrière de Kendrick est né à Compton, et il a amené Compton à la Maison Blanche sans rien cacher de ce qu’il se passait dans sa ville. C’est aussi pour ça que je suis parti là-bas interroger ses amis d’enfance, pour me rendre compte de l’impact qu’il pouvait avoir sur la ville qui l’avait vu grandir. Kendrick a prouvé à beaucoup de gens de Compton qui était membre de gang qu’ils pouvaient s’en sortir en ayant un message positif. Avant Kendrick, des figures de proue était notamment les NWA, et ce n’était pas des mecs qui montraient la ville sous son meilleur jour, sûrement parce qu’à leur époque la situation était catastrophique. Kendrick a pris un chemin totalement différent. Il côtoyait tous les membres de gangs mais n’en a jamais fait partie. Et comme il le dit dans Good Kid Maad City, son histoire est celle d’un bon gamin qui a grandi dans une ville de fou, et avec son pouvoir et sa musique il va travailler à la réconciliation entre les Pirus et Crips.
Ça passe par des symboles comme sa chaussure avec Reebok mais aussi le clip de “King Kunta”, notamment la scène où il est sur un bâtiment appelé le Compton Swap Meet, immense marché aux puces emblématique de la ville où Dr. Dre et Eazy E venaient vendre leurs disques, acheter des vêtements etc… Il a été détruit quelques semaines après le tournage du clip mais ce plan filmé sur le toit de ce bâtiment avait quelque chose de très fort. Il se pose en leader de Compton, mais en ayant un message progressiste et positif. C’est aussi pour cette raison qu’il s’est impliqué auprès de Obama, qu’il retourne souvent à Compton pour mener des opérations caritatives. Le mec qui a fait la couverture de mon livre, Anthony Lee organise des camps pour les jeunes, les sortir de la violence et leur apprendre à peindre et dessiner. Et sans qu’il soit au courant, il s’est rendu compte un jour que TDE et Kendrick avaient fait un don de plusieurs milliers d’euros pour que ces enfants puissent s’acheter des fournitures scolaires. Il a un impact énorme sur la ville, et son meilleur ami, Lil L me disait que si un jour il voulait être maire de Compton, personne ne trouverait rien à dire ! Il est d’ailleurs très proche de la nouvelle mairesse.
Et pour finir, au regard de ce qu’il s’est passé récemment sur la scène politique avec l’annonce de la candidature de Kanye, un engagement politique serait-il envisageable de la part de Kendrick ?
Je ne suis pas sûr que ce soit quelque chose qui l’intéresse particulièrement. La prochaine étape de sa carrière ce serait plutôt le cinéma. Il a commencé à jouer dans la série Power de 50 cent. TDE va aussi normalement bientôt sortir un documentaire sur l’histoire du label. Mais politiquement, si jamais il devait s’engager je pense que ce serait à Compton et pas au niveau national. Jusqu’à récemment, il ne votait pas d’ailleurs. Mais étant déjà proche des politiques locaux, il est dans un sens déjà engagé politiquement. Il a reçu notamment la clef de Compton de la mairesse. Les artistes comme Kendrick ou les grands sportifs comme LeBron James ont peut-être une influence encore plus importante sur les américains que certains politiques. Ce sont des modèles de réussite, ils ont un message politique.
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Pour son nouveau format hebdomadaire, Rebecca Manzoni interview Nicolas Rogès à la Gare de Lyon pour parler de son nouveau livre et de Kendrick Lamar.
Avoir 33 ans et être l’auteur de disques qui sont déjà entrés dans l’histoire. Avoir 33 ans et se voir auréolé du statut d’icône générationnelle. Avoir 33 ans, être afro-américain, rappeur et s’appeler Kendrick Lamar. Cet épisode est consacré à cet artiste, l’un des plus influents, tout genre musical confondu.
Une émission d’une heure à réécouter sur le site de France Inter
À seulement 33 ans Kendrick Lamar peut sans conteste s’asseoir à la table des légendes du rap. Pourtant cet artiste qui a conquis les fans et les critiques, reste inconnu pour son public et plus particulièrement en France. Dans son nouvel ouvrage “De Compton à la Maison-Blanche” le journaliste Nicolas Rogès nous plonge dans le parcours détonnant du natif de Compton en Californie. Un chemin qui le mènera des quartiers criminogènes de Los Angeles aux tapis rouges de la reconnaissance internationale.
17 juin 1987, Los Angeles. Personne ne se doute encore que ce jour sera l’un des plus importants de l’histoire du rap et de la musique en générale. Kendrick Lamar Duckworth de son nom complet voit le jour. Kenny (son père) et Paula (sa mère) et leur nouveau-né résident plus précisément à Compton, une ville en périphérie de la cité des anges et où les taux de criminalité et de chômage surpassent largement la moyenne nationale.
Ici la guerre des gangs, la surconsommation de drogue et la pauvreté font des ravages. C’est dans cet environnement que le jeune Kendrick évolue aux côtés de ses pairs : « Venant de Compton, j’aurais pu facilement dire que j’ai fait ceci ou cela, que j’ai tué un paquet de n*gros, et ç’aurait été crédible parce que j’ai grandi dans une ville comme celle-là » déclarera-t-il au cours d’une interview au média américain Noisey. Kendrick parle en connaissance de cause. L’artiste a vu nombre de ses amis et membres de sa famille tombés sous les balles comme l’explique l’auteur français dans son œuvre.
Kendrick, roi des mots devenu silencieux
Bien qu’il ait accordé des interviews par le passé, le récent mutisme et l’inaccessibilité de Kendrick Lamar font de lui un personnage énigmatique et contribuent à créer un mythe autour de lui. C’est cette fascination qu’a tenté de percer Nicolas Rogès dans son livre.
Le souriant Nicolas Rogès a du faire des pieds et des mains pour tenter de contacter l’entourage de Kendrick Lamar.
« Au début j’ai hésité à commencer ce livre, j’étudiais avec mon éditeur mon précédent livre sur la musique soul. A la base j’avais décidé de ne plus trop écrire sur la musique pour me concentrer sur mes romans, et on a commencé à parler de Kendrick Lamar un peu par hasard ».
Nicolas est peu convaincu par son éditeur qui le pousse à écrire sur le rappeur, trouvant le moment inopportun : « Je trouvais que c’était un peu tôt parce que sa carrière est loin d’être finie, donc j’ai hésité. Mais le lendemain j’ai dit à mon éditeur que j’étais prêt à écrire sur lui. Je trouvais important d’écrire sur une histoire en cours, parce qu’on a tendance à écrire sur des personnes qui sont décédés, et c’est important de célébrer les artistes qui ont un impact sur la musique et dans la société quand ils sont encore vivants » détaille-t-il.
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Le livre ne s’attarde toutefois pas seulement sur Kendrick et son œuvre complexe, il y est également question de la musique noire, de violences policières, de religion et d’un historique sur le racisme systémique Outre-Atlantique : “Kendrick Lamar c’est presque un prétexte pour parler de pleins d’autres choses. Cette personne-là dans la mesure où c’est devenu une icône générationnelle tu peux écrire sur pleins de sujets autre que la musique.” raconte-t-il.
La filiation californienne avec Tupac
Pour les plus nostalgiques une grande partie du livre est consacré au lien qu’unit la légende Tupac à Kendrick : “Je savais que Kendrick a été globalement influencé par Tupac, mais je ne faisais pas le lien en termes de son ou de rythme. C’est quand je me suis mis à analyser les paroles notamment de ‘To Pimp a Butterfly’ (son troisième album) que j’ai compris qu’il y avait beaucoup en commun Tupac avait cette sensibilité, parlait de ses peurs et ses démons. Kendrick est aussi dans la même démarche.” raconte le journaliste.
Kendrick est devenu King, un statut qu’il assume complètement. En témoigne le titre « King Kunta ».
A l’arrivée le livre est un véritable plaisir pour les amateurs de rap et de musique. L’impressionnant travail du journaliste donne un ouvrage empli d’anecdotes savoureuses nous amène à comprendre pourquoi et comment Kendrick Lamar Duckworth est devenu une véritable légende du rap. De ses premiers morceaux écrits au collège jusqu’aux albums multirécompensés notamment par un prix Pulitzer, ce livre (à lire avec du Kendrick dans les oreilles évidemment) est l’occasion parfaite de découvrir un peu plus celui qu’on surnomme d’ores et déjà « King » Kendrick.
La chronique intégrale est à découvrir sur le bondy blog
Medhi Maïzi reçoit Nicolas Rogès, Kpoint et Le Motif pour le treizième épisode de son émission Le Code Radio.
À réécouter ICI
Thomas de Booska-P a choisi le livre de Nicolas Rogès pour son coup de cœur dans l’émission de rentrée #101.
À revoir sur la chaîne de Booska-P
Kendrick Lamar, de Compton à la Maison-Blanche : la première biographie en français sur la star du rap américain vient de sortir. Entretien avec son auteur.
«Icône générationnelle». Tel est le terme choisi par l’écrivain Nicolas Rogès pour qualifier Kendrick Lamar, premier rappeur à se voir décerner un Pulitzer, en 2018 pour son album «Damn.». Le jeune auteur originaire de Grenoble vient de publier «Kendrick Lamar, de Compton à la Maison-Blanche», la première biographie française sur la star du hip-hop américain. Sorti jeudi, l’ouvrage rencontre certains succès. Preuve que l’enfant de Compton fascine, au delà des États-Unis.
«J’ai toujours été très intéressé par la relation entre l’Histoire et la musique. Kendrick Lamar en est l’exemple parfait. En apparence, ses chansons sont dansantes et rythmées, mais il y a un deuxième niveau de lecture qui dépasse le cadre musical», explique l’auteur. Rappeur doué, l’artiste de 33 ans s’est en effet mué en porte-parole de la jeunesse des banlieues californiennes confrontées à la pauvreté, à la violence des gangs et aux brutalités policières.
Pour se faire une idée, Nicolas Rogès s’est rendu lui même à Compton, ville de 100 000 habitants au sud de Los Angeles, berceau du gangsta rap, qui a vu naître Kendrick Lamar en 1987. «En réalité, l’ouvrage est davantage un livre sur Kendrick Lamar qu’une biographie à proprement parler. Sur place, j’ai rencontré les personnes qui l’ont fréquenté, ses amis d’enfance. J’ai surtout découvert une ville loin des clichés». En phase de gentrification comme d’autres cités des grandes métropoles occidentales, Compton «n’est plus aussi violente qu’auparavant», assure l’auteur.
Sur place, le Français de 29 ans a pu se rendre compte de l’extrême popularité du rappeur de 33 ans, qui s’est produit une seule fois en concert au Luxembourg en 2013. «Tout le monde le connaît à Compton. Il y revient régulièrement. S’il se présentait au poste de maire, il pourrait gagner», illustre-t-il. Ses différentes rencontres lui ont surtout fait découvrir «un personnage complexe, habité par les doutes, parfois individualiste, mais attaché pour toujours à l’endroit qui l’a vu grandir».
Une star mystérieuse également qui ne communique quasiment pas sur les réseaux sociaux, ni sur sa vie privée. «C’est simple son label Top Dawg Entertainment est une forteresse. Personne ne sait quand il sortira son prochain album. Ça peut être dans deux mois, comme dans six ans…».
Dans ce contexte, une rencontre avec l’artiste en personne relevait de l’impossible. Devenu millionnaire grâce à ses multiples succès, Kendrick Lamar n’habite plus à Compton, mais dans une villa sur les hauteurs de Los Angeles. «Je suis certain qu’il est au courant de la sortie du livre. Un de ses amis les plus proches m’a promis qu’il lui enverrai un message pour le prévenir…», conclut Nicolas Rogès.
Découvrez l’entretien sur le site de L’essentiel
Il n’est pas commun d’entreprendre l’écriture de la biographie d’un artiste de seulement 33 ans et dont la carrière ne cesse de révéler des surprises ; et pourtant l’auteur Nicolas Rogès donne à voir ici un superbe récit autour du travail artistique de Kendrick Lamar.
Kendrick Lamar : de son nom complet Kendrick Lamar Duckworth, né en 1987 ; professions : rappeur – parolier – artiste ; quatre albums au compteur, et détenteur d’un prix Pulitzer dans la catégorie musique pour son album Damn, en 2018. Entre anecdotes, retours socio-historiques – qui interviennent en début de chaque chapitre comme pour planter un décor thématique – et digressions esthétiques autour de la musique, Nicolas Rogès a fait le choix ambitieux de s’attaquer à la carrière de ce mastodonte du rap US, Kendrick – comme il est coutume de l’appeler – rappeur discret mais incontournable qui a balisé toute sa carrière depuis Compton en Californie – et Carson, ville de son label Top Dawg Entertainment (TDE) – et progressivement inondé le monde rap et hip-hop de sa musique.
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Questionner la réalité
Ce livre ne manque pas de faire écho à une actualité brulante dans laquelle le rappeur n’a cessé de baigner étant originaire de Compton. Un espace en proie aux violences et à une pauvreté supérieure à celle du reste des États-Unis – Compton est ainsi l’une des cinquante villes les plus meurtrières du pays. La ville est présente partout, dans les justifications, entre les lignes, dans les souvenirs, dans les paroles de ses sons – comme sur ELEMENT.. Kendrick Lamar parvient à extérioriser toute la violence d’un système vis-à-vis des personnes racisées dans sa musique, dans lequel il marque des prises de positions publiques.
La force de l’histoire telle qu’elle est racontée par l’auteur réside dans le fait qu’elle n’est pas linéaire, les allers-retours, les parenthèses se succèdent et se répondent les unes aux autres, le destin est toujours tracé – on passe sans difficulté des rencontres entre Kendrick et ses collaborateurs.trices à ses nombreuses victoires aux Grammys. Ce livre s’adresse essentiellement aux amoureux.ses du rap/hip-hop US, mais aussi à celles.ceux qui chercheraient à mieux le connaitre, et à comprendre les origines esthétiques et historiques multiples de ces genres musicaux encore trop souvent dévalorisés.
Découpé en tracks – un fonctionnement qui rappelle le développement classique des livres du Mot et le Reste – Nicolas Rogès coud et découd ces pans de vie déjà mémorables, cette carrière habilement et consciencieusement menée. Nous ressortons assurément grandi.e.s de ce livre qui parvient à valoriser sans difficulté tout un écosystème artistique et une lutte politique expressive, ainsi que la spiritualité inhérente à la musique de ce phénomène influent que rien n’arrête.
La chronique intégrale du livres est sur Maze
Nicolas Rogès se confie à White Socks sur ses débuts dans le journalisme rap, sur sa ville Grenoble, son processus d’écriture et son dernier livre “Kendrick Lamar : De Compton à la Maison Blanche”, sur son reportage sur Compton et Watts pour l’Abcdrduson. Ils parlent également de TDE, du processus de gentrification de Compton, de ses coups de coeurs musicaux et de ses romans.
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La première biographie de Kendrick Lamar est française ! A travers plus de 400 pages, Nicolas Rogès revient sur la vie du rappeur originaire de Compton, de ses timides débuts à ses nombreuses consécrations artistiques.
Véritable icône aujourd’hui, Kendrick Lamar fascine dans bien des domaines. En seulement 10 ans, il est passé de jeune MC prometteur à l’une des plus importantes superstars internationales. Ses quatre projets solos l’ont déjà placé au panthéon du hip hop, juste à côté de ses idoles de jeunesse. De Section.80 à DAMN., en passant par Good kid, m.A.A.d city et To Pimp A Butterfly, Kendrick Lamar a su offrir à son public des albums aussi différents que réussis en y présentant à chaque fois une nouvelle facette de sa personnalité, complexe et en constante évolution.
Dans son livre Kendrick Lamar, de Compton à la Maison-Blanche, Nicolas Rogès s’est donné comme défi d’analyser de façon minutieuse la genèse artistique d’un good kid de la banlieue de Los Angeles. Le résultat est à la hauteur de l’événement avec un ouvrage qui va bien au-delà de la musique, retraçant l’histoire politique d’un pays qui continue d’affronter ses démons intérieurs. Rencontre passionnante avec son auteur.
Pour commencer, et avant de parler de ton livre, raconte-nous ton premier contact avec l’univers de Kendrick Lamar ?
Mon premier contact s’est fait finalement un peu tardivement via l’album Good kid, m.A.A.d city. Les premiers singles « Swimming Pools » et « Poetic Justice » ne m’ont pas particulièrement marqué, contrairement au morceau « Bitch, Don’t Kill My Vibe » qui tout de suite a dégagé quelque chose de vraiment spécial pour moi. Et après, j’ai ensuite découvert le reste de sa discographie avec notamment Section.80, O(verly) D(edicated) et le Kendrick Lamar EP.
Comment t’es venue l’idée de te lancer dans un tel ouvrage sur sa vie ?
C’est mon éditeur qui est venu avec cette idée quand on discutait de l’avenir et de mon envie d’écrire sur le rap. C’est donc lui qui m’a proposé d’écrire sur Kendrick Lamar. Honnêtement, je trouvais que c’était un peu tôt pour faire une biographie sur un artiste dont la carrière est loin d’être terminée. Puis, l’idée a fait son chemin et je me suis vite rendu compte que c’était le sujet parfait pour moi dans le sens où Kendrick Lamar dépasse totalement le cadre de la musique. C’est quelqu’un qui dit beaucoup de choses sur le monde qui nous entoure et je savais que ça allait aussi me servir de prétexte pour parler de plein d’autres choses.
Ton livre ne se limite pas à être une simple biographie. Il est aussi beaucoup question de Compton, de son histoire et de sa sociologie. Était-ce un élément que tu avais en tête dès le début ou est-ce venu naturellement pendant ton processus d’écriture ?
C’est quelque chose que je me suis mis en tête dès le début. Quand tu écoutes la musique de Kendrick Lamar, tu te rends compte que tout est relié à sa ville natale. Tous ses textes parlent de Compton et je voulais vraiment que ce livre soit ancré dans cette réalité-là. C’est vraiment comme cela que j’envisage les récits sur la musique.
Pour ce livre, tu as eu la bonne idée de te rendre à Compton et ses environs. Quelle a été ta première impression sur cette ville ?
Je ne voulais surtout pas arriver à Compton en mode touriste, donc je me suis fait accompagner par quelqu’un qui y habite et j’ai pu découvrir cette ville à travers ses yeux. C’était assez particulier car au final j’ai visité une ville plutôt tranquille avec très peu de monde dans les rues en journée. Quand tu es fan de rap, tu imagines Compton comme dans les clips de N.W.A. Et quand tu arrives là-bas, tu as l’impression finalement que c’est une ville comme une autre. Une ville qui a beaucoup évolué et qui ne peut pas se résumer au cliché d’une zone où tu peux te faire tirer dessus à chaque intersection.
Sur place, tu as fait la rencontre de l’artiste peintre Anthony Lee Pittman qui a réalisé la superbe couverture de ton livre. Était-ce naturel ensuite de lui confier cette tâche importante ?
Anthony, je l’ai découvert tout d’abord via une immense fresque qu’il a fait à Compton, puis j’ai décidé ensuite de le contacter sur Instagram. C’est une rencontre qui m’a vraiment marqué. Au bout de 10 minutes de conversation, je savais déjà que j’allais lui proposer de faire la cover de mon livre. Je lui ai laissé carte blanche pour cette couverture et la seule consigne était finalement de ne surtout pas se restreindre sur quoi que ce soit pour sa création. En définitive, je voulais que cette œuvre reflète vraiment ce que Kendrick Lamar représente pour lui et sa ville.
La façon dont tu as structuré ton livre, avec des chapitres non-chronologiques formant au final une tracklist de la vie de Kendrick Lamar, n’est pas sans rappeler l’agencement qu’il applique à ses albums. Était-ce recherché et pourquoi ce choix ?
J’ai lu beaucoup de biographies très linéaires avec un développement chronologique où l’on s’ennuie un peu des fois. Je voulais qu’il y ait un peu de surprise pour que cela soit plus vivant. Quand on écoute par exemple Section.80 ou Good kid, m.A.A.d city, l’histoire est dans le désordre et il faut soi-même remettre les pièces dans le bon ordre. En ce qui concerne la numérotation des chapitres (Track 1, Track 2, Track 3…), c’était bien évidemment pour faire un clin d’œil aux albums musicaux.
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Comment envisages-tu la suite de sa carrière ? Il semble être attiré par le cinéma et par la direction artistique pour d’autres notamment.
C’est juste mon analyse, mais je le vois bien sortir de moins en moins d’albums pour se concentrer en effet sur la carrière d’autres personnes. En ce moment, il travaille beaucoup sur la définition de l’identité artistique du duo The Bad Fellaz qui regroupe deux de ses amis d’enfances. Et en ce qui concerne le cinéma, la soundtrack de Black Panther n’était qu’une première étape visiblement. TDE a signé un gros deal de distribution avec Warner Bros et on peut attendre d’autre chose à venir de ce côté-là aussi. Il ne faut pas oublier non plus qu’il vient d’avoir un enfant. Et je pense que maintenant, c’est son nouveau projet de vie: passer plus de temps avec sa fille et peut être un peu moins à faire de la musique
Pour finir, peux-tu nous parler de ce reportage Une semaine à Compton que tu as réalisé avec le photographe Julien Cadena et en partenariat avec la rédaction de l’Abcdr du Son ?
Quand je suis allé à Compton pour faire des recherches sur mon livre, je suis donc parti avec le très talentueux Julien Cadena pour exploiter au maximum ce voyage. Là-bas, j’ai interviewé une quinzaine de personnes avec des rencontres vraiment marquantes. Mon objectif, c’était de changer l’image de cette ville qui est systématiquement présentée comme un coupe-gorge. Et à mon humble niveau, je me suis dit que ce serait cool d’offrir une histoire différente avec des politiciens, des commerçants, des artistes qui représentent l’ADN de Compton. C’est un reportage très long qui a parfaitement été complété par toute la rédaction de l’Abcdr du Son et qui sert presque d’extension à mon livre.
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