Locus Sonus est un laboratoire de recherche en art audio. Composé d’artistes chercheurs internationaux, il est nomade et mutualisé à Aix-en-Provence, Bourges et l’Internet. Il observe l’évolution des espaces sonores à l’ère numérique, leurs usages et présences dans notre quotidien et développe des formes et des concepts inédits d’art sonore qui les explorent. Ses thèmes de recherche privilégiés sont le son à distance, l’audio nomade, les nouveaux auditoriums. L’expérimentation artistique est confrontée à des publics (grand public, universités, communautés internet…) et amène un regard analytique provenant des sciences humaines (esthétique, philosophie et sociologie). Depuis sa création, il a rassemblé près de cent cinquante chercheurs et artistes internationaux dans ses symposiums annuels, accueilli au sein de son laboratoire une vingtaine de jeunes artistes chercheurs, développé des outils logiciels libres d’audio en réseau et présenté des oeuvres et des dispositifs dans de nombreuses manifestations internationales. Locus Sonus produit et publie des recherches théoriques, techniques et artistiques et les met à
la disposition de la communauté internationale de l’enseignement supérieur artistique.
Revue de presse
Locus Sonus : Dix ans d’expériences acoustiques et plastiques
Dix ans valaient bien un livre ! Locus Sonus, laboratoire de recherches transdisciplinaires en arts audio mutualisé autour de l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence et de l’École Nationale Supérieure d’Art de la Villa Arson, travaille en effet depuis une décennie autour des nouveaux types de diffusions et de productions sonores ainsi que sur les nouvelles habitudes d’écoute, en parcourant la pratique mais aussi de nombreux champs théoriques. Ni bilan, ni autocongratulation, Locus Sonus, 10 ans d’expérimentation en art sonore s’impose comme le constat mouvant d’un constant work in progress. Rencontre avec ses fondateurs à l’occasion de la parution du livre chez Le Mot et Le Reste.
Depuis 10 ans, Locus Sonus nourrit une ambition : créer un monde infini de sons, ou tout du moins rendre cette création possible. Laboratoire de recherche en art audio, fondé par Jérôme Joy et Peter Sinclair, tous deux artistes, chercheurs et musiciens, Locus Sonus participe avec d’autres intervenants (chercheurs, compositeurs et professeurs) à la recherche et au dialogue entre de nombreuses disciplines différentes.
Locus Sonus a toujours privilégié une approche transdisciplinaire, vos démarches se nourrissent, et pourvoient également des secteurs de la recherche ou des disciplines aussi différentes que l’urbanisme, le design ou la création musicale mais également la sociologie, la philosophie… Comment rendez-vous cela possible ?
Peter Sinclair : Il y a souvent un croisement que l’on retrouve déjà au sein des écoles d’art qui sont pluri ou transdisciplinaires de nature. Il y a aussi la question des rencontres. C’est le cas sur les symposiums que nous organisons. La plupart du temps nous mettons en avant une question : « Comment l’écoute peut modifier la perception du mouvement et de la mobilité », ou « comment notre perception de la mobilité est modifiée par l’environnement sonore que l’on traverse » par exemple. Et en l’occurrence, il y a eu beaucoup de travaux de sociologie sur ces sujets, comme par exemple le livre de Michael Bull, Sound Moves: iPod Culture and Urban Experience, dédié à l’écoute embarquée via le iPod. Sur ces symposiums nous invitons des gens qui ont des points de vue très différents sur la question – la question prime – et les différents points de vue vont venir se compléter, créer une discussion, etc. Plutôt qu’un colloque de geeks de l’audio sur internet, nous étudions les différentes approches et les conséquences que nous pouvons tirer de ces croisements.
Jérôme Joy : On peut parfois lancer des appels à participation sur des projets ponctuels, mais nous sommes aussi parfois surpris par des gens qui nous sollicitent. De la même manière que nos projets deviennent parfois des ressources pour d’autres, c’est le cas de Soundmap par exemple, ou New Atlantis. Nous sommes très intéressés par la façon dont d’autres s’emparent parfois de certaines de nos questions, en apportant des réponses inédites et inattendues. Ce va et vient transdisciplinaire enrichit énormément toute la méthodologie du laboratoire aussi bien que nos démarches. C’est quelque chose que nous encourageons.
Pourriez-vous revenir pour nous sur la genèse et la création du laboratoire Locus Sonus ?
Jérôme Joy : Locus Sonus est né de plusieurs volontés et conjonctures. D’une part, de pouvoir, prendre en charge en tant qu’artistes et enseignants – en corrélation avec nos missions d’enseignement – un espace d’expérimentation artistique qui puisse questionner ou répondre aux divers débats actuels. D’autre part, profiter du fait que les écoles d’art d’Aix en Provence et de Nice, en même temps que le Bureau de la Recherche du Ministère de la Culture, ont amorcé le soutien au développement de la recherche en art, c’est-à-dire, d’une recherche basée sur la pratique artistique, en défrichant tout un territoire impliquant le marché de l’art (pour aller vite) et ses applications industrielles. Cela prend en compte l’exploration des pratiques et technologies sonores à l’heure de l’Internet, par exemple. C’est un axe de recherches de Locus Sonus. Ainsi nous souhaitons montrer que ce domaine est à la fois très prégnant dans notre quotidien, et qu’il est des plus prometteurs pour devenir un instrument de perception du monde et de fabrication de représentations de celui-ci.
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