Avec ce type de lecture ludique et ingénieuse, la multiplicité des musiques dites savantes ne s’impose pas comme un kaléidoscope complexe mais comme un puzzle sonore facile à composer et à comprendre. Une belle réussite.
Frédéric Isoletta – Zibeline
La musique du XXe siècle se caractérise par une diversité stylistique sans précédent. Cette dernière est favorisée par la mondialisation galopante, la révolution de l’enregistrement et les crises majeures que traverse l’humanité, qui remettent totalement en question notre vision du monde. Les musiques savantes vont embrasser un champ de recherche très étendu, empruntant une multitude de chemins entre des voies extrêmes.
Au fil de la présentation d’œuvres emblématiques choisies dans ce répertoire immense, et à l’aide d’introductions historiques traitant des événements du siècle, des compositeurs remarquables, des courants majeurs et des écoles, cet ouvrage offre une approche synthétique des recherches musicales tous azimuts de la première moitié du siècle, jusqu’aux portes des années soixante. Surtout, il présente un regard pertinent sur la manière dont l’histoire des hommes agit directement sur les compositions et comment, en retour, les œuvres en offrent une relecture passionnante au travers du prisme musical.
Loin de présenter une somme exhaustive, souvent décourageante, il propose une porte d’entrée à tous les amateurs curieux de musique mais encore timides vis-à-vis de ce monde musical singulier, en leur ouvrant de nombreuses pistes pour aller plus loin.
Un second volume présentera la suite du parcours, des années soixante à nos jours, en s’interrogeant aussi sur les horizons possibles.
De Debussy à Boulez, de Stravinski à Stockhausen, de Bartók à Messiaen en passant par Milhaud, Varèse, Copland, Britten, Bernstein, Schaeffer, Henry, Cage et tant d’autres…
Revue de presse
La journaliste Raphaëlle Tchamitchian reçoit Guillaume Kosmicki pour un entretien vidéo consacré aux trois tomes des Musiques savantes.
Ça fait des années que, dans mes articles pour la presse musicale, j’écris que les styles sont dorénavant obsolètes, que les frontières entre les genres n’ont plus lieu d’être et que les musiciens se nourrissent de toutes les influences qui sont à leur portée indifféremment de leur provenance. Autour de moi, c’est un fait acquis pour tout le monde. Pourtant, on ne cesse de (se) le répéter, et ce depuis au moins 10 ans, ce qui prouve que ça ne doit pas être si évident que ça. En effet, l’institution semble à la traîne — beaucoup de musiciens doivent se battre pour exister parce qu’ils ne cochent pas les bonnes cases, ou parce qu’ils en cochent trop à la fois — et, parfois, ce sont les artistes eux-mêmes qui s’enferment dans des chapelles (le jazz en est un exemple particulièrement friand).
En proposant un élargissement de la définition des “musiques savantes”, le musicologue Guillaume Kosmicki ajoute sa pierre à l’édifice. Comme il l’explique longuement dans l’entretien, de la définition originale il ne retient qu’une partie, afin de pouvoir intégrer dans le tiroir des musiques d’art, à coté de Debussy, Steve Reich et John Cage, des artistes aussi divers que Pink Floyd, John Coltrane, Björk ou John Zorn. Certains ont pu le lui reprocher, ici nous le saluons. Et si la musique écrite domine son ouvrage, nous avons volontairement choisi d’évoquer aussi quelques artistes dits de “musique populaire” issus de sa sélection, pour contribuer encore un peu plus à faire tomber ces maudites barrières. Notre (longue) discussion dessine ainsi une vue d’ensemble de la musique occidentale du XXe siècle, forcément incomplète, mais, je l’espère, stimulante.
*Rendez-vous sur Hors-Série pour voir l’entretien avec G. Kosmicki
Un triple livre sur la musique moderne et contemporaine, c’est une aubaine tellement rare que l’on est tenté de fermer les yeux et de recommander l’initiative (de surcroît avec un petit éditeur aventureux).
Le premier volume paru il y a déjà presque 5 ans paraissait attractif mais comme il concernait essentiellement la période d’avant celle couverte par le présent site web, j’ai préféré attendre de connaître le projet complet et je remercie son auteur Guillaume Kosmicki de l’avoir compris et d’avoir été patient.
Voici les titres des 3 volumes dans l’ordre anti-chronologique :
Musiques savantes Tome III, de John Zorn à la fin du monde, et après… 1990–2015 (parution : 15/06/2017, 336 pages, 23 €)
Musiques savantes Tome II, de Ligeti à la fin de Guerre Froide 1963–1989 (parution : 20/11/2014, 400 pages, 23 €)
Musiques savantes Tome I, de Debussy au mur de Berlin 1882–1962 (parution : 18/10/2012, 432 pages, 23 €)
Disons-le d’emblée, notamment pour les gens pressés qui ne liront pas la suite, l’achat des 3 volumes (ou seulement du 3ème volume qui vient de sortir, si vous possédez les 2 premiers) peut être engagé les yeux fermés, et en tout cas, cet achat pour soi ou en cadeau (pour faire découvrir cette musique de notre temps, notre musique, la musique de nos créateurs) est ici vivement recommandé.
Après une courte interview de son auteur (réalisée fin Juin), les fondements de ce soutien objectif seront détaillés et argumentés (en relief et en creux), mais, auparavant, voici 4 séries de raisons express pour emporter votre décision :
- l’auteur a un sens remarquable de la bonne vulgarisation didactique (rendre accessible un sujet difficile au plus grand nombre, tout en restant exact et solide)
– la sélection de compositeurs et de pièces emblématiques est certes engagée-assumée et personnelle, mais à large spectre, consensuelle, réaliste, et sans biais-partialité majeurs (d’ailleurs, pour élargir le champs des possibles, à la fin de chaque compositeur-pièce choisi, sont listées d’autres pistes d’écoute possible, d’autres approches transverses, souvent attractives)
la sélection est astucieusement complétée par des chapitres de respiration consacrés aux mouvements socio-politiques, culturels ou esthétiques des arts de la période considérée, ou à la grande et petite Histoire (des dimensions qui influencent fortement l’inspiration des compositeurs et des artistes en général)
– l’auteur ne fait clairement pas partie du microcosme parisianiste car son style est vivant et direct (pas ampoulé, pas allusif au second degré, pas hermétique-savant), sans détour, sans aplomb vertical-doctoral, sans pédantisme et sans jargon, maniant agréablement l’anecdote pimpante, le détail coloré et les faits réalistes, ou les explications claires (il y a quand même un glossaire en fin de volume)
Voici, maintenant, les réponses à 3 questions posées à Guillaume Kosmicki (le 28 Juin 2017) :
MCI : «Comment êtes-vous venu à la musique ?»
G.K. : «Je n’ai pas un parcours classique, car je ne suis pas issu d’une famille de musiciens (mes parents nous ont offert l’opportunité de nous intéresser à de nombreuses activités, sport, peinture, musique etc. Pour ma part, j’ai commencé avec passion l’étude du violon à 6 ans et plus tard la guitare en autodidacte) ; ensuite c’est un Bac option C, et très tôt un objectif musicologie (ethnomusicologie, anthropologie, sociologie de la musique, sémiologie, herméneutique musicale) à l’Université d’Aix-en-Provence (même si aujourd’hui je suis un Breton d’adoption, solidement ancré dans le Morbihan) ; enfin, mes recherches universitaires ont porté sur la techno, l’électro, les Free Parties et les Raves ; au final, ma carrière professionnelle correspond à mes choix de jeunesse, car je donne essentiellement des conférences en freelance dans les conservatoires, les universités (Aix-en-Provence, Metz, Paris VIII), les médiathèques, pour des associations d’amateurs d’arts, des festivals, des salles de concert etc. et puis je continue ma pratique musicale en amateur (dans un orchestre de chambre, à Vannes et pour la musique de scène dans une troupe de théâtre à Pontivy), et bien sûr j’ai aussi un site Internet personnel, ICI»
MCI : «comment en êtes-vous venu à écrire ce triple volume dédié à la musique moderne-contemporaine ?»
G.K. : «certainement, par passion, par expérience transversale et par raison professionnelle ; ma première chance est d’avoir été contacté par le même éditeur pour écrire un premier livre sur les musiques électroniques (intitulé Musiques électroniques : Des avant-gardes aux dance floors, 2009) ; il m’a ensuite interrogé sur l’opportunité d’un autre livre développant le sujet des musiques savantes du XXe siècle, déjà abordé dans le précédent ouvrage… et c’était parti ; ensuite, par passion, la musique c’est ma vie, professionnelle et personnelle (mes conférences m’aident beaucoup à affiner ma communication auprès de publics très variés et me servent à définir la bonne formulation en terme de vulgarisation didactique dans mes écrits) ; et enfin, écrire un livre est pour moi apporter modestement ma contribution à l’édifice de la connaissance, un regard, un point de vue, un angle différent ; il ne s’agit pas de remâcher banalement ce qui a déjà été dit ; il faut pour cela convaincre son éditeur, les médias mais surtout ses lecteurs (en même temps, mes livres servent de compléments durables aux participants à mes conférences)»
MCI : «comment en êtes-vous arrivé à ces choix de sélection compositeur-pièce à écouter (en nombre limité sur les 3 volumes) ?»
G.K. : «tout d’abord je voudrais dire qu’au départ il ne devait y avoir qu’un seul livre (un seul volume) et puis comme ma sélection s’enrichissait de plus en plus, j’ai écrit, j’ai écrit tant et plus, et il y a eu 2 livres au programme, puis 3 ! (et je veux saluer ici la souplesse infinie de mon éditeur face à ma prolixité) ; et au sein de ce projet, mon objectif était de parler sans les survoler des musiques des 25 dernières années (après 1990), encore très peu abordées (le volume 3) ; ensuite, j’ai travaillé sur une base limité de compositeurs incontournables par leur personnalité, par leurs choix visionnaires (très peu de compositeurs sont cités plus d’une fois… Varèse, bien sûr, Webern, Ligeti, Boulez, Chostakovitch), avant d’élargir avec éclectisme et sans a priori (et en rapport avec les repères historiques) ; enfin, je me suis fixé des règles dans mes choix de sélection compositeur-pièce, à savoir la volonté de ne pas être uniquement Franco-Français, ni trop Allemand, Italien ou Américain), et aussi la nécessité d’un équilibre au niveau des genres choisis (depuis l’opéra jusqu’aux oeuvres pour instrument soliste en passant par l’électroacoustique et la musique mixte), afin de disposer d’un panel large, et enfin du pré-requis que tous les choix soient disponibles à l’écoute en CD (il n’y a qu’une exception, et elle est dans la tendance actuelle, le choix de la pièce d’Enno Poppe est seulement disponible à l’écoute sur Internet)»
Voici, maintenant, une analyse critique (en relief et en creux) des 3 volumes, après lecture attentive, renouvelée :
Tout d’abord, sur les choix fondamentaux.
Commençons par une incongruité-incohérence majeure entre le titre même des livres et le contenu détaillé des choix : les 3 volumes sont titrés «Musiques savantes» et l’on s’attend à des choix et des analyses exclusivement sur la musique dite classique pendant la période des 20ème et 21ème siècles ; or, même si les écarts sont à la marge (autour de 10%), il n’en est rien car inclure des compositeurs comme Louis Armstrong, Duke Ellington, Thelonious Monk, John Coltrane, Miles Davis, Cathy Berberian, The Beatles (mais pas The Rolling Stones !), Archie Shepp, Pink Floyd, Björk fait tiquer le lecteur car ils appartiennent à la Pop ou au Jazz ou à l’Impro, donc à des musiques populaires, non savantes (sans dénigrement), même si ces compositeurs, plus souvent mélodistes et arrangeurs accomplis, sont tout à fait respectables et qu’ils ont même innové à leur manière (je pense ici à Thelonious Monk pour les rythmes asynchrones, à Miles Davis pour les libertés de timbres et de rythmes et pour les contructions-coordinations vertigineuses dans l’improvisation) [note : l’auteur m’a alors demandé comment je définierais les musiques non savantes… et j’ai répondu que historiquement au moins les musiques non savantes, quelles qu’elles soient, s’éteignaient avec leur temps, ou peu après] ; également, malgré la fièvre qu’ils ont apporté aux hits-parade en leur temps, les choix de Gordon Mumma, Morton Subotnick, Meredith Monk, John Zorn, Charlemagne Palestine, Nico Muhly, Kasper Toeplitz paraissent excessifs, eu égard à leur notoriété en Europe et à leur musique que je jugerai mais c’est personnel assez peu composée et bien moins savante et inspirée que des compositeurs qui semblent avoir été injustement oubliés (cf. plus loin).
Ensuite, sur la construction de chaque volume, il faut noter un choix fondé de commencer, pour expliquer la destinée de la musique moderne, en remontant assez loin dans le temps, en substance Wagner (chromatisme), Franck (improvisations) et le dernier Liszt (atonalité), il faut noter une variété de bonne aloi dans la construction de chaque volume (dans le volume 1, c’est surtout l’introduction historico-esthétique qui est longue, suivie de courtes respirations qui sont priviliégiées entre les sélections, dans le volume 2, à l’image de cette période assez indécise sur le plan historique et musical, c’est plutôt 2 intros assez longues avant les sélections et des explications sur les expérimentations musicales proliférantes, dans le volume 3, à l’image d’un monde plus stable et plus trivial, il y a une longue introduction (due à la diversité des esthétiques musicales), avant un important post-sriptum et des interviews de personnalités musicales qui apportent une vision extérieure, voire transversale, une autre perspective à l’ensemble) ; le volume 1, c’est une extraordinaire profusion stylistique (compensée par le retour au passé avec le néoclassicisme) ; le volume 2, c’est les théories extrêmes et les expériences les plus radicales, parallèlement au progressisme issu de la période précédente ; le volume 3, c’est le parcours individuel avec synthétisme multiples (métissage planétaire, influence des réseaux, post-spectraux, généralisation de l’informatique au service de la culture du son, persistance du minimalisme, transversalité entre formes artistiques et vague nostalgique souvent préfixée de «néo»).
Enfin, sur les sélections principales compositeur-pièce à écouter (au total, 168, chacune avec 3 à 6 pages d’analyse, sans compter les pistes supplémentaires ; commençons par souligner la diversité esthétique (rien de majeur oublié) et de nationalité (bien sûr il y a un biais inévitable en faveur des compositeurs Français sur le présent site web MCI, aussi ! car en concert sur le vif ou à la radio, on écoute en France en priorité des compositeurs Français vivants, et la distribution des disques en France suit la même démarche) ; dans le détail, dans le 1er volume, peu de commentaires (le temps a déjà marqué sa trace) sauf pour s’étonner, comme point de couture entre les siècles, de la présence de Fauré (regard vers le passé ?) et de Puccini (également passéiste, mais selon l’auteur, il s’agit ici de saluer les livrets anticipateurs du cinéma et la musique prémonitrice des B.O.F.), puis dans les 2ème et 3èmes volumes, de la présence de la rock-star Frank Zappa (certes adoubé par Boulez) et du jazzman Anthony Braxton, qui ont tous deux émargé à la musique contemporaine, mais qui objectivement sont des compositeurs (en terme de technique compositionnelle) de deuxième choix (voire un brin amateurs) ; et à l’inverse de l’absence de Luigi Russolo et des premiers micro-tonaux (ou, plus tard, de Ivan Wyschnegradsky), puis pour la période de la guerre, de l’oubli des compositeurs dégénérés (selon les Nazis) et qui ont péri avec la Shoah (par exemple, Ullmann) ; d’ailleurs de manière générale, et c’est une tendance générale aujourd’hui, on peut parler, pour les compositeurs correspondant aux années 1960–75, véritablement de «génération oubliée» (post-sérielle, anti-sérielle, et autour), avec les oublis discutables de (par ordre alphabétique) Gilbert Amy, de Friedrich Cerha, de Nguyen-Thien Dao, de James Dillon, de Roberto Gerhard, d’Alberto Ginastera, de Karel Goeyvaerts, d’André Jolivet, de Xavier Montsalvatge, de Luis de Pablo, d’Henri Pousseur, d’Eliane Radigue, de Horatiu Radulescu, de Valentyn Silvestrov, de Mathias Spahlinger, de Michael Tippett, de Claude Vivier, etc. (mais il fallait faire des choix et le temps leur donnera peut-être raison, et il oubliera certains de ceux sélectionnés à leur place) ; enfin, et plus important, côté injustice, il manque cruellement des compositeurs qui ont innové magistralement et dont la personnalité musicale est forte (et la musique prégnante, objectivement) : Galina Ustvolskaya (radicale), Conlon Nancarrow (rythmes superposés, qui ont tant influencé Ligeti, dernière manière), le regretté Christophe Bertrand (rythmes en spirale), Michaël Levinas (1er spectralisme, puis résonance et polyrythmies complexes), Thierry Pécou (sons et couleurs exotiques, avec rythmes asynchrones), Rebecca Saunders (résonance en fuite), Hans Abrahamsen (dissonances imbriquées), Georg Friedrich Haas (microtonalité pulsée), sans oublier les 2 compères saturateurs Yann Robin et Franck Bedrossian (de Raphaël Cendo, seul sélectionné, hélas), et pourquoi pas les 3 professeurs Français de composition du CNSMDP, figures de prou de la modernité actuelle (Frédéric Durieux, Yan Maresz, Gérard Pesson), notamment en informatique musicale.
En résumé, certainement, un must-achat de 3 livres incontournables (bravos à l’auteur !) par leur didactisme, par leur prosélitisme Grand-Public, par l’audience très large visée… les mélomanes du répertoire, les curieux de la Musique Contemporaine (comme pour ce site web MCI !) et tous les autres qui aiment découvrir des musiques, notamment celles des compositeurs des années 2000, accessibles à tous, à partir, pourquoi pas, du Rock, du Jazz, de l’impro, de la Pop, de l’Électro populaire (etc.)… et pour terminer en guise de conclusion temporaire, un souhait un peu fou, celui de voir publier dans un futur indéterminé (l’auteur a le temps devant lui, il n’a que 43 ans) un 4ème volume (au moins !) qui éclairera les nouvelles tendances, les nouveaux compositeurs émergents de demain (encore inconnus) et même d’aujourd’hui qu’il n’a pas sélectionnés (ils sont nombreux), et qui réparera les quelques oublis-injustices majeurs soulignés ici !
Addendum : Guillaume Kosmicki a aimablement accepté d’inclure, en exclusivité pour les lecteurs de cet édito, la liste des compositeurs-pièces sélectionnés dans ce triptyque, avec l’année de composition (pas l’année de création, comme dans MCI) ; le lecteur attentif la comparera, sur le présent site web, à la SÉLECTION de pièces-compositeurs (pas l’inverse, comme dans les 3 livres) et au XXL-SCOPE de MCI, et constatera énormément de points communs et quelques différences (complémentarités) dont il fera son miel…
Franz Liszt, “La Lugubre Gondole” (1882) | César Franck, “Choral n°3” (1890) | Gabriel Fauré, “Prison” (1894) | Scott Joplin, “Ragtimes” (1899–1909) | Giacomo Puccini, “Tosca” (1900) | Claude Debussy, “Pelléas et Mélisande” (1902) | Leos Janacek, “Jenufa” (1903) | Anton Webern, “Langsamer Satz” (1905) | Claude Debussy, “Images, Livres 1 et 2” (1905–1907) | Richard Strauss, “Salomé” (1905) | Gustav Mahler, “Symphonie n°8” (1906) | Maurice Ravel, “Gaspard de la nuit” (1908) | Béla Bartók, “Quatuors à cordes” (1909–1939) | Alexandre Scriabine, “Prométhée ou Le Poème du feu” (1910) | Arnold Schoenberg, “Pierrot lunaire” (1912) | Henry Cowell, “Piano Music” (1912–1930) | Igor Stravinski, “Le Sacre du printemps” (1913) | Charles Ives, “Concord Sonata” (1915) | Erik Satie, “Parade” (1917) | Darius Milhaud, “Le Bœuf sur le toit” (1919) | Jean Cocteau et le Groupe des Six, “Les Mariés de la Tour Eiffel” (1921) | Paul Hindemith, “Kammermusik” (1921–1927) | Alban Berg, “Wozzeck” (1922) | Manuel De Falla, “Le Retable de Maître Pierre” (1923) | Arthur Honegger, “Mouvements symphoniques 1–3” (1923–1932) | George Antheil, “Ballet mécanique” (1925) | Alexandre Mossolov, “Zavod (Les Fonderies d’acier)” (1926) | Igor Stravinski, “Oedipus Rex” (1927) | Louis Armstrong, “West End Blues” (1928) | Kurt Weill, “L’Opéra de Quat’sous” (1928) | Maurice Ravel, “Boléro” (1928) | Heitor Villa-Lobos, “Bachianas Brasileiras 1–9” (1930–1945) | Edgar Varèse, “Ionisation” (1931) | Arnold Schoenberg, “Moïse et Aron” (1932) | Dimitri Chostakovitch, “Lady Macbeth de Mzensk” (1932) | Edgar Varèse, “Ecuatorial” (1934) | Paul Hindemith, “Matis der Maler” (1935) | George Gershwin, “Porgy and Bess” (1935) | Alban Berg, “Concerto à la mémoire d’un ange” (1935) | Béla Bartók, “Musique pour cordes, percussion et célesta” (1936) | Samuel Barber, “Quatuor à cordes” (1936, revisé 1943) | Anton Webern, “Quatuor à cordes op. 28” (1938) | Sergueï Prokofiev, “Alexandre Nevski” (1938) | John Cage, “Imaginary Landscapes 1–5” (1939–1952) | Duke Ellington, “Ko-ko” (1940) | Luigi Dallapiccola, “Canti di prigionia” (1941) | Dimitri Chostakovitch, “Symphonie n°7 «Leningrad»” (1941) | Harry Partch, “Bartsow” (1941, revisé 1968) | Ernst Krenek, “Lamentatio Jeremiae Prophetiae” (1942) | Aaron Copland, “Fanfare for the Common Man” (1942) | Sergueï Prokofiev, “Sonate pour piano n°7” (1942) | Thelonious Monk, ”‘Round Midnight” (1944) | Benjamin Britten, “Peter Grimes” (1945) | Pierre Schaeffer, “Cinq études de bruits” (1948) | Olivier Messiaen, “Turangalîla-Symphonie” (1948) | John Cage, “Sonatas and Interludes for Prepared Piano” (1948) | Pierre Schaeffer et Pierre Henry, “Symphonie pour un homme seul” (1950) | Karlheinz Stockhausen, “Kreuzspiel” (1951) | Jean Barraqué, “Sonate pour piano” (1952) | Bruno Maderna, “Musica su due dimensioni” (1952) | Iannis Xenakis, “Metastasis” (1954) | Pierre Boulez, “Le Marteau sans maître” (1954) | Edgard Varèse, “Déserts” (1954) | Leonard Bernstein, “West Side Story” (1957) | Miles Davis, “Ascenseur pour l’échafaud” (1957) | Francis Poulenc, “La Voix humaine” (1958) | Olivier Messiaen, “Catalogue d’oiseaux” (1958) | Luciano Berio, “Sequenza I-XIV” (1958–2002) | Giacinto Scelsi, “Quattro pezzi su una nota” (1959) | Krzysztof Penderecki, “Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima” (1960) | Hans Werner Henze, “Elegie für junge Liebende” (1961) | György Ligeti, “Aventures” (1962) | Benjamin Britten, “War Requiem” (1962) | Bernd Aloïs Zimmermann, “Die Soldaten” (1963, 1965) | Terry Riley, “In C” (1964) | Luigi Nono, “La Fabbrica illuminata” (1964) | Betsy Jolas, “Quatuor II” (1964) | John Coltrane, “A Love Supreme” (1964) | La Monte Young, “Well-Tuned Piano” (1964–20??) | Cathy Berberian, “Stripsody” (1966) | The Beatles, “Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band” (1967) | Gordon Mumma, “Hornpipe” (1967) | Morton Subotnick, “Silver Apples of the Moon” (1967) | Archie Shepp, “The Magic of Ju-Ju” (1967) | Maurice Ohana, “Syllabaire pour Phèdre” (1967) | André Boucourechliev, “Archipel I à IV, Anarchipel” (1967–1970) | Iannis Xenakis, “Polytopes” (1967–1978) | Karlheinz Stockhausen, “Stimmung” (1968) | György Ligeti, “Continuum” (1968) | Pierre Henry, “L’Apocalypse de Jean” (1968) | Luciano Berio, “Sinfonia” (1968–1969) | Frank Zappa, “Uncle Meat” (1969) | François Bayle, “Jeîta ou Murmure des eaux” (1970) | Pink Floyd – Ron Geesin, “Atom Heart Mother” (1970) | Mauricio Kagel, “Acustica” (1970) | George Crumb, “Black Angels” (1970) | Henri Dutilleux, “Tout un monde lointain…” (1970) | Luc Ferrari, “Presque rien n°1 à 4” (1970–1998) | Toru Takemitsu, “In an Autumn Garden” (1973, “1979) | Gérard Grisey, “Les Espaces acoustiques” (1974–1985) | Bernard Parmegiani, “De Natura Sonorum” (1975) | Steve Reich, “Music for Eighteen Musicians” (1976) | Philip Glass et Bob Wilson, “Einstein on the Beach” (1976) | Henryk Gorecki, “Symphonie n°3” (1976) | Alfred Schnittke, “Concerto grosso n°1” (1977) | Arvo Pärt, “Tabula rasa” (1977) | John Chowning, “Stria” (1977) | Meredith Monk, “Dolmen Music” (1979) | Olivier Greif, “Sonate de requiem” (1979, révisé 1992) | György Kurtág, “Messages de feu Demoiselle R.V. Troussova” (1980) | Sofia Goubaïdoulina, “Offertorium” (1980) | Pierre Boulez, “Repons” (1981–1984) | Jonathan Harvey, “Bhakti” (1982) | Tristan Murail, “Désintégrations” (1982) | Witold Lutoslawski, “Symphonie n°3” (1983) | Morton Feldman, “String Quartet II” (1983) | Michel Redolfi, “Sonic Waters #2” (1983–1989) | Jean-Claude Risset, “Sud” (1985) | Magnus Lindberg, “Kraft” (1985) | György Ligeti, ”Études pour piano” (1985–2001) | Brian Ferneyhough, “String Quartet n°3” (1987) | John Adams, “Nixon in China” (1987) | John Tavener, “The Protecting Veil” (1988) | John Zorn, “Naked City” (1990) | Thierry Escaich, “Esquisses 1–4” (1990–1993) | François-Bernard Mâche, “Kengir” (1991) | Marco Stroppa, “Miniature estrose” (1991–2001) | Hanspeter Kyburz, “Cells” (1994) | Philippe Manoury, “En écho” (1994) | Michael Jarrell, “Cassandre” (1994) | Kaija Saariaho, “Château de l’âme” (1995) | Wolfgang Rihm, “Jagden und Formen” (1995–2001) | Christian Zanési, “Arkheion” (1995–1996) | Péter Eötvös, “Trois Sœurs” (1997) | Thomas Adès, “Asyla” (1997) | Xu Yi, “Le Plein du Vide” (1997) | Pascal Dusapin, “Dona eis” (1997) | Charlemagne Palestine, “Schlongo!!!daLUVdrone” (1998) | Fausto Romitelli, “Professor Bad Trip, Lessons I-III” (1998–2000) | Olga Neuwirth, “Clinamen – Nodus” (1999) | Bruno Mantovani, “La Morte Meditata” (1999) | Helmut Lachenmann, “Quatuor à cordes n°3 Grido” (2001) | Toshio Hosokawa, “Re-turning” (2001) | Aphex Twin, “Drukqs” (2001) | Steve Reich – Beryl Korot, “Three Tales” (2002) | Emmanuel Nunes, “Improvisation II – Portrait” (2003) | Georges Aperghis, “Avis de tempête” (2004) | Klaus Huber, ”...à l’âme de descendre de sa monture et aller sur ses pieds de soie…” (2004) | Björk, “Medulla” (2004) | Martin Matalon, “Traces I-VII” (2004–2008) | Nico Muhly, “Bright Mass with Canons” (2005) | Samuel Sighicelli, “Marée noire” (2005) | Saed Haddad, “Les Deux Visages de l’Orient” (2006) | Raphaël Cendo, “Décombres” (2006) | Heiner Goebbels, “Stifters Dinge” (2007) | Beat Furrer, “Concerto pour piano” (2007) | Ivan Fedele, “En archè” (2008) | Alberto Posadas, “Liturgia Fractal” (2008) | Matthias Pintscher, “sonic eclipse” (2010) | Zad Moultaka, “Zajal” (2010) | Anthony Braxton, “Composition n°272” (2011) | Salvatore Sciarrino, “Cantiere del poema” (2011) | Kasper T. Toeplitz, “Inoculate?” (2011) | Philippe Hersant, “Instants limites” (2012) | George Benjamin, “Written on Skin” (2012) | Enno Poppe, “Filz” (2014)
Lisez l’article sur le site Musique Contemporaine
Faire découvrir la diversité des oeuvres importantes du 20e siècle, tel est le but des deux premiers tomes d’un ouvrage qui en comprendra trois, parus aux éditions Le mot et le reste.
Dans ses présentations, en général sur trois à six pages, de 123 oeuvres emblématiques des années 1882 à 1962 (tome 1) et 1963
à 1989 (tome 2), Guillaume Kosmicki ne se contente pas seulement d;une approche vivante des compositeurs et des oeuvres choisies, il les replace également dans leur époque et en relation tant avec le passé qu’avec le futur. Pensant que “tout artiste est forcément le fruit de son époque et de la société dans laquelle il s’inscrit ou refuse de s’inscrire”, il fait preuve d’ouverture d’esprit face aux différentes esthétiques qui forment la richesse de la musique du 20e siècle. Le but de l’auteur n’est pas l’exhaustivité (on n’y trouvera par exemple ni Sibelius, ni Szymanowski, ni Nancarrow), mais de brosser un vaste panorama (de Liszt à Tavener, de Joplin à Pan, en passant
par Cage, Xenakis, Ligety ou Grisey) d’un siècle où la musique s’est diversifiée à l’extrême. Un équilibre a été recherché dans le premier volume entre les différents genres présentés : opéra, ballet, musique de chambre, musique symphonique, oeuvres pour piano, oeuvres vocales. Le second volume reflète également l’éclatement des genres et l’ouverture progressive des frontières vers d’autres musiques.
Aucune analyse froide ou hermétique, car le but recherché reste de faire découvrir ou redécouvrir des jalons essentiels de la musique savante occidentale, et cela aussi bien aux musiciens ou mélomanes qu’aux néophytes.
Pour ces derniers, un glossaire des principaux termes musicaux utilisés se trouve à la fin de l’ouvrage. Après avoir mis l’eau à la bouche du lecteur, Guillaume Kosmicki propose une version sur disque de chaque pièce analysée ainsi qu’un choix complémentaire d’oeuvres à écouter. Dans de vastes introductions à chaque période, l’auteur fait preuve de talent pour décrire le contexte historique, sociologique et culturel, de même que les grands mouvements sous-jacents qui tissent la trame dans laquelle s’insèrent les compositeurs et leurs oeuvres.
Sorti fin 2012, ce premier tome se présente à juste titre comme « une porte d’entrée solide » aux musiques dites savantes à travers la présentation de plus de soixante-dix œuvres et compositeurs répartis en cinq périodes, le tout très justement introduit et complété par un indispensable glossaire, un index des compositeurs, d’importantes bibliographie et webographie, ainsi qu’un appel à fréquenter les bibliothèques, disquaires et concerts. De Debussy au mur de Berlin, pour chacune des œuvres chroniquées, Guillaume Kosmicki présente tour à tour : la biographie, la formation et les influences du compositeur, les caractéristiques, la mise en œuvre et interprétations de ses compositions, la progression narrative et la succession instrumentale du morceau choisi. Sans jamais céder à l’anecdote, et parfois en termes très techniques, il permet ainsi au lecteur d’aborder les musiques savantes par différents biais et lectures — linéaire ou transversale, historique ou musicale – en fonction de ses connaissances et centres d’intérêt.
« De l’écriture, tout découle », et notamment cette « exigence de recherche et de composition » caractéristique des musiques savantes ainsi que son appartenance historique à une élite et leur opposition à l’oralité de la culture populaire. A travers une longue introduction, Guillaume Kosmicki parvient à nous résumer l’évolution millénaire de cette « musica reservata » consacrée au XIXe par l’établissement de trois catégories — savantes, populaires et traditionnelles – subjectives et bouleversées au siècle suivant au gré des usages, de la technique, et surtout de l’Histoire et de sa marche vers la marchandisation. Une évolution menant à la prédominance du timbre dans la composition, « seul langage commun qui resort véritablement des cent dernières années, toutes musiques confondues ».
Didactique, historique, proposant à la curiosité du lecteur, du mélomane, du musicien ou du compositeur, tout autant de réponses que de questions, Musiques savantes se révèle être une mine d’or pour qui s’intéresse au travail de composition. A la conception du génie qui, tel Bach, déclare « ça leur plaira plus tard » et se voit le plus souvent considéré « en avance sur son temps », Guillaume Kosmicki répond — conscient que cette position est aussi celle de notre époque — « Nous n’adhérons pas à ce type de définition, car tout artiste est forcément le fruit de son époque et de la société dans laquelle il s’inscrit (ou refuse de s’inscrire, ce qui revient au même) quand bien même il n’est pas compris immédiatement par le plus grand nombre » comme l’illustre la réception de l’incontournable Sacre du printemps de Stravinsky, choquant en 1913 et triomphant en 1914.
Mélomane, à défaut encore d’être musicien, écrivain et chroniqueur, c’est avec bonheur en résumé que je me suis plongé dans cette véritable bible musicale consacrée à la création et à ces musiques aux multiples aspérités, découvertes au lycée grâce à un professeur d’histoire passionné et à côté desquelles j’étais passé en réalité. Encore tout cela n’est-il qu’un aperçu des richesses offertes par ces incontournables Musiques savantes que je vous invite à découvrir par vous même en compagnie du passionnant ouvrage de Guillaume Kosmicki. Quant à moi je vous donne rendez-vous dans deux semaines avec Moondog qui étonnamment n’y figure pas – peut-être verrons-nous pourquoi – à l’occasion de la conférence d’Amaury Cornut intitulée Moondog à travers le XXe siècle.
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En ce début de XXIe siècle, nombre de musicographes souhaitent rendre compte de ce qu’était la musique durant les dix décennies précédentes. Il y a cinq ans, par exemple, Jean-Yves Bras proposait sa vision des différents courants musicaux de l’époque [lire notre critique de l’ouvrage], tandis que, déjà auteur d’un livre essentiel sur les musiques électroniques [lire notre critique de l’ouvrage], Guillaume Kosmicki fait aujourd’hui l’inventaire des musiques savantes apparues entre 1882 et 1962. Le pluriel se justifie car, libéré d’une transmission orale qui nécessitait une certaine stabilité – « trop changer, c’est oublier » – et désormais lié au développement de l’écriture, l’art musical ne peut qu’évoluer et se diversifier, de surcroît lors d’une période riche en développements technologiques (radio, disque, électroacoustique, etc.).
Kosmicki a séparé la tranche temporelle abordée en plusieurs autres, introduites par quelques pages d’histoire politico-artistique. « Point de couture entre les siècles », 1880–1905 voit la bourgeoisie cultiver la liberté individuelle propice aux entreprises de spectacle, mais aussi au romantisme, à l’impressionnisme, au vérisme, à l’expressionnisme, etc. En 1905–1918, tandis que les États-Unis connaissent leurs premiers compositeurs d’envergure (Ives, Cowell), la modernité souffle sur une Europe bientôt traumatisée (atonalité, Ballets russes, etc.), tentée par un néo-classicisme rassurant. L’entre deux-guerres, 1818–1939, ouvre la voie à des innovations dadaïstes, dodécaphoniques ou prolétariennes (Neue Sachlichkeit, Gebrauchsmusik, etc.) – mais aussi au terme d’entarte Musik (musique dégénérée) dont beaucoup de représentants involontaires perdent la vie entre 1939 et 1945, quand d’autres créateurs résistent ou se compromettent – comme l’évoquait encore récemment Michael Hans Kater [lire notre critique de l’ouvrage]. « Reconstruire un monde » après d’innombrables génocides (Japon, Pologne, Allemagne, etc.), c’est ce qui va occuper la génération de 1925 en 1945–1962 – ou, si l’on préfère, « reconquérir […] les différents stades de l’écriture », comme l’écrit Boulez (1952). Paradoxalement, c’est une période de rupture avec le grand public, séduit par d’autres musiques moins cérébrales – tel le jazz, au carrefour des expressions traditionnelles, populaires et savantes, auquel Kosmicki accorde sa place –, voire seulement dansantes. À l’Est, les compositeurs évoluent en vase clos tandis que l’avant-garde de l’Ouest cultive son identité nationale loin de Darmstadt.
L’originalité de ce calendrier musical est de présenter une œuvre par an – grosso modo, bien sûr, puisque les années 1883 à 1889 ne sont pas illustrées, tandis que Mathis der Maler, Porgy and Bess et le Concerto à la mémoire d’un ange sont créés tout trois en 1935, de même que Metastaseis, Le marteau sans maître et Déserts en 1954. Le choix est inévitablement subjectif, quoique emblématique des bouleversements en cours. On ne s’étonnera pas de voir au moins deux fois le nom de certains qui ont conçu des chefs-d’œuvre dans la même poignée d’années (Cage, Debussy, Messiaen, Prokofiev, Schaeffer) ou sur le long terme (Bartók, Berg, Britten, Hindemith, Ravel, Schönberg, Stravinsky, Varèse, Webern). Sachant qu’un second volume se prépare (1962–2012), il est probable de voir réapparaître les noms de Berio, Boulez et Ligeti…
En deux ou trois pages, l’œuvre est inscrite dans son temps, ainsi que les recherches de son créateur à la vie rapidement brossée : Liszt émancipe la dissonance, Franck profite des qualités du grand orgue romantique, Fauré développe la mélodie de salon, Puccini renonce aux standards italiens, Janáček soigne la psychologie de drames intérieurs, Bartók collecte les chants paysans, Cowell invente le cluster, Strauss explore l’expressivité en amont de Schönberg, Mahler incarne le dernier romantique et Ravel un apôtre du piano moderne, Ives s’intéresse à la spatialisation et Satie à la « musique d’ameublement », Hindemith et Falla lorgnent les modèles passés tandis qu’Honegger et Antheil exploitent la richesse du quotidien, ou Milhaud les accents venus d’ailleurs – on pourrait encore citer Křenek, Barraqué ou Partch [lire notre dossier], moins attendus, que nous sommes heureux de ne pas voir oubliés.
« Porte d’entrée solide » à tous les curieux (avec glossaire et conseils d’écoute) ou, pour le spécialiste, alternative à une approche souvent thématique du XXe siècle, le fabuleux travail de Guillaume Kosmicki enrichit la culture de chacun et nourrit ses envies de (re)découvertes.
Après s’être penché sur le cas des free parties, des musiques électroniques et sur celui des musiques “savantes” de 1882 à 1962 dans un premier tome, le musicologue morbihannais Guillaume Kosmicki s’attaque désormais à la période contemporaine. Dans Musiques savantes : De Ligeti à la fin du monde, et après… 1963 – 2013, titre de son quatrième ouvrage dont la sortie est prévue en mai 2014, l’auteur s’intéresse à l’évolution des “musiques savantes”. Derrière ce barbarisme se cache ‘notamment la musique classique contemporaine mais pas que. Le jazz peut en faire partie également”, précise le pensionnaire de l’Orchestre de chambre de Vannes.
Dans son futur ouvrage, Guillaume Kosmicki croisera son objet d’étude avec le contexte historique. Décolonisation, fin de la Guerre froide, mondialisation… “Cette musique évolue avec son temps et demeure actuelle aujourd’hui encore.” Témoignages d’artistes et mise en relief de soixante-dix œuvres compléteront son propos. Que les mélomanes morbihannais se rassurent, “ce sera un ouvrage de vulgarisation, à la portée de tous”.
Voici un livre érudit, qui présente environ quatre-vingts œuvres de musiques savantes au pluriel et remarquables selon l’auteur, composées dans une période comprise entre 1882 et 1962. Ce qui est déjà d’une certaine originalité au regard des périodisations scolaires traditionnelles.
Contrairement à la vague positiviste illustrée par l’aventure Wikipédia, c’est un livre rédigé, non seulement l’auteur a un point de vue sur les œuvres qu’il présente, mais encore, les organise-t-il dans une vaste fresque et en moments privilégiés, justifiés par une réflexion personnelle.
Donc un livre érudit, mais aussi un livre savant, puisqu’on y réfléchit et qu’on y problématise. C’est un livre d’auteur.
Peut-être “Guide des musiques savantes” aurait-il été un titre plus judicieux. Car, même s’il discute cette idée de musique savante, qu’il en montre les limites et l’illogisme, l’auteur ne fait pas ce qu’il devrait faire : s’en débarrasser radicalement. Ce qui éviterait de déplacer sans fin cette aporie et d’en plomber les questions de l’élitisme ou du populaire, de l’écriture ou de l’oralité. D’autant qu’en art, la conception et l’accueil du public ne sont pas consubstantiels.
Guillaume Kosmicki donne corps à deux idées fortes. D’une part la musique est pour lui comme une analogie de la vie sociale. Une des richesses de ce livre est de considérer la musique comme un élément des dynamiques historiques. D’autre part il associe savant et écriture.
C’est donc à juste titre que des œuvres de Duke Ellington, Louis Armstrong, ou Thelonious Monk figurent au catalogue, tout comme celle du fabuleux Harry Partch, trop original, évoquant trop la culture indienne américaine pour espérer quelque reconnaissance. Mais dans cette optique de désenclavement, des compositeurs comme József Kozma, Paul Delmet, ou Gus Viseur, voire Boris Vian ou Django Reinhardt, illustrant d’importants courants musicaux, depuis la musique de film jusqu’au musette swing, en passant pas la chanson, auraient eu une entière légitimité à être évoqués.
Si j’apprécie au plus haut point la volonté de placer le propos et la documentation érudite dans une dynamique historique, je relève toutefois quelques simplifications, qui ne sont pas le fait de l’auteur, mais des manuels d’histoire de la musique. L’écriture n’est pas fondamentalement élitiste. Au départ, elle est confiée à des employés (il y a toujours des employés aux écritures), et les philosophes grecs enseignent oralement. Au IXe siècle, l’apparition des neumes n’est pas celle de l’écriture de la musique, mais de sa sacralisation à l’église (lire Olivier Cullin à ce propos). Il est vrai que la pratique de la notation neumée va se fondre avec l’apparition de la notation musicale et en effet — chose extraordinaire — on va pouvoir concevoir la composition musicale et sa transmission de manière conceptuelle, mais ce n’est pas ce qui lui donne un caractère savant ou, ce qui n’est pas la même chose, élitiste (il y avait des pratiques musicales savantes avant le IXe siècle). Cela dépend de l’usage social auquel est destinée la musique, et de la confusion entre notation musicale et écriture sémantique, qui ferait de la musique un art à comprendre plus qu’à écouter. En fait on est entre arts bruts, par exemple avec les recherches (sophistiquées) de John Cage, ou un Harry Partch, et l’harmonie des sphères, avec par autre exemple les Structures de Boulez. De ce point de vue, des compositeurs voulant tenir les deux bouts, comme André Jolivet, Henri Tomasi, voire Jean Françaix, absents du panorama auraient été bienvenus.
Si la musique, comme tout art est un élément des dynamiques historique, je ne pense pas qu’elle en soit une analogie, mais plutôt une émanation fantasmagorique (un élément de la superstructure de la société selon Karl Marx). C’est ici, une autre source des quelques simplifications, à mon sens, que j’ai relevées. Par exemple, on ne peut pas dire que le Romantisme soit l’art bourgeois par excellence, parce que les caractères musicaux du romantisme (lesquels en vrai ?) correspondent aux caractères sociaux et existentiels de la bourgeoisie.
C’est pourquoi le titre du livre met le mur de Berlin au regard de Claude Debussy, égalité entre événement politique et événement musical. De ce point de vue, je me méfierais en faisant de l’histoire, de la mémoire collective issue de la guerre froide. Personnellement, je ne reprendrais pas sans étude critique, la rengaine du Chostakovitch « subissant les foudres du Parti et de la censure », pas seulement parce qu’il fut un compositeur particulièrement apprécié et célébré, mais il faudrait ce faisant, pour que cela ait un sens autre que seulement antisoviétique, réfléchir à ce qu’est la liberté de création en général, aux politiques de programmation, aux dictats académiques y compris en France (en passant : à l’interdiction des rassemblements technos). Se demander pourquoi on se régale sans restriction des musiques du XVIIe siècle, œuvres de compositeurs assujettis aux princes et à l’église, et pourquoi, par exemple, à propos de Thelonious Monk, on évoque seulement dans ce livre des oppositions entre noirs et blancs, alors que les noirs étaient privés de droits civiques. Je ne suis pas contre, a priori, l’idée que la sujétion, la privation de libertés, voire l’esclavage, aient motivé des créations artistiques de qualité, et que là, l’intolérance fut catastrophique, surtout quand il s’agit de l’œuvre géniale de Chostakovitch : il faut y aller voir.
Un livre érudit, rédigé, savant… et qui fait discuter, une rareté dont il faut profiter, le temps n’étant pas à cet air.
Guillaume Kosmicki était l’invité de La Matinale pour parler de son nouvel ouvrage : MUSIQUES SAVANTES, DE DEBUSSY AU MUR DE BERLIN (1882–1962). Tome 1
Podcast en écoute ICI
Difficile de réunir au sein d’un même ouvrage la totalité d’un vingtième siècle musical plus que pléthorique ? Guillaume Kosmicki et les éditions Le Mot et le Reste s’en sont chargés. En attendant le second volume qui couvrira les années soixante à nos jours, Musiques Savantes, de Debussy au mur de Berlin (1882–1962), offre de multiples portes d’entrées à tous les amateurs curieux et mélomanes soucieux de parfaire leurs connaissances. Articulé en cinq grandes parties introduites par un préambule historique, l’ouvrage fonctionne par entrées présentant œuvres remarquables, emblématiques ou indispensables à la compréhension d’une époque, d’un courant artistique. Avec ce type de lecture ludique et ingénieuse, la multiplicité des musiques dites savantes ne s’impose pas comme un kaléidoscope complexe mais comme un puzzle sonore facile à composer et à comprendre. Une belle réussite.
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Spécialiste réputé, auteur de l’excellent Musiques électroniques, des avant-gardes aux dance floors, le musicologue Guillaume Kosmicki propose aujourd’hui aux éditions Le Mot et le Reste un ouvrage traitant des musiques écrites occidentales qui, outre son historiographie très documentée, trace un parcours amoureux au cœur d’une musique jugée parfois radicale à sa création et pourtant souvent devenue universelle. Il présente pour cela soixante-treize œuvres classées en six périodes distinctes, liées aux événements mondiaux qui ont morcelé le siècle en question et courent de La lugubre gondole de Frantz Liszt au War Requiem de Benjamin Britten.
Après avoir défini ce qu’il entend par « musiques savantes » et les distances qu’il convient pourtant de prendre avec cette expression imparfaite, utilisée faute de mieux, il envisage de manière linéaire la fécondité d’une période où l’on trouve, comme il l’écrit, « une diversité stylistique encore jamais rencontrée dans l’histoire de la musique ». De l’approche inédite du timbre à l’introduction de l’électroacoustique et même du jazz, cet ouvrage ausculte en profondeur tout ce qui constitue le langage des musiques exigeantes de notre temps. L’auteur raccroche l’univers des compositeurs aux réalités de l’Histoire : exil et oppression pour Hindemith lorsqu’il écrit Mathis der Maler en 1935, propagande pour Chostakovitch lorsqu’il compose sa Symphonie n°7 « Leningrad » sous les bombes en 1941… Mais aussi scandales et révolution de Stravinski et son Sacre du printemps, jusqu’au Déserts de Varèse, auquel Kosmicki voue une sincère – et bien compréhensible – admiration. Chaque œuvre dispose d’une entrée indépendante où une large part est faite à la didactique et à la critique. Servi par une écriture fluide, l’ensemble est envisagé avec beaucoup de passion et permettra même aux lecteurs les plus pointus de trouver les clés nécessaires à la découverte de Mossolov, ou de Scelsi.
Et le jazz dans tout ça ? Il est partout, répondra le provocateur. L’auteur a l’excellente idée de ne pas cloisonner les musiques au profit de LA musique, qui s’irrigue dans cette période, bien plus que dans d’autres, de l’ensemble de ses vaisseaux. On retrouve ainsi Ellington (Ko-Ko) bien assis entre John Cage et Luigi Dallapicola ou encore Monk (’Round Midnight) à la suite de Prokofiev… Mais aussi, de loin en loin, l’influence de cette musique sur Satie, Berio, et bien sûr Bernstein et Gershwin. Cet ouvrage est d’ailleurs indispensable à ceux qui voudraient comprendre ce qui pétrit largement le jazz contemporain. Un second tome est en préparation, qui évoquera la période allant de 1962 à nos jours… Prenons déjà les paris : Coltrane ? Zappa ? Aphex Twin ? Levinas ? Braxton ? Les choix seront sans doute cornéliens. On en salive d’avance !
Guillaume Kosmicki propose un parcours musical à l’usage des mélomanes curieux.
Qui a encore peur de la musique moderne? Avec l’avènement du disque, puis de la radio et plus encore d’internet, le XXe siècle a rapproché l’art musical savant et les pratiques plus intuitives de la musique populaire. La technologie a bouleversé les habitudes d’écoute, la rapidité de diffusion des musiques même les plus obscures, aussi bien que la composition elle-même. Résultat: les barrières entre les styles tombent, les limites des genres deviennent floues, les esthétiques se mélangent, l’écoute se «mondialise». L’heure est au remix global, et la «génération electro» n’hésite plus désormais à mettre côte à côte sur ses platines ou ses playlists le souffle hypnotique de Miles Davis, les illusions sonores de György Ligeti, les incantations instrumentales de Mulatu Astatqé et les martèlements entêtants de Squarepusher.
Les mélomanes qui ont biberonné aux vinyles improbables et aux MP3 de toutes provenances recherchent avant tout l’excitation de nouveaux territoires à défricher. Mais comment s’y retrouver dans la joyeuse cacophonie des styles du XXe siècle? Malgré son titre austère, Musiques savantes, de Debussy au Mur de Berlin 1882–1962 de Guillaume Kosmicki ouvre des pistes utiles pour explorer cette fascinante et labyrinthique période de l’histoire de la musique.
Plutôt qu’une «somme exhaustive» mais à la lecture facilement «décourageante», le jeune chercheur préfère proposer une forme plus accessible: une sélection de septante-trois œuvres représentatives d’autant de courants différents dans la musique du XXe siècle (et de la toute fin du XIXe siècle). Chacune est brièvement commentée et inscrite dans le parcours créatif de son compositeur. Forcément subjective, d’une ambition à la fois vaste et mesurée, l’approche de Guillaume Kosmicki souhaite offrir une «porte d’entrée» aux «amateurs curieux mais encore timides vis-à-vis de ce monde musical singulier», et elle y parvient.
Aux côtés des titres incontournables, Sacre du printemps, Pierrot lunaire et autre Boléro, le choix abonde en musiques «charismatiques», susceptibles d’avoir un impact immédiat sur les oreilles curieuses: du Ballet mécanique de George Antheil aux percussions de Ionisation d’Edgar Varèse, en passant par le piano préparé de John Cage, les rythmes machinistes d’Alexandre Mossolov ou la musique concrète de Pierre Schaeffer.
PAS D’EXCLUSION
Loin de ne s’intéresser qu’aux avant-gardistes, Guillaume Kosmicki rappelle que le lyrisme appuyé de Barber, Bernstein ou Britten a pu cohabiter avec les épines sonores de Barraqué, Boulez, Stockhausen ou Xenakis, sans que ces esthétiques si radicalement opposées ne s’excluent mutuellement. Et si au moins une figure majeure brille par son absence (Sibelius!), quelques incursions du côté de la note bleue viennent souligner à quel point une musique d’origine populaire comme le jazz a pu s’élever au rang d’art et contribuer au rapprochement actuel entre les genres. L’apprenti mélomane trouvera dans Musiques savantes de quoi apaiser sa soif de nouveauté. Le second tome, à paraître, prolongera l’invitation à la curiosité jusqu’à nos jours. Un livre pour ne pas écouter idiot.
Sous le titre de Musiques savantes, ce livre embrasse un champ de recherche très large qui s’étend de la fin du XIXe siècle jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Exactement quatre-vingts ans caractérisés par la diversité musicale et deux événements historiques importants : la mondialisation conséquente à la fin du romantisme à la construction du mur de Berlin.
Raconter en environ quatre cent pages les diversités stylistiques de ces années, encadrer les frontières des nouveaux langages musicaux, différencier les genres musicaux et faire un choix de compositeurs à présenter à travers une ou deux œuvres de référence, n’était a priori pas simple. Malgré tout, le musicologue Guillaume Kosmicki déjà auteur de Musique électroniques, des avant-gardes aux dance floors pour les éditions Le Mot et le Reste, offre une somme, bien entendu, non exhaustive des recherches musicales les plus significatives.
Le livre présente une sélection chronologique des œuvres les plus représentatives des courants musicaux et les plus emblématiques des créations des compositeurs. Le choix étant subjectif, l’auteur précise bien, dans l’introduction à cet ouvrage qu’il convient de prendre ses suggestions pour ce qu’elles sont : une piste qui pousse les amateurs timides à se familiariser avec ce siècle hétérogène, et une porte à franchir pour les plus curieux assoiffés de connaissances. Il faut donc se méfier du titre un peu obscur et vaguement élitisme, car Musiques savantes prend en considération beaucoup de répertoires se démarquant tout simplement des musiques populaires. A côté des Ragtimes de Scott Joplin, on trouve en effet Tosca de Giacomo Puccini, Parade d’Erik Satie, Ecuatorial, Désert et Ionisation d’Edgar Varèse, Ko-ko de Duke Ellington, Round Midnight de Thelonious Monk, Cinq Etudes de bruits de Pierre Schaeffer etc. Une panoplie d’œuvres, de styles et de compositeurs qui ont en commun la recherche sur le timbre. La dernière œuvre présentée War Requiem de Britten, avec son hommage aux victimes du conflit mondial, encadre idéalement une période d’horreur et ouvre sur de nouveaux horizons qui seront présentés, par le même auteur, dans le deuxième volume de Musiques Savantes.
Encore une belle moisson de livres en cette fin d’année à offrir à vos amis ou à vous même. Aux éditions Le mot et le reste, Guillaume Kosmicki explore dans « Musiques savantes » la diversité sans précédent de la musique du XXe siècle de Debussy à Boulez jusqu’à Stravisky et Messian. De leur côté, les éditions Fetjaine font dans la diversité avec « Bowie les années studio » de Paolo Hewitt qui présente toute la carrière et le génie créatif du musicien caméléon, « Desperate Rockwives » de Pierre Mikailoff qui raconte le destin de ces femmes qui unirent leur destin à des vedettes du rock pour le meilleur ou pour le pire et un superbe coffret qui rend hommage au légendaire groupe Led Zeppelin à travers un livre illustré et des documents rares. Puis, aux éditions Camion Blanc, Chris Salewicz nous conte avec force détail la vie de Bob Marley et son parcours atypique pour devenir le plus grand artiste de reggae de l’histoire et une icône emblématique. Dans deux ouvrages passionnants aux éditions Rivages, David Linskey nous relate dans « 33 révolutions par minute » la naissance de la protest-song moderne et les principaux hymnes qui ont accompagné les grands moments de l’histoire contemporaine. Retour en France avec les éditions du Cherche-Midi et l’ouvrage de Pascal Spizzo : « Cabrel par Cabrel » dans lequel le barde d’Astaffort se livre pour la première fois sans détours. Enfin, pour terminer ce tour d’horizon, dans « Profondeur de chant » (éditions de l’Archipel), Alain Wodraka analyse en détail le cheminement artistique d’Yves Duteil qui fête quarante ans de chansons cette année.
Ce matin-là, Guillaume Kosmicki était l’invité de la matinale de radio CANAL B et présentait son ouvrage Musiques savantes. Une émission à réécouter ICI
Glitch recommande aussi la lecture de Musiques savantes de Guillaume Kosmicki, paru ce mois ci dans l’excellente maison d’édition Le mot et le reste.
“GLITCH – LE MOUV”: http://www.lemouv.fr/diffusion-glitch-ep-9
Dans un monde obsédé par la simplification, où l’amalgame entre savoir et élitisme est monnaie courante, ce que l’on nomme « musiques savantes » fait parfois l’objet de mépris car bien souvent méconnu. Si au départ, elles diffèrent des musiques dites populaires en cela qu’elles s’écrivent, elle n’en demeurent pas moins à l’origine de la plupart des grands bouleversements esthétiques du siècle dernier – dont il est principalement question ici. Après s’être fait remarquer grâce à Musiques électroniques et, surtout, Free Party, une histoire, des histoires, le musicologue Guillaume Kosmicki nous invite à revivre l’histoire et rebondit sur une sélection pertinente d’œuvres – de Debussy à Cage, de Stravinsky à Schaeffer. L’ouvrage s’arrêtant en 1962, un second tome est prévu afin de couvrir le spectre jusqu’à nos jours. On vous en reparle, car ce premier volet est d’ores et déjà à mettre dans toutes les mains.