Revue de presse
Nino Ferrer : un chanteur drôle et mélancolique
Vingt ans après la disparition de Nino Ferrer, France 2 revient sur l’histoire de la chanson Mirza et la carrière du chanteur.
Nino Ferrer a trouvé sa voix grâce à un chien perdu. Inconnu du public dans les années 1960, il se révèle en une soirée. Mais entre Nino Ferrer et la chanson Mirza, c’est à la fois l’histoire d’un triomphe et d’une souffrance. En 1965, il est déjà un musicien surdoué, virtuose de la contrebasse jazz. Il aime le rythm’n blues, il admire Ray Charles, Ottis Redding et le tout jeune Stevie Wonder. Au cœur de l’été, il se retrouve sur scène à La Playa à Saint-Tropez (Var) et fait une petite blague. “Le propriétaire (...) a perdu son chien et comme Nino est sur scène, on lui demande de faire passer le message. Au lieu de faire un appel classique, on joue un fond musical et il se lance dans une improvisation”, raconte son biographe Henry Chartier. Il entonne ainsi un air de Stevie Wonder qu’il reprend dans la chanson.
Un tube dix ans après
Dès lors, Nino Ferrer fabrique du “rigolo” puisqu’on lui en demande, comme avec Le Téléfon ou encore Les Cornichons. Mais ce qui fait rire le public rend le chanteur mélancolique. “Sa maison de disque le poussait un petit peu dans ce sens-là, et puis même le public. Ses belles chansons, ses ballades, ça marchait moins bien”, explique Georges Chatelain, producteur, musicien et ami du chanteur. Déçu, Nino Ferrer s’éloigne de la scène, part à la campagne et peint. Dix ans après Mirza émerge un nouveau tube, une chanson qui ressemble enfin à son auteur : Le Sud. Mais le chanteur considère que son succès entachera sa qualité. Comme pour se réconcilier avec Mirza, il réenregistrera plus tard la chanson en gospel.
Cette biographie de plus de 200 pages, nous livre un portrait complet d’un personnage que l’on peut qualifier d’iconoclaste dans l’histoire de la chanson française.
Artiste, compositeur et musicien autodidacte surdoué Nino Ferrer, dont les rapports en mode “Je t’aime moi non plus” avec les médias pourraient être comparés avec ceux entretenus par un certain Jean Louis Murat (dont Il Francese, son dernier album sera chroniqué dans notre prochaine émission), n’a jamais récolté de son vivant la reconnaissance qu’il aurait pu mériter.
Adulé dans les années 60 pour son répertoire rythm & blues, qui derrière la gaudriole et le pastiche (« Mirza »; « Ho, hé, hein, bon »; « Je veux être noir »; et bien sûr le “Téléphon”...), constitue sans aucun doute ce qui se faisait de mieux dans les années soixante; avec les premiers albums de Dutronc, Polnareff; Nino Ferrer a connu une incroyable traversée du désert partiellement occultée par les succès de “La Maison près de la fontaine” et bien sûr de l’immense carton de la chanson “le Sud” qui s’est vendue à l’époque à plus d’un million d’exemplaires…
Le drame de Nino Ferrer est qu’il ait été surtout reconnu et acclamé pour ses singles; un peu à la manière des Kinks en quelque sorte; et que la liberté et la créativité de ses albums n’ont jamais été soulignés… Le travail de Henry Chartier met en avant les aléas qu’à rencontré Nino Ferrer avec les maison de disques (9 durant sa carrière), ses humeurs et parfois ses colères (citons en vrac: guitares cassées de rage lors de concerts, échauffourées avec le public breton ou autres organisateurs, producteurs, musiciens ; brouilles avec des amis…), on y descelle également une certaine distance avec les courants musicaux et les modes; un mépris des médias…
Cet ouvrage permet de mieux comprendre les éléments de “dysfonctionnement” ou de caractères d’autodestruction liés à l’artiste.
De même, la qualité de ses albums des années 80 et 90, que l’auteur qualifient de passables ou médiocres ; et pour lesquels l’artiste était quasiment autoproduit ; donnent également des éléments de compréhension.
Nino Ferrer, malgré son talent n’aura pas gravé son Nougayork ou son « Aux armes etcetera », lui assurant une reconnaissance tardive ou une renaissance commerciale.
Pour conclure, je citerai justement les quelques mots de Claude Nougaro au lendemain de la mort de Nino Ferrer. Rappelons que l’artiste s’est suicidé d’une balle de carabine tirée en plein le cœur, dans un champ près de sa villa de La Taillade :” Nino Ferrer était un homme qui m’a toujours plu parce que c’était un esthète. Il avait un côté aristocratique de la beauté, de l’art. Il était pur. Entre nous, il y avait quand même une sorte de filiation profonde au point de vue du rythme. C’était un passionné de rythme et un grand écrivain du rythme. C’était un noble profond. Il avait le sang bleu de l’âme. Je trinque avec une larme.”
Une très belle biographie, d’un artiste majeur de la chanson française.
Voici 20 ans qu’en plein été, le 13 août, Nino Ferrer s’est donné la mort en se tirant une balle en plein cœur dans un champ. Une fin tragique pour un chanteur qui aura signé quelques-uns des tubes les plus populaires des années 60–70, ‘Mirza’, ‘Le téléfon’, ‘les cornichons’, ‘Oh ! Hé ! Hein ! Bon’ ! , des titres sensibles devenus des standards (‘Le Sud’, ‘La maison près de la fontaine’), sans oublier des morceaux engagés marqués par le rhythm’n’blues, au premier rang desquels ‘Je veux être noir’, où il rend hommage à James Brown et Wilson Pickett.
Dans cette biographie passionnante, Henry Chartier retrace le parcours d’un musicien libre, auteur à succès qui a coupé les ponts avec le show-business et n’a jamais oublié le jazz de ses débuts professionnels comme contrebassiste dans un groupe dédié au style New Orleans (les Dixie Cats). Assurément, il faut réécouter Nino Ferrer, né Agostino Arturo Maria Ferrari le 15 août 1934 à Gênes, d’un père italien et d’une mère française originaire de Nouvelle-Calédonie.
À l’été 1998, Nino Ferrer décidait de nous quitter, pour de bon cette fois, après avoir fui le grand public et le milieu artistique. Il voulait vivre en marge, et il nous laisse une brassée de grandes chansons mélancoliques (Ma vie pour rien ; C’est irréparable ; La rua Madureira ; Oerythia ; L’inexpressible ; etc.) et des microsillons prodigieux (pour les meilleurs, citons « Enregistrement public » 1966; son chef-d’œuvre de rock progressif « Métronomie »; « Nino Ferrer & Leggs »; « Nino and Radiah »; « Blanat »; et enfin « Ex-libris »). Et ne boudons pas nos plaisirs primaires avec des bulles de savon humoristiques comme Les cornichons; Oh! Hé! Hein! Bon!; Madame Robert…
À l’occasion de ce funeste anniversaire, l’éditeur « Le mot et le reste » publie Nino Ferrer : un homme libre. C’est la deuxième fois qu’Henry Chartier consacre un ouvrage au chanteur. Chartier n’est pas à proprement parler un expert en chanson française. Il se présente plutôt comme « spécialiste des musiques actuelles ». On lui doit des livres sur John Lennon, Serge Gainsbourg, Kurt Cobain, Christophe ou sur… le rock satanique. Ce qui peut faire peur, admettons-le. Au bout du compte, il analyse le travail de Nino de manière parfois fine, avec force détails (quelques fois trop), et en d’autres occasions superficiellement, multipliant les références culturelles pédantes et surtout inutiles. Et on ne parle même pas des comparaisons boiteuses entre Ferrer et ses collègues.
Cependant, l’important est ailleurs: dans l’énergie et la passion que met Chartier pour nous faire redécouvrir et approfondir le parcours de Nino. Il décrit la vie privée du chanteur, jusque dans des détails très intimes sur ses mœurs amoureuses. Mais ça aide à comprendre l’homme et l’œuvre. Il s’appuie sur de nombreuses entrevues et textes de Ferrer ainsi que sur des entretiens réalisés avec ses proches et collaborateurs. Il explore longuement la carrière internationale de l’artiste, particulièrement en Italie. On retrouve également une discographie très riche, mais qui oublie quand même de citer le cd hommage à Nino Ferrer enregistré par des artistes québécois (ma critique d’origine ici).
Touffu, son bouquin est un bon complément à la bio de référence («Nino Ferrer, du noir au sud» de Christophe Conte et Joseph Ghosn, qu’on aimerait bien voir rééditée en poche, actualisée).
Chartier dresse le portrait d’un artiste fantasque et colérique, amusé et désabusé.
Lire la chronique sur le blog de Francis Hébert
Nino fut bouffé tout cru par ses quelques tubes, qui gommèrent toute son œuvre riche et variée, aux frontières du jazz, du rhythm’n’blues et du rock’n’roll sur des paroles très actuelles et visionnaires pour son époque. Henry Chartier dans son livre rend hommage à toutes ses activités créatives et dresse le portrait d’un homme libre, écorché vif révolté et bon vivant malgré tout.
Vous avez peut-être vous aussi remarqué lors d’une époque morose où la culture de bas étage ruisselle la mièvrerie aux gondoles de la consommation, les industries du disque se repaissent sur les cadavres des auteurs compositeurs interprètes qui avaient des tripes et un certain talent anticonformiste.
Ainsi, cet automne, on fêtera, on festoiera sur les restes de Jacques Brel, qui quarante déjà était passé de vie à trépas. Au point qu’une revue très sérieuse telle Le nouveau Magazine littéraire lui consacre un dossier en septembre 2018. A nous faire prendre des lanternes pour des étoiles au firmament d’un Brel qui aurait été « un grand rockeur méconnu » ! Ah bon, ça m’avait échappé !
J’ai hâte de considérer sous quel regard le père Nino Ferrer (né le 15 aout 1934 à Gênes en Italie / et décédé le 13 août 1998 à Saint-Cyprien dans le Lot) sera traité, suite justement à la parution de sa biographie et dont je vais me faire un plaisir de vous repaitre. D’autant plus que « Vingt ans après », on pourrait le dire en paraphrasant Dumas, Nino Ferrer est toujours vivant par son œuvre multifacette, très riche et subversive.
Henri Chartier, l’auteur de « Nino Ferrer un homme libre » aux éditions Le mot et le reste lui redonne vie. Contrairement à son blaze c’est un homme de lettres féru de musiques ouvertes et textuelles. Capable à lui tout seul de jeter des ponts entre Lennon, Gainsbourg, Cobain, Christophe, le rock et la politique et même le rock satanique, à qui il a déjà consacré des ouvrages.
Déjà, pour les éditions Au bord de l’eau, au trémolo tout près de Bordeaux, il s’était penché sur le père Nino en 2007.
Marseille l’a pris sous son aile et c’est tout naturellement que les éditions Le mot et le reste lui ont ouvert leurs pages. D’autant que cet éditeur à consonance musicale actuelle et littéraire représentait le parangon idéal pour porter Nino à sa juste démesure, tant son œuvre digresse toutes les catégories musicales où on a voulu l’enfermer.
N’était-ce pas Monsieur Boris Vian qui caractérisait le tube comme un morceau creux ? Nino pourtant pas nœud nœud s’était pris les pieds dedans et toute sa vie durant, on a voulu le parquer dans le carcan des « Mirza », « Le Téléfon » ou « Le sud », qui au demeurant ne sont pas des raves !
Nino exprime son amertume pour ses fameuses chansons « Ces chansons (Mirza, Le Téléfon ect) traversent les années parce qu’elles ont été matraquées en radio. Le show-biz a fait ce qu’il fallait pour les faire entrer dans la tête des gens. « Mirza », c’est un blues en mineur sur tempo rapide, rien de plus. « Le Téléfon, c’est un texte rigolo qui aurait sûrement fait rire Max Jacob ou Alfred Jarry. Mais leur réalisation musicale et technique était épouvantable ». (page 39)
C’est encore Boris Vian flanqué d’Henry Salvador et Michel Legrand qui ont importé le rock’n roll en France (il y est fait d’ailleurs une légère allusion dans le livre), comme une farce et ode à la dérision pour se bidonner. Lorsqu’ils se sont s’aperçus que la sauce prenait, ils ont très vite retiré leurs billes du jeu de massacre. D’autres après eux beaucoup plus sérieux se sont enfournés dans la brèche pour recevoir les pépettes. Je préfère taire leurs noms !
Nino quant à lui à ses débuts n’était pas encore le « T’es rock coco » d’un Léo Ferré, mais un créateur de rhythm’n’blues à la française. Tenant ses sources musicales dans le jazz. France Musique lui a consacré un temps d’antenne de qualité pour cerveau ouvert et accessible intitulé « Nino Ferrer, l’enfant du jazz » et ce n’est sans doute pas un hasard.
Accompagnateur à la contrebasse de la chanteuse Nancy Halloway, puis du batteur Richard Bennet, il est passé du jazz, au blues, au rhythm’n’blues au rock’n roll. Car durant toute son existence, il s’est joué des styles musicaux pour effectuer une mue constante, une sorte de synthèse de différentes musiques qu’il affectionnait.
« Adolescent mal dans sa peau, appartenant à une famille bourgeoise déclassée et déracinée, la musique est un moyen de s’évader : « Ca m’a permis de décoller vers un autre monde » confiera-t-il ». (page 19)
Il a essayé pléthore d’instruments avant de jeter son dévolu sur une guitare basse Fender. « La basse a été très importante pour moi. Je suis illettré en matière de musique, mais joue de la basse, ça m’a appris à décomposer les harmonies, ça m’a permis finalement de composer et d’arranger ». (page 19)
« Illettré en musique », c’est vite dit Nino ! Eclectique, il tire ses influences aussi diverses chez Mozart à Rachmaninov, de Brassens à Ferré, de la bossa nova, des Beatles, Doors, Santana… mais aussi du regretté Jacques Higelin, qui dans les années 70 influencera son mode d’écriture de ses textes mis en musique. Mais aussi évidemment de la musique noire américaine blues ou jazz (Armstrong, Modern Jazz Quartet, et ensuite du rhythm’n’blues (Ray Charles, Otis Redding…)
Sans oublier un James Brown qui chantait en 1968 : « Je suis noir et j’en suis fier » et associait musique et revendication des noirs. Quant à Nino, il nous signifiait : « Je veux être noir ».
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Dans une collection publiée avec le concours de la Région Sud Provence-Alpes Côte d’Azur. Henry Chartier, spécialiste des musiques actuelles, est un biographe confirmé. Il a écrit à propos de Serge Gainsbourg, Kurt Cobain, John Lennon, et, Christophe. Cette biographie est la seconde qu’il consacre à l’itinéraire de Nino Ferrer. Saviez-vous que Nino Ferrer était né italien ? A l’origine, il se nomme Ferrari, et fit une longue partie de sa tumultueuse carrière, en Italie. La lecture de ce texte n’est pas aisée. Henry Chartier détenait une importante quantité d’informations. Tant mieux ! Hélas, il en fait un mauvais usage pour le lecteur, en abusant des répétitions, des redites, des retours en arrière. C’est vraiment très pénible, d’autant plus que l’éditeur a fait le choix d’un caractère trop petit. Nino Ferrer avait de très mauvais rapports avec la presse, et avec la télévision, en particulier. Henry Chartier, nous rappelle que son opinion était proche de celle de Pierre Bourdieu : « Comme l’a fort bien noté Bourdieu, être « bien vu » des journalistes « implique bien des compromis et des compromissions » ce que Ferrer n’était, depuis des années, plus prêt à faire. » Serge Halimi lui, parlait « des chiens de garde ». Aujourd’hui, rien n’a changé, la situation, s’est encore dégradée, les artistes étant d’accord pour accepter tous les outrages, au nom de l’argent roi. On peut dire que les multiples «sautes d’humeur » de Nino Ferrer étaient souvent justifiées. Nino Ferrer était un homme généreux, un créateur engagé dans des projets avec ses amis musiciens, qui le mettaient en difficultés financières, pour les combler, il donnait de nombreux concerts, assez tourmentés. Il était capable d’insulter le public, lorsqu’il le trouvait indigne. Henry Chartier parle d’une cinquantaine de dates par an, entre 1981 et 1984. Nino Ferrer était un passionné de jazz, et avant tout, un musicien. N’a t’il pas écrit : « Je veux être noir ». Pas de doute, il aurait partagé le chagrin des millions d’individus qui pleurèrent la mort d’Aretha Franklin. Nino Ferrer était aussi peintre, et présenta ses œuvres à la Coupole (qui organisait des expositions, portée par le souvenir des célébrités qui firent sa réputation), en 1994. Il sera par la peinture nommé officier des Arts et des Lettres. Nino Ferrer se donna la mort, le 13 août 1998, vers 13 heures, en se tirant une balle dans le cœur. La meilleure façon de lui rendre hommage, c’est d’acheter ses disques, et surtout, pas seulement ses tubes. Il faut écouter, et entendre les textes de Nino Ferrer, ils sont souvent une longue protestation. Un de ses derniers titres étant : la désabusion. Une intelligente idée de cadeau !
Lire le billet sur le Blog des Arts
Agostino Arturo Maria Ferrari, naît en Italie le 15 août 1934. La mère française et le père gênois s’étaient rencontrés en Nouvelle-Calédonie. Vingt ans après son suicide, un ouvrage fouillé (Un Homme Libre) – signé Henry Chartier – et un coffret avec inédits (Et toujours en été) honorent l’artiste.
Hasard malencontreux, les Ferrari se rendent en vacances en Italie en 1939. Inspirons-nous pour le personnage de Nino du travail de Henry Chartier, l’auteur de la somme Un homme Libre. Surpris par la guerre, impossible de retourner en Nouvelle-Calédonie. Nino a 5 ans. Il grandira dans la maison de famille, entre Ligurie et Piémont. Celui qui composera Le Sud rapportera : « il y avait la guerre partout.» Les Ferrari émigrent à Paris en 1947. A l’école, Nino sera en but au racisme quotidien des camarades de classe et des professeurs. Le soir, il écoute le poste. Le jazz retient l’attention de l’hyper-sensible. Une révélation. Il jette le dévolu sur un banjo. En 1953, par une rencontre dans un bar de la place de l’Odéon, la voie s’ouvre. Le batteur Richard Bennett étudie au Lycée Louis-le-Grand; Nino Ferrari à la Sorbonne. Ils vont jouer leur passion, le jazz de Louis Armstrong, au jardin du Luxembourg, et sous le Pont-Neuf. Entreprise lucrative. Les compères forment les Dixie Cats. Décrochent le concours de la revue Jazz Hot en 1956, jouent au club légendaire du Vieux Colombier, écument les bals des grandes écoles, se retrouvent en studio en 1959 derrière le trompettiste Bill Coleman. Le 45 tours sort. Il s’intitule Boom (sic) HEC 1959 – Bill Coleman presents Richard Bennett et ses Dixie Cats. Je suis tombé adolescent sur la pépite. C’est un bijou. Bill est décédé à Toulouse en 1981. Un géant mineur du jazz, comme on dirait d’Alexandre Vialatte qu’il est un géant mineur de la littérature française. J’avais rencontré Lily, l’épouse – adorable – du trompettiste à Marciac en 1990. Les plus grands noms ont sollicité l’Américain : Fats Waller, Count Basie, Lester Young, Django Reinhardt, etc. Son solo titanesque sur Blues for Teddy – 2 minutes 46 de bonheur – accroche immédiatement, bouleverse. Quel improvisateur! Le premier titre de Boom HEC figure sur Youtube. Ecoutez-le! Louis Armstrong n’aurait pas hésité à saluer le discours de Coleman. Pour son premier véritable enregistrement, chance inouïe, Nino tombe sur la perle rare. Selon ses termes, de surcroît, Bill se montre «un type merveilleux». La jeune formation poursuit avec enthousiasme l’aventure. Nino passe du banjo à la basse. Le voilà sur orbite. C’est sans compter sur le contexte. La vague yé-yé percute la France. Ecarte brutalement le jazz des scènes. Les Dixie Cats cherchent à s’adapter. Prêts à sauter du ternaire (jazz), au binaire (rock, rythm’n’blues). A l’affût, ils séduisent Nancy Holloway. La chanteuse les engage. Scotchée par la voix de Nino, la diva lui cède parfois le micro. Nancy : «Nino a toujours chanté avec moi, même au début. J’aimais bien sa voix, j’aimais comme il chantait. On faisait beaucoup de duos».
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”Lisez l’intégralité du billet de Bruno Pfeiffer sur son blog”=http://jazz.blogs.liberation.fr/2018/09/02/nino-ferrer-le-jazzman-qui-chamboula-la-chanson/
Nino Ferrer a disparu il y a 20 ans, en 1998. À cette occasion, un coffret hommage Et toujours en été... par Barclay et une biographie Nino Ferrer un homme libre signée Henry Chartier viennent de paraître. L’artiste, souvent incompris, est au programme de “Pop & Co” ce lundi.
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