Il est de fait nécessaire de lire Moments Parfaits : on y apprend une foule de choses, certaines que l’on subodorait (pour faire court : Philippe est un mec bien) et d’autres que l’on n’aurait pu savoir autrement qu’en les lisant, éclairant par là-même la personnalité de Katerine (qui n’est pas celle que vous croyez)
Madonna Summer – Gonzaï
Revue de presse
Dans ce deuxième volet d’émission, je vous livre une sélection de lectures qui a occupé ces récents mois de COVID. Musique: Philippe Katerine, moments parfaits de Thierry Jourdain paru en 2020 aux éditions Le mot et le reste, Brian Wilson, interview, Malibu 1992 de Michka Assayas paru en 2020 aux éditions Le mot et le reste.
Un podcast à réécouter en ligne
Thierry Jourdain était l’invité de Raphaël Melki dans son émission La musique se livre pour parler de Philippe Katerine.
Souvent présenté comme un extraterrestre, Philippe Katerine est un artiste total. Total parce qu’il ne se s’interdit rien : musique, arts plastiques, danse, littérature, acteur, réalisateur. Totale parce que libre. Avec Thierry Jourdain qui signe une biographie validée par l’artiste, nous allons dans cet épisode regarder derrière les apparences, et ne pas se fier à la première impression pour comprendre toute la tendresse, la finesse, l’intelligence, la poésie, et le sens aigu de l’observation que l’on retrouve dans la plupart des chansons de Katerine.
L’émission est à réécouter sur Fréquence protestante
”L’objet, paru aux éditions marseillaises Le Mot Et Le Reste (impeccables comme toujours), emprunte son titre à une chanson de l’intéressé : Moment Parfait. Et c’est effectivement le moment idéal pour le publier : l’an dernier, à cinquante ans tout juste, Philippe Katerine accédait enfin à la reconnaissance du showbiz (« Meilleur Acteur dans un Second Rôle » lors des Césars puis, quelques mois plus tard suite à la sortie de son dernier disque salué un peu partout, « Artiste Masculin de l’Année » aux Victoires de la Musique). Sur scène, face aux professionnels du spectacle et à son public, il n’en revenait pas : lui, le gamin timide planqué derrière un corps d’adulte freaky mais pas dupe, devait maintenant remercier. Et il le fit à sa façon : sans tricher, sincèrement, un peu maladroit mais touchant, avec ces traits d’humour qui n’appartiennent qu’à lui – ceux d’un homme que chacun sait à côté, et lui le premier. Philippe Katerine en ces lieux, sous la lumière factice des néons : une évidence, tout autant qu’une aberration. Ceci est un spectacle. Et à la fin du spectacle, l’artiste remercie. Quant à l’homme… il a sa liberté de penser, eh eh : il pense (et fait) absolument ce qu’il veut. Il pense beaucoup d’ailleurs : il pense le jour, il pense la nuit (ses rêves lui fournissent régulièrement la matière première de son travail) et couche ensuite spontanément toutes ses pensées… sans arrière-pensées. Voilà, c’est un bon résumé. Alors que dire de plus à son sujet ? Mille choses, car celui-ci est inépuisable…”
Lire l’article en intégralité sur Gonzaï
La première biographie sur Katerine vient de sortir et on adoooooore
Que s’est-il passé dans la tête du petit Philippe Blanchard avant qu’il ne devienne Katerine ? Et pourquoi ses copains cruels le surnommaient “Poubelle” à l’école ? L’auteur Thierry Jourdain s’est posé toutes ces bonnes questions dans “Moments parfaits”, un livre d’entretien avec l’artiste le plus fou de la chanson française à lire cet hiver en coupant/remettant le son.
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, jusque-là aucun auteur ne s’était penché sur son cas, éminemment psychiatrique : Katerine, auteur incontrôlable de la pop française, d’abord chanteur rive gauche pour dandys abonnés à Télérama, s’est peu à peu frayé un chemin vers le succès avec “Robots après tout”, en 2005. Mais avant le succès de Louxor j’adore, le natif de Thouars avait déjà publié 6 albums, dont le merveilleux “8e ciel”, passé sous les radars. C’est cette vie entre bricolage, collection de ses propres cacas (voir le docu zinzin Peau de cochon) et consécration populaire avec sa Victoire en 2020 dans la section artiste masculin que tente de retracer Thierry Jourdain dans Moments parfaits, aux éditions Le Mot et le Reste.
C’est donc la première bio intégralement consacrée à celui que les médias surnomment affectueusement “l’OVNI de la chanson française”. C’est vrai que Philippe Blanchard plane un peu plus haut que les autres, et à lire les premières pages du livre, il semble que cela remonte à très loin dans l’enfance. On y apprend notamment que l’un de ses passe-temps préférés était de dessiner des Jésus en érection, que le déclencheur remonte à son internement (sic) en pension, où il devient le bouc émissaire de ses copains cruels qui le surnomment “Poubelle” (ce qui le poussera à ne plus se laver pour leur donner raison) et que, pour résumer, cette folie créatrice a forcément des origines un peu plus tortueuses.
La lecture du pavé (223 pages) est vivement conseillée à ceux qui croient encore que Katerine simule ce pas de côté. Le livre devrait éclairer certaines zones d’ombre, sans qu’on réussisse à tout comprendre du garçon, notamment cette envie d’auto-analyse déjà palpable sur l’album “Philippe Katerine” (2010), peut-être le plus dada de tous avec ses parents sur la pochette et des musiques composées à partir du générique d’ouverture de Windows.
[…]
Toute le chronique est disponible sur Jack
Philippe Blanchard né en 1968, est vendéen, comme l’était notre regretté ami le romancier, critique et hitorien d’art et d’architecture, Michel Ragon, mort à Paris, le 14 février 2020. Philippe ou Katerine ? Il n’a jamais voulu choisir. Philippe Katerine Blanchard, amateur de confessions, outre le fait qu’il est marié à la comédienne, Julie Depardieu, à laquelle, il fit deux enfants, se confie à Thierry Jourdain, journaliste dans le domaine de la musique, de la photographe, et de la littérature.
[…]
Si, vous êtes persuadé que Philippe Katerine, compositeur de chansons, réalisateur de films, chanteur membre de la Nouvelle chanson française, n’a jamais été, et, ne sera jamais un être sérieux, alors, vous devez acheter, et lire, ce livre de toute urgence. Bonne idée de cadeau. Très illustré, en in-texto, par des documents d’archives et des photographies en partie inédites.
Avec onze albums studio, des collaborations à foison, des compositions pour d’autres, des rôles au cinéma et des livres pour adultes et enfants, l’hurluberlu ne laisse plus personne indifférent. “Philippe
Katerine est un personnage très aventureux”, cette citation de Philippe Blanchard, alias Katerine, à propos de sa créature ouvre le livre biographique de Thierry Jourdain. Suivant un ordre chronologique, le biographe déroule le parcours singulier du chanteur-acteur à l’aide des commentaires de l’artiste et de nombreux témoignages de proches et de compagnons (sa sœur, sa fille, Dominique A, Julien Baer… ). Des parallèles audacieux sont établis entre les textes des chansons et les nombreux rêves de son auteur. On découvre un timide qui se soigne à la détermination et à la vérité de ses audaces artistiques aussi radicales que populaires, mû par un authentique “goût du bide”.
C’est une biographie, riche de commentaires de la part des principaux intéressés, que nous propose Thierry Jourdain. Après Elliott Smith, can’t make a sound et Miossec, une bonne carcasse (tous deux déjà parus chez Le mot et le reste), il se penche, telle une bonne fée rock n’ roll, sur la carrière de l’excentrique Philippe Katerine. Moments parfaits porte dès lors très bien son nom puisque ceux que nous passons à découvrir l’itinéraire artistique du Vendéen sont de cet ordre.
Nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé Thierry Jourdain dont nous avions dévoré la biographie dédiée à Elliott Smith. Celle-ci, très complète, était emplie de pudeur, mais aussi d’une précision et d’une rigueur tout à l’honneur de Thierry Jourdain. Sans faire dans le sensationnalisme quant à la mort inexpliquée du chanteur américain, il dressait un portrait au plus près de l’être humain qu’il était. Nous attentions donc avec impatience de tourner les pages de Philippe Katerine, moments parfaits, pour retrouver cette patte caractéristique, toute en subtilité. Et autant le dire tout de suite, nous n’avons pas été déçus, du tout.
[…]
Avec ce livre, dont la forme est dynamique (les analyses de Thierry Jourdain sont entrecoupées d’extraits de discussions rendant le tout très vivant), nous découvrons un homme haut en couleur, fortement sympathique, un ami rêvé en somme. Thierry Jourdain possède en outre l’art de s’arrêter sur les détails qui font sens, pour tirer un portrait au plus juste d’un homme des plus attachants et intrigants qui soit (musicalement ou cinématographiquement). Cette étoile filante qu’est Philippe Katerine nous gonfle le coeur d’une bonne humeur qui reste imprégnée en nous tout au long du livre, et bien après.
Et surtout nous donne envie de relire chacun de ses albums en toute connaissance de cause. Ce que nous allons évidemment faire de ce pas.
La chronique intégrale est disponible sur Litzic