Revue de presse
« Power pop », quèsaco ? Avec cette sélection de cent albums qui sont autant de petits chefs-d’œuvre cachés, Christophe Brault nous ouvre les oreilles sur le monde merveilleux du rock tonique et mélodique. Un genre que l’on situera au carrefour des Who, Kinks et Beatles. Pop et puissant, donc. Knack, Blondie ou The Cars sont les noms les plus connus de la power pop, mais nombre de groupes obscurs valent le détour : Paul Collin’s Beat, Posies, Real Kids, etc. Que de secrets bien gardés qui sont autant de merveilles à (re)découvrir !
Au nombre des quantités de divisions, genres et sous-genres du Rock et de la Pop se trouve cette case floue, qui déborde à droite sur un peu tout, presque sans définition : la Power Pop…
J’en étais resté au « Power Chords », ces merveilleux riffs de guitare puissants, électriques, utilisés par les Who, Kinks, Troggs, Pretty Things… qui avaient imposé la « British Invasion » mondiale, avant que d’autres, comme Marc Bolan (T. Rex ) ou Bowie ne les ressortent pour renforcer un Glam Rock, oncle glitter méconnu du Punk.
La catégorie Power Pop, elle, se revendique des Beatles, guitares, mélodies et chœurs, cherchant rythme et harmonie, pour un mélange qui se veut à la fois dansant et souriant, en gardant l’énergie première des Anglais… Pari bizarre, où il y a très peu de réussite.
Peu d’élus sur ce créneau, mais sur lequel s’escriment des quantités de groupes, souvent américains (ma théorie étant que les US ne se sont jamais remis des l’invasion anglaise qui a bousculé leurs roots : Folk, Blues, Rock et Pop…)
Christophe Brault propose un parcours héroïque de près de 100 groupes aux éditions Le Mot et le Reste… J’adore ces historiques dont on ne connaît que dix groupes sur 100 (!) ça rend modeste.
Le Power Pop, contraire du Rock ?
Il faut dire que le diktat Rock planétaire fut longtemps (et reste ?) que le Rock se devait d’être trash ou violent ou suicidaire ou pervers ou asexué ou noir, dépressif, désespéré et dans le meilleur des cas, se terminer par un suicide ou une auto destruction… Vous connaissez ?
On a donc inventé « Power Pop », pour séparer un Rock énergique, parfois nerveux et tranchant, mais trop positif et FM, un truc pour ados qui ont envie de danser plus que de se révolter…
Donc voici les initiateurs : Badfinger, Flamin’ Groovies, Big Star, Raspberries… Grâce au gnon Punk, une autre vague avec Cars, Knack et surtout Blondie (Debby Harry), qui s’est permis de passer du Punk au Disco, du Rap au Jazz, et dominer quelques morceaux « Power Pop » : normal, c’est un truc d’Arlequin, d’équilibristes, un peu risque tout, donc casse-gueule… qui s’est pourtant développé sur tous les continents.
Pour chaque double page un groupe, une pochette, des liens avec d’autres groupes cousins et une description détaillée du genre, plus ou moins Rock, plus ou moins réussi, avec des leaders : The Romantics, The Beat, The Plimsouls, Gogo’s, Jack Lee entre autres, dixit l’auteur…(si on met à part des inclassables comme Flamin’ Groovies, Debbie Harry, Badfinger, Nick Lowe… et d’autres outsiders).
Un livre compilation, cultivé et complet, révélant la partie immergée de l’iceberg Pop-Rock : un vertige si on imagine la quantité d’autres formations éphémères, inclassables, oubliées et perdues, dans les marges du Rock…
Power pop. Mélodies, chœurs & Rock and Roll. Par Christophe Brault. Éditions Le Mot et le Reste. 256 pages. 20 euros. Avec à la fin : liste des sites, podcasts, livres, blogs, top 100… Bonne idée !
Lire la chronique sur le site de Nova
Raconté l’histoire de la power pop, depuis ses origines, avec les Easybeats australiens notamment qui devinrent les managers d’ACDC, en passant par the Knacks, The Romantics, the Lemonheads ou Weezer, ne pouvait être l’œuvre que d’un ancien disquaire, Christophe Brault, devenu conférencier rock s’il vous plaît, un Breton qui travailla notamment comme animateur sur France Bleu Armorique.
Car à côté des Cars, de Blondie des Go-Go’s ou de Teenage Fan Club (tous héritiers des The Kinks, The Who ou The Beatles bien entendu…), ce barde, dont la muse n’est pas le bignou mais ce landerneau d’artistes, rend grâce à Big Star, Squeeze, Cheap Trick, Nick Lowe ou aux Flamin’Groovies, et surtout remet au jour des pépites oubliées comme les Travoltas, Kurt Baker, Utopia, the Wigs, The Bongo’s ou Bram Tchaikovsky (l’ancien chanter des Motors) ! Notre préféré, question nom en tout cas, étant le groupe espagnol en activité depuis 15 ans, Suzy y los Quattro. Dommage dès lors que Suzy Quatro n’y figure pas. Sans doute, Christophe Brault se la garde-t-il pour son anthologie consacrée au glam-rock…
”*Lisez cette chronique
Un genre encore méconnu
Qu’est-ce que la power pop ? A cette question, Christophe Brault, auteur de Rock Garage (Le mot et le reste, 2016), essaie d’apporter quelques réponses. Pas simple quand on voit qu’au final, le genre n’a brillé commercialement qu’à la fin des années 70 avec le méga tube de The Knack, My Sharona, même si on doit noter un net retour ces dernières années avec des groupes comme Weezer. Christophe Brault la définit en tout cas de la manière suivante : des mélodies à la Beatles alliée à des guitares rock et des chœurs puissants. Oui mais ça vient d’où?
Une flopée de groupes
Au fond, un groupe mod comme The Who lance la formule : des chansons de l’album Tommy et encore plus sur Who’s Next sont des hymnes power pop. Mais voilà, il y a un paradoxe : beaucoup de groupes lancent le genre mais peu fonctionnent commercialement. Il y a Badfinger bien sûr mais leur destinée est tragique. Citons aussi le premier album du Big Star d’Alex Chilton en 1972 (très bien décortiqué ici) avec le fabuleux September Gurls. Mais ça ne marche pas, la décennie appartient au hard-rock, au rock progressif et bientôt au disco. Des groupes fameux aujourd’hui comme les Flamin’ Groovies ne percent pas. Le punk et surtout le ras-le-bol contre le disco permettent à un moment à la power pop de s’épanouir. Après le succès de The Knack et de Blondie aussi (Parallel Lines avec Sunday Girl et Hanging On The Telephone), des groupes sont signés et des albums paraissent.
Mais la vague retombe : on est frappés dans ce livre par le nombre de carrières avortées, de musiciens qui replongent dans l’anonymat. Même le succès des Knack ne dure pas. Et il y a pourtant des pépites : écoutez la chanson Let go de Dirty Looks !
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L’étonnante résilience du genre fascine : à lire et avec de la musique en fond s’il vous plaît.
Lisez la chronique intégrale sur Boojum
“Le moment où tu peux gagner quelque chose” : Karyne Lefebvre présente le livre de Christophe Brault et vous explique la power pop.
Une chronique à réécouter à partir de 1h29’ sur le site de Radio Canada
“Innocente, mais fatale. ” C’est une fois encore à cette double qualification, introduite en 1974 dans les pages de Phonograph Record Magazine pour évoquer les impressions ressenties à l’écoute de September Gurls de Big Star, que l’on finit par revenir lorsque les définitions génériques ne cessent de se dérober. Née au début des années 1970, de la volonté nostalgique de quelques adolescents américains de prolonger la concision mélodique des pionniers de la British Invasion – Beatles et Who en tête – dans une époque de dérives progressives et de stridences métalliques, la power pop n’a cessé de se développer dans de multiples directions au cours des cinq décennies suivantes. Aucun bilan de ces métamorphoses protéiformes n’existait encore en langue française. Un manque que vient combler l’ouvrage de Christophe Brault, Power Pop : Mélodie, chœurs et rock’n’roll.
Après avoir synthétiquement retracé les développements historiques de ce genre souvent mal considéré, de sa naissance jusqu’à la période contemporaine, l’auteur propose d’en illustrer l’histoire par l’exemple, au fil d’une discographie abondamment commentée et constituée de cent albums essentiels, des plus incontestablement emblématiques (Raspberries, 20/20, Teenage Fanclub) aux plus obscurs ou confidentiels (Circus, Hawks, Nick Piunti). Une copieuse liste de rattrapage ainsi que de précieuses indications compilatoires permettent de compléter ce tour d’horizon rigoureux et érudit, qui s’efforce de rendre justice à des groupes et des artistes dont l’insuccès commercial et l’absence de notoriété – à de trop rares exceptions près – demeurent toujours aussi aberrants.
Voici, en exclusivité pour section26, quelques bonnes feuilles de son ouvrage.
”Lisez les bonnes feuilles sur le site de section26“http://section-26.fr/bonnes-feuilles-christophe-brault-power-pop-melodie-choeurs-et-rocknroll-le-mot-et-le-reste/
L’équipe de section26 reçoit Christophe Brault à l’antenne pour discuter de son anthologie Power Pop. Ce dernier a composé une playlist de son cru pour l’occasion.
Un échange passionnant à réécouter sur le site de section26.
Le lundi, le service Culture du « Monde » propose aux lecteurs de « La Matinale » un choix de concerts, de festivals, d’ouvrages…
Biographies, études thématiques sur un genre ou une période, souvenirs autobiographiques, dictionnaires, recueil façon « cent meilleurs disques »… L’édition fait régulièrement la part belle aux ouvrages consacrés à la musique, au sein de structures spécialisées ou dans des maisons généralistes. La rubrique musiques du service culture a retenu quelques parutions récentes.
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Christophe Brault, ancien disquaire, collaborateur radio et déjà auteur d’un ouvrage sur le rock garage chez le même éditeur, Le Mot et le reste, dresse un panorama complet et chronologique sur cette mouvance regorgeant de trésors méconnus (surtout entre 1977 et 1981), du pionnier Emitt Rhodes en passant par les figures Dwight Twilley, The Flamin’ Groovies, The dB’s… et quelques destins tragiques aussi (Badfinger, Phil Seymour…). Il faut saluer la volonté de mettre en avant certains disques plutôt que d’autres plus familiers (Wish You Were Here de Badfinger, Utopia, par la formation du même nom emmenée par Todd Rundgren) sans négliger non plus la première division (Blondie, Bangles, Cars…). On pourrait regretter au sein de cette sélection de 100 disques l’absence de Tommy Keene et des contemporains The Shins et The New Pornographers. Mais c’est aussi l’éternel dilemme inhérent à l’exercice.