Revue de presse
L’auteur est un passionné, un esthète et rien de lui échappe. Il connaît son sujet sur le bout des ongles, sur le bout des lèvres et l’on reste béat devant tant de travail d’investigations… (je cite). Des précurseurs Procol Harum ou Moody Blues aux héritiers Radiohead ou The Mars Volta, Frédéric Delâge rend justice à l’énergie et à l’imagination sans bornes d’un genre capable de se renouveler par des détours souvent inattendus (…) L’aventure du rock progressif est une histoire qui continue de s’écrire au présent.”
C’est un ouvrage passionnant nourris de détails croustillants. Une bible… Parmi Magma, Steven Wilson, King Crimson et tant d’autres, on y découvre Ange. C’est à la page 118 et rien que pour ça… Vous voyez c’que je veux dire !
Le passionné de musiques progressives doit déjà être en possession de cette nouvelle bible publiée fin 2014… Si ce n’est pas le cas, considérez cette chronique comme une piqûre de rappel. En 250 pages et 100 chroniquess de disques, notre ami périgourdin, journaliste professionnel à Centre Presse et à La Nouvelle République du Centre-Ouest nous distille une prose érudite et aisée à lire.
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Les ouvrages traitant du rock progressif étant (trop ?) peu nombreux, c’est toujours avec grand plaisir et délectation que l’on apprend la sortie d’un nouveau livre consacré à ce sujet. Avec Prog 100 – Le rock progressif des précurseurs aux héritiers, Frédéric Delâge s’est plié à ce nouvel exercice familier, étant donné la passion qui l’anime.
Frédéric Delâge, – s’il était encore besoin de le présenter dans le microcosme du rock progressif – journaliste à Centre Presse et La Nouvelle République du Centre-Ouest, n’en est pas à son premier coup d’essai. Il est notamment l’auteur de Genesis : la Boîte à musique et de Chroniques du rock progressif 1967–1979. En dehors de l’édition de ces ouvrages, Frédéric a aussi collaboré dans le passé aux feus magazines Rockstyle, Compact et Crossroads.
Dans ce livre, paru en octobre dernier, Frédéric a sélectionné pour nous 100 albums ‘hors de toute vaine ambition d’exhaustivité’, et selon la règle un groupe/un album. Cent œuvres qu’il considère comme représentatives de la période du rock progressif allant de 1968 à 2014 : une sélection d’albums indispensables, de coups de cœur, d’œuvres cultes et de joyaux oubliés.
Une très bonne ‘ouverture’ d’une trentaine de pages permet à l’auteur d’identifier les différentes périodes du rock progressif et de dresser, pour chaque ’ère’ de ce style musical, le portrait des différents protagonistes ainsi que le contexte culturel, social et économique sous-jacent.
Au cours de cette chronologie, nous avons droit à une explication sur les précurseurs proto-prog des sixties (les Beatles, Procol Harum, King Crimson), les origines britanniques de ce rock, son but, ainsi que les acteurs clés du début du classic prog des années 70 (Van der Graaf Generator, Genesis, Yes, Pink Floyd, ELP…). La situation dans les autres pays européens de cette époque est aussi dépeinte. On passe ensuite à la négociation difficile des années 80 et la génération post-prog (Marillion, IQ, Pendragon…), années de formatage musical où le punk phagocyte une bonne partie du paysage musical, au renouveau des années 90 à dominante plus métal pour certains groupes tels que Dream Theater, pour finir sur une touche positive sur le devenir progressif de ce nouveau millénaire, déjà riche de plus de 45 ans d’héritage progressif. Nous avons là en tout cas en quelques pages une excellente rétrospective de ce courant musical. Quelques phrases, très importantes, sont placées au bon moment et donnent quelques clés de compréhension vitales. On y comprend par exemple pourquoi on peut lire quelquefois ‘progressiste’ à la place de ‘progressif’, pourquoi l’Italie est bien représentée dans ce microcosme, quel est le message véhiculé par cette musique, pourquoi la nouvelle génération des années 80 a pris un virage plus métal. Sont évoquées aussi les idées que l’on peut considérer le rock progressif comme ‘une extension moderne d’un langage musical (..) fondé par des compositeurs britanniques du début du XXe siècle, comme Ralph Vaughan Williams ou Gustav Holst’, ou ‘comme une réponse typiquement européenne, imprégnée de musique folk, classique, baroque ou médiévale, à un rock majoritairement issu du blues et de la musique noire américaine’. A moins que ce ne soit juste ‘une création de musiciens très talentueux, qui se sont vite ennuyés à ne jouer que trois accords, et ont ressenti le besoin d’inventer des choses plus complexes et plus exigeantes’. Peut-être est-ce finalement un peu de tout cela…
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Nous allons commencer avec la question traditionnelle de Musicwaves, quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Aucune, je ne suis pas suffisamment sollicité pour des interviews pour faire face à ce genre de problème. Mon métier de journaliste fait qu’en général, c’est moi qui pose les questions !
Comment es-tu venu au rock progressif et quel est ton premier choc prog ? Comment devient-on horloger du progressif ?
Je ne sais pas si je suis un horloger du progressif, je te laisse la responsabilité du terme même s’il est plutôt flatteur, du moins j’espère ! Je suis venu au progressif… progressivement. En découvrant The Beatles à l’âge de 12 ans, puis Mike Oldfield et Supertramp à 13–14 ans, puis Genesis à 15–16 ans qui fut, si l’on peut dire, mon premier « choc prog » ! Assez vite, je me suis mis à écouter aussi Yes, Van der Graaf Generator, King Crimson… Mes goûts m’attiraient davantage vers ce rock sophistiqué anglais des années 70 que vers celui de mon époque, les années 80, que je trouvais généralement plus froid, plus formaté. Je crois que c’est en compulsant la rubrique « pop rock » d’un Quid des années 80 que j’ai découvert que j’écoutais pour l’essentiel du rock progressif, comme M. Jourdain faisant de la prose sans le savoir ! Au fil des années, j’ai poussé mes recherches plus loin, puis j’ai collaboré à plusieurs magazines, notamment Rockstyle qui m’a permis d’interviewer de nombreuses figures du genre dans les années 90. Et puis au début des années 2000, comme il n’existait pas de véritable livre en français sur le prog, j’ai décidé d’en écrire un moi-même, ce qui a donné Chroniques du rock progressif 1967–1979, paru début 2002.
Est-ce que tu considères Prog 100 moins comme une simple réédition (certaines chroniques d’albums chroniqués – sauf erreur – se trouvent déjà dans ton premier livre, mais tu n’as pas fait de copier-coller) que comme la poursuite de Chroniques du rock progressif qui s’arrêtait en 1979 ?
C’est évidemment la poursuite du premier livre. Par rapport au précédent, sur les 100 albums chroniqués, il doit y avoir 27 disques en commun, dont j’ai remanié les textes, plus ou moins en profondeur selon les cas. En 2001, je n’avais pas forcément envie de m’aventurer au-delà de la période classique des seventies. Mais aujourd’hui, le contexte a changé, les influences progressives ont de nouveau un impact sur des groupes mainstream, et la définition du prog s’est aussi élargie, il suffit de voir les groupes au sommaire chaque mois du magazine anglais Prog. Le terme progressif n’est plus réservé aux seuls héritiers directs de Genesis et de Yes, et c’est tant mieux ! Prog 100, comme son sous-titre l’indique, fait aussi le lien entre les précurseurs des sixties, les grands classiques des seventies et les héritiers modernes du progressif, en suivant une acception du terme relativement large.
Un seul album par groupe était-ce un choix éditorial ? Est-ce que cela ne déséquilibre pas la donne au regard de l’histoire du rock progressif ? (cela peut donner l’impression que T2 est aussi important que Rare Bird, Caravan ou Yes)
Un seul album par groupe, c’est au départ le choix éditorial de l’éditeur Le Mot et le Reste, pour respecter le principe de ses autres parcours discographiques, Reggae 100, Africa 100, Electro 100 etc, et ouvrir au maximum le nombre de groupes évoqués tout en restant sur le principe d’une centaine de disques chroniqués. Je comprends tes réserves par rapport à ça, mais je me suis efforcé de contourner le problème en brossant les grandes étapes de l’histoire du rock progressif dans une introduction d’une trentaine de pages. On y perçoit donc clairement quels sont les groupes majeurs. Ensuite, chaque chronique étant conclue par une discographie sélective, plus ou moins fournie selon les cas, la lecture du livre fournit une idée précise de l’importance respective de chaque groupe. Mais il ne faut pas considérer ma liste de 100 disques comme celle des 100 meilleurs albums de prog de tous les temps. Chroniques du rock progressif s’en rapprochait un peu, du moins pour ce qui concerne les seventies. Là, c’est d’abord une sélection, la plus ouverte possible, pour donner envie au lecteur de (re)découvrir toutes les facettes du prog, de ses débuts jusqu’à aujourd’hui.
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L’auteur propose un florilège des cent meilleurs albums du rock progressif. Ses choix sont judicieux, ses chroniques très pertinentes. Voici Meddle, son Pink Floyd préféré : “One of These Days”, instrumental construit sur une base simple et hypnotique, avec un vent synthétique qui s’engouffre dans les sillons puis une basse énorme, des accords d(orgue intrusifs, l’intervention vocale trafiquée de Nic Mason (Un de ces jours, je te couperai en petits morceaux) et l’accélération précédant le décollage.
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Un ouvrage indispensable.
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Avec un sous-titre programme : Le rock progressif des précurseurs aux héritiers. Le principe de ce livre est intéressant en soi : confier à un spécialiste le soin de répertorier une centaine de produits de qualité en rapport avec sa spécialité. Autrement dit, faire connaître aux lecteurs ce qui se fait de mieux dans un genre musical donné.
Vous avez sans doute entendu parler de rock progressif et vous en avez entendu et écouté sans le savoir. Alors pour ceux qui ne savent pas de quoi il retourne : « Il s’agit alors pour ces jeunes musiciens (…) de faire éclater le carcan couplet-refrain du format traditionnel des chansons pop. De repousser sans complexe les frontières du rock pour l’émanciper de ses racines blues. De mêler son énergie électrique à des influences héritées ouvertement de la musique classique, du folk ou du jazz. Mais pas question pour ces groupes-là de verser dans le passéisme ou l’académisme. » Cela me semble on ne peut plus clair… L’idée est donc de chambouler à la fois la forme des textes et l’influence musicale… Et l’auteur de dater l’origine du rock progressif du 1er juin 1967, date de sortie de l’album des Beatles Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band pour au moins un titre « A Day in the Life ». Effectivement, si vous écoutez cette chanson aujourd’hui, vous reconnaîtrez facilement les signes de la définition ci-dessus. Pour ce qui est du choix qui suit l’historique et la présentation, je suppose que peu d’amateurs et de connaisseurs trouveront à redire. En ce qui me concerne, cela m’a permis de constater que, bien souvent, nous jouons les Monsieur Jourdain – qui fait de la prose sans le savoir – sans nous en rendre compte. Peut-être tout simplement parce que nous écoutons de la musique sans participer des fans qui ne s’adonnent qu’à un ou deux groupes. Je crois que les albums sélectionnés devraient toucher un grand nombre d’auditeurs. Et l’on notera que la deuxième sélection non commentée propose des albums datés 2014…
Question : combien parmi ceux qui liront cette chronique disposent dans leur CDthèque ou leur collection de vinyles d’albums de rock progressif sans penser que cela en est ???
Bonnes écoutes…
LIRE LA CHRONIQUE SUR LE SITE DE DAILY BOOKS
C’est avec un très grand plaisir que j’entame aujourd’hui cette longue série de chroniques destinée à découvrir ensemble quelques très beaux volumes de cette merveilleuse maison nommée à juste titre Le mot et le reste dont les ouvrages sur la musique, qui constituent une bonne partie du catalogue, font chaque fois sensation, unanimité et événement.
Cette série, comme je vous l’avais indiqué la dernière fois, comprendra notamment, après The LP Collection que vous avez pu découvrir en décembre (ICI), quelques titres aussi indispensables qu’intemporels parmi lesquels l’imposant Rock progressif d’Aymeric Leroy, les impressionnantes Musiques savantes I et II de Guillaume Kosmicki et, pour commencer, l’inépuisable Prog 100 de Frédéric Delâge.
C’est en 1996 que j’ai découvert le rock progressif avec l’achat dans une Fnac d’un curieux CD pour ainsi dire promotionnel intitulé Le Meilleur du rock progressif instrumental, 70 minutes de rock progressif pour 35 balles et publié par Muséa. Après m’être empressé de commander le catalogue et avoir découvert quelques raretés parmi lesquelles La Mosaïque de la rêverie du groupe japonais Pageant, ce n’est que près de dix ans plus tard que j’ai redécouvert ce courant à sa source par l’intermédiaire d’un fan de Yes et des premiers Genesis, intégré ses codes, et poursuivi de façon décousue mes investigations jusqu’à ce que ma femme, que je ne remercierai jamais assez, m’offre ce fameux Prog 100 à Noël, assorti du tome I des Musiques savantes de Guillaume Kosmicki, qui n’est pas sans lien comme nous le verrons… progressivement.
« Né en Angleterre à la fin des années soixante, expression musicale du foisonnant idéalisme de la contre-culture, le rock progressif ne se prête pas facilement à une définition exhaustive ». Dans une préface d’une trentaine de pages, Frédéric Delâge se prête néanmoins à l’exercice. Le « prog » c’est ainsi et d’abord une double « démarche progressiste » qui vise à réformer le rock, à « l’émanciper de ses racines blues » et dans le même temps à « mêler son énergie à des influences héritées ouvertement de la musique classique, du folk ou du jazz ». Conséquence directe de cette ambition, le prog c’est d’abord une structure, un format, des références, puis un son caractéristiques marqués par une virtuosité et un foisonnement aisément reconnaissables. C’est dire combien, en prog plus qu’ailleurs, tout commence et tout fini par l’écoute, ce qui fait du Prog 100, anthologie et discographie de référence, une entrée en matière idéale.
Sobre et direct, concis mais dense, passionné et passionnant, Prog 100 est un ouvrage très référencé, aux tonalités aussi diverses que riches, à l’image de la musique qu’il entend évoquer par sa composition et ses influences, convoquer dans ses jugements, invoquer dans ses élans. Un ouvrage cohérent, qui ne s’écarte jamais de sa ligne directrice tout en l’élargissant suffisamment pour y intégrer ses « précurseurs » les plus évidents comme ses « héritiers » les plus éloignés. Un ouvrage qui semble resserré dans son format, dans son thème comme dans son titre mais qui s’avère dès les premières chroniques plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur et nous fait voyager dans le temps à l’instar du très britannique Doctor Who en nous présentant de façon chronologique, de 1968 à 2014, 100 albums et autant de groupes, tous pays confondus. En bonus, à la fin de chaque chronique, l’on peut découvrir d’« Autres albums essentiels », d’autres groupes « À écouter aussi », « Et pour 100 albums et artistes de plus… » aller directement à la fin de l’ouvrage, juste avant la table des matières qui nous redonne à nouveau l’envie de parcourir l’ouvrage et de redécouvrir, avec les connaissances et l’oreille acquises, ses chroniques et sa musique.
Avec le recul l’on découvre ainsi que si, pour façonner son ouvrage, le journaliste et chroniqueur Frédéric Delâge a choisi comme pierre angulaire de cette architecture successivement ou conjointement minimaliste et monumentale, d’une part « l’album comme le format privilégié d’explorations parfois virtuoses » et d’autre part la filiation, c’est qu’à travers chacune de ces œuvres considérées comme autant de manifestes ou de jalons, chaque période est fortement marquée par son rapport à la précédente. Le pré-prog d’abord marqué par le rock, évidemment, le psyché et le folk, mais aussi influencé par le blues, le jazz et le classique, ces deux derniers permettant, à l’écoute, de classer très rapidement le mouvement en deux franges distinctes. Un pré-prog qui, s’il demeure encore très ancré dans son époque, n’en est pas moins aussi expérimental qu’inégal, portant à la fois les germes de sa croissance et de son déclin. L’âge d’or, marqué par les leçons de ces expérimentations, qui renforce son identité et sa cohérence. Le post-prog et néo-prog enfin qui, à l’instar du pré-prog, entre atavisme et avant-gardisme, réserve soit par un retour aux sources soit par des expérimentations plus osées encore, quelques excellentes surprises.
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RETROUVEZ L’ARTICLE DANS SON INTÉGRALITÉ SUR LE BLOG D’ÉRIC DARSAN
Il y a des incontournables. Pink Floyd. Yes. Genesis sous l’ère de Peter Gabriel. Les descendants : Radiohead, Archive. Et les découvertes. Le journaliste Frédéric Delâge a répertorié, dans son ouvrage Prog 100, les cent lus grands groupes de ce style musical qu’il aime tant. Tant par son cratère, né de la contre-culture que de son ”état d’esprit défricheur, loin de tout style établi et balisé”, que de sa structure, éloignée du tandem refrain-couplet. Déjà en 2002, le passionné avait balayé le terrain, publiant le premier recueil français sur le rock progressif, ainsi qu’une biographie de Genesis. “La maison d’édition Le mot et le reste voulait rééditer l’ouvrage sur Genesis. Mais je pensais plus à un nouveau projet. Mettre en avant le rock progressif, mais non plus uniquement en se limitant de ses origines aux années 1970 mais jusqu’à aujourd’hui, souligne le journalise de la Nouvelle République de Poitiers.
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Un style sans frontière, à part entière. Et un livre tout aussi ouvert et rempli de belles découvertes documentées.
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Le magazine anglais de référence Prog consacre une très bonne chronique au livre de Frédéric Delâge. Ci-dessous la traduction.
Il est temps de dépoussiérer votre niveau scolaire en français pour savourer cette remarquable anthologie du prog.
Le journaliste français et blogueur musical Frédéric Delâge a déjà écrit deux ouvrages sur le prog. Son précédent livre, Chroniques du rock progressif, 1967–1979 a été publié en 2002 et se concentrait sur cette décennie fondatrice pour la musique, tandis que cette suite, qui commence également au tout début de l’émergence du prog en Grande-Bretagne à la fin des années 60, nous mène jusqu’au Pale Communion sorti par Opeth en 2014. Si votre niveau en français le permet, ce livre bien écrit est un ouvrage indispensable pour quiconque veut découvrir le genre, et un guide essentiel à travers 100 disques que tout digne amateur de prog se doit de posséder. Le livre débute par une introduction approfondie sur le style, qui donne le ton. Le spécialiste prog Delâge y décrit l’évolution du genre, exemples à l’appui. Il explique comment rock, classique, folk et jazz ont mêlé leurs influences pour aboutir à l’avènement de la musique progressive et il poursuit en désignant Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band comme son précurseur officiel. Des albums classiques que vous n’êtes pas sans connaître, comme In The Court Of The Crimson King, Trespass ou Tubular Bells, servent à illustrer cette leçon d’histoire de la musique. Delâge aborde également l’influence de la politique internationale, la création du post-prog et, pour finir, le « 21st century shizoid prog » comme autant d’étapes clés de l’évolution musicale. Cette analyse en profondeur est suivie de la présentation de 100 albums prog recommandés par l’auteur. De Pink Floyd à Yes, de Radiohead à Archive et The Mars Volta, cette anthologie construit une essentielle compilation musicale, des pionniers du prog à leurs successeurs modernes. S’il vous fallait la preuve que les artistes prog ont repoussé sans relâche les frontières du rock, elle est là. Prog 100 est une lecture indispensable pour tout passionné francophone de prog, et s’il ne se trouve pas un éditeur avisé pour voir l’intérêt d’en publier une traduction anglaise, alors nous voulons bien « manger notre chapeau ».
LIEN VERS LA CHRONIQUE ANGLAISE DE PROG
Un guide de passionné et éclairé sur 45 ans de progressive.
Ambition, complexité, virtuosité. C’est avec ces trois matériaux que le rock progressif a bâti ses cathédrales de notes plus hautes que les constructions de la pop et du rock, à ses yeux trop formatées pour les unes, trop arrachées pour les autres. C’est en retour sur ces mêmes bases que se sont appuyés ses contempteurs depuis la fin des sixties… Frédéric Delâge, expert ès prog-rock (et plume élégante ; ce qui ne gâte rien) commence son remarquable ouvrage par un tour d’horizon historique d’une quarantaine de pages, depuis les prémices dans le psychédélique jusqu’aux derniers développements post-prog. Il propose ensuite une sélection de 100 albums, à raison d’un disque par groupe. Érudite, minutieuse, et d’une très rare pertinence, celle-ci n’oublie aucun père fondateur (King Crimson, Pink Floyd, Genesis…), ni enfant surdoué (Marillion, Porcupine Tree, Mars Volta, Dream Theater…), ni cousin (Tool, Radiohead, Sigur Ros…) C’est toujours passionnant et contagieux… progressivement!
Heavy Christmas, fidèles lecteurs. Ou pas. Un petit coup de main dans la dernière ligne droite pour faire un cadeau “on the rocks” à un ami, une amie, à un frère, une soeur, un cousin, une grand-mère un peu larguée, un petite fille à éduquer, un collègue, une collègue à ramener dans le droit chemin, un garçon et/ou une fille rencontrés au dernier HellFest… Dix idées à tous les prix.
À première vue, rien de neuf. Un énième dictionnaire compilant les albums qu’il faut avoir quand on aime le domaine musical. Avec ses choix, et donc ses défauts inhérents : un seul album par groupe cité, les fans et les moins fans y trouveront à redire, au moins ça animera les soirées de réveillon. Pourtant, ce bouquin s’avère indispensable si l’on aime le prog. D’abord, l’auteur s’y connaît (il a collaboré à plusieurs revues, et tient un blog), et ça se sent. Il ne néglige aucune des facettes du courant musical, parlant aussi bien des influences folk que du prog qui se métisse au metal, et résume habilement le tout dans un historique bien documenté. Ensuite, il ne considère pas que tout a été dit : si les albums produits dans les 70s constituent le gros de la sélection, on trouve aussi beaucoup de choses récentes. Enfin, Delâge écrit extrêmement bien, et chaque ligne laisse apparaître sa passion pour cette musique qui va bien au-delà de Genesis et Marillion. Bref, là aussi, un must !
Frédéric Delâge est l’invité de l’émission Rockoscopie pour parler de son ouvrage Prog 100.
ÉCOUTER L’ÉMISSION DU 07/12 CONSACRÉE AU LIVRE
Vous êtes sans doute parmi ceux qui apprécient que les colonnes du JdJ restent ouvertes à l’actualité du rock progressif, car il y en a une, ne serait-ce que celle-ci, qui mérite le détour en cette période précédant Noël : un ouvrage de 256 pages intitulé Prog 100, le rock progressif des précurseurs aux héritiers, signé Frédéric Delâge. Journaliste français à Centre Presse et La Nouvelle République, ce grand connaisseur de la mouvance progressive au fil du temps a regroupé les chroniques de 100 albums représentatifs (ou partiellement) de 100 différents groupes et artistes. Un texte d’ouverture initie, développe en contextualisant, détaille le sujet en un trentaine de pages. Et de citer, en dernière partie, 100 autres albums de 100 autres artistes potentiellement tout aussi intéressant que le premier choix. Un très bon bouquin de vulgarisation à propos d’un courant musical né selon toute vraisemblance avec la parution d’In The Court of The Crimson King, de King Crimson, en 1969 : “Il manquait peut-être un ouvrage plus ludique, un guide discographique qui fasse le lien entre le progressif des seventies et ses héritiers modernes, qu’ils s’inspirent directement des inventeurs ou s’inscrivent dans une démarche plus moderne mais finalement très progressiste”, explique l’auteur dans une interview accordée à Corse Matin.
Frédéric Delâge manie l’anecdote et les grandes topographies, le détail et l’essentiel avec une virtuosité toute progressive d’ailleurs. Fan du genre tout autant que rédacteur factuel et rigoureux, il en donne un vaste aperçu historique, une découpe qui mène des précurseurs que sont les Beatles (Sergent Pepper…), les Beach Boys, Moody Blues ou Procol Harum, aux heures de gloire du classic prog’ (King Crimson, Pink Floyd, Yes, Genesis, Van der Graaf Generator…), de la chute du genre dès 19765 à la nouvelle vague des années 80, jusqu’à ce qu’il appelle le post prog, de nos jours.
Souligné également le caractère contre-culturel de la progressive à son départ, tout la fois populaire et à succès sans être être “commerciale”. Un des paradoxes du rock progressif, à témoin de cette réflexion sur Tubular Bells de Mike Oldfield, premier album de Virgin : “Il reste aujourd’hui un des albums clés pour comprendre qu’au cœur des seventies, la musique progressive avait parfois la capacité de transformer sa créativité tout underground en succès mainstream”, lit-on dans l’ouverture. Des musiciens qui cherchaient tous d’une certaine manière à “faire éclater le carcan couplet-regrain traditionnel des chansons pop [...], à émanciper le rock des racines blues [...], à faire jaillir un rock nouveau [...], autorisés à toutes les audaces”.
Le métal et le rock progressif : des genres tentaculaires pour les non-initiés. Deux anthologies les démêlent.
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Plus pointu et plus subjectif, et du coup moins attendu, Prog 100 de Frédéric Delâge s’intéresse de près à une famille plus effrayante encore pour les non-initiés : celle du rock progressif. Si les tenants du métal, dans leur diversité, se rejoignent dans une quête de puissance tellurique où la guitare électrique demeure l’instrument roi, le progressif n’a pour socle commun qu’une ambition, une complexité et une excellence technique au service d’un affranchissement des formats établis du rock et de la pop. Le recensement de Delâge surprend, tant par son érudition (on y découvre les obscurs Anglais de Web, T2 ou Cressida, les Italiens d’Il Baletto Di Bronzo ou Le Orme) que par son ouverture d’esprit, préférant les chercheurs pop comme 10cc, Cardiacs ou Grandaddy à une interminable succession de prodiges pompeux et emphatiques aux claviers aussi virtuoses que mal tempérés.
Encore un ouvrage en langue française traitant du rock progressif. Voilà une nouvelle plutôt réjouissante, même si, avec Anthologie du Rock Progressif de Jérôme Alberola puis Rock Progressif d’Aymeric Leroy, les dernières années ont vu sortir deux ouvrages de qualité en la matière. Néanmoins, ces deux livres souffraient de certaines carences : quelques oublis assez incompréhensibles du côté d’Alberola, et un traitement plus que superficiel de Pink Floyd et de la période post-70’s dans le bouquin d’Ayemric Leroy. C’est donc à Frédéric Delâge de se coller à l’exercice, et autant dire qu’il a quelques arguments à faire valoir.
Caractéristique principale de ce livre : celui de brosser, en cent albums, l’intégralité du paysage progressif, des balbutiements du proto-prog à l’année 2014 incluse. Après une courte introduction retraçant l’historique du mouvement, les précurseurs, les albums canons, l’âge d’or, le déclin de la fin des 70’s, les années 80, 90, 2000 et 2010, l’auteur a choisi cent disques, en réduisant son choix à un album par groupe, qu’il traite chacun sur un pied d’égalité en une double page. Chacun de ces articles vaut autant de critiques contextualisées permettant de retracer la carrière du groupe en question, de décrire les qualités de l’album retenu et d’en brosser l’épilogue et/ou l’héritage ultérieur. Sans prétendre à l’exhaustivité, force est de reconnaître que cette sélection de cent disques, et donc de cent groupes, s’avère des plus judicieuses. Sans rien omettre des acteurs majeurs du courant, tant du côté des formations classiques (École de Canterburry, par exemple, ou encore le triumvirat français Ange-Gong-Magma) que modernes (l’écurie Kscope en général), Frédéric Delâge parvient, en cherchant attentivement, à sortir de l’ombre quelques groupes et disques méconnus qui méritent certainement une oreille attentive, comme les italiens (Il Balletto Di Bronzo, Le Orme) ou les néerlandais (Focus). L’auteur s’intéresse aussi aux musiques fortement apparentées au progressif, que ce soit aux débuts d’un courant balbutiant (The Moody Blues, Frank Zappa), à la pop à accointances cérébrales (Aphrodite’s Child, Supertramp) ou, plus récemment, aux acteurs rock atypiques marquants (Radiohead, Muse) et au post-rock avec tous ses dérivés (Sigur Ros).
Outre la sélection des groupes, le choix des albums s’avère particulièrement éclairant sur la culture de l’auteur. En mettant en lumière Meddle plutôt que The Dark Side of the Moon (Pink Floyd), Red plutôt que In The Court of The Crimson King (King Crimson), Amarok plutôt que Tubular Bells (Mike Oldfield), Moving Pictures plutôt que 2112 (Rush) ou encore Marbles plutôt que Misplaced Childhood (Marillion), Frédéric Delâge insiste sur les disques, non pas les plus réussis (quoique), les plus connus ou les plus vendus, mais les plus représentatifs du style, de la culture et de la personnalité de la formation traitée. Plus que des incontournables, ces disques et la grande majorité des autres albums abordés représentent des portes d’entrée idéales pour pouvoir se faire une idée précise sur les multiples facettes que peut prendre le rock progressif. Et si l’écoute s’avère fructueuse, sachez que l’auteur vous donne des pistes pour aller plus loin : autres albums majeurs du groupe en question, albums apparentés (side projects, projets solo, supergroupes) et albums amis tels que nous vous en proposons sur Albumrock (“Si vous aimez, vous aimerez…”). A cela s’ajoute encore, en fin d’ouvrage, une liste de 100 autres albums de 100 autres groupes pour achever de faire le tour de la question. Jugés moins significatifs, ils n’en restent pas moins souvent intéressants. À titre personnel, j’aurais certainement traité en détail un album de Riverside plutôt qu’un disque de North Atlantic Oscillation dans la catégorie des héritiers modernes, mais ça reste un point de détail totalement anecdotique en regard du bien-fondé des choix ici affichés.
Cerise sur le gâteau, Frédéric Delâge n’oublie absolument pas les immanquables progressistes contemporains, parfois très récents. J’ai donc été particulièrement ravi de voir abordés des disques aussi essentiels (pour moi) que The Dark Third de Pure Reason Revolution, Frames d’Oceansize, Schoolyard Ghosts de No-Man (avec par ailleurs une très grande part accordée, fort à propos, à Steven Wilson et à l’ensemble de son œuvre au-delà des incontournables Fear of a Blank Planet et The Raven that Refused to Sing), The Octopus d’Amplifier, Weather Systems d’Anathema et, déjà pour 2014, Demon de Gazpacho et Pale Communion d’Opeth. Nul doute que l’excellent Walking On A Flashlight Beam de Lunatic Soul aurait trouvé sa place dans la liste si cet ouvrage avait été édité quelques mois plus tard. Preuve supplémentaire de la pertinence acérée de l’auteur, de son éclectisme et de sa réactivité. Prog 100 peut parfois s’avérer un peu austère, eut égard à la manière de traiter son sujet segment par segment, et il est clairement moins érudit que le Rock Progressif d’Aymeric Leroy, mais, de par la praticité et la justesse de l’ouvrage, sans compter son caractère actuel et quasi-exhaustif, il s’agit au final du meilleur ouvrage en langue française sur le sujet. Sans hésitation aucune.
Journaliste à Centre Presse et à La Nouvelle République, Frédéric Delâge a longtemps collaboré avec la presse musicale. Sa spécialité : le rock progressif auquel il consacre un nouvel ouvrage, *l’excellent Prog 100. Ses Chroniques du rock progressif, parues en 2002, comptent parmi les indispensables de toutes bibliothèques musicales qui se respectent. Frédéric Delâge connaît le sujet sur le bout des doigts. Son sujet. Celui d’un genre dont l’acte de naissance a officiellement été fixé au 10 octobre 1969, date de sortie de l’album In the Court of The Crimson King de King Crimson. Le prog possède autant d’amateurs que de détracteurs. Quand certains lui vouent un culte sans limite, d’autres raillent volontiers un registre où les morceaux marquent une rupture avec le schéma classique “couplet-refrain-couplet-refrain-pont-solo-(re)refrain histoire que tout le monde s’en souvienne”.
De sa riche expérience, le journaliste a retiré la substantifique moëlle pour accoucher d’un nouvel effort, son troisième : Prog 100, Le rock progressif des précurseurs aux héritiers.
À quand remonte votre attirance pour le rock progressif ?
Au milieu des années 80, à l’âge de 15–16 ans, quand j’ai découvert la vague progressive de la décennie précédente et particulièrement le Genesis de la période Peter Gabriel. Ce fut, plus qu’une découverte, une révélation. Ces disques sortis dans la première moitié des seventies me parlaient bien davantage que quasiment tout ce qui pouvait sortir dans les années 80…
Vous avez collaboré à de nombreuses revues dont le regretté Rockstyle. Quels souvenirs en avez-vous gardé ?
Une longue et passionnante conversation avec Ian Anderson, de Jethro Tull, à Paris en 1994 – où l’admiration des Français pour Johnny Hallyday en prenait pour son grade. La visite en 1997 de The Farm, le studio de Genesis, guidé par Tony Banks et Mike Rutherford. Roger Hodgson, l’âme envolée de Supertramp, qui s’empare de sa guitare acoustique pour me jouer un morceau alors inédit à la fin d’une interview à Anvers en 1995, pendant que mon magnéto tournait encore. Moult autres rencontres avec Peter Hammill ou des groupes au grand complet (Yes en 1996, Marillion en 1997, Van der Graaf Generator en 2005). Ou encore Bill Bruford, le batteur qui a co-fondé Yes, joué dans King Crimson et avec Genesis, qui me dit un jour que le rock progressif n’est jamais qu’une invention de journalistes…
Douze ans après les Chroniques du rock progressif, pourquoi consacrer un nouvel ouvrage à ce style musical ?
C’est Yves Jolivet, le fondateur de la maison d’édition Le mot et le reste, qui m’a sollicité. En 2010, Aymeric Leroy avait déjà publié dans cette belle collection une somme très fouillée sur l’histoire du rock progressif. Mais il manquait peut-être un ouvrage plus “ludique”, un guide discographique qui fasse le lien entre le progressif des seventies et ses héritiers modernes, qu’ils s’inspirent directement des inventeurs ou s’inscrivent dans une démarche plus moderne mais finalement très progressiste.
D’où une palette plus large…
Cela me permet, en effet, d’évoquer dans Prog 100 non seulement Marillion ou Porcupine Tree, mais aussi Radiohead, Muse, Archive, Tool, Mars Volta ou des groupes plutôt classés dans le post-rock comme Sigur Ros. Par rapport à mon précédent livre, qui était déjà une sélection de cent disques, il y a deux différences majeures : un seul album par groupe, et surtout cette couverture temporelle qui ne se limite plus aux années 70 puisque je termine en 2014. Si l’on se base sur une acception relativement large du rock progressif, ce qui est mon cas dans ce livre, les dix dernières années sont sans doute les plus créatives depuis l’âge d’or du mouvement…
Le rock progressif est-il, historiquement, une réponse européenne au rock américain ?
On peut le considérer comme tel, dans la mesure où il reste sans doute le courant du rock le moins marqué par le blues. Il a, au contraire, cherché le plus souvent à s’en émanciper, lui préférant des influences classiques mais aussi jazz, folk, médiévales. Le rock progressif est d’abord une création très anglaise, même si des pays continentaux, principalement l’Italie et l’Allemagne, en ont proposé d’autres incarnations marquantes. Dans les années 70, pour le prog, les États-Unis étaient bien davantage une terre d’accueil qu’une pépinière de créateurs…
Influencée par la musique classique, c’est un style aussi adulé que décrié. Dans le livre, vous citez trois exemples précis pour expliquer en quoi ce registre divise (A Passion Play, Brain Salad Surgery et Tales from Topographic Oceans). Pourquoi, selon vous ?
Je cite effectivement ces trois albums controversés de 1973 dans l’introduction du livre car ils représentent les grands groupes prog, en l’occurrence Jethro Tull, Emerson Lake & Palmer et Yes, à leur maximum d’ambitions en matière de complexité exaltée et de virtuosité instrumentales. Et pourtant, ces trois disques ont atteint les sommets des charts à leur époque. Dans la première moitié des années 70, il était tout à fait possible de concilier musique compliquée et ventes conséquentes. Mais pour les partisans de l’orthodoxie rock’n roll, les influences classiques et la virtuosité instrumentale sont vite devenues synonymes de prétention. Dès 1973, une partie de la presse musicale retourne sa veste à l’égard du prog. C’est le début d’un processus qui aboutira à un rejet quasi total du genre à partir de 1977–1978, au moment de l’explosion punk.
On reprochait alors au genre d’être déconnecté de la réalité, notamment sociale. Un propos injuste selon vous…
Ceux qui pensent que les concepts du rock progressif ne s’inspirent que d’heroic-fantasy, de Tolkien, d’elfes et de petits lutins connaissent vraiment mal le genre… La plupart du temps, ces thèmes ne sont récurrents que chez des groupes de troisième zone postérieurs aux seventies. Les principaux créateurs du genre ont traité souvent de thèmes bien réels, mais, comme je l’explique dans le livre, l’ont passé au filtre de leur imaginaire, avec un sens de la distanciation très anglais. Pink Floyd évoque l’aliénation urbaine dans The Dark Side Of The Moon, ELP pointe les dangers du progrès technologique dès le début des années 70 dans Tarkus et Brain Salad Surgery, certains morceaux de Genesis se moquent du capitalisme mercantile, etc. Mais les groupes prog utilisent souvent des propos métaphoriques, ils prônent davantage un changement “de l’intérieur” qu’une confrontation politique au sens premier. Quand le punk est arrivé, sur fond de désenchantement social, la contestation est devenue, à l’image de la musique, beaucoup plus frontale…
Dans la deuxième moitié des années 70, après une période glorieuse, le style est pointé du doigt, considéré comme une « trahison originelle du rock ». Pourquoi ?
Une frange du milieu du rock n’a jamais pardonné au progressif de s’être inspiré des musiques savantes, en particulier du classique. Le punk était musicalement le contraire du prog : retour aux rythmes binaires, aux morceaux de 3 minutes maxi, à l’énergie brute et sauvage, rejet total des développements instrumentaux. Dans le même temps, on peut penser que la ringardisation de cette musique complexe et peu commerciale a aussi bien arrangé le business des maisons de disques…
Comment expliquer le virage difficile des années 80, époque où certains grands noms de la scène comme Yes ou Genesis s’orientent vers un rock plus généraliste, sinon FM ?
RETROUVEZ L’INTERVIEW DE FRÉDÉRIC DELÂGE EN INTÉGRALITÉ
De Pink Floyd à Yes en passant par Radiohead, Peter Hammill ou encore Archive, Prog 100, le dernier ouvrage de Frédéric Delâge, est la compilation indispensable pour partir à la (re)découverte du rock progressif. Un guide clair et concis qui décortique 100 des albums majeurs du « prog », ce rock sophistiqué aux multiples influences qu’elles soient classiques, jazz ou folk.
De 1968 à nos jours
« C’est un mouvement qui a fait les beaux jours de la première moitié des années soixante-dix et qui retrouve ses lettres de noblesse depuis une dizaine d’années, confie l’auteur, journaliste à Poitiers pour les quotidiens Centre Presse et La Nouvelle République. Avec ce livre, j’ai voulu faire le lien entre les précurseurs et les héritiers du ” prog ”, ce rock qui fait la part belle a une certaine complexité musicale. »
Cent artistes décortiqués autour d’un de leur album phare pour un voyage musical de 1968 à nos jours. « J’y mêle les groupes emblématiques comme Genesis, Yes, Pink Floyd, King Crimson ou Van Der Graaf Generator avec des coups de cœur comme 10cc ou Khan. Chaque chronique est une porte ouverte sur le groupe évoqué agrémenté d’une discographie sélective. » Frédéric Delâge fait même durer le plaisir en proposant en annexe 100 albums et artistes supplémentaires dont se délecteront spécialistes et néophytes curieux.
LE SITE DE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE
Quand j’ai su que l’excellente maison Le mot et le reste éditait un nouvel ouvrage sur le rock prog, je me suis tout d’abord dit… à quoi bon ? Pourquoi un nouveau bouquin sur le sujet ? Que va-t-il dire de plus que les autres ? Le nom de l’auteur a néanmoins piqué ma curiosité, me conduisant à la lecture de la chose, intitulée Prog 100, Le rock progressif des précurseurs aux héritiers. En effet, Frédéric Delâge fait autorité dans ce milieu depuis de nombreuses années. Fort de deux livres en tous points remarquables (Chroniques du rock progressif 1967–1979 et Genesis, la boîte à musique), ce journaliste professionnel a par ailleurs laissé traîné sa plume durant les années 90 dans le défunt magazine Rockstyle (une référence absolue de la presse rock tous azimuts, doublé d’un véritable vivier de découvertes à l’époque pour votre serviteur !), ainsi que dans Crossroad et Compact la décennie suivante. Bref, Frédéric Delâge est de ceux qui m’ont donné le goût d’écrire moi-même des chroniques, et ce n’est pas le moindre des compliments.
Tout au long de son nouvel essai, il dresse un portrait intelligent et non sectaire d’un mouvement musical aux contours indéfinissables par essence, et en constante évolution depuis plus de 40 ans (n’en déplaise aux nombreux mélomanes à l’esprit paradoxalement conservateur, qui ont tendance à confiner le genre – s’il en est un, vaste débat – dans une esthétique purement 70’s, avec ses ingrédients immuables et ses nombreux clichés). À travers une sélection non exhaustive de 100 disques référentiels des origines à aujourd’hui, où se côtoient ouvrages pionniers, classiques phares et albums plus iconoclastes, Frédéric Delâge nous conte avec aisance et précision cette passionnante odyssée de la contre-culture en bousculant les repères, et en élargissant au maximum le spectre protéiforme des musiques dites “progressives”.
Entre les inévitables dinosaures Yes, Pink Floyd, King Crimson et Genesis, sont ici mis en lumière de façon chronologique des groupes et artistes plus inattendus, créant ainsi la surprise au fil des pages (T2, Comus, Electric Light Orchestra, Roy Harper, 10cc, Grandaddy…). Aussi, chaque galette passée en revue est choisie avec la plus grande pertinence, en témoigne par exemple le Force Majeure de Tangerine Dream, très certainement l’album le plus progressif au sens rock du terme signé par le légendaire combo de musique électronique à la sauce allemande.
Enfin, pour élargir ses connaissances et ses horizons, le lecteur appréciera le renvoi fait sous chaque article à d’autres œuvres essentielles de la discographie des artistes chroniqués, ainsi qu’à d’autres noms s’inscrivant dans une même sensibilité ou mouvance stylistique. Saluons également la longue introduction de 40 pages, qui revient sur l’objet, la démarche et la philosophie du livre, tout en brossant rapidement le contexte historique et sociétal du mouvement progressif.
Merveilleusement bien écrit, avec un style clair et précis, Prog 100 s’adresse donc tout autant au néophyte en recherche d’un solide guide introductif qu’à l’amateur plus ”érudit”, qui y fera à coup sûr quelques bonnes pioches, tout en s’ouvrant à de nouvelles pistes d’investigation ! Pour conclure, Frédéric Delâge signe un excellent travail de fond qui a le mérite de ne présenter aucune redondance avec le fleuve Voyage en Ailleurs de Jérôme Alberola (plus “sensitif”) et le fameux Rock Progressif d’Aymeric Leroy (plus “académique”), deux autres référence en la matière, dignes d’intégrer votre bibliothèque.
Alors Frédéric, on se retrouve dans 20 ans pour faire le point sur les développements à venir ? Car il est écrit que la musique, toujours en mouvement, n’a certainement pas fini de “progresser” !
LIEN VERS L’ARTICLE ET LE BLOG CLAIR & OBSCUR
Frédéric Delâge est une figure bien connue en France dans le milieu du rock dit progressif. Journaliste, il a régulièrement écrit sur le sujet pour divers magazines, et a même publié aux éditions La Lauze deux livres : une biographie de Genesis (La Boîte à musique) et une anthologie, le très joli Chroniques du rock progressif 1967–1979. Prog 100 est son troisième ouvrage et sort cette fois-ci chez le dynamique et atypique éditeur marseillais Le mot et le reste, qui héberge plusieurs titres d’un autre visage familier du genre, Aymeric Leroy.
La couverture en dit déjà long : deux œuvres majeures illustrant la diversité du prog’ « des origines » côtoient deux disques modernes et importants situés à la croisée des genres. Sous-titré Le rock progressif, des précurseurs aux héritiers, ce livre regroupe en cent albums ce que son auteur considère comme le trousseau de base. On y trouve des références incontournables, par les acteurs « historiques » les plus emblématiques (Pink Floyd, King Crimson, Yes, Genesis…), des disques un peu à la marge mais non moins importantes produits par des groupes habituellement étrangers au genre (Supertramp, 10cc…), des curiosités ou des formations méconnues que Delâge a voulu sortir de l’anonymat tant elles valent le détour (Il Balletto Di Bronzo, Khan, Areknamés…) et – probablement la partie la plus intéressante – les groupes actuels qui se réclament ou non de cet héritage (Muse, Porcupine Tree, Radiohead, The Mars Volta, Opeth…). Un album par artiste… que le choix a dû être cornélien par moments ! Précédées d’un court historique – contenant quelques vues personnelles mais n’est-ce pas logique sur un sujet aussi polémique ? – les fiches des albums sont chronologiques, replacées dans le contexte, un peu sur le modèle de Chroniques du rock progressif 1967–1979, et sont enrichies par des conseils d’écoutes supplémentaires… et, dans les ultimes pages, par cent autres disques, au cas où le virus aurait été contracté par le lecteur ! En somme, un excellent tour d’horizon de ce qu’a été le prog’ et comment il a muté au fil du temps, avec difficulté parfois, pour s’adapter. Néophyte ou connaisseur, chacun y trouvera son compte.
Depuis longtemps, et aujourd’hui encore à travers son site RockProg Etc, Delâge œuvre inlassablement pour la reconnaissance et la réhabilitation d’un genre au mieux confidentiel, au pire honni par les détenteurs du bon goût musical. C’est un livre qui sort au bon moment, à l’heure où certains artistes établis reconnaissent enfin du bout des lèvres l’influence du prog’ sur leur musique. Espérons qu’il donne envie à quelques curieux de franchir l’entrée de cette mine d’or.
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La vague exaltée racontée dans un très bel ouvrage
Un livre sur le « Rock Progressif », oublié ou mal aimé ( ?) , en tout cas Frédéric Delâge nous sert le menu complet, avec 100 albums, au zénith de cette envolée Rock n Rollienne, qui occupait Johnny Rotten avant qu’il ne devienne Roi des Punks. Car que fut le PROG ROCK ? À peine remis des multiples merveilles des années 60, aussi bien anglaises que américaines, les fans de Rock, Blues, Folk ou Rythm and Blues virent jaillir un drôle de jeyser vers 1967… La légende veut que ce soit le SERGENT PEPPER des Beatles qui ait amorcé le feu d’artifice, avec les arrangements classiques et philarmoniques du cinquième Beatles GEORGE MARTIN. Violons et orgues, crescendo et fanfare, cuivres et MELLOTRON. Le Rock, déjà éclaté par le PSYCHÉDÉLISME et autres délires hallucinatoire en voulait plus. Batterie, guitares ne suffisaient plus : les audacieux s’emparèrent alors des cuivres, orgues et clavecins, violons et violoncelles et tous les claviers pour tenter de s’envoler idéalement plus haut, puisque plus équipés. Les MOODY BLUES avec « Night In White Satin », PROCOL HARUM avec « A Whiter Shade Of Pale », ou David Mc Williams et « Days Of Pearly Spencer », avaient sauté dans le même train du romantisme mélancolique que les FAB FOUR avec « Strawberry Fields » ou « A Day In The Life ”…
Le Temps était venu de l’orchestration (!), crime de dilution pour les purs Rockers, mais grand terrain de jeu pour tous les aventuriers idéalistes de la POP débridée. Bien sûr il y aura PINK FLOYD, à la lenteur planante, mais accordons une place à part pour SOFT MACHINE et son inimitables bande, mère de la mystérieuse école de Canterbury : Daevid Allen, Kevin Ayers et Robert Wyatt, dont le mérite – ou le défaut, selon les goûts – sera d’avoir une inspiration jazzy mais surtout DADAïSTE. Et si l’Angleterre de cette fin sixties est une pépinière de talents, l’Amérique veut aussi y croire avec les BEACH BOYS et leur album symphonique Pet Sounds, avec ses cœurs et ses mélodies décalées en canon, puis Frank Zappa, le cynique, avec ses stridences et ses breaks, se prenant pour Stravinsky ou Dvorak… En 1969, le groupe de Robert Fripp modestement intitulé KING CRIMSON, va estampiller le terme « Progressif ». Mais la liste va être longue de tous ceux qui sont pris dans la spirale PROG : tous les précités, plus Genesis ( avec Peter Gabriel et Phil Collins), Vanilla Fudge, Van Der Graaf Generator, et aux US : Jethro Tull, Emerson Lake and Palmer et Yes pour ne citer que les principaux.
Les couvertures des albums vont aussi se différencier du précédent Pop Rock, et passer des photos de groupes en grandes tenues à un style illustration, rétro, flirtant avec la science fiction rayon HEROIC FANTASY, mais il y aura aussi des gravures, des peintures et des paysages et même des vaches et des lutins, les jeux de rôles inspirés de TOLKIEN ne sont plus très loin… Le Rock atteint alors son âge de raison avec chansons prise de tête et envolées lyrico-poétiques, approche de mondes nouveaux, de nième dimension, des paroles pour penser, planer, imaginer, s’échapper encore de la réalité terne… Passer de l’Underground au Mainstream, ce sera fait avec Mike Oldfield et ses « Tubular Bells », cloches tubulaires, mais vrai tube mondial qui va faire la fortune de Richard Branson et de son label naissant VIRGIN… en 1973. (répétition du même thème de 8 notes sur orgue avec écho, utilisé pour L’Exorciste » ! Christian Vander du groupe français Magma, dans le même studio au même moment, prétend que ce thème lui a été volé.. une sorte d’extrait de _Mëkanik Kömandöh_…)
Un des mérites de ce livre complet c’est de présenter aussi tous les groupes du COME BACK du Prog Rock des années 2000 avec Radiohead, Mars Volta, Sigur Ros, Archives… et bien d’autres dont je me garderai de parler, Frédéric Delâge le faisant bien mieux que moi.
Comme quoi, même un aspect décrié du Rock peut revenir comme un boomerang, car la CHOSE était riche d’influences et de possibilités.
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Vous avez toujours rêvé d’un ouvrage proposant une anthologie du rock progressif ? Le journaliste Frédéric Delâge réalise vos souhaits, plus de 10 ans après ses Chroniques du rock progressif 1967–1979.
Avec Prog 100 – Le rock progressif des précurseurs aux héritiers, ce passionné livre la sève de cet univers passionnant qu’est le rock progressif, des années 60 à nos jours. L’ouvrage commence par une approche globale du genre, avec des initiateurs comme The Beatles, mais aussi leurs successeurs, à l’instar de Radiohead ou Archive. Un premier tour d’horizon assez synthétique pour que les novices s’imprègnent progressivement de cette musique « romantique, sophistiquée, complexe, cérébrale, exigeante ». Un rappel historique, entre King Crimson et Pink Floyd, qui conviendra également aux experts et aficionados.
Après cette mise en bouche, l’auteur s’attache à lister 100 groupes essentiels de ce mouvement musical, à travers leurs albums incontournables, ceux qu’il faut écouter pour plonger aux quatre coins de ce monde riche en textures et en couleurs, de psychédélisme en modernité. De Moody Blues à Porcupine Tree, en passant par Frank Zappa, se croisent les sons d’un demi-siècle de cette musique à la fois contestataire et tout en finesse. Le plaisir qu’éprouve Frédéric Delâge à aborder cette bande-son détonante est communicatif, un livre qui ravira les fans de musique. Oui, même les fans de Muse un peu sourds.
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