29.00 €
À paraître le 21/02/2025
Revue de presse
La mort de la légende du rap MF DOOM, survenue à la fin de l’année dernière, a surpris le monde du rap et au-delà. Nous revenons sur la carrière, l’influence et les mystères de ce rappeur masqué et underground, avec nos invités, l’essayiste Sylvain Bertot, et le rappeur américain Mike Ladd.
MF DOOM, de son vrai nom Daniel Dumile, est un rappeur né à Londres le 13 juillet 1971, et mort le 31 octobre 2020. Il a la particularité d’avoir utilisé plusieurs noms de scène dans sa carrière comme MF DOOM, en référence au personnage de comics docteur Doom, ou à ses débuts, Zev Love X, avec le groupe KMD, ou encore King Geedorah, en référence à la créature King Ghidorah. Il a été une grande source d’inspiration pour les rappeurs de toute génération, notamment dans son flow, et sa façon d’assembler les mots. Loin du gangsta rap, son univers était plus proche de la BD et des dessins animés, plein d’une loufoquerie parfois grinçante, pas de quoi en faire une superstar, un statut auquel il n’a d’ailleurs jamais aspiré.
Pour évoquer son parcours, et son empreinte sur le rap et la musique aujourd’hui, nous recevons Sylvain Bertot, essayiste, auteur de Rap indépendant, paru aux éditions le Mot & le reste en 2014, et le rappeur américain Mike Ladd.
L’émission Par les temps qui courent est à réécouter sur France Culture
L’excellent éditeur Le mot et le reste fournit régulièrement les fondus de bon son en guides d’exploration fouillés, dans tous les styles, par les plus reconnus passionnés du genre. Le camarade Sylvain Bertot, de l’incontournable blog Fake For Real, s’apprête à y sortir le très attendu Mixtapes – Un format musical au cœur du rap. Vous pouvez trouver un avant-goût de son taf dans le dernier numéro d’iHH Magazine, seul mais digne rescapé de la presse hip-hop papier et auquel l’équipe Swampdiggers file d’ailleurs régulièrement un coup de patte (dossier $uicideboy$ dans le n°5, dossier Awful Records et notre best of 2016 dans le n°6, actuellement en kiosques). Mais le copain n’en est pas à son coup d’essai : outre le très recommandable Rap, hip-hop, Trente années en 150 albums, de Kurtis Blow à Odd Future sorti en 2013, il nous a surtout gratifié en 2014 d’un passionnant et nécessaire Rap indépendant, La vague hip-hop indé des années 1990–2000 en 30 scènes et 100 albums (on en parlait ici).
Alors certes, c’est un bouquin pointu qui n’échappe pas à un name-dropping effréné, mais il faut bien rendre justice à tous les acteurs, même obscurs, de cette “vague” née en opposition au rap grand public et formaté qui prospérait dans les années 1990, soupe insipide soumise aux exigences d’un marché florissant. La scène “indé”, foisonnante et irrespectueuse, a décidé d’emmerder les clichés et de faire exploser les frontières du rap : sociales, raciales, esthétiques. Un réseau de labels, de radios, de sites webs, de salles de concerts s’est peu à peu mis en place pour se développer en dehors des majors. Une micro-révolution musicale, qui s’est attachée à garder en vie l’esprit du hip-hop originel tout en le projetant dans le futur à grands renforts de samples SF ou folk-rock et de délires ésotériques. Et une manière de se diffuser qui préfigure largement l’explosion du “rap de niche” sur le net (notre cher vivier Phonk, notamment).
Une bonne manière d’entrer dans le bouquin et de défricher ce joyeux bordel, c’est d’écouter cette discussion avec Sylvain Bertot dans Black Mirror – une émission sur l’histoire sociale des musiques Noires qu’on vous conseille par ailleurs chaudement –, joliment agrémentée des grands classiques de la mouvance. La première partie s’attache aux précurseurs new-yorkais du mouvement, de Company Flow au label Rawkus, et leurs successeurs de la Côte est. La deuxième partie arpente les autres États, en particulier la région de la baie et sa turbulente scène issue des soirées freestyle du Good Life Café de South Central, dont le fameux Project Blowed qui y émergea. On y cause aussi des Blancs de la cambrousse qui se mettent au rap et inventent une nouvelle source d’authenticité hip-hop, loin de la street ou du purisme : la sincérité.
Rendez-vous sur le site de Swampdiggers pour écouter l’entretien en deux parties avec Sylvain Bertot
Après Rap, hip-hop, et ses 30 ans de rap en 150 albums, Sylvain Bertot revient avec un second ouvrage dédié à sa spécialité : la vague hip-hop indé de la fin des 90’s et du début des années 2000. De façon minutieuse, l’auteur rend hommage à un scène méconnue, mésestimée et souvent peu comprise. Décalés face à une industrie musicale frileuse (après les premiers échecs commerciaux suivant la période faste du golden âge) ces rappeurs “bizarres” – car non-signés – n’en semblaient que plus créatifs. Cent disques d’auto-entrpreneurs décomplexés, en retrait mais indispensables, à l’avant-garde du rap actuel.
Consulter les différents numéros de Clutch Toulouse
Rap indépendant. Comprendre non pas nécessairement le rap qui choisit à un moment de prendre seul les rênes de son destin discographique et économique mais, surtout, celui qui prit l’option de le sortir de son écrin boom-bap-soul-jazz-funk pour l’emmener faire un tour vers de nouvelles contrées sonores et cruiser fenêtres ouvertes pour lui offrir un lifting voire une chirurgie esthétique. Sélectionner 100 albums à travers les États-Unis et quelques autres points du globe (la France est dans la place) était déjà un boulot de forçat tant le genre est un dédale de rues mal éclairées. En s’acquittant de cette sale besogne, tout en sachant rester très critique quand un album certes représentatif n’est pas nécessairement une réussite complète, Sylvain Bertot est allé encore plus loin en décortiquant, avec une précision qui confine à l’autopsie, 30 scènes influentes. 30 scènes, berceaux de labels ou d’artistes sortis pour fouetter la croupe du rap jusqu’au sang (NYC évidemment, Chicago, Detroit, L.A….) avec comme ligne de conduite de ne jamais se conformer à une quelconque tendance et de ne jamais suivre les impératifs de la matrice. Fondle ‘Em, Stones Throw, Kool Keith, Company Flow, Saul Williams, Mike Ladd, Necro, Antipop Consortium, les micros les plus visibles sont évidemment de la bloc-party aux côtés de ceux restés dans des angles morts ou réservés à des connaisseurs avertis. Il est donc impératif d’entamer la lecture armé d’un stylo et d’une feuille à proximité afin de noter quelques références dans ce bouquin qui en est lui même une.
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Laissons de côté la musique le temps d’un article pour nous consacrer à un livre. Enfin un livre sur le rap bien sûr ! Il s’agit d’un ouvrage portant sur le rap indépendant des années 1990 et 2000, surtout celui en provenance des USA. Il est signé Sylvain Bertot et est aussi indispensable qu’il en a l’air. Alors il est possible que les fans de rap les plus chevronnés connaissent beaucoup d’œuvres présentes dans ce bouquin, mais quoi qu’il en soit, c’est une mine d’or pour tous les curieux avides d’expériences musicales en décalage avec les conventions posées par les artistes renommés.
Bertot ne se contente pas lister des albums marquants en expliquant à quel point ils sont bons. Il commence par une petite histoire du rap indépendant : ses origines, son évolution, ses métamorphoses au fil du temps, ses influences, etc… Un rappel historique court et synthétique mais non moins complet qui permet de mieux comprendre la suite de l’ouvrage. Il se découpe en plusieurs chapitres présentant chacun leur tour quelques artistes, ou une région du monde (surtout des États-Unis), toujours en illustrant avec des œuvres. La structure du livre est un peu déroutante dans la mesure où il n’y a pas forcément de continuité dans les chapitres. Cependant, ce n’est pas un problème en soi puisque cela permet l’auteur de parler plus longuement de certains artistes ou mouvements artistiques au sein de la scène indépendante.
Il commente tous les albums et explique leurs forces et leurs faiblesses. Il en profite pour parler des artistes qui y ont participé et de leur carrière. Au début de chaque chapitre, il introduit son propos avec un bref résumé du style de rap qu’il va aborder et comment il s’est mis en place. En clair, il apporte constamment des précisions et a effectué un vrai travail d’historien pour défricher et mettre de l’ordre cette terre hostile qu’est le rap indé.
En revanche, j’ai été assez déçu de constater le peu de place accordé au rap indé français, représenté dans ce livre que par une poignée d’artistes, certes intéressants, mais peut-être un peu trop connus, comme L’Armée des Douze (donc par extension TTC et autres) et Le Klub des Loosers. D’autres sont évoqués, mais il est dommage de ne pas avoir plus approfondi le sujet. Enfin, j’imagine que Bertot devait manquer de place puisque que le livre fait déjà plus de 450 pages, ce qui est plutôt conséquent, il faut bien l’admettre !
Globalement, c’est un tour d’horizon assez complet que je recommande à tout ceux recherchant des expériences musicales uniques mais qui ne savent pas vraiment par où commencer. Je n’ai plus grand-chose à ajouter, c’est un très bon livre, sérieux, documenté et surtout écrit par un passionné. Le travail de recherche effectué par Bertot a dû être titanesque (de nombreuses œuvres sont difficile à trouver quand elles ne sont pas carrément perdues) et rien que pour ça, ce livre vaut son pesant de cacahuètes.
Sylvain Bertot vous raconte, dans son livre et au micro de Mike, les années rap de 1990 et du passage de ce style musical au style “indé”.
Poser un regard profond et réfléchi sur l’indie rap et ses figures emblématiques. Tel est l’objectif de l’ouvrage de Sylvain Bertot, intitulé “Rap indépendant – la vague hip-hop indé des années 1990/2000 en 30 scènes et 100 albums”. A travers ce livre, replongez dans l’univers du hip-hop des années 1990 au début de sa crise et à son passage au style “indé”, style qui repoussera le hip-hop dans ses ultimes retranchements. Mike a rencontré l’auteur de ce livre. Interview.
Le site Cult #MTL propose ça sélection de livres hip-hop pour les vacances, Rap indépendant en fait partie.
Ah, December. What a wonderful time to stop giving a fuck about absolutely everything. I’m too busted for cable Christmas specials and so like many of you, my holiday season will be spent cringing as human atrocity after human atrocity appears in my newsfeed, like so many little lumps of reality-coal in my already perpetually slush-soaked stocking. But as a wise old cartoon security guard once advised: “Well…try to have a Merry Christmas.” So I’m gonna let this heart grow three sizes right now and recommend some winter reading that will fill your season with glad hip hop tidings and so on. Some of these are light, some more heavy, most came out this year, and all will provide a warm respite from our cold, hard device screens and their sorrowful refrain, if only for a relatively few short moments. Give them as a gift to the music fan you love most. (Yes, yes — I meant “yourself.”)
Rap Indépendant :
The title says quite a lot, really. French rap scribe Sylvain Bertot has studied North American rap subcultures from afar, and this lofty read takes you from Halifax to Houston through the eyes of an overseas rap fanatic. Insightful both for Bertot’ s spot-on understandings and one-ocean-removed perspectives on the importance and impact of rap’s ever-influential underground on this side of the globe.
RENDEZ-VOUS SUR LE SITE DE CULT MONTREAL
Ho, Ho, Ho ! C’est déjà l’heure du sapin, des guirlandes, des reprises de chansons de noël par Mariah Carey (on s’en passerait bien d’ailleurs), des repas à n’en plus finir, mais aussi…des cadeaux évidemment ! Alors est-ce que vous avez été sages cette année ? Nous, on a été sages en tout cas et sur notre liste au Père Noël on a mis qu’on voulait vous avoir toujours près de nous et avoir encore et toujours de le bonne musique à partager avec vous. C’est sympa, n’est-ce pas ? Et vous, vous avez mis quoi sur votre liste ? Si vous manquez d’idées pour vous ou pour vos proches, voici comme chaque année, notre petite sélection qui devrait faire des heureux(ses).
Afin d’en apprendre plus sur l’histoire du hip-hop, et en l’occurrence sur la partie du rap indépendant nous vous suggérons le livre de Sylvain Bertot : Rap Indépendant, la vague du hip hop indé des années 1990–2000. De quoi vous documenter et comme c’est rare d’avoir des livres sur le sujet en français, il ne faudrait vraiment pas se priver !
À l’occasion de la sortie du livre Rap Indépendant : La vague hip-hop indé des années 1990 / 2000 en 30 scènes et 100 albums en mai dernier, un nom déjà connu réapparaissait sur nos écrans radars d’ouvrages spécialisés sur le Rap. Sylvain Bertot, que l’on avait vu sévir deux ans auparavant avec l’ouvrage Rap, Hip-hop : Trente années en 150 albums, de Kurtis Blow à Odd Future est donc revenu pour se focaliser sur une période et un mouvement plus précis : le rap indépendant. Un travail dantesque pour ces deux ouvrages pour quiconque ose l’imaginer, on s’est d’ailleurs rendu compte que l’auteur aiguisait déjà sa plume non pas sur papier mais sur Internet, au commande de la partie Hip-hop du magazine en ligne Popnews.com et en animant son propre blog Fake For real après avoir fait ses armes en dirigeant la rédaction de Nu Skool et Hip Hop Section, deux blogs francophones importants du genre autour des années 2000.
Du clavier au papier, on a décidé d’en savoir un peu plus sur cet auteur de Rap à qui on a posé quelques questions lors d’une séance de dédicace de son dernier livre au festival Hip Hop is Red. Portrait.
Street Rules : Presque l’intégralité de ton travail se dirige sur le Hip-hop, est-ce que tu te souviens de ton premier émoi au rap ?
Sylvain Bertot : Oh, bien moi, je suis relativement vieux, j’ai connu le hip hop dès les années 80. Je ne me suis pas tout de suite converti au rap, mais j’ai suivi le mouvement de loin. Après, ma vraie conversion au rap, c’est venu beaucoup plus tard, avec le Wu Tang Clan. Eux ils m’ont fait complètement basculer, pour de bon, définitivement. Je suis vraiment devenu un vrai fan de rap avec eux.
De cette passion comment tu en es arrivé à devenir journaliste, chroniqueur ?
J’aime deux choses dans la vie : écouter de la musique et écrire. Une troisième chose s’est ajoutée à ces deux passions : Internet. J’aime beaucoup écrire, j’aime beaucoup la musique, mais pour écrire sur la musique, et être publié, il me fallait un réseau, connaître des gens, faire des démarches. Moi, ce n’est pas trop mon truc d’aller me montrer, de faire du self-marketing, tout ça. Quand Internet est arrivé et que j’ai eu mon premier accès en 97, je me suis dit « c’est super ce truc, je peux écrire sur la musique et publier des textes ». C’est donc ce que j’ai fait et ça a bien marché. Des gens ont bien aimé mes articles et une communauté s’est créée autour, ça m’a permis de rejoindre POPnews qui se créait à ce moment-là. On s’est connectés comme ça, par Internet, et puis après on s’est vus, on s’est rencontrés à des événements, dans des concerts. Parce que dans la vie, il y a les vrais gens, il n y a pas qu’Internet. Et puis la sauce a pris. Sur la partie plus hip hop, j’ai pu participer à la fondation de plusieurs sites hip hop en 2000 : « Hip Hop Section » dont j’étais le redac’ chef. Tout ça grâce à Internet. Je pense franchement que j’aurais été moins visible, moins facilement repérable, ou moins rapidement, sans ce merveilleux outil.
En 2012 tu publies 30 ans d’hip hop, d’où t’es venu le besoin d’écrire ce livre ?
C’était un besoin, et c’était aussi, quelque part, une commande. En fait, mon deuxième livre, c’était mon premier projet. À l’origine, j’ai contacté l’éditeur Le mot et le reste – seulement eux parce que j’aimais bien leurs autres livres sur d’autres genres musicaux, notamment celui de Philipe Robert sur le rock, je me suis dit : « tiens c’est sympa ça » – uniquement sur le projet rap indé. Ça faisait des années que j’écrivais sur le rap, en particulier sur le rap indépendant, et je me suis dit c’était peut-être le moment de capitaliser, il fallait qu’il en reste un trace. J’ai donc écrit un premier projet, je l’ai soumis à la maison d’édition, ils sont revenus vers moi assez vite et ils m’ont dit « c’est pas mal votre truc, et justement, ça tombe bien, car on cherchait quelqu’un pour écrire sur le rap, en général, est-ce que ça vous dirait ? ». Au début je me suis dit, « waouh, parler de tout le rap en général, c’est autre chose, c’est une autre ambition ». Mais d’un autre côté, ça me tentait bien. Un livre sur toute l’histoire du rap, j’avais déjà eu cette idée derrière la tête. Mais pour moi, j’aurais dû publier le livre sur le rap indépendant d’abord, et celui sur le rap en général ensuite. L’éditeur a proposé de faire le contraire. J’ai finalement dit oui et je me suis pris au jeu. Ca m’a bien plu de le faire, ça m’a bien amusé. Le livre a bien marché, du coup l’éditeur est revenu vers moi et m’a permis de publier le deuxième. Donc voilà, c’est ça l’histoire.
Au niveau du contenu on imagine que faire une synthèse du rap indépendant dans sa globalité ça doit être compliqué. Quelle est ta méthode ?
Alors oui, ça a été compliqué, avec le livre sur le rap indépendant en tout cas. Ca a été d’autant plus compliqué que l’éditeur a voulu élaguer mon manuscrit final. Le livre qui est sorti est déjà assez gros, assez épais. Il faisait pourtant facilement 100 pages de plus quand je l’ai proposé. En ce qui concerne la méthode, il faut savoir se donner un cadre, un objectif, il faut définir le plan en avance, il faut se dire : je vais faire une histoire sur le rap, alors combien de pages ? Je vais faire des chroniques sur des albums, combien de caractères pour chaque ? Combien d’albums ? Puis s’entendre avec l’éditeur sur le sujet. Après, c’est une question d’autodiscipline, quoi. Il faut savoir s’y tenir. Mais c’est parfois frustrant. Quand j’ai écrit mes premiers articles sur le rap, ils faisaient deux fois trop de signes, donc ça n’allait pas. Souvent, j’écrivais des articles trop longs, et j’élaguais après pour qu’ils puissent correspondre au format préétabli. Il y avait forcément un côté frustrant, mais en même temps c’était bien, parce que ça m’obligeait à un effort de synthèse, à ne pas me répéter, à me concentrer sur l’essentiel.
Donc ce livre, c’est une continuité de ton travail de rédacteur ?
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RENDEZ-VOUS SUR LE SITE DE STREET RULES POUR LIRE TOUTE L’INTERVIEW
Dans son dernier livre, le journaliste spécialisé dans le hip-hop Sylvain Bertot revient, en 30 scènes et 100 albums, sur l’histoire et les héros du rap indépendant. Nous l’avons rencontré, histoire de remettre le point sur le « i » de « indie
Auteur de Rap indépendant, La vague hip-hop indé des années 1990/2000 en trente scènes et cent albums (éd. Le mot et le reste, disponible dans les meilleures crémeries depuis la fin juin), Sylvain Bertot, co-fondateur du site POPnews et patron du blog Fake For Real, pose un regard profond et réfléchi sur l’indie rap et ses figures emblématiques. L’occasion de remettre J.Dilla à sa juste place, d’évoquer une époque qu’Aloe Blacc et Danger Mouse n’auraient jamais dû quitter et de comprendre pourquoi on peut être puriste tout en collaborant avec Olivia Ruiz.
Après un premier livre consacré à 150 albums cultes du hip-hop, vous venez de publier un ouvrage sur le rap indépendant. J’imagine donc que vous êtes pour la distinction entre rap commercial et rap indépendant, que l’on considère généralement comme plus authentique ?
Sylvain Bertot : Être authentique, c’est en effet l’objectif avoué du rap indépendant. La majorité des rappeurs de ce mouvement déclarent vouloir délibérément évoluer en marge des grosses majors du disque et éviter les choix artistiques trop conventionnels. Mais je ne dirais pas pour autant que le rap commercial est inauthentique, c’est plus subtil que ça. Le rap sudiste, par exemple, qui a souvent su être très porteur commercialement parlant, a pu être à la fois hyper démagogue, très sincère et créatif.
Dans les années 90, beaucoup considéraient le rap indépendant comme du « hip-hop pour ceux qui n’aiment pas le hip-hop ». C’est un peu réducteur, non ?
Oui, c’est très provocateur et à vrai dire ce n’est pas toujours exact. Parfois, au contraire, le rap indé c’est le rap des puristes. En fait, il existe plusieurs sortes de rap indé : 1 – un rap indé au sens économique du terme, majoritaire, avec des rappeurs qui évoluent en indé par la force des choses, et non par idéologie ; 2 – un rap indé idéologique, avec des rappeurs qui se prétendent indé par choix, parce qu’ils qui ont voulu garder le contrôle de leur production et rester authentique ; 3 – un rap indé au sens esthétique du terme, avec des rappeurs qui ont refusé les règles préétablies, qui ont choisi de bousculer les normes du rap. Cette dernière école était importante autour de l’an 2000, quand on a vu des rappeurs flirter avec des sonorités rock, folk ou électro.
Beaucoup de rappeurs ont également flirté avec des imaginaires ouvertement SF.
Oui, Dr. Octagon adoptait déjà ce genre démarche en 96. Organized Konfusion et Company Flow ont aussi joué de cette imagerie. Mais la vraie rupture esthétique, c’est avec l’arrivée du label Anticon et ses sorties complètement délirantes Cette rupture est liée aussi à un changement sociologique dans la pratique du rap. Il n’était plus réservé aux Blacks, aux gens du ghetto, mais aussi à des rappeurs blancs de classe moyenne, issus de petites villes provinciales, américaines ou canadiennes. Bien sûr, beaucoup de ces gens avaient un déficit de crédibilité, ils étaient considérés comme des rappeurs pour intellos. Mais Internet, qui a été moteur dans le rap indé, leur a permis d’exister et de pousser leur démarche encore plus loin, et d’orienter le rap dans de nouvelles voies.
Il y a aussi l’inverse, des rappeurs indés qui ont complétement profité d’internet pour se tourner vers un public de masse, comme Aloe Blacc, Eminem ou Danger Mouse.
Oui, ces rappeurs là viennent aussi de ce circuit, même s’ils n’ont pas tous eu besoin d’Internet pour se faire connaître. Eminem, c’est bien connu, est issu du circuit des battles du Midwest. Aloe Blacc faisait partie d’Emanon, un groupe indé californien, avant de devenir la star qu’il est aujourd’hui. Pareil pour Danger Mouse. C’était un pote de J-Zone, un rappeur indé très coté mais qui n’a jamais fait carrière. Ils faisaient à peu près tous les deux la même chose, mais Danger Mouse a vu sa carrière décoller quand il a eu cette idée de génie : mixer le White Album des Beatles avec le Black Album de Jay-Z pour donner… le Grey Album. Il y a d’autres exemples, notamment Kanye West qui était assez lié à cette scène. Il était proche de Talib Kweli et a voulu être signé sur le label Rawkus, avant de rejoindre Jay-Z et les autres. Il a aidé son compère Rhymefest, vainqueur du Scribble Jam, l’événement indé par excellence, à se faire connaître du grand public. Il y a eu le turntablist A-Trak, un autre indé, pour DJ. Kanye a d’ailleurs hérité quelque chose de cette mouvance indé. Ça s’entend encore dans certaines de ses productions récentes.
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RETROUVEZ L’INTÉGRALITÉ DE L’INTERVIEW EN MUSIQUE ICI
” Qu’est devenue la musique contestataire française, qui, il y a vingt ans, remuait les consciences, remplissait les salles et enrichissait les majors ? La mondialisation est passée par là... ”
Marianne consacre un article à la musique contestataire et font appel, notamment, à Sylvain Bertot pour donner son avis sur l’évolution de cette musique.
LIRE L’ARTICLE SUR LE SITE DE MARIANNE
My record with Anti-MC Free Kamal is on the cover of French book about “Independent Rap” by long-time supporter Sylvain Bertot, the guy behind the Fake For Real online magazine (who also did Hip-Hop Section back in the days). The record features in the book itself along with The Shape Shifters’ Adopted by Aliens, Busdriver’s Temporary Forever and many others and gets a great review.
It’s out May 23. Now we need an English version.
Our long-time friend/godfather Sylvain Bertot, who founded seminal indie rap websites Nu Skool and Hip-Hop Section and now runs Fake For Real has a new book out later this month (in French, through Le mot et le reste éditions). A follow-up to acclaimed “Rap, Hip-Hop. 30 années en 150 albums. De Kurtis Blow à Odd Future”, the new 470-page offering focuses on the so-called “Independent Rap”, covering an incredibly wide range – from New York’s Fondle’em Records to LA-based collective The Shape Shifters to Anticon and the Halifax scene, etc.
We are honored to be featured in this great book as a promoter/activist/record label much involved in the indie rap scene when it eventually bursted overseas circa 2003. Back then, we were promoting records and booking shows in France and Europe for the likes of Bigg Jus, AWOL One, Josh Martinez, Radioinactive, Thavius Beck, Subtitle, M.Fusion and many others. Our name is mentioned along with friends (and collaborators) Hip-Hop Core, (vulgar), Cooler than Cucumbers records, Submass, Josh Martinez/The Chicharones, Debmaster…
As you can see above, Laitdbac affiliate Radioinactive’s Free Kamal record with Anti-MC is on the cover and is mentioned several times in the book ; Laitdbac artists Lexicon, Bigg Jus and M.Fusion are obviously there too.
Thank you Sylvain Bertot, you were the one we were expecting this kind of book from.
If you live in France, check your local bookstore May 23 and show some love.
Sylvain Bertot, c’est notre spécialiste ès hip-hop, qui anime par ailleurs le blog Fake For Real. Après un premier ouvrage plus généraliste paru en 2012, dont il nous avait parlé ici, voici le second volume, qui abordera le rap indépendant et sortira comme le précédent chez Le mot et le reste. A découvrir à partir du 22 mai : bravo Sylvain !
En dépit de l’absence de considération dont il fut souvent victime, l’apport du rap indépendant sur le rap actuel est indiscutable. Il fut d’abord une tentative de retour aux sources. Puis est vite devenu une sorte de laboratoire permettant au hip-hop d’explorer d’autres horizons musicaux. Il révolutionna également la façon de le faire et de le distribuer, s’appuyant notamment sur l’accès aux nouvelles technologies. Aujourd’hui dépassé, il était temps de raconter son histoire.
C’est le bouquin qui lui tenait à coeur, celui qui était dans ses petits papiers depuis longtemps, mais pour lequel un éditeur était certainement moins chaud à s’engager au vu de la confidentialité du genre. Il aura donc fallu à Sylvain Bertot de passer par la case généraliste avec Rap, Hip Hop 30 années en 150 albums. Une anthologie qui retraçait l’histoire du rap depuis ses origines et offrait un panorama global de ses évolutions grâce à une belle sélection d’indispensables. En faisant un ouvrage nécessaire dans une bibliothèque de mélomane.
Rap indépendant fait, pour la première fois, un focus sur ce mouvement au contour flou, qu’il tente de définir et de raconter. Un travail de synthèse colossal considérant la grande de diversité d’approche de ses représentants ; ainsi que par l’absence quasi-totale de source, en faisant un ouvrage unique.
Une partie du rap qu’il fallait donc avoir vécu pour connaître. Et ça tombe bien puisque Sylvain Bertot fait partie de ces amateurs pionniers qui ont permis de diffuser cet autre hip hop en créant plusieurs webzines et participant activement à d’autres (HipHop Section, Fake For Real, Popnews…). Tout naturellement, un site comme Dmute qui a su prendre le train du rap indé en marche, se devait de lui rendre hommage.
Consacrer un ouvrage sur le rap en France, aussi spécialisé soit-il, reste encore aujourd’hui un acte trop rare. Pourtant, le vent semble légèrement tourner si on en juge par les dernières productions littéraires signées Jean-Pierre Labarthe, Thomas Gaetner et un certain Sylvain Bertot, auteur d’un premier livre généraliste (Rap, Hip-hop : trente années en 150 albums, de Kurti Blow à Odd Future) paru chez Le mot et le reste en 2012. Ce même écrivain qui aujourd’hui troque une vision généraliste contre une focale plus affinée dédiée au rap indépendant. Un livre passionnant et extrêmement bien documenté où se croisent labels historiques (Anticon, Def Jux, Fondle ‘em, Stones Throw, Fake Four, Rhymesayers) et acteurs à échelle variable, d’El-P à Astronautalis en passant par le singulier Buck 65. Rencontre avec un fin connaisseur qui ne mâche pas ses mots.
Il y a deux ans tu publiais Rap, Hip-hop : 30 années en 150 albums de Kurtis Blow à Odd Future. Quelles ont été les retombées de ce projet ?
Beaucoup sur le web, plus que dans la presse écrite. Je pense que c’est aussi lié à moi et à ma propre visibilité, je suis quand même assez présent sur le web depuis pas mal de temps, je connais pas mal de gens qui parlent de musique en général et de rap en particulier, ce sont ces gens là qui font d’abord parler de moi. Dans la presse papier, il y a eu des retombées qui ont été un peu plus tardives, c’est arrivé grâce au nom et à la marque Le mot et le reste, et en fait curieusement le livre est sorti en 2012 et c’est en 2013 que j’ai été contacté par des radios ou des télés, le temps que le livre soit visible. D’abord c’est principalement le web et les réseaux sociaux qui en ont parlé avant les médias traditionnels.
LIRE L’ENTRETIEN DANS SON INTÉGRALITÉ
Le mot et le reste, l’éditeur qui se spécialise dans l’étude des courants esthétiques et musicaux, sort ces jours-ci un très beau livre dédié au rap indépendant de 1990/2000. Somme conséquente signée par un co-fondateur et rédacteur du magazine Popnews, Rap Indépendant, la vague hip-hop indé des années 1990/2000 en 30 scènes et 100 albums est la suite de Rap, Hip Hop, 30 années et 150 albums. C’est aussi une belle escapade dans les contrés les moins connues du genre.
Qu’est-ce que le rap et le hip-hop indé ? Un marché de niches créé par des innovateurs souvent peu ou pas connus, capable d’éclats médiatiques et artistiques, ainsi que de la gratitude et la reconnaissance d’une frange avertie d’un public de fans ? Un sous-genre ? Du “hip hop pour ceux qui n’aiment pas le hip hop”, comme on le disait dans les années 90 ? Un “wild bunch” de rebelles portés par des labels indépendants aux quatre coins du globe, tous hostiles à la prétention et au bling bling ostentatoire du rap commercial, et solidaire en ce qui concerne la production d’une “autre” forme de hip hop ? Un peu tout ça il est vrai.
LIRE L’ARTICLE DANS SON INTÉGRALITÉ
Une émission consacrée au rap indépendant avec Sylvain Bertot en invité.
Chez l’excellent éditeur Le mot et le reste vient de sortir un bouquin de Sylvain Bertot Rap indépendant, la vague indé des années 90/2000.
On va pas mentir, ça s’adresse pas mal aux spécialistes et aux fondus, c’est très pointu, et n’échappe pas au name-dropping effréné. Mais de l’aveu même de son auteur, c’est pour essayer de rendre justice à tous les acteurs, même obscurs, de ce mouvement qui a secoué le rap ricain à un moment où le marché tentait de le policer, dans un mouvement désormais habituel pour la musique noire, du blues au disco en passant par le jazz. Beaucoup de blancs becs, pourtant, dans cette micro-révolution musicale, qui s’est attachée à garder en vie l’esprit du hip-hop originel, tout en le projetant dans le futur à grands renforts de samples SF ou folk-rock et de délires ésotériques. Ca c’est pour l’esthétique, mais le plus important, c’est la tentative de créer une scène loin des majors, et de la structurer, pour garder le contrôle sur sa production tout en la diffusant…
Ces jours-ci sort Rap indépendant : La vague hip-hop indé des années 1990/2000 en 30 scènes et 100 albums le deuxième livre de Sylvain Bertot.
Tout comme le précédent, l’excellent Rap, Hip-hop, dont on parlait ici et qui tentait, avec succès, de survoler l’histoire du rap de ses débuts à nos jours, celui-ci sortira aux éditions Le mot et le reste. L’auteur nous propose donc avec Rap indépendant, comme son titre à rallonge l’indique bien, de parcourir dans le détail, et avec la clarté qu’on lui connait, la vague du hip-hop indé de la fin des années 1990 au début des années 2000, avec la présentation de pas moins de 30 scènes et 100 albums.
Cela fait plus de 10 ans que Sylvain Bertot s’intéresse de près à cette scène musicale en ayant créé et dirigé Nu Skool et Hip-Hop Section, les sites francophones les plus importants sur le sujet autour de l’an 2000. Aujourd’hui on peu retrouver ses chroniques de disques sur son blog Fake For Real.
Un très vaste travail pour un livre un peu plus épais que le premier où l’on retrouvera avec plaisir l’écriture minutieuse et efficace de Sylvain Bertot.
Ce deuxième livre est, je crois, plus personnel que le précédent, qui, me semble-t-il, était plus ou moins une commande de l’éditeur. Quelle est l’origine de ce projet ?
En fait, ce second livre qui paraît ces jours-ci était mon projet initial, celui que j’avais proposé à l’éditeur à l’origine. Mais de fil en aiguille, au cours de nos discussions, on en est venu à un tout autre livre, le premier qui est sorti, et qui portait sur toute l’histoire du rap en général. On pourrait presque considérer ce premier livre comme une commande, en effet, puisque c’est l’éditeur qui m’a emmené dans cette direction, mais c’est aussi un livre que j’ai aimé écrire, j’y ai mis beaucoup de passion. Cependant, j’ai gardé derrière la tête l’idée d’enchaîner avec mon projet sur le rap indé et, le premier livre ayant plutôt bien marché, l’éditeur m’a finalement spontanément proposé de le sortir.
LIRE L’INTERVIEW DANS SON INTÉGRALITÉ
Un nouveau bouquin qui est tout sauf un acte isolé. Il s’agit de la suite de Rap, Hip-Hop qui concentrait une revue de trente années du genre par le prisme d’une sélection de 150 albums. Le tout sous la plume exigeante de Sylvain Bertot. Mais – surtout – une forme de prolongation de la grande aventure Internet de Hip-Hop Section, webzine référent de la fin des années quatre-vingt-dix. La suite s’intitule Rap Indépendant et place le curseur sur 30 scènes et 100 albums. Une vraie belle occasion de découvrir et redécouvrir une sélection des perles de la scène indépendante. Avec notamment Company Flow, Mike Ladd, MF Doom, Freestyle Fellowship, Sage Francis, Madlib, Busdriver ou les Living Legends. Et une petite sélection de rap français au sommet d’un gâteau bien dense. Rap Indépendant sort le 22 mai.