Parution : 23/05/2013
ISBN : 9782360540839
224 pages (148 x 210)

20.00 €

Reggae 100

Parcours musical autour de la Jamaïque

En plus de la sélection, le contenu, aussi, est solide.
Sylvain Bertot – Fake For Real

Petite île caribéenne devenue indépendante en 1962, la Jamaïque s’est distinguée dès cette époque par ses productions musicales, affirmation d’une vigueur culturelle jamais démentie depuis. On estime ainsi que la Jamaïque, aujourd’hui peuplée de moins de trois millions d’habitants, a produit plus de cent cinquante mille enregistrements de musique populaire !
Reggae 100 propose un panorama subjectif des musiques de la Jamaïque,
des années 1960 à nos jours, avec un accent particulier mis sur la période 1970–1980, apogée de la production musicale de l’île. Grâce à une sélection de cent albums emblématiques, présentés selon un ordre
chronologique, le lecteur plonge dans l’histoire du reggae et des grands courants musicaux qui gravitent autour (ska, rocksteady, dub et dancehall, etc.). Cent albums marquants qui permettent d’introduire
le lecteur aux producteurs, aux labels, aux musiciens et aux studios qui ont écrit cette épopée tropicale et musicale, pour certains dans l’ombre des feux de la rampe et de la reconnaissance.

Revue de presse

- Trois livres pour tous les sons Jean Rouzaud Novaplanet 03 juillet 2013
- Reggae 100 Sylvain Bertot FakeForReal 20 juin 2013

- Trois livres pour tous les sons

Tout d’un coup, trois bouquins sortent et ils racontent presque toute notre culture dite musicale : tout le 20eme siècle y passe, des balbutiements aux derniers souffles technologiques. L’un empile les musiques noires venues de si loin. L’autre raconte la révolution Pop Rock électrique et ses racines campagnardes. Le troisième énumère tous les fous de sons depuis le début du siècle, avant même Eric Satie.

À travers la musique noire, on remonte évidemment aux rythmes ancestraux, avant même l’esclavage. Le choc des sensibilités blessées des Africains et le contact avec les instruments et la musique romantique blanche va faire le reste.

À travers un seul groupe, le Grateful Dead et son maitre Jerry Garcia, on en apprend sur le Blues, la Country, le Rock, la révolution psychédélique puis les montagnes russes : LSD, Light Show, Acid Test, Festivals, Parties, révolution sexuelle et tournées mondiales, l’avènement d’une industrie musicale générée par les apprentis sorciers hippies.

Quant aux sons, du classique aux modernes – musiques sérielles, concrètes, répétitives, minimalistes ou techno, digitales, muzak… tous les penseurs, ingénieurs, compositeurs, bidouilleurs, bricoleurs qui vont gravir la montagne sacrée des ondes sonores, des vagues, des nappes et des possibilités.

Dans le premier, Great Black Music, Philippe Robert résume 110 albums : en une double page, le meilleur de chaque artiste (ou groupe). Sa vie, son style, son apport, la pochette du meilleur album… Puis 2 listes: les autres albums datés et une poignée d’artistes proches.

Intelligent et efficace, même s’il manque des Cubains et des Africains, car l’auteur a choisi l’Amérique comme creuset avec une excroissance jamaïcaine importante. Mais c’est une liste de merveilles allant de Billie Holiday à nos jours, avec Sly, Jimi, Betty Davis, Otis ou Sun Ra, et tous les surdoués du blues, de la Soul, du Reggae-Dub, et même des maudites comme Millie Jackson, Jill Scott Heron et tant d’autres, bref surapprouvé par NOVA.

Pour Grateful Dead, évidemment c’est centré, mais le Dead a débuté bien avant le groupe lui-même et fut environné de plein d’évènements à conséquences mondiales : drogue, Vietnam, révoltes, émeutes, réseaux répression, trouvailles de synthés et autres boucles, distorsions et échos.

Steven Jezo-Vannier est un fou du détail, il sait tout. Cette révolution de 1964 jusqu’à 1969, avec le « avant « et le « après », qui paraît d’avant notre ère, si loin, presque déplacée aujourd’hui. Mais ses vieux chevelus préhistoriques ont quand même poussé les portes de la perception. (Pour compléter, le livre de Tom Wolfe Acid Test raconte l’épopée du Magic Bus, post Beat, des Pranksters et des Hells, dans le chaudron lysergique.)

Quant à Digital Magma de Jean Yves Leloup, c’est un puits d’informations historiques, souvent mal connues, notamment toute l’école allemande d’Alban Berg à Stockhausen, les Italiens, les Américains comme John Cage et La Monte Young, des ribambelles d’ingénieurs, novateurs et même de philosophes pour développer les nouveaux champs acoustiques. Jusqu’à nos raves, samples, DJ, et autres fondus de home studio, réseaux internet, dématérialisation.

Trois livres, un éditeur, une passion et des auteurs vraiment dévoués. À compléter sur le net, en attendant c’est NOVAPLANET qui régale.

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Jean Rouzaud
Novaplanet 03 juillet 2013

- Reggae 100

Patiemment, imperturbablement, l’éditeur Le mot et le reste poursuit son exploration méthodique de tous les genres musicaux. Après avoir épuisé le registre riche des musiques anglo-américaines, il s’aventure au-delà, et se penche sur la production de ce que l’on appelait autrefois le Tiers Monde. Ce fut le cas il y a quelques mois avec Africa 100. Ca l’est maintenant, grâce au même auteur, Florent Mazzoleni, avec Reggae 100, qui s’intéresse au petit pays le plus influent, musicalement parlant, de ces 50 dernières années : la Jamaïque.

À toute la Jamaïque. Et pas seulement à son style musical le plus éminent, connu et célébré, contrairement à ce que le titre laisse penser. Le reggae, bien entendu, est le mieux représenté dans ce livre. Il correspond à l’âge d’or de la musique jamaïcaine, au moment, les années 70, où le pays s’exporte à l’international, où ses disques, après le succès spectaculaire de Bob Marley, ne s’adressent plus exclusivement aux locaux. Mazzoleni, cependant, dans son introduction comme dans sa sélection, aborde toutes les évolutions musicales traversées par l’île caribéenne à partir de son indépendance dans les années 60 : ska, rocksteady, reggae (et ses sous-genres), dub, dancehall, raggamuffin.

Ce qui l’intéresse, c’est toute la production locale. Mais aussi, rien qu’elle. Si elles sont mentionnées, les branches du reggae à l’international ne sont pas couvertes par sa sélection : pas de star du reggae étrangère à l’île, comme l’Ivoirien Alpha Blondy ; pas de Jamaïcain dont la carrière s’est déroulée ailleurs, comme le poète dub Linton Kwesi Johnson ; pas d’expériences bâtardes conduites par des Occidentaux et des Blancs, de P.I.L. à The Bug ; pas de genre issu du terreau jamaïcain, mais apparu ailleurs, comme le reggaeton. Mazzoleni, et c’est un choix éditorial respectable, ne franchit jamais la mer.

Son regard, pourtant, se porte parfois ailleurs. L’auteur, notamment, parle souvent du dialogue entre la musique jamaïcaine et la black music du voisin américain. Plus que du mento, le musique traditionnelle de l’île, les genres antérieurs au reggae sont nés en effet d’un contact avec la musique afro-américaine. Les échanges sont constants, d’abord quand la soul influence le rocksteady, et plus tard quand la culture DJ, les toasters et les paroles salées des pionniers du dancehall impactent le hip-hop de manière décisive.

Aussi, il faut avouer que la production locale se suffit à elle-même. Avant de s’inquiéter de ses rejetons, il y a déjà beaucoup à dire à son sujet. Ce que Mazzoleni parvient à faire, dans les limites du format et de la sélection. Tous les grands classiques sont traités : le Catch a Fire de Bob Marley et des Wailers, les sorties solo de ces derniers, le Marcus Garvey de Burning Spear, le Funky Kingston de Toots & the Maytals, le Two Seven Clash de Culture, le Cool Ruler de Gregory Isaacs, le East of the River Nile d’Augustus Pablo, le Super Ape de Lee Perry, ainsi que la trilogie magique issue de son studio Black Ark et formée par le War Ina Babylon de Max Romeo, le Police & Thieves de Junior Murvin et le Heart of the Congos des Congos. Et à ces références évidentes, comme d’habitude avec les livres de la collection, s’ajoutent quelques trésors plus confidentiels, histoire de contenter autant les néophytes que ceux qui ont un premier vernis reggae.

En plus de la sélection, le contenu, aussi, est solide. L’introduction aurait méritée d’être plus longue, mais les présentations de disques sont denses à souhait. L’auteur réalise la prouesse de regrouper, en quelques lignes, une présentation de l’auteur et de son parcours, une critique du disque et de ses extraits les plus emblématiques, et quelques autres pistes d’écoute, avec une grande force de persuasion et un enthousiasme souvent très communicatif.

Il n’y a au fond qu’un regret à avoir : même s’il ne prend pas le lecteur en traitre, même s’il prévient d’emblée que son livre s’attardera principalement sur les années 70, le point culminant de l’histoire de la musique jamaïcaine, l’auteur ne traite que timidement de la période d’après, de l’ère du dancehall et du ragga. Passé le début des années 80, le livre fait même marche arrière : il revient vers les genres des années 60, le ska, le rocksteady, en mentionnant des compilations et des rééditions. L’auteur ayant peu de choses à dire sur les dernières décennies de la Jamaïque, il s’en sert comme de bouche-trous.

On comprend que Mazzoleni ne soit pas fan éperdu de dancehall, de son côté cheap et racoleur. On sait aussi que ce genre se préoccupe moins du format album que son ancêtre reggae, qui avait emprunté au rock son obsession pour les longs formats chiadés. Mais tout de même, sur ces 30 dernières années, l’île n’a-t-elle donc produit aucun disque de ce type qui vaille le coût ? On imagine difficilement que le génie créatif de la Jamaïque se soit tari au point de ne laisser aux décennies 1980, 1990 et 2000 qu’une poignée de grands disques.

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Sylvain Bertot
FakeForReal 20 juin 2013
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