Revue de presse
Comment définir Saravah ?
Comme une fenêtre ouverte sur le monde, via le verbe et les rencontres artistiques, sans limites, ni tabous.
Le nom de ce label est lui-même un mot-valise, avec cette orthographe en référence à vos aïeux.
Il induit une mystique…
Saravah est une formule composite. C’est une vieille incantation dérivée de salvar, transmise par les esclaves noirs adeptes du candomblé et reprise par Vinicius de Moraes et Baden Powell dans leurs afro-sambas. La « Samba da Benção », soit la samba de la bénédiction, inspire à Pierre sa « Samba Saravah ». Par ce titre, il convie toute la scène brésilienne aux mystères des orixas, par un Saravá rituel et convivial. En ajoutant le h de Barouh, qui signifie béni en hébreu, mon père fait écho. Il sème la formule à tout vent en évoquant Sarah, le prénom de sa maman. Le tout prend son envol dans la formulation Saravah.
Trois disques Saravah et pourquoi ?
Je dirais d’abord « Higelin & Areski ». C’est le cri primal du catalogue, le résultat de la première session du studio des Abbesses, à Montmartre. Cet enregistrement est supervisé par Daniel Vallancien. Aux commandes de sa console, celui-ci découpe et multiplie Ies voix, les mélodies et les rythmes improvisés par Jacques Higelin et Areski Belkacem. Puis « Moshi » de Barney Wilen. De retour de son périple africain, le saxophoniste français enregistre des sessions avec son groupe jazz psychédélique. Chaque titre du double album est une variation. Ils sont enregistrés de Tanger à Zanzibar. Et les longs samples sont mixés avec délice. Enfin je sélectionnerais les « 10 ans de Saravah ». Il s’agit d’un coffret de quatre vinyles où personne n’est oublié. La pochette de Sempé et le texte biographique de Pierre au verso parachèvent cette anthologie du son Saravah des Abbesses.
Ce catalogue n’anticipe-t-il pas l’avènement des musiques du monde sur le marché occidental ?
La dimension « sono mondiale » de Saravah se développe avec Naná Vasconcelos dès 1970. Ses recherches rythmiques et vocales autour du berimbau (instrument traditionnel africain utilisé dans le rituel de la capoeira brésilienne, ndlr), sur scène et au studio des Abbesses, s’adaptent ici à tous les répertoires, en restant fidèle aux racines africaines. Quand mon père chante à propos de la samba : « Moi je l’aime, et j’ai parcouru le monde, en cherchant ses racines vagabondes… », il associe syncrétisme des folklores et quête initiatique, introspection et métissage, alors que le monde éprouvait les secousses de la décolonisation. Concernant la scène des années 80, elle est désabusée. Nous sommes passés à autre chose. C’est cette autre chose que la new wave japonaise défriche, ouvrant la voie aux musiques électroniques, à l’ère de la mondialisation.
[…]
Dans votre livre, vous évoquez la fabrication du collector « Brigitte Fontaine Est… Folle ! »…
Je tiens cette anecdote de Fernand Boruso, associé de mon père depuis la création de Saravah en 1966 et jusqu’en 1972. Il cumulait les postes de secrétaire général, directeur de studio, suivait la fabrication, le design et la distribution des disques. Chaque étape l’intéressait. C’est en écoutant la maquette de ce qui deviendra « Brigitte Fontaine Est… Folle ! » que Pierre et Fernand décidèrent de créer le label Saravah en 1968, à partir de la référence SH 10001. Concernant cet enregistrement, Fernand se rendit à l’usine de pressage. On lui proposa des pots de couleurs jaune, rouge et bleu commandés et abandonnés par Barclay. Boruso leur dit : « Mélangez tout ! » Résultat : les 3000 exemplaires du premier tirage de « Brigitte Fontaine Est… Folle ! » sont parus avec des motifs marbrés, comme ceux qu’on peut voir sur les pages de garde des reliures en veau. La pochette est inspirée par Jérôme Bosch. Elle est imprimée sur du papier gaufré. C’est l’un des disques Saravah les plus rares ! Je ne l’ai toujours pas retrouvé…
Souffle Continu réédite en vinyle certains albums de Saravah comme Moshi, Areski ou Mahjun.
Comment êtes-vous entré en contact avec ce label ?
En 2017, j’ai voulu rééditer « Un Beau Matin », le premier album solo d’Areski Belkacem, sorti en 1971. Nous avons confié la bande à l’équipe du Souffle Continu. Je ne m’attendais pas à un travail d’une telle qualité ! Le son 4 pistes était éclatant, limpide et dynamique, révélant les subtilités de l’enregistrement, notamment le beatbox d’Higelin et les trouvailles électro-acoustiques de Vallancien. Souffle Continu avait déjà sorti les deux albums de Mahjun et l’incroyable réédition de Moshi, plus belle que l’original ! Saravah a donc confié à ce label les références pointues et épuisées du catalogue : Le Cohelmec Ensemble, Michel Roques, Jean-Charles Capon et Pierre Favre, Daniel Vallancien et Philippe Maté, Alfred Panou ou le très attendu « La Lettre et le Silence » du lettriste Maurice Lemaître. Ces albums sont désormais disponibles en quantité, en haute-fidélité et à bon prix !
Un deuxième tome de vos écrits concernant votre père, et notamment sa période japonaise, est-il à l’ordre du jour ?
Le livre « Saravah, C’Est Où l’Horizon ? », que je continue à dédicacer régulièrement, a ouvert plusieurs pistes. Tout d’abord le spectacle « Saravah Revisité », qui a été produit par la scène nationale Le Lieu Unique à Nantes, avant d’être joué à Paris. Puis la réalisation, en cours, du documentaire « On n’ Arrête Pas Une Chanson », qui explore le parcours de Pierre de 1960 à 1970. Je travaille également sur une série de livres pour l’éditeur parisien La Lucarne des Écrivains, notamment sur une intégrale des chansons et poésies de Pierre et sur un ouvrage iconographique sélectionnant ses papiers, correspondances, notes et nombreux brouillons de chansons. Ce sera l’occasion de publier son journal de Tokyo, écrit à l’été 1982, où Pierre reporte méthodiquement avec une écriture fine et serrée ses moindres faits et gestes. Ces projets n’excluent pas une future contribution avec l’éditeur « Le Mot et le Reste » et, pourquoi pas, une suite au livre « C’Est Où l’Horizon ? ».
L’interview intégrale est à retrouver sur le site de Star Wax
À l’occasion de ses 50 ans et d’une soirée hommage au festival BBmix, le fils du fondateur de la maison revient avec nous sur la période faste du label free, libertaire et psychédélique français, à travers onze sorties stupéfiantes et dissidentes.
Saravah, ça va, vous dites-vous. Brigitte Fontaine, Areski, Jacques Higelin, le studio des Abbesses, l’orée des seventies, les libertaires en liberté. Comme A La Radio. Crabouif. Un Beau Matin. Vous et Nous. Le tout dans le giron du chanteur-promeneur Pierre Barouh, tirant des fils du Brésil de Vinícius de Moraes au Gabon de Pierre Akendengué, quand il n’était pas occupé à tourner des films fauchés ou à scotcher sur le flipper du bistrot d’en face. C’est l’un des rares héritages de cette période qu’on puisse revendiquer avec une absolue fierté, et qui infuse encore ce qui se fait de plus vital dans la « chanson française », du couple Arlt (comparé jusqu’à la nausée à Fontaine-Areski) à la smala du Saule (Borja Flames, Marion Cousin). On retrouvera d’ailleurs ces enfants sauvages vendredi soir au BBMix pour Saravah Revisité, main dans la main avec papa Areski. Une (ré)création plutôt qu’un hommage, tant cette esthétique refuse de figer.
Plus tôt dans l’année est paru Saravah, C’est où l’horizon ?, un livre passionnant signé Benjamin Barouh, qui a plongé dans les archives éparses de son père décédé en 2016 et parlé avec des survivants pour reconstituer l’âge d’or du label et du studio, de 67 à 77. Ce qui lui a permis, entre autres, de combler les trous de l’histoire officielle, à commencer par le rôle joué par Fernand Boruso, associé de la première heure et co-créateur du label BYG (la mythique série d’enregistrements Byg ACTUEL avec Archie Shepp, Sun Ra ou Don Cherry), qui a rameuté la fine fleur de l’avant-garde avant de décamper pour une sombre embrouille de blé... Et d’être « oublié » par Pierre Barouh. C’est cet itinéraire bis, où les lauriers sont redistribués, qu’on a voulu parcourir avec Benjamin, à travers onze références aussi méconnues que souvent stupéfiantes. L’ascension du mont Saravah par la face sud, entre bossa et jazz, lettrisme et psychédélisme, crêtes aiguës et neiges éternelles.
« On est au tout début de l’histoire. Pierre vient de créer les éditions Saravah avec Fernand Boruso, Francis Lai et Claude Lelouch pour éditer la bande originale d’Un homme et une femme, dont personne ne voulait, et qui va connaître un succès international. L’idée de départ, avant l’arrivée de Fontaine et Higelin – qui vont faire fuir Lelouch – était de créer un label de musiques de films et de musiques brésiliennes. Un domaine que Pierre connaissait bien après avoir voyagé au Brésil, rencontré son mentor Vinícius de Moraes et adapté la Samba da Bênção -la chanson « Samba Saravah », grâce au film de Lelouch, a été le cheval de Troie de la musique brésilienne dans le monde. On est en 1967, la dictature militaire est en place au Brésil depuis trois ans, ça commence à sentir très mauvais et les musiciens s’exilent. Parmi eux, le Trio Camara. Ce premier enregistrement n’est pas produit par Saravah mais par Yves Chamberland dans le Studio Davout, où a aussi été enregistré Brigitte Fontaine est… folle. C’est un disque de bossa jazz qui sonne d’enfer, à une époque où cette musique était un phénomène nouveau. »
« Suite au Festival Panafricain d’Alger de juillet 69, certains membres de l’Art Ensemble Of Chicago se sont installés à Paris et ont enregistré au studio Ossian de Fernand Boruso, pour la collection BYG Actuel. C’est ce studio qui est devenu le studio des Abbesses puis le studio Saravah. Par hasard, les musiciens de l’Art Ensemble se sont retrouvés au Vieux Colombier dans la même soirée que Brigitte Fontaine, Higelin et Areski, qui leur ont proposé d’enregistrer « Comme À La Radio ». La rencontre avec Sanvi Alfred Panou s’est faite de l’autre côté de la rue, au bistrot Saint-Jean, plaque tournante des musiciens et artistes de passage. Panou venait du théâtre expérimental et a sympathisé avec ces Américains, qui l’ont invité dans la foulée des sessions de « Comme À La Radio ». Pour la petite histoire, c’est Higelin qui a bétonné ce principe ; sur le trajet de chez lui au studio, il invitait les musiciens qu’il croisait. C’était presque maladif chez lui, l’art des rencontres pratiqué à l’extrême. Quant à Panou, il est ensuite reparti au Togo pour développer des activités théâtrales. C’est surprenant que ce 45-tours n’ait pas été transformé en 33-tours quand on voit sa qualité d’écriture. Les deux morceaux sont dingues. »
Lisez l’article dans son intégralité sur NOISEY
Aurélie Sfez parcourt Paris avec Benjamin Barouh pour son émission À la Dérive.
On part à la dérive sur les traces de Pierre Barouh, chanteur, cinéaste et fondateur du label Saravah. Et c’est avec son fils, Benjamin Barouh que nous marchons dans les pas du papa…
À la dérive avec Benjamin Barouh on ne tue pas le père, on le ressuscite. Chez le disquaire Le Souffle Continu on restaure les disques du label Saravah. Aux Abbesses, on déambule sur les chemins du promeneur Pierre Barouh et au cimetière on vient lui rendre visite. Dans son livre intitulé Saravah c’est où l’horizon ? (Éditions Le mot et le reste) le fils Barouh raconte l’histoire d’un homme qui chante et d’un label culte : Higelin, Areski et Fontaine, Francis Lai et Claude Lelouche, Baden, Vinicius et la samba, Montand à Bicyclette, le bocage vendéen et le cinéma. La famille Saravah c’était tout ça.
Attablés au Saint-Jean avec la famille Barouh, on raconte une vie et une histoire de la musique française. Eli Barouh est devenu Pierre Barouh, enfant caché et recueilli dans le bocage vendéen. En créant le label Saravah, il a composé sa famille à Paris, un idéal de liberté, un pays imaginaire où les musiciens pas pareil trouvent refuge. Quelque part ailleurs, Pierre Barouh doit chanter aux côtés de son copain, le compositeur Francis Lai qui nous a quitté 2 jours après notre tournage. Cette dérive est pour eux.
A la dérive sur les chemins de Saravah, ça va ça vient et ça revient. Le livre de Pierre Barouh s’appelle « Saravah c’est où l’horizon ? » . Du 23 au 25, à Boulogne, le festival BBMix consacrera tout un week-end au label Saravah avec l’ami Areski et tout un programme musical qui revisitera les plus beaux morceaux du label.
Réécouter l’émission sur le site de Nova
Entretien de Pierre Barouh réalisé par Denys Lelièvre lors du programme Midi Jazz.
Pour écouter le podcast, cliquez ici
– Un documentaire de Tewfik Hakem, réalisé par Christine Robert. Avec la collaboration d’Annelise Signoret. –
C’est l’histoire d’un artiste qui aurait pu faire carrière au cinéma en tant que jeune premier ou au music-hall où il avait le don d’écrire pour lui et pour les autres, mais a préféré prendre des risques faire connaître au sein de son label avant-gardiste les artistes les plus atypiques.
Qui était Pierre Barouh avant les mouvements de protestations dans le monde? Un parolier (La bicyclette,de Montand entre autres succès) et un acteur prometteur qui avait tout pour s’épanouir dans l’ancien système (il joue dans « D’où viens-tu Johnny avec Hallyday et dans Le gendarme de Saint- Tropez entre autres films populaires).
En 1966, il écrit la cultissime chanson d’Un homme et une femme, qui permet à Claude Lellouch d’obtenir la palme d’or à Cannes. Dans ce film, entre Anouk Aimée (qui deviendra son épouse à la ville) et Jean-Louis Trintignant, Pierre Barouh conforte sa cote de comédien.
”On me proposait quinze films par semaine”, disait-il dans une interview. Au lieu de rejoindre Paull Newman dans un film qu’on lui proposait, Pierre Barouh va faire sa révolution en Mai 1968 et quitter les circuits classiques de la culture pour s’ouvrir au monde et au expressions nouvelles.
Avec les droits d’auteur de Chabadabada, il crée le label indépendant Saravah pour enregistrer et faire connaître des artistes comme Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, David McNeil, Alain Leprest.
Il a fait connaître aussi en France la bossa nova brésilienne, les musiques africaines et japonaises. Belles réussites artistiques, brillants échecs commerciaux.
Mais Saravah n’était pas une entreprise commerciale, c’était Pierre Barouh. C’était l’esprit de mai 1968. ”Je suis un promeneur, je suis atteint du syndrome de l’autre rive.”
Avec un ami d’enfance, un certain Jérôme Savary, il sillonne les routes de France en réinventant le spectacle de rue et avec son comparse Romain Goupil il réalise des films comme ça va, ça vient qui témoignent des changements dans les années 70, la disparition des quartiers populaires de Paris.
A la demande de Jean-Claude Killy, il compose la musique des Jeux olympiques d’Albertville.
Auteur-compositeur, mais aussi comédien-réalisateur, et également interprète-producteur, Pierre Barouh a fait voler en éclats les hiérarchies dans le monde du spectacle. ”La vie, c’est l’art des rencontres”, aimait dire Pierre Barouh, en citant le musicien, compositeur et poète brésilien Vicinius de Moraes.
Accédez à l’article sur le site de France Culture en cliquant ici
A l’occasion de la parution du livre Saravah, c’est où l’horizon, 1967 – 1977 de Benjamin Barouh (éditions Le Mot et Le Reste), retour avec son auteur sur l’histoire de ce label mythique dans ses années fondatrices, avec de nombreux documents d’archives, des titres rares et des entretiens inédits qui ont servi de matière au livre.
Puisant dans les enregistrements du studio des abbesses dans les années 1970, dans les discussions que Benjamin Barouh a enregistré pour construire son livre (avec Francis Lai, Claude Lelouch, Areski, Dominique Barouh, David McNeil et bien d’autres…) et dans les archives de Jet fm où Pierre Barouh est passé plusieurs fois, nous construisons sous forme de feuilleton presque chronologique une histoire des débuts du label Saravah, depuis les premières chansons de Pierre Barouh jusqu’à la création du label puis le succès imprévu d’_Un Homme et Une Femme_ et la liberté artistique et sonore qui prévaut aux productions du label dès la fin des années 1960
Pour accéder à l’intégralité des six épisodes, consultez le site JetFM en cliquant ici
Le premier épisode débute par un entretien avec Benjamin Barouh (enregistré le 17 avril 2018) autour de l’écriture du livre Saravah, c’est où l’horizon, 1967 – 1977 puis retour sur l’histoire du label en commençant par les débuts de Pierre Barouh, sa rencontre avec Francis Lai & Claude Lelouch et le succès inattendu d’_Un Homme et Une Femme_.
Le deuxième épisode après une introduction avec Benjamin Barouh, documente l’importance de Brigitte Fontaine, Jacques Higelin, The Art Ensemble Of Chicago et l’ingénieur du son Daniel Vallancien.
Le troisième épisode revient sur l’épopée Carpentras/Vaison La Romaine en 1972 avec la diffusion du disque Dites 33 publié en 1999 chez Saravah
Le quatrième épisode, après une introduction avec Benjamin Barouh, évoque les années 1970 aux Abbesses jusqu’à la fin du studio.
Le cinquième épisode revient en live sur la soirée Saravah Revisited au Lieu Unique le 13 janvier 2018 qui reprenait le répertoire dit “des Abbesses” sous la direction musicale de Steve Argüelles & The Recyclers en compagnie de Marion Cousin, Arlt, Areski belkacem, Borja Flames, Etienne Brunet & Vitor Garbelotto. En introduction un entretien avec Steve Argüelles enregistré le 11 janvier 2018.
Puis, dans un second temps, diffusion d’un concert de Pierre Barouh enregistré en février 1983 à l’_Espace Pierre Cardin_ en compagnie de Yasuaki Shimizu & The Moonriders, qui fût publié pour les 33 ans de Saravah en 1999 sous le titre Dites 33 volume 2.
Le sixième épisode aborde quelques éléments plus familiaux sur la base d’entretiens avec Benjamin Barouh et Pierre Barouh puis, comme une extension à l’histoire de Saravah à la suite de la période des Abbesses, nous évoquons le Japon avec un entretien enregistré en novembre 2007 avec Pierre Barouh.
Pour consulter le site jetfm et écouter gratuitement les épisodes cliquez ici
« C’est où l’horizon ? 1967–1977 ». Une question parfaite pour évoquer, Pierre Barouh, homme libre, et qui voulait que les autres assûment leur liberté. Pierre Barouh vous ouvrait une porte, surtout, s’il avait reconnu un talent, puis, il vous laissait agir, passant à autre chose, portant un autre projet. Il faut l’entendre chanter Saravah. Vous pouvez le faire sur Internet. Un très grand moment de bonheur, pour tous les amateurs de Samba, et de joie de vivre. Saravah ! Saravah ! c’est le nom d’une société de production de disques conçut, en 1966, (quelques temps après la sortie du divin film « Un Homme et une Femme »),par Pierre Barouh, alors, au sommet de sa gloire cinématographique, et ses amis indéfectibles, le musicien, Francis Lai, et le cinéaste, Claude Lelouch. Ils s’installèrent à Montmartre dans le passage des Abbesses, où, enregistrèrent, Areski et Brigitte Fontaine : « Pompiers ! Pompiers ! J’ai des pompiers dans mon zizi ! », Jacques Higelin, l’Art Ensemble of Chicago, Pierre Akendengué, Nana Vasconcelos, Jack Treese, Jean-Roger Caussimon, David Mc Neil, et, Maurane qui vient de mourir brutalement. Personne, mieux que Benjamin Barouh ne pouvait dire l’aventure de cette communauté d’artistes, illuminée par les événements de Mai 68, où, son père, Pierre Barouh, brésilien dans l’âme et le sang, ami de Baden Powell, producteur, poète, cinéaste, joueur imbattable de « babasse », guettait en visionnaire, l’apparition des personnalités hors-les-normes, comme il l’était lui-même. Benjamin Barouh, né dans la marmite, est parti à la rencontre de ceux qui partagèrent ces instants inoubliables, des techniciens, comme Daniel Vallancien maître absolu du « Revox » ,ou, Gérard Delassus, des témoins comme Raphaël le fils de Jean-Roger Caussimon, Dominique qui deviendra l’épouse de Pierre Barouh, Jean Querlier, Philippe Beaupoil, Gilles Sallé, Aram Sédéfian, Jean-Michel Humeau l’indéfectible caméramen de Pierre Barouh, etc. etc. L’aventure Saravah était un état d’esprit unique qui fit de très nombreux disciples dans le monde de l’art. Rappelons que Pierre Barouh, nous a quittés l’an dernier, réveillant en nous de merveilleux souvenirs. Les photos sont en Noir et Blanc. Inutiles de vous dire que je vous recommande la lecture de ce livre. Offrez-le à tous ceux que vous aimez, et même aux autres ! Broché. 304 p. Format : 21×14,8 cm. 22€. Alain Vollerin
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«… je pense vraiment qu’il n’y a rien d’inutile, que le vent souffle sur chaque mot, chaque geste sans que l’on sache où il les dépose… les idées se propagent comme le pollen et fécondent si elles portent en elles le germe de vie.» (Pierre Barouh)
Voici un livre remarquable, celui dont on rêvait depuis toujours et qui demeurera LE document de référence pour tous les amoureux des artistes Saravah, et même au-delà, pour ceux qui veulent comprendre et se replonger dans les années 70, dans la France des marges et de la subversion. On y retrouve des témoignages de musiciens et chanteurs (David McNeil, Areski, Jean Querlier, Aram, etc.), les ingénieurs du son, les gens qui ont travaillé pour la maison de disques, la boutique. Benjamin Barouh trace un portrait affectueux de son père Pierre, et demande à sa mère Dominique de raconter cette période mouvementée avec lui. Certains témoignages auraient pu être recentrés, mais ils racontent tous la folie et la grandeur de l’époque.
Dans «Saravah, c’est où l’horizon? 1967–1977», on trouve également de belles et rares photos. Aussi, on peut lire le synopsis du film de Pierre Barouh «Ça va, ça vient» (circa 1970) qui surprend par sa prose souple (en opposition à ce qu’elle sera plus tard) et qui étrangement est plus intéressant que le film lui-même, une fois tourné. Et Benjamin a réalisé un travail démoniaque et précieux (commencé des années auparavant alors qu’il travaillait directement pour Saravah): une discographie complète des vinyles publiés par l’étiquette pendant cette décennie.
C’est un ouvrage fascinant et beau. On ne pouvait faire autrement que de demander un entretien par courriel avec Benjamin Barouh.
Q : As-tu hésité avant de te lancer dans l’écriture de ce livre ? Avais-tu des craintes de découvrir des choses qui pourraient te blesser ?
BB: C’est une amie curatrice et agent artistique, Marie-Pierre Bonniol, qui m’a soufflé le projet d’écrire un livre sur Saravah alors que nous évoquions le cinquantième anniversaire du label et les différents événements associés. Mon père était encore bien vivant. Marie-Pierre m’a mis en relation avec l’éditeur marseillais Le mot et le reste et le livre a démarré, dans l’enthousiasme général! J’étais très excité à l’idée de renouer avec un exercice que j’ai pratiqué avec plaisir pendant plus de 15 ans, raconter l’histoire de Saravah! Entre temps mon père est décédé, et ce projet de livre est devenu vital pour rester le plus longtemps connecté avec lui.
Q : Pour cet ouvrage, tu multiplies les témoignages. Ont-ils été remaniés ou publiés tels quels ?
Un témoignage lorsqu’il est retranscrit sur papier perd sa chair, sa chaleur et une grande partie de l’émotion du contact direct. Il faut donc interroger et enregistrer beaucoup, pour espérer garder quelques braises de la rencontre. Ma méthode fut d’interroger mes invités sur leur enfance, leur adolescence, l’éveil de leur esprit artistique, leur intérêt pour l’acoustique, avant d’en arriver au sujet du livre, c’est-à-dire la brève mais dense expérience du studio Saravah des Abbesses à Montmartre. Parfois les souvenirs de cette période remontaient à la surface à rebours, dans le désordre de nos discussions. Je me suis donc appliqué à réorganiser la matière collectée, comme des petites anecdotes tissant la vision intime de chaque témoin. Ce fut beaucoup de travail pour parvenir à un résultat vivant et spontané.
Q : Parmi les absents, on compte notamment Brigitte Fontaine et Joel Favreau… Pourquoi ?
L’un des acteurs de cette époque que je voulais absolument mettre en avant est Areski Belkacem. C’est d’ailleurs le premier que j’ai appelé, un dimanche d’août (je crois que c’était le jour de l’Assomption). Areski rentrait de l’hôpital, suite à une lourde opération, et il a répondu sans vraiment s’en rendre compte, comme par surprise, car il décroche rarement son téléphone. C’est donc le premier témoin que j’ai rencontré à Paris (j’habite à Nantes), en décembre 2016. Areski était tout à fait rétabli. Brigitte Fontaine, sa compagne, se trouvait clouée au lit, mal fichue et peu disposée à répondre à mes questions. Elle voulait bien se confier, mais elle s’opposait à ce que ses propos fussent enregistrés ou même utilisés. Et j’ai respecté son vœu.
Quand je l’ai revue au printemps, elle allait beaucoup mieux. Elle m’a offert son très beau recueil de poésies sur Arthur Rimbaud «Chute et ravissement» (chez Actes sud), rédigé pendant sa convalescence, et semblait plus disposée à s’ouvrir sur la période des Abbesses. Mais j’étais déjà sur la fin du projet… Brigitte est un élément-clé de l’histoire de Saravah, c’est elle qui a inspiré à Pierre et Fernand Boruso l’esthétique et la particularité de leur label en 1967!
Dans le cas de Joël Favreau, j’ai compris l’importance de son rôle dans le studio Saravah, au côté de mon père et de Jacques Higelin, dans les derniers mois de rédaction, en travaillant sur la partie catalogue. Je ne l’ai pas contacté, faute de temps, et je le regrette car j’ai beaucoup d’estime pour l’homme et l’artiste et je suis sûr que son témoignage eût été précieux. Mais il y a d’autres absents. Jacques Higelin, trop mal en point pour s’exprimer quand je l’ai rencontré après le décès de mon père, le violoncelliste Jean-Charles Capon, à qui j’ai laissé plusieurs messages sans réponses, ou encore l’introuvable Daniel Vallancien,…
Q : Ton livre dresse un portrait équilibré de ton père Pierre. Il est décrit comme un grand producteur, visionnaire, audacieux, rêveur, mais également comme un homme colérique, jaloux et entêté. Le témoignage de ta mère Dominique est troublant, elle semble avoir eu à la fois beaucoup de plaisir pendant ses années Saravah, mais également s’être sentie brimée, à l’étroit… Aurait-elle pu avoir un parcours plus étoffé comme chanteuse ?
Quand Pierre rencontre Dominique, celle-ci est stagiaire-monteuse, à peine majeure. Elle se découvre un talent de chanteuse en voyageant au Brésil avec Pierre en 1969, pour le tournage du film «Saravah». De retour à Paris, elle donne la réplique à Pierre dans La nuit des masques, un an après la diva Elis Regina! Et elle s’en sort très bien. Je pense qu’elle avait un don pour le chant, que Pierre a révélé, comme il l’a fait avec beaucoup d’artistes. Elle a été en quelque sorte victime de son succès, car tout le monde voulait lui proposer des textes, lui faire signer des contrats et Pierre a eu peur de la perdre. C’était un homme très doux et très généreux, mais les blessures psychologiques causées par les années de guerre, où il était caché en Vendée pour éviter la déportation, pouvaient le rendre tourmenté et possessif.
Q : Tu donnes enfin la parole à Fernand Boruso. Dans la légende, colportée depuis des décennies par Pierre, c’était un ami et comptable chez Saravah qui les avait tous trahis en détournant des fonds. Ce qui, à terme, a failli causer la faillite de la boîte. Mais on apprend qu’il a aussi joué un rôle très important dans la production artistique des disques… Pas simplement un comptable. Qu’est-il arrivé finalement ? Il a volé des sous ou non ?
En 1966, Pierre a fait appel à son ami Fernand Boruso, qui travaillait dans la distribution et la production de disques, pour créer les statuts et administrer les éditions Saravah contre un pourcentage sur le chiffre d’affaires, en accord avec ses associés Claude Lelouch et Francis Lai. Après le succès d’«Un homme et une femme», Fernand s’est occupé des éditions alors que les demandes affluaient du monde entier, puis de la gestion du label dont il fut l’artisan avec Pierre. Les arrangements financiers entre les deux amis ont mal tourné quelques années plus tard, à un tel point que Pierre a rendu Fernand responsable de l’endettement de Saravah. Cette histoire de dette, ou d’octroi, de Boruso à Saravah n’est pas claire. Mais ce que doit Saravah à Boruso, c’est notamment le fameux studio du passage des Abbesses qui lui appartenait, la petite équipe technique et logistique qu’il a lui-même constituée, le bureau de la rue des Abbesses dont il avait obtenu le bail (ce bureau qui deviendra la «boutique Saravah»), enfin l’excellent travail de production, de graphisme et de distribution des débuts. Comme la thématique de mon livre est précisément le studio des Abbesses, je fus stupéfait par les révélations très détaillées de Fernand Boruso, qui n’était pas un simple comptable mais l’associé de mon père pendant les six premières années de l’aventure Saravah!
Q : Quelles sont les principales surprises que tu as eues en rédigeant cet ouvrage ?
La période traitée par le livre correspond à mes dix premières années. Les témoignages collectés m’ont informé sur des événements que j’ai vécus dans l’état d’éveil d’un nourrisson, à travers le voile de la petite enfance. Je ne pensais pas découvrir autant d’anecdotes sur ma vie. Tout d’abord j’ai réalisé que ma mère se croyait d’origine brésilienne par sa mère Maryem Van Helshe (métis camerounaise-hollandaise orpheline, mal à l’aise avec son ascendance africaine et préférant se faire passer pour brésilienne vis-à-vis de ses propres filles!). Ensuite, j’ai appris que la directrice de production de Saravah, Claudine Champion (qui prit le nom de Cormerais, son époux), avait vécu avec nous dans les maisons des Yvelines où j’ai fait mes premiers pas, avant notre installation à Montmartre, et que j’avais donc passé un certain temps dans ses bras! C’est d’ailleurs Claudine qui m’a mis sur la piste de la «réhabilitation» de Fernand Boruso, la grande révélation du livre!
En consultant des dossiers de factures, de lettres, j’ai fait des découvertes sur les affaires qui accablaient mes parents, dettes, procès, poursuites judiciaires pour loyers impayés,… Nous vivions dans une belle maison avec un terrain de tennis, parc et dépendances, proche de Paris, qu’il nous a fallu quitter d’urgence sur ordre d’huissier! Et à partir de cette époque les huissiers ne lâchaient plus mes parents. Je ne m’étais pas rendu compte du gouffre économique au-dessus duquel nous nous balancions.
Enfin pour s’en tenir au studio d’enregistrement, j’ai été très étonné par l’évolution technologique entre 1966 et 1976, du deux pistes au quatre, puis huit et seize pistes; et comment cette évolution a influencé la création artistique. Le plus étrange dans cette histoire, c’est qu’un an à peine après la réinstallation du studio des Abbesses en seize pistes, avec rénovation de la cabine de régie, de l’acoustique et de la décoration, Pierre le vend! D’un côté il avait tout misé sur l’indépendance garantie par le studio, les bureaux et la boutique, et quand il eut obtenu ce qui manquait à Saravah, c’est à dire l’appui du distributeur RCA, tout s’écroula, brutalement. La fin des Abbesses est un sujet sensible, lié à la séparation de mes parents, peut-être même au bouleversement mondial de la fin des années soixante-dix qui annonce le cynisme des années quatre-vingt, la fin des idéaux (et pourtant l’arrivée de la gauche au pouvoir en France!)…
Finalement, je n’avais jamais pensé que l’échec du studio Saravah des Abbesses était lié au choc pétrolier de 1973 (confirmé en 1979) qui a fait basculé le monde dans la crise et les conflits qui nous étouffent aujourd’hui…
Q : Tu t’es occupé pendant des années du catalogue Saravah, et c’est désormais Atsuko, la dernière compagne de Pierre, qui a pris le relais. Je veux parler des rééditions en cd. Pourquoi plusieurs vinyles de la grande époque n’ont jamais été réédités ou seulement au Japon? Par exemple, Chic Streetman ou Aram…
J’ai travaillé pendant 15 ans pour Saravah et je me suis appliqué à mettre à jour son beau et riche catalogue. Mon premier but était de rééditer la discographie de mon père et nous avons réussi à nous associer avec Universal pour la compléter (car son premier album «Vivre», ses 45-tours et la bande originale du film «Un homme et une femme» sont des productions disc’AZ, label absorbé par Universal) et j’en suis fier, même si le magnifique coffret édité par Universal regroupant les années disc’AZ s’est peu vendu et ne bénéficie pas de la visibilité qu’il mérite. J’ai malheureusement manqué de temps, et peut-être de persévérance, pour rééditer «Growing up» de Chic Streetman, Champion Jack Dupré, Aram et la plupart des albums oubliés de l’époque Boruso («L’univers-solitude» de Jean-Charles Capon et Pierre Favre, «Chorus» de Michel Roques, l’incroyable «La lettre et le silence» du poète lettriste Maurice Lemaître, ou encore le magnifique album solo d’Areski «Un beau matin»… Mais cette mission est assurée, avec talent, par le disquaire-label parisien Le Souffle continu, qui vient de rééditer l’album d’Areski en vinyle et en CD, après avoir ressorti en vinyle les deux albums du Cohelmec ensemble, les deux Mahjun et le double album culte de Barney Wilen «Moshi»… Les introuvables de Saravah vont bientôt être disponibles!
Q : Un cas qui me préoccupe c’est celui de David McNeil. Ses trois premiers 33-tours chez Saravah sont fabuleux, mais n’ont jamais été réédités intégralement. Pourquoi ? Est-ce lui-même qui s’y oppose ?
Les tensions entre David McNeil et mon père ont commencé à la fin de la période des Abbesses, quand David est parti chez RCA. Au début des années quatre-vingt dix, alors que le catalogue Saravah était réédité au format CD, Pierre a voulu sortir une compilation de David Mc Neil, par souci d’économie je crois, au lieu de rééditer les trois albums Saravah de David, qui sont de véritables bijoux. Je ne travaillais pas encore officiellement chez Saravah, mais je donnais des coups de mains. J’ai d’ailleurs réalisé la pochette de cette compilation, par un collage artisanal. Quelques années plus tard, David McNeil a voulu récupérer ses droits éditoriaux, engageant un avocat et obtenant gain de cause. Cette affaire a aggravé les relations entre David McNeil et mon père. Sa compagne japonaise Atsuko Ushioda (future mère de Maïa, Akira et Amie Barouh) qui tenait déjà les comptes du label, a mal vécu cet épisode.
Dernièrement, en travaillant sur le livre et sur le spectacle «Saravah revisité» qui explore le répertoire Saravah des années soixante-dix, j’ai réécouté les trois albums de David et je les ai trouvés tellement bons, intemporels, qu’il m’a semblé évident et nécessaire de les sortir au format CD, en les regroupant dans un beau coffret, dans la mouvance des 50 ans du label, avec l’aval de David. Mais Saravah, c’est-à-dire Atsuko a refusé, peut-être par fidélité à Pierre, qui en voulait beaucoup à David. Je ne désespère pas de voir ces albums réédités chez Saravah ou plus vraisemblablement en licence chez un autre label.
Q : Saravah a fêté ses 50 ans. Est-ce qu’il y a d’autres projets prévus dans un avenir proche pour en souligner l’anniversaire ? Par exemple, les images filmées à Carpentras dans les années 70, aura-t-on un jour la chance de les voir ?
Un duo de réalisateurs Marie-Laure Désidéri et Christian Argentino a filmé mon père dans les deux dernières années de sa vie, en le suivant de Paris à Tokyo en s’attardant dans sa maison de Vendée, où Pierre passait beaucoup de temps. Leur très beau documentaire «Pierre Barouh, l’art des rencontres», qui vient d’être édité, utilise des extraits du prémontage de «Vaison-la-romaine/Carpentras», ce grand projet cinématographique dont il ne reste qu’une vingtaine de minutes tout au plus, le reste des bandes ayant été… perdu.
Pour ma part, j’ai activement participé au spectacle «Saravah revisité», notamment en sélectionnant le répertoire orchestré par Steve Arguëlles, entouré par son groupe Les Recyclers, Areski Belkacem, Borja Flames, Marion Cousin, le duo Arlt, Etienne Brunet et Vitor Garbelotto. Cette fresque musicale des années 70 a été produite par la scène nationale nantaise Le Lieu Unique et présentée avec succès à Nantes en janvier dernier, et sera rejouée à Paris en novembre 2018 dans le festival BB mix.
Q : Sur une note plus personnelle, quels sont tes projets d’écriture ? Envisages-tu d’écrire une suite pour raconter les décennies suivantes de Saravah ?
J’aime écrire. Mon père m’a transmis l’amour de la langue et des mots. Je me suis d’abord intéressé à la fiction, travaillant pendant des années à la rédaction d’un roman court publié en 2010 aux éditions du Cygne. «Saravah, c’est où l’horizon?» m’a permis d’explorer le récit biographique. Je travaille en ce moment sur le parcours d’un héros discret de notre terroir profond, en collaboration avec ma compagne Nadia Szczepara qui a réalisé une série de dessins que j’aimerais intégrer au récit. Dans la série Pierre Barouh, j’ai découvert une quantité de manuscrits, textes, lettres, notes, synopsis, ébauches de chansons que je voudrais publier en facsimilé, dans une édition d’art et que j’intitulerai «L’artiste heureux» (en référence à un texte inédit que j’ai publié dans mon livre).
Je n’ai pas l’intention de poursuivre la chronique de Saravah, mais dans le même esprit de chronique je pense à réunir le matériel pour une anthologie de la revue graphique «Popo color» dont j’étais directeur de publication dans les années quatre-vingt-dix et qui fut déclinée en sous-label de Saravah «Popo classic collection», en boutique («Bimbo tower») et en soirées mémorables. C’est une aventure proche de l’esprit des Abbesses, mais beaucoup plus brève (de 1994 à 1997).
Le secret de l’écriture, c’est d’alimenter la flamme et de «rester curieux» (comme disait Pierre).
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À ceux qui voudraient poursuivre leur lecture, je signale une très riche émission de radio sur l’histoire de Saravah et de Pierre Barouh, et qui reprend de larges extraits des témoignages recueillis par Benjamin pour son livre. On peut également y entendre, outre des classiques Saravah, des raretés et même un ou deux inédits (comme cette maquette de Brigitte Fontaine pour Il pleut). C’est en six épisodes et ça dure une quinzaine d’heures. Ça peut s’écouter ou se télécharger ici.
Benjamin sera à Montréal le 2 juin 2018 pour une séance Saravah. Plus de détails ici.
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Pour consulter le blogue de Francis Hébert, La route aux quatres chansons, cliquez ici
Saravah est une roulotte comme Cocteau appelait l’appartement où habitait la famille de ses Parents terribles, une tribu de romanichels qui vivent leurs rêves de musique et de chansons sous la direction de Pierre Barouh. Les revers de fortune succèdent aux emportements de joie, mais le navire flotte toujours, malgré la disparition de son fondateur bohème. Dans un livre aux éditions Le Mot et le Reste, son fils, Benjamin Barouh, raconte les dix premières années de la saga du label Saravah qui a publié les disques de Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Areski, Jean-Roger Caussimon, Naná Vasconcelos, Pierre Akendengué, Jack Treese, David McNeil, Allain Leprest, Maurane, mais aussi Barney Wilen, Steve Lacy, l’ami Étienne Brunet ou le groupe Mahjun.
À cette époque l’amour était libre, l’imagination était au pouvoir, ce qui n’empêchait pas les indélicats de marquer leur territoire avant de le déserter en emportant la caisse comme nombreux en accusent Fernand Boruso (le B de BYG avec Jean-Luc Young et Jean Georgakarakos !) qui s’exprime aussi dans le livre, car il s’agit avant tout d’un recueil de témoignages. Si Brigitte Fontaine, toujours tournée vers l’avenir, ne veut pas entendre parler du passé, Areski, Jean Querlier, David McNeil, les ingénieurs du son et bien d’autres qui ont participé à l’aventure se prêtent à l’exercice. Au gré des pages on croise évidemment Francis Lai et Claude Lelouch, mais aussi le génial compositeur Michel Magne ou l’Art Ensemble de Chicago qui jouait sur le cultissime Comme à la radio. Les évocations de Pierre Barouh circulent du Brésil au Japon, du studio montmartrois du passage des Abbesses à celui du Château d’Hérouville, et de disque en disque, de rencontres improbables à finalement leur évidence. La Samba Saravah, adaptée de Samba da Bênção de Baden Powell et Vinícius de Moraes, pour le film Un homme et une femme donnera le ton de cette vie d’artiste, une fausse insouciance qui permet de vivre avec le sourire.
Enregistrer les premiers disques Saravah sur un Revox 2 pistes leur conférait une véracité inégalée. Simplifier la technique en la soignant particulièrement crée une ambiance exceptionnelle de concentration, l’instantané soulignant ce qui ne peut s’écrire, mais se joue dans l’urgence. Les premiers disques d’Un Drame Musical Instantané en bénéficièrent et je continue autant que possible à retoucher le moins possible les réglages et le jeu des instrumentistes, quitte à refaire une prise plutôt que de jouer du rafistolage que la technologie facilite de plus en plus. Les disques Saravah ont souvent joui de cette incroyable énergie brute que les productions trop léchées perdent hélas. Quand la technique s’efface, ce sont les voix et les corps qui s’exposent. Comme dans les meilleurs disques, les témoignages recueillis par Benjamin Barouh refont vivre une époque où tout semblait possible. Aux petits nouveaux de retrouver cette flamme ou de souffler sur de nouvelles braises !
→ Benjamin Barouh, Saravah, c’est où l’horizon 1967–1977, 304 pages, ed. Le Mot et le Reste, 22€
→ Connexions persos : Brigitte Fontaine enregistra sur Opération Blow Up avec le Drame en 1992. Jean Querlier est présent sur les deux premiers disques du Drame en grand orchestre (À travail égal salaire égal en 1982 et Les bons contes font les bons amis en 1983). J’ai plusieurs fois eu le plaisir de jouer avec Étienne Brunet et nous avons interviewé ensemble Steve Lacy en 2001. J’ai suivi l’Art Ensemble (offstage) pendant le Festival du Mans en 1997, mais j’ignore ce que sont devenues les bandes vidéo. J’assistai René Clément en 1975 lors des séances d’enregistrement de la musique de Francis Lai que dirigeait Christian Gaubert pour La Baby-Sitter. Bénéficiant de la générosité de Claude Lelouch, nous fréquentions chaque samedi les énormes fauteuils en cuir de son luxueux Club 13 en tant qu’étudiants à l’Idhec. Il m’est arrivé d’y regarder quatre films coup sur coup ! La musique tachiste de Michel Magne est un des disques fondateurs de mon histoire…
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Sous l’impulsion de Pierre Barouh, le label Saravah a marqué la production musicale indépendante française au tournant des années 60 et 70. Son fils Benjamin, à l’occasion de la publication du livre Saravah, C’est où l’horizon? 1967–1977, revient pour nous sur l’épopée Saravah et son catalogue riche de secrets.
Ceux qui ont moins de 40 ans ne connaissent probablement pas Saravah. Pouvez-vous leur présenter ce qu’était Saravah durant la décennie 1967 – 1977 ?
Saravah est d’abord une société d’édition musicale créée par trois amis – Francis Lai, Claude Lelouch et Pierre Barouh – à l’occasion de la sortie de la bande-son du film Un homme et une femme. Ce succès a généré beaucoup de droits et, sous l’impulsion de mon père Pierre Barouh, la maison d’édition est également devenue label un an après la sortie du film. Il avait envie de créer un label original et novateur qui aiderait les artistes à se développer, et c’est ainsi que Saravah a produit Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Areski Belkacem et s’est aventuré dans les musiques du monde en favorisant le recherche et l’ouverture musicale.
La grande particularité du label était son studio, le Studio des Abbesses à Paris, où les méthodes d’enregistrement ont beaucoup évolué à la fin des années 60. Les artistes pouvaient y passer énormément de temps pour tester des mélanges de genres musicaux et ainsi créer des disques.
Quand on parle de Saravah, on évoque souvent un esprit de création, d’aventure et de famille…
Oui, c’est tout à fait ça. La manne financière qui venait du film Un homme et une femme a permis de sortir des disques en ayant les moyens de les produire, et il faut aussi dire qu’à cette époque la vie coûtait moins cher. À la fin des années 60, la France ne connaissait pas encore le chômage et la crise. C’était plus facile de payer les gens, de fabriquer les disques, donc nous n’hésitions pas à fabriquer des stocks et à prendre des risques.
Ce qu’il y a de grandiose dans cette aventure est la qualité des artistes que mon père a rencontrés. Il faut comprendre que Pierre Barouh était lui-même artiste, il avait roulé sa bosse avec des musiciens et cherchait à mélanger sa poésie avec des sonorités jazz ou brésiliennes, notamment avec la bossa nova dont il avait rencontré la scène à la fin des années 50. Il avait les oreilles grandes ouvertes et lorsqu’il rencontre Brigitte Fontaine, c’est le coup de foudre. Brigitte Fontaine va ensuite amener Jacques Higelin qui est un autre monument de la création musicale qui dépasse les frontières entre jazz, poésie et rock. Ensuite, Areski Belkacem va apporter la touche de musiques du monde avec ses percussions et ses sons kabyles, Pierre Akendengué avec la transe gabonaise, Jack Treese avec sa guitare folk, etc. Cela a lancé le principe de brassage musical propre à Saravah.
Comment l’histoire s’est-elle finie ?
Mon père n’était pas un homme d’affaires et était lancé dans une série d’enregistrements. De semaine en semaine, on fabriquait des disques à tour de bras, sauf qu’entre 1970 et 1974, l’économie avait changé, la crise pétrolière était arrivé et cela coûtait beaucoup plus cher de produire un disque. Il s’est retrouvé complètement débordé et sa passion a pris le dessus sur la réalité. Au final, cela a implosé.
Il y a eu également des clashes dans l’équipe fondatrice, notamment entre mon père et Fernand Boruso. Or ils étaient très complémentaires, l’un faisait les rencontres artistiques et l’autre la logistique, la distribution, l’image… C’est d’ailleurs après son départ que mon père s’est retrouvé seul et a embauché ma mère et sa sœur pour fonctionner en entreprise familiale.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
J’ai travaillé pendant 15 ans avec mon père pour Saravah et, chaque décennie, nous fêtions l’anniversaire. Là, j’avais ce projet en tête pour les 50 ans de Saravah. Au départ, je devais le faire ce projet avec mon père, mais il est décédé et ce livre a pris une dimension vitale pour moi. J’ai voulu lui rendre hommage, creuser son œuvre et sa philosophie. J’ai essayé de comprendre comment cet homme, enfant juif réfugié dans le bocage vendéen, rescapé de la 2de guerre mondiale, a réussi à trouver les ressources pour créer des chansons et une maison de disques qui était une communauté avec un projet social et humain très fort.
Le livre est construit à partir d’entretiens. Comment ces rencontres se sont-elles déroulées ?
Je suis parti d’une des dernières discussions que j’ai eues avec mon père. En lui annonçant que je voulais écrire ce livre, il m’a dit « Il faut que tu parles du son Saravah ». Ce sont ceux qui faisaient ce son dans le studio qui peuvent en parler le mieux, donc il a fallu mener l’enquête et retrouver les ingénieurs du son, les assistants, les directrices de production, les musiciens – car il y avait une section rythmique chez Saravah qui accompagnait les différents chanteurs. Retrouver ce petit monde n’a pas été facile. Le premier que j’ai interrogé est Areski Belkacem et j’étais très heureux de le revoir car je l’aime énormément et il a été très important dans le « son Saravah » justement. Lui m’a mis en contact avec la première directrice de production, dont j’ai appris au passage qu’elle vivait avec nous et était ma nounou quand j’étais enfant. Avec difficulté, j’ai aussi réussi à contacter Christian Gence et c’est lui qui m’a mis en contact avec Fernand Boruso qui a pu me dérouler tout le début de l’histoire Saravah avant qu’il ne se fâche avec mon père.
Je m’en suis tenu à la chronique du studio pour ne pas me perdre et, finalement, grâce à ces gens, j’ai reconstruit ma propre histoire lorsque j’étais enfant avec eux.
Lisez la suite de l’interview sur TPLMusique
En direct du Duc des Lombards, l’équipe des Lundis du duc accueille Benjamin Barouh, Areski Belkacem et Dominique Cravic pour parler du livre, de Saravah et de Pierre Barouh. Une belle rencontre qui donne envie de réécouter le catalogue de la maison et de se balader dans les anecdotes et les souvenirs de Benjamin Barouh.
Réécoutez l’émission sur le site de TSF Jazz
Il avait le goût du lâcher-prise, du pas de côté et des « choses penchées », comme l’écrit si bien Benjamin Barouh au sujet de son troubadour de père auquel il consacre un ouvrage gorgé de légendes et d’humilité.
Il posait aussi les bonnes questions. « C’est où l’horizon ? », par exemple. C’était tout lui. Quand d’autres se mettaient des frontières, Pierre Barouh, âme conductrice du label et des studios Saravah, questionnait les horizons jusqu’à y entrecroiser des figures aussi mythiques que Brigitte Fontaine, Jacques Higelin, Naná Vasconcelos ou encore Barney Wilen. On se souvient aussi de ces sessions de piano réunissant René Urtreger, Georges Arvanitas ou encore Michel Graillier.
Plutôt large, l’horizon. Aux fameuses soirées Saravah du quartier Mouffetard qui décentrait le label de son QG des Abbesses, il y avait place pour le free jazz, pour l’accordéon, pour l’orgue de barbarie… « Il y avait surtout place pour le temps », rajoutait Pierre Barouh, nous ramenant au slogan des débuts emprunté à Salvador Dali : « Il y a des années où l’on a envie de ne rien faire », alors qu’en fait Saravah n’a jamais cessé d’explorer.
Benjamin Barouh restitue avec bonheur cette épopée peut-être plus proche de l’esprit de 68 que les grandes envolées révolutionnaires de l’époque. Il donne notamment la parole aux petites mains de Saravah. Autre temps fort de l’ouvrage, le témoignage de Fernand Boruso, l’associé grimé en Tonton Flingueur avec lequel le climat va virer à l’aigre et qui peut enfin donner, ici, sa version des faits. Les confidences de Dominique Barouh, l’ancienne compagne, retiennent également l’attention. Surtout lorsqu’elle évoque Pierre Goldman, le guérillero-braqueur hébergé à un moment par le couple et qui n’hésitera pas à trimballer en cachette un flingue et un chargeur de munitions sur la route du Montreux Jazz Festival.
Manquent à l’appel Jacques Higelin et Brigitte Fontaine, si bien entourée par l’Art Ensemble of Chicago dans Comme à la radio, mais pas le compagnon de cette dernière, Areski Belkacem, pilier des années Saravah. Claude Lelouch, en revanche, est bien au rendez-vous. Compère de la première heure après l’avoir enrôlé dans la bande-son de Un Homme et une femme aux côtés de Francis Lai, il résume superbement ce qu’était Pierre Barouh en observant qu’avec lui, « il n’y avait pas de service après-vente. Une fois qu’il avait allumé une fusée, il allait en allumer une autre. Il se foutait de savoir si elle arrivait ou pas. Il adorait allumer des fusées ».
C’était donc cela, Saravah, ce feu d’artifice d’exigence et de dolce vita, cet interstice sublime entre fadaises yé-yé et grands auteurs type Brassens ou Ferré, ce don inouï pour propager, partager, faire éclore les talents enfouis. « Ce n’est que de l’eau, camarade », chantait Pierre Barouh dans cette sublime version de Àgua de Beber que l’on découvre dans l’album ça va, ça vient … Jusqu’à nous réserver, le 28 décembre 2016, la plus triste des saudades.
À lire sur : http://www.tsfjazz.com/sapir-tsfblog/?p=16516
On pourrait dire que nous avons tous en nous quelque chose de Saravah quand on se passionne pour la scène vivante du spectacle et de la chanson. Quand elle est un court-métrage de 3 ou 4 mn qui raconte le monde ouvert à la fenêtre, quand elle raconte la vie, les rencontres d’un funambule de l’utopie, baladin éternel sur tous les chemins buissonniers qui n’ont jamais été concernés par la dictature du code barre… Quand on a le goût des choses penchées, la quête permanente de la beauté fragile des musiques portées par les vents oiseleurs de la Vendée à Rio de Janeiro, de Montmartre à Shibuya (Tokyo) … Quand on fait sa vie comme une rivière qui atteint toujours son océan en méandres nonchalants pour mieux goûter l’instant présent et les charmes du hasard.
Il y a des années où on a envie de ne rien faire… Parce qu’on a envie d’être totalement disponible à l’imprévu, à l’inconnu, à la découverte, parce qu’on a envie de répondre à la question « C’est où l’horizon ? » sans être trop téléguidé par une boussole autoritaire… Et parce qu’on a peut-être envie de découvrir plusieurs horizons de couleurs et de goûts différents.
A travers ce préambule nourri du pollen Saravah il y a quelques pistes sur le voyage de la mémoire que vient de faire Benjamin Barouh dans l’histoire du plus ancien label de chanson français en activité ; les dix années de funambulisme permanent qui ont construit la légende de cette utopie réalisée. Si on ne connait pas bien Saravah, ce livre est la base indispensable pour comprendre comment ce miracle a pu exister… Fluctuat toujours, mergitur jamais. Si on connait bien Saravah, on va y trouver de quoi affiner et compléter les portraits des différents acteurs connus ou moins connus qui ont construit ce label.
Benjamin Barouh est un excellent conteur d’un part, et d’autre part dans son travail de collecteur, il a rencontré et mis en perspective, tous les témoins, chacun apportant un éclairage personnel, et argumenté sur ces dix ans de genèse… Tout est nuancé par l’ensemble, sans parti pris tranché et réducteur. Regards intimes ou distanciés, critiques ou amoureux, subjectifs ou objectifs, s’il y avait des zones d’ombre – avec le temps, parfois tout s’en va de travers – elles se révèlent, comme sur un vieux négatif photo qu’on n’aurait pas exploité à fond, et le tableau se complète, s’enrichit.
Emouvant, et drôle, parfois une phrase situe bien les rapports à la chanson, ainsi le point de vue sur les yé-yés est explicite quand Dominique Barouh voyait dans l’idole des jeunes une sorte de lombric… Passionnant quand David Mc Neil raconte que John Mc Neil a parcouru l’Ecosse pendant 20 ans pour collecter toutes les mélodies écossaises, qu’il jouait à la guitare sur 3 accords, et qui ont façonné la musique américaine au début du XX ème siècle.
Il y a tous les acteurs de Saravah des Abbesses, et aussi l’autre point de rencontre, les lundis de la Mouff », Mouffetard futur lieu de résidence parisienne de la famille Barouh. Il y a tout pour comprendre Saravah , ce qui l’a constitué, ce qui continue et se prolonge aujourd’hui.
C’est une grande fresque bigarrée, une leçon de créativité tout azimut, un bréviaire de liberté, qu’on pourrait sous-titrer : « Mode d’emploi de la réalisation d’une utopie à l’usage des jeunes générations qui ne savent pas qu’il y a d’autres chemins que les autoroutes formatées au code barre. »
Ou en bref, « Histoire d’un caravansérail musico-cosmopolite », une soirée Saravah c’est une rencontre avec des musiciens, des chanteurs, des cinéastes, des graphistes, des comédiens, des auteurs de toutes origines cherchant à communiquer avec tous… et dans la boutique Saravah, il y avait aussi les confitures aux prunes de mamie (Sarah, la maman de Pierre) …
Dans les grands témoins rencontrés, Francis Lai, Claude Lelouch, Dominique Barouh, Areski Belkacem, David Mc Neil, Raphael Caussimon, Aram Sédéfian, Jean Querlier, Christian Gence, Jacqueline Cauet, Gilles Sallé, Claudine Cormerais, Jean Michel Humeau, Gérard Delassus, Philippe Beaupoil, Christophe Rambault de Barathon, et Fernand Boruso, dont on a le point de vue pour la première fois sur les fluctuations financières de Saravah.
Ces quelques lignes et anecdotes ne résument pas cet excellent livre de 300 pages, (Editions Le Mot et le reste) qui sera en librairie le 15 Mars, mais qu’on trouve néanmoins depuis hier lundi chez les grands distributeurs parisiens, Gibert entre autres… C’est juste pour donner envie…
C’est le complément indispensable aux Rivières souterraines, pour les plus anciens, et avec la compilation 50 ans de Saravah, c’est l’entrée en Saravah pour les plus jeunes. Avec la mémoire du vent…
Pour qu’un souvenir ami
garde dans son tamis
Le bleu de nos nostalgies
Pour que la mémoire du vent
Retienne nos chansons, amis recommençons..
A lire sur: https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/2018/03/13/saravah-1967–77-cest-ou-lhorizon/