L’une des originalités de ce livre complet est de scruter le parcours scénique et discographique d’un des groupes rock post-punk les plus influents de ces trente dernières années.
Nicolas Mollé – Concertlive
Revue de presse
IMPROJAZZ : Sonic Youth est un livre très fouillé et regorgeant de renseignements. Il s’agit d’un travail minutieux et remarquable. Tout y est : influences, références, rencontres, contextes, labels, contrats, managers, analyse de chaque morceau… Pourrait-on considérer ce livre comme une biographie alternative ?
Matthieu THIBAULT (MT) : Je dirais que l’ouvrage se destine davantage aux amateurs de musique qu’aux passionnés de vie d’artiste. La littérature musicale, en particulier celle consacrée au rock, regorge de biographies qui traitent d’anecdotes, souvent divertissantes, parfois fascinantes, apportant un contexte nécessaire à la compréhension d’une œuvre. Pour autant, en se concentrant sur l’aspect humain, voire sociologique, les auteurs n’analysent pas forcément l’acte créateur lui-même. De mon côté, j’ai conscience que je n’ai pas la verve littéraire pour réécrire l’histoire à la manière d’un roman rock, donc je tente d’apporter ma pierre à l’édifice en développant une approche plus musicologique et analytique. Certes, je raconte l’histoire de Sonic Youth, le parcours de ses membres et de ses événements successifs de leur carrière, mais je m’en tiens aux faits et tâche de ne pas trop céder aux mythes et légendes. Même si ces mythes sont indissociables du genre, je crois que d’autres auteurs talentueux en ont déjà parlé. Mon travail consiste donc à contextualiser pour mieux décrire, expliquer et analyser le processus créatif de Sonic Youth : leur manière de composer collectivement à partir des riffs, leur écriture de paroles inspirée par la beat generation et la science-fiction, le mélange d’immédiateté punk et d’expérimentations libres, etc. Au final, il s’agit sûrement plus d’un parcours discographique qui place le processus créatif et l’œuvre musicale au centre de l’étude.
IMPROJAZZ : Pourquoi dîtes-vous de Bad Moon Rising, après en avoir fait une analyse intéressante, qu’il a déçu ? Ce disque est très original et créatif, l’appréciation ne reste-t-elle pas prisonnière de la subjectivité en fin de compte ?
MT : Absolument, les conclusions d’analyse consacrées à un album ne reflètent que mon avis. J’essaie néanmoins d’adopter un équilibre entre ma propre vision et le consensus de la presse et du public. Il me semble important que le lecteur néophyte puisse comprendre rapidement que Daydream Nation représente la quintessence de Sonic Youth à plus d’un titre (compositions agressives et ambitieuses, production riche en textures, période historique des années 80, etc) et qu’il s’agit d’une idéale représentation du groupe même si, à titre personnel, je lui préfère Sister. À l’inverse, il me paraissait nécessaire de réhabiliter NYC Ghosts & Flowers, un album largement sous-estimé qui prouve qu’un groupe peut réussir à innover au bout de vingt ans de carrière en incorporant des éléments de rock contemporain, notamment du post-rock de la fin des années 90. Pour revenir à Bad Moon Rising, il s’agit sans nul doute d’un très bon album dont l’atmosphère globale, riche de superbes interludes bruitistes, peine parfois à rattraper un niveau d’écriture (à l’exception de “I Love Her All The Time” et “Death Valley’69” à mon avis) en-dessous des capacités de Sonic Youth. Le disque incarne une transition entre les débuts sales et urbains de Confusion Is Sex et le songwriting noise rock d’EVOL et Sister, sans atteindre la puissance noire du premier ou la richesse de composition du second. Naturellement, cet avis personnel n’enlève rien de l’originalité et de la personnalité unique de l’album.
IMPROJAZZ : La période 1990/95 (Goo, Dirty, Experimental Jet Set, Trash & No Star et Washing Machine) semble être un sommet. Quelle est votre période préférée ?
MT : Il existe, à mon avis, trois âges d’or dans la carrière discographique de Sonic Youth qui s’illustrent par des trilogies impeccables : la première trilogie noise rock des années 80 (EVOL, Sister, Daydream Nation), la deuxième synthétisant les mouvances des années 90, entre grunge, lo-fi et post-rock (Dirty, Experimental Jet Set, Trash & No Star, Washing Machine) et la troisième illustrant une forme de maturité du rock avec Jim O’Rourke (NYC Ghosts & Flowers, Murray Street, Sonic Nurse). Même si chacune d’entre elles comprend certains de mes albums préférés, j’opte pour la deuxième période, notamment pour l’album Washing Machine qui représente, à mon avis, le plus bel équilibre entre songwriting émouvant et expérimentations bruitistes. À la manière des meilleurs albums de Can, comme Ege Bamyasu ou Future Days, les expérimentations soutiennent de superbes compositions (Thurston Moore et Kim Gordon y chantent leurs plus belles mélodies), traversés de passages contemplatifs et de transe bruitiste. Toutes les facettes du groupe y sont représentées et accompagnées d’une production (prises de son, mixage) qui me correspond plus que celle de Daydream Nation.
IMPROJAZZ : Sonic Yout utilise le studio comme un instrument de musique à part entière. Jugez-vous qu’il existe un écart trop important avec la musique produite sur scène ?
MT: Même si Sonic Youth utilise les techniques de studio pour élargir ses possibilités de composition et de production, il reste un groupe attaché au jeu live. La grande majorité de leurs albums est enregistrée dans ces conditions lives, les quatre musiciens rassemblés dans la même pièce. Le montage et les effets de postproduction n’interviennent que ponctuellement durant la première période des années 80. Il faut attendre Washing Machine pour voir le groupe manipuler les bandes, jouer avec le montage et le mixage, des pratiques qu’ils développeront avec l’arrivée de Jim O’Rourke à la fin des années 90. En cela, la musique de Sonic Youth ne varie pas tant que cela entre le studio et la scène. Naturellement, les performances live donnent lieu à des versions plus brutales, à l’énergie plus primitive qu’en studio, mais au détriment du soin apporté aux textures de guitares. La différence entre studio et live chez Sonic Youth est suffisante pour témoigner d’une richesse d’interprétations et d’arrangements, mais le groupe n’a jamais revisité drastiquement ses chansons en live. Dans cet esprit, les passages plus improvisés apportent une fraîcheur aux concerts, mais restent cadrés dans un format de chanson. Je crois que la principale différence se résume finalement à l’opportunité de voir le groupe jouer sur scène, maltraiter ses guitares, revisiter les poses de guitar hero, alors qu’une écoute sur disque laisse la musique seule s’exprimer.
IMPROJAZZ : Pourrait-on comparer l’œuvre de Sonic Youth en musique à celle de Jackson Pollock en peinture ?
MT: Sans être un expert de Jackson Pollock, son œuvre semble suivre une trajectoire linéaire s’éloignant progressivement d’un figuralisme relatif pour atteindre l’abstraction des années 50, période à laquelle il signe certains de ses tableaux les plus célèbres, notamment White Light utilisé comme illustration de pochette de l’album Free Jazz d’Ornette Coleman. À ce titre, Sonic Youth se montre plus conventionnel puisque, même durant ses phases les plus libres et avant-gardistes comme sur NYC Ghost & Flowers, il reste attaché à l’idée de chanson vocale avec paroles. D’une certaine manière, le groupe expérimente avec un certain cadre pop, même s’il en distord constamment les contours en bousculant les structures, en jouant avec les textures bruitistes et en s’éloignant du chant mélodique. Les projets parallèles de Sonic Youth, en revanche, rassemblés sous l’étiquette SYR, présentent des enregistrements plus abstraits, souvent instrumentaux qui peuvent évoquer l’éclatement formel de Pollock.
IMPROJAZZ : Kim Gordon a dit que l’objectif de Sonic Youth était de détruire le rock ! Le groupe y est-il parvenu ?
MT: Outre son évident caractère provocateur, une telle formule témoigne du statut intermédiaire de Sonic Youth. Parmi ses membres, plusieurs niveaux de la technique musicale se côtoient : Steve Shelley et Lee Ranaldo ont pris quelques cours pour maîtriser batterie et guitare, Thurston Moore apprend ses premiers riffs en imitant seul les Ramones, Kim Gordon adopte tardivement la basse après un cursus d’artiste visuel. Même si la formation du groupe se situe dans un sillage punk, une composante arty oriente déjà sa musique pour une ouverture expérimentale et ambitieuse. Par ailleurs, Sonic Youth s’est toujours engagé à lutter contre le sexisme et la misogynie souvent associés à un certain type de rock, ou hard rock, avec des groupes comme Led Zeppelin par exemple. À ce titre, le groupe cherche à détruire une certaine idée stéréotypée du rock : celle d’un groupe exclusivement masculin, accumulant les postures viriles sur scène et nourrissant l’ambition de jouer devant des milliers de groupies. Les albums de Sonic Youth, tout autant que leurs engagements, leur image d’artistes passionnés au look ordinaire, cherchent à prouver qu’un rock alternatif peut exister et qu’il peut s’accompagner d’expérimentations. Certes, un quatuor guitares, basse et batterie se situe dans une lignée rock, mais cela ne signifie pas qu’il doit s’interdire d’en remettre en question les codes. Sonic Youth s’est justement évertué à questionner le format de chanson (supprimer les refrains au profit d’une progression dramatique plus longue), l’utilisation de guitares (jeu avec des baguettes de batterie ou un tournevis, accords alternatifs), le chant (entre poésie déclamée et chant mélodique) tout au long de sa carrière. En cela, il a transformé le rock et a participé à détruire une certaine image boursouflée du genre des années 70.
IMPROJAZZ : Y a t-il une réelle frustration, un drame chez Sonic Youth, celui d’œuvrer dans l’ombre et/ou jaillir dans la lumière à l’instar de Nirvanna par exemple ?
MT: Il est clair que le succès de Daydream Nation – 100 000 copies écoulées à sa sortie représentent une étape cruciale pour un album d’une telle radicalité – arrive à point nommé : le groupe, fatigué des tournées à répétition entre l’Europe et les États-Unis voit ses efforts récompensés au bout d’une petite dizaine d’années de carrière. Daydream Nation prouve qu’il existe un réel public pour un rock alternatif, ce qui n’échappe pas aux majors qui proposent rapidement des contrats au groupe à la fin des années 80, aboutissant à une signature chez Geffen et les albums Go et Dirty. À cette période, le groupe manifeste un réel désir de séduire davantage de public en acceptant des compromis durant les sessions d’enregistrement ou en se pliant aux règles de promotion (interviews, sessions photos, clips, etc). Néanmoins, ayant déjà vécu une première carrière indépendant de dix ans, le groupe ne s’y trompe pas et montre dans les interviews de l’époque qu’il sait qu’il bénéficie du succès grandissant pour les groupes de guitares et la mode du grunge, qu’il a contribué à créer via son influence sur Nirvanna. Lorsque les ventes du groupe chutent à partir d’Experimental Jet Set, Trash & No Star, les membres le vivent certainement comme une légère déconvenue, mais il semble qu’il se satisfait rapidement d’un statut finalement idéal : celui d’un groupe culte, bénéficiant de grands moyens sur une major, cité comme influence par de nombreux jeunes talents (Nirvana, Beck, Bikini Kill, Pavement, My Bloody Valentine, Radiohead, etc) mais libre de créer comme il l’entend.
Si j’ai bien lu, je dois pouvoir écrire que la diversité d’illustration des pochettes des disques de ce groupe rend compte de la diversité de leur production. Bon vous êtes dans le même genre de livre dont je vous parlais à propos de Dire Straits (même éditeur). Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais, d’une part, toutes les musiques ne nous accrochent pas, ne nous touchent pas et celles qui nous émeuvent le font parce que nous avons été bercés par d’autres musiques. Il se peut donc que si vous vous contentez de suivre les modes vous soyez passé à côté de Sonic Youth malgré ou à cause de la diversité de leur production. Ce livre vous est donc nécessaire.
Il présente le groupe à partir de 1989 comme l’intermédiaire parfait entre l’underground et le mainstream musical. D’après l’auteur : « Le nom de Sonic Youth rend un double hommage à Big Youth, chanteur et DJ jamaïcain, et Fred « Sonic » Smith, ancien guitariste du MC5 désormais à la tête du Sonic’s Rendez-vous Band formé avec Scott Asheton des Stooges. » Le groupe est constitué de transfuges d’autres groupes… Et cela m’amène à penser deux choses. D’une part, chacun amène son vécu et sa musique inspirée de son ancien groupe, cela peut aider à se diversifier et il est bien évident que dans ces cas-là un plus un égalent trois… D’autre part, il me semble que pour s’associer et jouer ensemble, il est nécessaire d’être doué, d’avoir un talent certain. Je vous laisse découvrir le parcours de ces musiciens et j’espère que si vous avez, comme il se doit, regardé dans votre discothèque pour y chercher du Sonic Youth vous en avez trouvé. Voilà un bon moyen de retrouver et découvrir leur musique.
Bonne lecture-écoute.
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Ouvrage bien documenté qui puise dans l’abondante bibliographie liée à ce groupe, Sonic Youth par Matthieu Thibault vient de paraître aux éditions Le mot et le reste. L’une des originalités de ce livre complet est de scruter le parcours scénique et discographique d’un des groupes rock post-punk les plus influents de ces trente dernières années. Un groupe dont la discographie s’est arrêtée à The Eternal en 2009, au moment de la rupture entre sa bassiste Kim Gordon et son chanteur guitariste Thurston Moore.
Concertlive : Peut-on établir un lien entre cet ouvrage sur Sonic Youth et vos précédents livres sur Miles Davis ou David Bowie ?
Matthieu Thibault : Il s’agit en tout de mon quatrième livre car j’en avais aussi signé un aux éditions du Camion Blanc consacré à la période Brian Eno de David Bowie, avec sa fameuse trilogie berlinoise. C’était un travail universitaire que j’avais un peu revu. Je me consacre essentiellement à l’étude de la musique, des sons, je m’intéresse beaucoup à la façon dont les artistes approchent le studio. Mais Miles Davis, David Bowie et Sonic Youth sont des artistes très différents du point de vue de l’esthétique. Ce qui m’intéresse aussi, ce sont les jeux d’influence, dans les deux sens. Qui les a influencés, qui ont-ils influencé ?
Concertlive : Une des originalités de votre ouvrage, ce sont ses analyses techniques et musicologiques assez poussées, notamment page 52. Cela permet de renverser certains clichés autour de l’amateurisme et du “bruitisme” du groupe. Comment expliquez vous que Sonic Youth reste plutôt apprécié des étudiants en école d’art, d’avantage que des “requins de studio” ?
Matthieu Thibault : J’ai effectivement une vision musicologue du fait de ma formation (NDLR : l’auteur est musicologue et enseignant). Sonic Youth a la réputation d’être un groupe amateur de “guitares pourries”, qu’ils poussent dans leurs retranchements.
Je voulais montrer en quoi la façon d’accorder les instruments influe dans le processus de création artistique. Je reste personnellement fan des livres qui décortiquent la musique. Concernant Sonic Youth, j’ai quand même l’impression qu’ils arrivent à fédérer différents publics. Un public proche du monde de l’art, c’est mon cas en tant que musicologue car ils sont un des groupes de rock parmi les plus pluridisciplinaires. Mais ce n’est que la face émergée de l’Iceberg. Sonic Youth compte aussi parmi ses fans de vrais amateurs de rock à guitare, qui apprécient les bonnes chansons. Cela me tenait d’ailleurs à coeur de montrer qu’ils savent aussi très bien écrire.
Concertlive : Ils ont produit peu de hits dans leur carrière. Quelles sont leurs meilleures chansons selon vous ?
Matthieu Thibault : “Kool Thing” est surement un des plus importants succès de leur carrière mais ce n’est paradoxalement pas forcément une bonne chanson. Pourtant, pour moi, ils font partie des gens qui ont écrit les chansons les plus marquantes dans les années 80. Leur premier classique est à mon sens le titre “Expressway to Yr. skull/Madonna Sean and me” sur l’album Evol en 1986. Il y a aussi de purs joyaux noisy pop construits comme tels sur l’album Daydream Nation de 1987, avec notamment un titre comme “Teenage Riot”. Je trouve aussi qu’on a un peu tendance à oublier les albums avec le musicien Jim O’Rourke à la guitare comme Murray Street ou Sonic Nurse, qui comportent de très bonnes compositions. Bien sûr, on est pas là face à des hymnes comme “Wonderwall” d’Oasis ou “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana. Mais réécoutez la chanson “Drunken Butterfly” sur Dirty, elle est tout simplement redoutable.
Concertlive : C’est l’un des albums qui correspond le plus à une éventuelle période “grunge” de Sonic Youth. Pensez vous que le groupe serait ce qu’il est sans Nirvana et Kurt Cobain ?
Matthieu Thibault : Clairement pas. Drunken Butterfly n’aurait pas pu voir le jour sans Nevermind de Nirvana. J’adore les deux groupes et j’adore In Utero le troisième album de Nirvana. C’est fou de voir comment ces deux groupes se sont influencés réciproquement. Pavement a d’ailleurs aussi été un groupe fortement influencé par le Sonic Youth des 80’s. Nirvana a beaucoup emprunté à Sonic Youth de son côté “noise” tandis que les aspirations mélodique de Nirvana ont fortement déteint sur Sonic Youth. Cette proximité entre les deux groupes est parfaitement perceptible dans le documentaire de Dave Markey 1991 : The year that punk broke. On y voit les deux groupes passer beaucoup de temps ensemble, adopter les mêmes poses, produire les mêmes riffs hard-rock.
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Lire l’intégralité de l’interview sur le site de Concertlive
Dans l’histoire du rock, Sonic Youth est un réel cas d’école. En effet, un groupe dont la carrière s’étale sur trente ans s’inspirant autant du rock new-yorkais des années 70 que du free jazz ou de la musique contemporaine et devenant à son tour une formation séminale dont se réclama toute la noise music, une partie du grunge jusqu’au shoegaze est assez singulier. S’y l’on y rajoute la précoce acceptation de ne mobiliser qu’un noyau dur de cinquante mille fans et de ne spliter – au bout de vingt-sept ans ! – pour la seule raison que son couple leader finit par rompre on touche bien à quelque chose d’unique. C’est de cette altérité exigeante dont rend parfaitement compte cette biographie de Matthieu Thibault. Par un schéma narratif basé sur le détail des albums, des tournées et des activités solos de ses membres, l’auteur, en musicologue averti, dégage les marqueurs d’un groupe fondamental qui reste pourtant toujours difficile d’accès. Il insiste sur une démarche artistique pointue, programmée et jamais trahie. Puisant dans tous les genres (cinéma, art contemporains, littérature, musique…) Sonic Youth fait ici figure de digne descendant et d’audacieux précurseur. Les dix-sept albums qui jalonnent la carrière du groupe témoignent d’un rock total privilégiant presque autant les sons bruitistes que les mélodies pop, l’environnement des majors que les manières de l’indie rock. Fidèle à ses grands inspirateurs (Velvet, Patti Smith, Television…), les New-yorkais réussirent en même temps, et respecté par tous, à recréer le rock.
Lire l’article sur le site des Obsédés Textuelsé-ces-derniers-temps…2
Intello, donc forcément indépendant?
Si vous posez la question ”À quelle catégorie appartient le groupe Sonic Youth ?” On pense rock américain oui, mais aussi Grunge, Punk, Indépendant, Noise, Hardcore, Folk électrique, Cold wave, Psyche, Expérimental… Avec des traces de Pop, de Rap d’Underground, d’Arty ! Et s’ils avaient pu faire du jazz ou du Classique…
Et voilà comment de 1981 à 2011, ce groupe insaisissable a gardé une réputation de grand représentant du Rock Indé américain. Éternels adolescents – bien que tous se marient, parfois entre eux et évoluent -, qui touchent à tout et par conséquent sont auréolés d’une réputation de cerveaux, donc de génies.
Je n’ai rien contre Sonic Youth et leurs bandes de potes fureteurs et curieux, au contraire, mais je suis frappé par cette soif de genres, d’essais, de collaborations autour d’un pauvre quatuor à guitares. Chapeau aux artistes !
Le livre de Mathieu Thibault raconte cette longue histoire par le menu : 30 années de tentatives, d’influences, de références, d’échanges autour d’un Rock Lâché, planant ou incisif, aéré ou bruyant. On admire ce qu’on ne cerne pas.
Mais ce serait eux, les Sonic Youth qui seraient normaux ? Ils ont vécu, aimé, partagé tout ce qui s’est passé avant et pendant leur travail. Et ce serait ceux qui ne varient pas ou restent dans leur chapelle qui seraient fous, ou ignorants, ou imperméables ? La création est plus paradoxale que ça. L’auteur également du livre, me stupéfie : comment fait on pour savoir autant de choses, les moindres histoires de managers, d’attachés de presse, de contrats, sans compter la description de presque chaque morceau ou ambiance de ce kaléidoscope assez monstrueux au final ? Jeunesse sonique est une hydre aux multiples têtes.
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