Revue de presse
“Le livre ”Sylvia Robinson, Godmother of Hip-Hop”, signé Real Muzul, retrace la vie XXL de celle qui fut chanteuse de rock’n’roll en 1956, puis productrice soul, diva disco et pionnière du rap en 1979 avec le premier disque de Sugarhill Gang et son tube ”Rapper’s Delight”.
Dans le New York plutôt malfamé des années 1970, sa Cadillac XXL et son énorme casquette ne passent pas inaperçues. La quarantaine, musicienne, chanteuse, productrice et surtout patronne de maison de disques avec son mari Joe, Sylvia Robinson suscite autant la convoitise qu’une certaine méfiance. Convoitise, car All Platinum Records peut être la porte d’entrée vers le succès pour un artiste afro-américain en quête de carrière discographique. Méfiance, car sa réputation de femme d’affaires est sulfureuse, au point de lui valoir le surnom peu flatteur de “Sylvia Rob-a-Nigger”. “Rob”, c’est pour voleuse. Le reste, on vous laisse le traduire par vous-même.”
“Guitariste, compositrice et surtout patronne afro-américaine de maison de disques: de ses débuts dans les années 50 à la sortie du premier disque de rap en 1979, Sylvia Robinson aura été de tous les bons et mauvais coups. Un livre, signé Real Muzul et paru chez l’éditeur Le mot et le reste, lui rend hommage. Thierry Sartoretti feuillette les bonnes pages de Sylvia Robinson. Godmother of hip-hop.”
“Là, tant qu’à parler de retour aux sources, on évoquera aussi le livre (Editions Le Mot et le Reste) consacré à Sylvia Robinson, pionnière de la musique et figure emblématique de l’industrie musicale américaine. Productrice du premier disque de rap féminin, figure du blues, de la soul, du r’n’b, du rap, de la funk et femme d’affaires impitoyable, Sylvia avait une vision rare des choses. D’autrice-compositrice à productrice, puis PDG d’un label, la ” reine-mère ” s’est illustrée à chacun de ces postes. Sylvia Robinson a donc joué un rôle crucial dans l’émergence du hip-hop. En 1979, elle a cofondé le label Sugar Hill Records, qui est devenu le berceau de nombreux artistes influents. C’est sous ce label qu’elle a produit Rapper’s Delight du Sugarhill Gang, souvent considéré comme le premier grand succès commercial du hip-hop. Ce morceau a non seulement popularisé le genre, mais a également ouvert la voie à une nouvelle ère musicale. Robinson a compris le potentiel du hip-hop bien avant que d’autres ne le réalisent. Son approche innovante et son engagement envers les artistes ont permis à de nombreux talents de se faire connaître. Elle a également été l’une des premières à intégrer des éléments de funk et de disco dans le hip-hop, créant ainsi un son unique. Elle a ouvert la voie à de nombreux artistes et a contribué à façonner le paysage musical moderne. Son travail a été reconnu par de nombreux prix et distinctions, et elle a été intronisée au Rock and Roll Hall of Fame en 2019.”
”Lire en intégralité”: https://www.rtbf.be/article/quand-les-artistes-remontent-aux-sources-11516487
“Composé en 1956 sous pseudo par Bo Diddley, le tube/standard de Mickey (Baker) et Sylvia (Robinson) Love is Strange est parfait. Tellement même qu’il ressurgi dans les charts à chaque fois que ladite Sylvia en a eu besoin. Mais l’histoire ne s’arrête heureusement pas là pour elle qui, de coups foireux en arnaque au petit pied, a réussi à construire une carrière de directrice artistique et de productrice avec usine de pressage pour la musique black finalement récompensée, sur le tard. Entre temps, elle aura adopté, pour durer, toutes les modes musicales et produit les deux plus grands tubes du hip-hop : Rapper’s Delight et The Message. Coup d’œil dans le rétro – c’est trop ! Découverte à 14 ans par Hot Lips Page, le trompettiste qui a accompagné toutes les figures notoires du jazz d’après-guerre au début des fifties, Sylvia Vanterpool va trouver le chemin du succès avec Les McCann qui va la faire signer et enregistrer sous le nom de Little Sylvia ( rapport à son âge) quelques faces pour Savoy et Jubilee. En 1955 elle rencontre Mickey avec lequel elle va monter un duo – et il va lui apprendre à jouer de la guitare, car c’est un requin de studio qui écrira nombre ouvrages de référence sur le sujet. En 1956 sort “Love is Strange” sur Groove Records qui va prendre son temps pour faire un carton et établir durablement le duo qui ne réussira jamais à réitérer cet exploit.
Les deux se séparent en 1962 : Mickey filant s’établir à Paris pour refaire du studio et composer pour d’autres, pendant que Sylvia s’accroche au business à New-York et y rencontre Joe Robinson qui va rester longtemps son partenaire avec All Platinum Records. Les deux producteurs aux rôles bien définis, à Joe le business et à Sylvia la DA, les compos et la prod musicale, vont bientôt s’apercevoir que pour avoir les mains libres, il faut diriger et posséder toute la chaîne de production/distribution discographique et ainsi vont posséder studio et usine de pressage , pour ce faire. De bons en mauvais coups, ils vont être obligés de faire affaire avec Morris Levy, le mafieux propriétaire de Roulette Records – le même qui obligera Lennon à enregistrer son album Rock’n’Roll pour suspicion de pompage des classiques sur certains de ses titres, comme sur certains de ceux des Beatles. Mais Lennon avait un bon avocat et s’en est sorti. De leur côté, les Robinson verront leurs dettes épongées contre de grosses parts de leurs boîtes; selon l’usage en vigueur : “An offer you can’t refuse… “ Côté carrière, Sylvia tentera tout pour rester à flot et se faire une place dans les charts, à grands coups de ressortie sous de nouveau formats ou de réutilisation de titres un peu reliftés pour faire l’affaire, quand ce ne seront pas des covers exportées pour occuper les charts étrangers . Ce, jusqu’en 1974 où par la grâce d’un titre composé pour ( et refusé par) Al Green, elle fera un second carton avec Pillow Talk, genre de bluette toute poitrine en avant qui passera et fera sensation. Pour le côté lascif, ça passe, mais pour le contenu, on peut préférer … Bette Davis, un peu plus wild.
En 1979, Sylvia Robinson est invitée dans une soirée au cours de laquelle elle découvre le hip hop , un nouveau genre musical qui s’est développé au cours des années 1970 dans le Bronx. En percevant le potentiel commercial du rap, elle fait enregistrer une bande son par des musiciens et tente de recruter des rappeurs afin de réaliser un disque. Elle fait appel à trois jeunes amateurs d’Englewood, New Jersey : Henry Jackson (dont le nom de scène est Big Bank Hank), Guy O’Brien (Master Gee) et Michael Wright (Wonder Mike). Le trio, baptisé The Sugarhill Gang, enregistre le single Rapper’s Delight, édité par le label Sugar Hill Records que Sylvia Robinson a fondé avec son mari. Classé 4e du hit-parade rhythm and blues et 36e du Billboard Hot 100 en 1979, il est considéré comme le premier hit du genre. Le label connaît également le succès grâce à Grandmaster Flash and the Furious Five. Leur titre The Message, 4e du hit-parade rhythm and blues en 1982, inspire les artistes de rap à écrire des textes socialement engagés. Mais à force d’oublier de prévenir les ayants-droits et de verser la moindre royalty, Sylvia la Godmother of Hip hop va morfler grave. D’abord Chic qui reconnaît Good Times en fond du Rapper’s Delight et va obliger les Robinson à conclure un accord financier à l’amiable qui les reconnait comme auteurs du titre. Puis, ce sera Grand Master Flash qui attaquera au pénal pour non paiement des royalties. Les musiciens de studio de Sugarhille Gang iront s’expatrier à Londres pour aller bosser avec Adrian Sherwood et connaître un meilleur sort. Des années plus tard, Sylvia sera reconnue comme une grande entrepreneuse du business musical black et recevra moult récompenses. L’histoire ne dit pas si c’est pour la longue carrière en dents de scie ou le fait d’avoir duré. Je vous sent un peu feignant sur le coup; alors que l’histoire est passionnante, même si pas toujours ragoutante. Je l’ai lu, à vous de jouer ! Vous n’en saurez pas plus, sinon à quoi sert de sortir des livres…”
“Godmother of Hip-Hop, la monographie signée du journaliste Real Muzul, ne semble avoir qu’un but : sortir Sylvia Robinson des oubliettes de l’histoire musicale. Car le nom de l’Américaine, aujourd’hui, n’évoque pas grand-chose, à part à quelques érudits ou à des forcenés des débuts du hip-hop américain. Cofondatrice du label Sugarhill Records en 1979 avec son mari, Sylvia Robinson est la femme derrière les premiers tubes du hip-hop, produisant en 1979 le Rapper’s Delight de Sugarhill Gang (et ses 14 minutes ancrées dans la mémoire collective) ou, en 1982, le classique The Message de Grandmaster Flash and the Furious Five. Pionnière de l’industrie musicale, directrice artistique, elle a joué un rôle central dans la propagation du hip-hop dans la culture populaire. Mais restée dans l’ombre, ce n’est qu’après son décès en 2011 que cette redoutable, mais finalement discrète femme d’affaires a commencé à voir son rôle reconnu à sa juste valeur. Plus qu’une biographie, un hommage.”
“La qualité d’une biographie se jauge déjà par le choix de son sujet. Celui de Sylvia Robinson se révèle gagnant. Personnalité complexe et méconnue ayant alterné réussites fracassantes et échecs retentissants, la New-Yorkaise (1935–2011) a traversé l’histoire de la musique noire-américaine en y exerçant à peu près toutes les fonctions : chanteuse-guitariste aux côtés de Mickey Baker de 1955 à 1965 (leur single Love is strange se vendit à plus d’un million d’exemplaires), songwriter (le fameux tube proto-disco Shame, shame, shame, interprété par Shirley & Company’s en 1974, c’était elle), artiste solo (convaincue, malgré l’opinion négative d’Al Green, du potentiel commercial de sa chanson Pillow talk, elle entreprit de la chanter elle-même, obtenant un n°1 R&B en même temps qu’un hit crossover en or massif), PDG de labels avec son mari Joseph (All Platinum, consacré à la soul ou Sugar Hill Records, qui édita l’un des morceaux fondateurs du hip-hop naissant, Rapper’s delight). Ultime fait d’armes en 1982 : la publication de The message par Grand Master Flash, l’un des premiers raps à consonances sociales. Dans un style alerte et imagé, l’auteur, empathique mais jamais complaisant, dissèque avec minutie les failles et controverses qui entourèrent la vie de cette femme courageuse, indépendante et au caractère bien trempé : sa naïveté (elle se fit rouler dans la farine par Ike Turner), ses carences de gestionnaire (elle fit plusieurs fois faillite), ses forfaitures (les accusations de plagiat, dont la plus célèbre, dégainée par Nile Rodgers, fut réglée à l’amiable). Après le faste du début des années 1980, la chute sera brutale : dépôts de bilan, procès, problèmes familiaux… Et ce succès qui s’éloigne définitivement, jusqu’à l’incendie tragique des locaux de Sugar Hill, faisant partir en fumée 90 % de “décennies de travail et d’histoire”…”
BRÈVES
La formidable maison d’édition Le Mot et Le Reste, bien connue de nos lecteurs pour publier fréquemment des ouvrages consacrés aux musiques et aux artistes défendus par Soul Bag, s’enrichit d’une nouvelle biographie consacrée à Sylvia Robinson, la marraine du hip-hop, de ses débuts de chanteuse à 14 ans à son ascension musicale dans les années 1980.
Notre camarade Real Muzul, déjà responsable d’un livre sur George Clinton (P-funk : l’odyssée de George Clinton), révèle notamment l’impact de sa carrière d’une cinquantaine d’années sur l’histoire de la musique, entre faillites, renaissances, liaisons troubles, découvertes de talents ou encore créations de labels, dont le fameux Sugar Hill Records, qu’elle codiriga avec son mari et qui donna naissance au single Rapper’s delight, le premier hit du genre. Sortie prévue le 21 février 2025.