Dédiée au dancefloor, puissante, aux timbres futuristes et industriels, la techno possède aussi une face plus mélodieuse et mélancolique et ce dès sa naissance à Detroit parmi une communauté de musiciens noirs-américains visionnaires à la fin des 80’s. L’auteur définit d’abord le genre, questionne son esthétique et raconte son émergence, dont les premières ébauches se devinent au croisement des 70’s et 80’s, chez des artistes comme Kraftwerk ou Man Parrish. S’ensuit une liste de cent disques historiques (signés Underworld, Laurent Garnier ou Aphex Twin), de maxis emblématiques (Dave Clarke, Maurizio), plus underground dans les 00’s (Âme, Nathan Fake) ou participant au renouveau actuel d’un genre (Ben Klock, Rone) qui depuis le début des années 2020, n’a jamais compté autant d’adeptes.
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Jean-Yves Leloup a concocté deux playlists pour accompagner votre lecture :
– La playlist de l’anthologie
– La playlist bonus
Revue de presse
Le journaliste, écrivain, animateur radio et DJ français, Jean-Yves Leloup pour son livre Techno 100 : Classiques, hits et raretés (Le Mot et le Reste). Il sera le commissaire de l’expo « Rêve électro : De Kraftwerk à Daft Punk » à la Philharmonie de Paris du 9 avril au 11 août 2019. Bernard Dobbeleer sera aussi des nôtres.
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RadioMentale, Global Techno, Happy Hour ou Audio, des titres qui rappelleront sans doute quelques grands moments de Radio FG à ceux qui commençaient à s’intéresser aux musiques électroniques à la toute fin des années 80, à un moment où les ondes étaient l’un des rares moyens de se tenir au courant. Jean-Yves Leloup fut un temps rédacteur en chef de la station parisienne, tâche qu’il assura aussi plus tard dans les colonnes de l’un des rares magazines dédiés au genre dans les années 90 : le précurseur Coda, bien avant les titres actuels auxquels il lui arrive aussi de collaborer. Il a également été l’un des premiers à tracer un lien entre art vidéo, art contemporain et techno à travers quelques expositions, et en prépare actuellement une prochaine pour le printemps 2019, Rêve Electro, à la Philharmonie de Paris. Cette rentrée marque aussi la sortie de Techno 100 chez Le Mot et le Reste, ouvrage somme sur les disques essentiels de la dernière révolution musicale -entre tubes, raretés et nouveautés -, qui connait une étourdissante seconde jeunesse depuis quelques années. A cette occasion, un Selectorama à forte puissance rythmique, où Leloup nous livre dix morceaux phares, parmi ses préférés.
Front 242, Black White Blue (1982)
Quand j’ai travaillé sur ce livre, il m’a semblé évident d’évoquer cette vague belge dite EBM, dont Front 242 ont véritablement été les pionniers, en tous cas les fers de lance. En me replongeant dans leur premier album Geography (1982), j’ai redécouvert ce morceau qui montre comment l’idée de la techno est déjà dans l’air au début des années 80. Elle s’incarne chez certains groupes où l’on commence à sentir une forme musicale rythmique percussive, aux sonorités industrielles ou mécaniques, qui annoncent la future Techno. Ce n’est pas encore de la Techno, mais une forme qui est très proche. Il ne s’agit pas du morceau le plus connu de Front 242, il n’a pas de refrain, mais il y a vraiment des sonorités métalliques dans ce break rythmique rallongé à une durée assez longue de plus de quatre minutes. Il y a cette force, cette énergie, cette rigueur, cette absence de voix qui annonce ça. Front 242 ne sont pas les inventeurs de la Techno, simplement chez eux se manifeste une musique du futur qui émergera bientôt, autant chez Yellow Magic Orchestra que chez Kraftwerk avec Numbers (1981), par exemple. Avant la Techno, on en trouve des traces, des sédiments, comme une forme d’archéologie chez d’autres musiciens, et le livre raconte en intro comment le terme même de Techno commence aussi à apparaître au croisement des années 70 et 80 dans certains morceaux : Techno City de Cybotron (1984), Technopolis de Yellow Magic Orchestra (1979), Technopop de Kraftwerk (1983), mais aussi chez d’autres formations plus obscures chez qui ce terme évoque la modernité, la froideur, la technologie, finalement assez proche de la notion de Novö initiée par Yves Adrien, qui connotait un peu la même chose. The Art Of Noise ont aussi exalté cette forme purement rythmique, avec des samples récurrents, qui là aussi, font référence à cet univers. Mais pour moi, la Techno est vraiment un dialogue entre l’Europe et les États-Unis. Les musiciens noirs américains ont été nourris au funk, à la Soul, certains au Jazz, mais lors de leurs premières soirées en tant que lycéens ou étudiants, comme dit dans le livre Techno Rebels de Dan Sicko, ils écoutent aussi de la synth pop anglaise, de l’italo disco… Kraftwerk a été capital, mais on mésestime un peu la créativité et l’importance historique esthétique de la Belgique et de la Hollande. Franchement, il y a des choses absolument magnifiques dans cette première moitié des années 90, et je défends plutôt l’idée d’un dialogue permanent avec des formes de réinterprétation entre les deux continents.
Quazar, The Seven Stars (1990)
1990 est une année importante : il y a trois ou quatre morceaux dans différents points du globe (Detroit, New York, Amsterdam) qui sortent au même moment, et qui annoncent cette révolution à venir. Par exemple, Energy Flash de Joey Beltram chez le label belge R&S, et The Seven Stars, qui a laissé une empreinte assez importante chez les ravers, et surtout en Hollande où il a été assez énorme. Il a vraiment quelques années d’avance, avec cette forme de dynamique très européenne qu’auront aussi certains musiciens plutôt blancs du Midwest américain (entre Minneapolis et New York) aux alentours de 93–94. Il a cet élan qui annonce aussi la Trance, et c’est vraiment un morceau qui fait césure en 90, comme on pourrait le dire aussi de Techno Trance de D Shake la même année, et qui a encore des racines un peu EBM dans son type de programmation, un peu New Beat. Alors que Quazars, c’est autre chose. Et ce qui est assez amusant, c’est qu’il a retravaillé des sessions de guitare de son groupe de rock qu’il a totalement transformé pour les intégrer au morceau. Il fait aussi partie de ces morceaux solitaires, ces One Hit Wonder, comme on dit dans l’univers de la pop. Il a fait d’autres titres, mais celui-ci est resté à jamais gravé dans l’imaginaire de beaucoup de ravers qui en l’entendant, à l’évidence, font émerger la possibilité d’une autre musique, avec cette énergie très communicative, positive et utopiste qui définissait en grande partie la House et la Techno.
R-Tyme, R-Theme (1989)
Un très beau titre, moins connu que ceux de Rhythim Is Rhythim, en tous cas moins médiatisé. Mais surtout, ce n’est pas seulement un morceau de Derrick May, puisqu’il est co-signé avec Darrell Wynn. On a découvert récemment que beaucoup de collaborateurs de May ont été un peu oubliés par l’histoire, sans doute parfois par la faute des auditeurs et des journalistes qui ont mis en avant sa personnalité à lui, car c’est un excellent orateur, devenu porte-parole de la scène de Detroit, et qui en parle avec beaucoup d’intelligence, d’acuité. Derrick May a sans aucun doute signé des morceaux visionnaires, mais qu’il a co-produit, ou dont il a assuré la direction artistique avec plein de musiciens de cette scène à l’époque, dont Juan Atkins, Carl Craig, Darrell Wynn. Ce dernier n’a pas connu une grande carrière, mais il fait partie de ces personnalités de second ou de troisième plan de la scène de Detroit qui méritent d’être redécouverts. R-Theme a cette forme de douceur, de mélodie, de mélancolie caractéristique de la techno spirituelle de Detroit. Ce qui est assez amusant, c’est de découvrir que lorsque tous ces DJ’s noirs américains sont venus pour la première fois en Europe, ils ont été souvent surpris de la Techno qu’ils entendaient, qui n’était pas leur Techno. Leur musique était un peu plus ancrée dans la mélodie, dans le funk, ce n’était pas encore celle d’Underground Resistance plus tard ou de Jeff Mills : beaucoup plus dure, brutaliste, mécaniste en quelque sorte. Ils étaient dans quelque chose de futuriste , mais avec un imaginaire très riche, une certaine spiritualité, une mélancolie déjà très présente. Il y a toujours une forme d’incompréhension entre les deux continents, une incompréhension amenant aussi une forme de réinvention.
Terrace, Seventh City (1991)
Ce titre insiste une fois encore sur la créativité des musiciens néerlandais en ce début des années 90. Terrace sort l’un des premiers albums house ou techno de cette époque-là : Round Up (1992) sur Djax-Up Beats, un label qui publie beaucoup d’européens, mais surtout des néerlandais et quelques belges. Il montre comment, très rapidement, de jeunes musiciens réinterprètent aussi à leur manière la techno mélancolique de Detroit, à l’instar des britanniques, qui le feront aussi avec parfois encore plus de talent : que ce soit B12, certains des premiers albums de Warp, ou Kirk Degiorgio, ils ont aussi réinventé à leur manière cette techno de Detroit très mélodieuse, spirituelle. Terrace était vraiment une personnalité importante de la House, de la techno, de l’acid en ce début des années 90. Les défauts de cet album sont très touchants, les maladresses ont une certaine forme de générosité. Très intimiste, très émotionnel. Et puis Seventh City, c’est la septième ville, c’est toujours une référence à Detroit…
Circuit Breaker, Overkill (1991)
Ce morceau de Circuit Breaker montre l’incroyable talent et la créativité de Ritchie Hawtin dans ses premières années, avant même qu’il ne développe ses différents albums sous le nom de Plastikman, pour la plupart très beaux car introspectifs, lancinants, répétitifs, bien sûr, minimalistes évidemment, mais qui ont cette dimension très personnelle et introspective. Avant, avec Plus 8, le label qu’il a fondé avec John Acquaviva, ils se lancent dans une série de maxis. Les premiers sont vraiment passionnants, car ils sont en grande partie à l’origine de cette nouvelle musique qui s’invente. Ils sont basés à Windsor, au Canada, juste de l’autre côté de la rivière qui sépare le centre ville de Detroit, à la frontière américano-canadienne. Ils communiquent très naturellement avec Detroit. Kenny Larkin sortira d’ailleurs ses premières productions chez Plus 8 au début. Entre Plus 8 et Underground Resistance, chacun lance son missile l’un sur l’autre dans une concurrence assez amicale, en fait, il ne s’agit pas de deux chapelles qui s’opposent vraiment. Je suis très marqué par ces premiers Hawtin, sous le nom de F.U.S.E. ou Circuit Breaker, notamment.
Hexagone, Burning Trash Floor (1994)
Ludovic Navarre est bien évidemment plutôt connu sous le nom de St Germain à partir de l’album Boulevard (1995) puis Tourist (2000), avec cette forme de relecture du jazz qui personnellement m’a peu intéressé. Mais on a un peu oublié ses premières années chez Fnac Music Dance Division ou F Com, avec Laurent Garnier, Shazz ou tous les trois, puisqu’ils signent ensemble le morceau Acid Eiffel de Choice (1993), un tube créé par ces personnages clés dans l’univers de la musique électronique française, et un vrai lien avec Detroit (il a été signé sur Fragile, sub label de Transmat, le label de Derrick May, ndlr). Pour revenir à Burning Trash Floor, je me suis souvenu que lors de sa sortie en 94, c’était un petit succès underground, pas un énorme tube. Garnier sort Wake Up à la même période, et ça a marqué les débuts officiels de la production techno française. Mais honnêtement, ce morceau était comme beaucoup de productions de Ludovic Navarre : assez au-dessus de ce qui se faisait à l’époque. Avant qu’il ne se lasse rapidement… et c’est dommage, parce qu’il y avait vraiment quelque chose qu’il aurait pu pousser peut être plus loin encore sous la forme d’un album. La première époque de Ludovic Navarre est vraiment à redécouvrir, en solo – il a fait de la house et de la techno – ou à travers ses collaborations sur F Com et ce maxi chez Djax Up Beats. Il avait aussi sorti un disque sous le nom de Sub System pour les belges de Atom Records, un des tous premiers morceaux techno français. En tous cas, j’ai préféré parler des premiers émois de la scène française à travers Navarre, un des vrais pionniers de cette musique en France, en tant que compositeur.
Kenny Larkin, Metaphor (1995)
Kenny Larkin est un personnage qui gagne a être redécouvert dans la musique à Detroit, parce qu’il a été un peu oublié. Il est revenu en tant que DJ récemment, vers 2016 ou 2017, car il avait arrêté la musique à un moment parce qu’il faisait… du stand up. En tous cas, c’est un très beau disque, le seul album de cette liste. Signé chez les belges de R&S Records, Metaphor (1995) donne la mesure d’une partie de la techno à Detroit : un versant plus très mélodique, jazz et spirituel. Évidemment, les grands amateurs de jazz ne reconnaîtront jamais tout à fait le jazz à travers cette musique, mais pourtant, il est présent sous une forme très synthétique, et plutôt lumineuse chez Kenny Larkin. Un album qui a très bien vieilli, bien plus intéressant qu’Azymuth, son l’album précédent sorti chez Warp en 1994.
Global Communication, 8:07 (1994)
Mark Pritchard et Tom Middleton, deux musiciens britanniques, étaient à l’époque hyper productifs, et produisaient à la fois une musique marquée par l’électro, le funk, des choses plus purement house, des ébauches de jungle… Ils s’essayent un peu à tous les genres, et ils n’étaient pas les seuls à cette époque, c’est même assez typique des années 90 où grâce à l’usage de multiples pseudonymes, les musiciens explorent les genres et les sous-genres des musiques électroniques. 76:14 est plutôt ambient, selon eux, propice à l’imagination, et ne comporte pas de titres mais affiche simplement la durée des morceaux, pour que chacun puisse librement s’y projeter. C’est surtout un chef-d’œuvre d’une musique ambient assez pulsée, qui peut devenir plus techno dans comme ce morceau-là en particulier, d’autres étant plus downtempo. J’appelle ça de la Techno parce qu’il y a quelque chose de Techno qui se joue là-dedans, loin de la version mécaniste, brutaliste, industrielle qu’on connait chez certains, plutôt dans une forme plus planante, bien plus mélodieuse, qui a des racines dans la musique cosmique allemande des années 70, ou chez d’autres musiciens ambient.
Philippe Cam, Bass Star (2008)
Il n’y a pas de raisonnement historique sur cette liste… Philippe Cam, selon l’expression consacrée d’un journaliste un peu fatigué, serait le secret le mieux gardé de la techno française. Un musicien qui a une histoire assez étonnante : il a commencé en tant que docker au Havre. Éveillé aux milliards de sons du port, il a eu une première révélation avec la musque de Bernard Parmegiani, puis il a étudié la musique électroacoustique au conservatoire à Paris et à Bruxelles. Il devenu DJ à Bruxelles dans les années 80, a fait des musiques pour le théâtre et pour la danse, et s’est mis à la techno vers la fin 90 – début 2000 jusqu’à produire son album, Balance, sorti chez les allemands Traum Schallplatten en 2001. Un album de techno sans pied, purement techno, assez planante, assez mélodieuse, très singulière, qui ne ressemble à aucune autre et d’une immense beauté. Pour moi, vraiment l’un des plus beaux disques de toute cette époque-là. Philippe n’a pas fait une grande carrière, mais continue à composer, sans vraiment avoir trouvé un label qui lui permettait d’exister et de travailler sereinement. Certains musiciens ont besoin plus que d’autres de se sentir en confiance, d’être épaulé par quelqu’un qui les comprenne et qui pourrait peut-être aussi les critiquer. C’est très difficile, cette relation de confiance entre un musicien et un label.
Âme, Fiori (2007)
Ce duo allemand fait salle comble dès qu’ils jouent, et j’ai toujours beaucoup apprécié leurs productions, qu’elles soient house ou techno, issues de cette terre minimale des années 2000 en Allemagne. Leur album Dream House sorti cette année comporte quelques jolis morceaux mais ne restera pas dans l’histoire, car ce sont des gens qui ont plutôt marqué à travers des maxis ou des remixes, sans avoir besoin de faire des albums pour être connus. Fiori est vraiment l’un des plus beaux morceaux qu’ils ont signé. Un titre de près de 17 minutes, aux racines ancrées dans cette Kosmische Musik des années 70, à laquelle ils apportent un groove, des percussions différentes des années 70, où le travail se portait plutôt sur la séquence, l’hypnose ou même la dérive, mais qui ne savait pas encore tout à fait faire danser comme savent le faire certains allemands aujourd’hui. Malgré une discographie assez parcimonieuse, Âme ont réussi quelques coups d’éclat absolument magnifiques comme ce morceau qui peut parfaitement s’écouter chez soi, et trouverait idéalement sa place sur une face entière d’un album vinyle, que l’on écouterait presque religieusement. Pour moi, c’est un morceau essentiel dans cette histoire de la techno où il y a beaucoup de morceaux parfois très mélodieux, avec une certaine forme de mélancolie, et d’autres qui sont plus violents, plus martelés, plus industriels. Mais ça, c’est un peu les deux faces paradoxales de mes goûts, que l’on retrouve aussi dans la liste des cent disques chroniqués dans ce livre.
On ne présente plus la collection 100, véritable guide d’écoute érudit et subjectif dédié à un genre (indie pop, folk, reggae…), voire un continent (l’Afrique). Soit une sélection de 100 albums, détaillés et commentés, classés par ordre chronologique de sortie. Pour la première fois (à notre connaissance) sont analysés maxis et singles- mais aucun LP. Un choix naturel, puisque la techno s’est longtemps fichue du format album. Ici, de 1981 à 2018, de Kraftwerk à Surgeon (un ancien, c’est vrai), l’insigne J-Y Leloup se penche sur Richie Hawtin, Dave Clarke, évoque Aphex Twin et Rone, cite Recondite, Laurent Garnier ou Âme. Bien sûr, on pourra débattre de tel choix ou de tel absent, mais c’est également ce qui fa it le charme de cette collection.
Lire l’intégralité du catalogue sur /issuu.com
Un chaos de techno et d’eau fraîche ce soir, puisqu’il réunit la productrice française basée à Berlin la Fraicheur, et l’auteur et journaliste Jean Yves Leloup qui signe chez le Mot & Le Reste un nouveau livre sur ce qu’il connaît le mieux : la techno.
Certes, le genre est relativement jeune à l’échelle de l’histoire de la musique, mais il possède déjà une histoire conséquente, qu’une heure d’émission ne suffirait pas à retracer.
On s’arrêtera donc sur quelques aspects et moments qui ont participé à la définir, on en écoutera aussi beaucoup, ses figures les plus connues comme d’autres plus obscures, et on tachera de comprendre ce qui fait encore sa vitalité aujourd’hui, à l’heure où est elle est en grande partie rentrée dans les moeurs et dans les institutions.
Une émission à réécouter sur le site de Radio Néo
L’actualité de la semaine, avec Jean-Yves Leloup
Tapage nocturne reçoit Jean-Yves Leloup, pour son livre “Techno 100” paru aux éditions Le Mot et le Reste (sept 2018).
Journaliste, DJ et artiste sonore, Jean-Yves Leloup est devenu critique spécialisé en musiques électronique et pop. Il travaille notamment pour le magazine “Tsugi” et le site Culture Mobile.
Illustration musicale de l’interview :
Maurizio
« MØ7B » (Unreleased Mix)
Maurizio (1997)
F.U.S.E. (Richie Hawtin)
« Substance Abuse »
Plus 8 (1991)
Yellow Magic Orchestra
« Neue Tanz »
Extrait de l’album Technodelic Alfa (1981)
Yves de Mey
« Past To A Halt »
Extrait du EP Counting Triggers Sandwell Disctrict (2011)
CJ Bolland
« Horsepower »
R&S (1991)
Philippe Cam
« LFO Drive »
Extrait de l’album Balance Traum Schallplatten (2001)
Atom
« Im Rausch Der Gegenwart I » et « Funksignal »
Extraits de l’album Liedgut Raster-Noton (2009)
Une émission à réécouter sur le site de France musique
Le journaliste Jean-Yves Leloup donne sa vision de la techno, de ses prémices à son développement actuel en passant par les années 1990, quand cette révolution sonore et esthétique explosait aux oreilles du monde. « Dans les années 1990, la techno prend forme, se développe et s’impose. Des producteurs des deux côtés de l’Atlantique partagent alors cette esthétique musicale commune. Il y a ce dialogue entre les États-Unis et l’Europe, dans cette période qui est la plus créative er la plus faste pour la techno. » Les années 1990 sont au cœur de Techno 100, le nouveau livre de Jean-Yves Leloup. Elles représentent même plus de la moitié des disques que ce spécialiste a décidé de chroniquer dans son ouvrage. “J’ai eu une vraie liberté dans le choix des supports chroniqués, en faisant juste attention à ne pas doublonner avec le livre Electro 100 déjà paru chez le même éditeur. Mon choix s’est fait alors au feeling, avec beaucoup de morceaux, car la techno reste une musique de morceaux er de maxis. Il y a aussi des albums qui méritaient qu’on en parle et quelques compilations, mais pas de mix.” Tous les grands noms de la techno sont présents dans le livre, comme Joey Beltram, Hardfloor, Slam, Dave
Clarke, Speedy J ou encore Green Velvet, avec beaucoup de producteurs de la scène de Detroit (Derrick May, Kevin Saunderson, Carl Craig, Kenny Larkin), certains apparaissant même plusieurs fois, sous leur propre nom ou alias (Ludovic Navarre, Richie Hawtin, Robert Hood, Juan Atkins ou Jeff Mills). Au-delà des personnalités phares, on notera la présence de producteurs ou de groupes moins en vue et de morceaux quelque peu oubliés comme ceux de Quazar ou de Microbors.
Dans l’introduction de son ouvrage, Jean-Yves Leloup tente de cerner ce qu’est la techno, de la définir d’un point de vue musicologique et d’en évoquer ses imaginaires (une utopie futuriste, un univers industriel et mécanique, une esthétique cosmique et immersive). Avant de préciser que son livre, « au-delà de la techno, peur aussi se lire comme un portrait en creux de son auteur, son parcours et ses choix, depuis son adolescence au début des années synth-pop jusqu’au succès mainstream de la techno de la décennie 2010 ». La sélection des 100 disques chroniqués par le journaliste révèle une grande part d’objectivité (les classiques et les hits) et de subjectivité (les raretés), avec l’ambition de couvrir toutes les teintes de la techno, avec des échappées vers le hardcore, la trance, la techno minimale (Thomas Brinkmann) ou la « techno mélodieuse, spirituelle et planante » que Leloup affectionne particulièrement (Nathan Fake, Rone). Et aussi ce retour à un son plus brut, plus indus qui caractérise les dernières années (avec notamment trois références du label Ostgut Ton).
Classiques, hits et raretés. Jean‐Yves Leloup est auteur, journaliste – contributeur régulier de Tsugi -, DJ et artiste sonore français. Une position qui lui a permis de suivre l’évolution de la musique électronique depuis son émergence en Europe à la fin des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. Dans son livre Techno 100, il retrace les grandes lignes du genre, les disques fondateurs et les pépites oubliées de l’histoire techno. “Dédiée au dancefloor, puissante, martelée, aux timbres futuristes et industriels, elle possède aussi une face plus mélodieuse et mélancolique et ce, dès son émergence à Détroit, parmi une communauté de musiciens noirs américains visionnaires” : dans une analyse poussée, Leloup définit le genre, questionne son esthétique et son imaginaire, aborde ses prémices avec des artistes comme Kraftwerk, Yellow Magic Orchestra, Front 242 ou Man Parrish. Il dresse surtout une liste de cent disques essentiels, qu’il s’agisse de tubes historiques par Richie Hawtin, Laurent Garnier, Daft Punk ou Aphex Twin, de maxis emblématiques des 90’s avec Dave Clarke, Green Velvet ou Maurizio… Mais aussi des titres parfois méconnus de la période underground des années 2000 avec Âme, Ellen Allien ou Nathan Fake, jusqu’à finalement aborder le revival flamboyant offert par Steffi, Rone ou Recondite.
On est prêts à parier que Techno 100 va rapidement devenir votre livre de chevet. Et que, par voie de conséquence, vous attendrez impatiemment le 9 avril 2019 pour admirer “Rêve Electro”, la prochaine exposition qui se tiendra jusqu’au 11 août 2019 à la Philharmonie de Paris, avec Jean‐Yves Leloup comme commissaire. Et écoutez la playlist qu’il a spécialement concoctée pour vous.
Lire l’article sur le site de Tsugi