Revue de presse
“Une odyssée dont les origines passionnantes sont retracées avec justesse dans cette biographie, à découvrir ou redécouvrir sans aucune réserve… avec pour bande son les albums évoqués, bien entendu.”
Après avoir écrit « la bible » sur Hendrix, le Nazairien a sorti un livre sur les débuts de la bande à Jagger. Régis Canselier a deux dieux : Jimi Hendrix et Keith Richards. “Hendrix est mon guitariste préféré parce que je me suis éveillé à la musique avec lui. Avec les Stones, je me suis passionné pour le rock. Autant je suis critique sur l’œuvre des Stones, autant je ne le suis pas sur celle d’Hendrix. Elle a été tellement brève…” En 2010, un éditeur a demandé à ce Nazairien d’écrire une biographie du compositeur de “Purple Haze”. Une bio très orientée sur l’analyse musicale du génial guitariste. Aujourd’hui, Jimi Hendrix : Le rêve inachevé est considéré comme une “bible” par les fans experts d’Hendrix.
Chez le même éditeur, Régis Canselier a sorti, en juin dernier, The Rolling Stones 1962–1967. Une somme sur les débuts du groupe que le spécialiste qualifie de “cover band” à ses balbutiements. “Au début, c’est un groupe de Londres qui fait des reprises et qui a du succès. Il reprend du rythm’n’blues, du blues puis de la soul. La musique noire américaine le nourrit et dans un premier temps, il se contente de reprendre des titres. Entre les titres de 62 et ceux de 67, s’il n’y avait pas la voix de Jagger comme fil rouge, on ne pourrait pas penser qu’il s’agit du même groupe”. Le groupe change quand le producteur Andrew Oldham le pousse à écrire ses propres chansons. “Il a été finaud car il a donné les premiers titres qu’ils ont écrits à des artistes de seconde zone totalement oubliés aujourd’hui. Forcément, ces premiers morceaux n’étaient pas très bons”. Mais Mick Jagger et Keith Richards s’accrochent et un point de bascule a alors lieu. C’était le guitariste Brian Jones qui avait créé le groupe. Il avait mille fois plus d’expérience musicale que les autres. Mais voilà, Brian Jones n’écrit pas. “Jagger et Richards ont beaucoup travaillé, ils ont progressé vite et aligné des grands titres comme “Satisfaction” ou “Paint It black”. À l’époque, c’était un tube tous les trois mois, ils donnaient deux concerts par jour et le temps libre était passé en interview. Parce qu’il fallait voir la concurrence qui était face à eux alors : The
Beatles, The Kinks, The Who, The Animais, Them, les artistes de la Motown… Il y a une richesse acoustique incroyable au milieu des années 60 parce qu’il y aussi Coltrane et Davis qui sortent leurs meilleurs albums”. Régis Canselier reviendra sur ces cinq années fondatrices avec douze titres et montrera comment ce groupe s’est forgé son identité musicale.
Quasiment 500 pages. Il n’en fallait pas moins pour attaquer le premier volet d’une trilogie consacrée aux Stones. Spécialisé dans la musique des années 60 et déjà auteur d’un ouvrage dédié à Jimi Hendrix (Le rêve inachevé), Régis Canselier a renoncé à son projet de départ – écrire un livre sur Keith Richards – pour celui-ci autrement plus colossal.
The Rolling Stones, 1962–1967 raconte les débuts de la légende : les rencontres, le rôle majeur de Brian Jones qui s’estompera rapidement au profit de la paire imposant Jagger-Richards. 1962–1967 ou comment les Stones sont passés du statut de cover band nourri de musique noire américaine à celui de rivaux médiatiques des Beatles (ces derniers leur offriront l’un de leurs premiers tubes, “I Wanna Be Your Man”.) Le groupe n’a pas encore sympathisé avec le démon, on est encore loin des frasques d’Altamont mais le volcan ne fait sommeiller. Là où Life, l’autobiographie de Keith Richards donnait souvent le sentiment que le guitariste avait plus de choses à raconter sur ses dealers que sur l’enregistrement des albums, Canselier recentre le débat sur la musique. D’aucuns pourront à juste titre préférer la période suivant – celle de l’âge d’or allant de Beggars Banquet, en 1968, à Exile On Main Street, quatre ans plus tard –, il n’empêche que les années 62–67 renferment des pépites que les Britanniques n’ont pas toujours assumés (Between The Buttons et surtout Their Satanic Majestic Request). C’est la période des “Satisfaction”, “Paint It Black”, bien sûr, mais aussi celle des “As Tears Go By”, “Backstreet Girl”, “Mother’s Little Helper”, “Ruby Tuesday” ou “2000 Man”… Les années où les Stones ont flirté avec la pop avant de revenir à leurs racines blues.
Ce livre regorge d’infos indispensables, surtout avec une telle discographie où il faut délier les éditions anglaises de leur consœurs américaines.
Le travail est titanesque, passionnant et on s’y replonge volontiers à chaque écoute d’album. À terme, la trilogie de Régis Canselier fera très probablement autorité en matière d littérature stonienne. Satisfaction garantie.
En 2010, Régis Canselier publiait un livre sur le guitariste Jimi Hendrix. Six ans plus tard, ce passionné de musique consacre 500 pages aux Stones… ” Début d’une trilogie ”!
Que raconte votre livre?
C’est une biographie avec une analyse musicale. Dans les Stones, on a cinq jeunes Anglais, dont les racines musicales sont noires américaines, comme le blues ou le rythm’n’blues. Ils se sont pris de passion pour une musique que l’on n’entendait pas au coin de la rue. Je voulais donc voir comment ils avaient pu découvrir et se passionner pour ce style.
Lire l’intégralité de l’interview