Dominique A n’écrit pas que des chansons : il écrit aussi des textes sur des chansons. Celles des autres, essentiellement, approchées avec une justesse, une sensibilité et une écriture qui font de son recueil de chroniques, Tomber sous le charme, un livre tout à fait indispensable.
Vincent Théval – Label Pop // France Musique
C’est en 2005 que Dominique A livre ses premières chroniques pour le magazine Epok et découvre l’ambivalence qui réside dans le fait d’être un artiste et de s’adonner à la critique.
Il lui préfère d’ailleurs le terme de chronique qui rapproche cet exercice de l’hommage, lui ôtant sa définition inévitablement péjorative. Il s’agit donc ici de découvrir ce qui a pu faire vibrer le chanteur, suffisamment pour qu’il se confie aux lecteurs de TGV Magazine, Le Monde des livres, Les Inrocks ou Libé. On parle d’Alain Bashung ou de Loustal au détour d’une page. Les seconds couteaux n’étant pas oubliés, bien au contraire. Des Australiens de The Triffids au roman Barbara de Jacobsen en passant par la voix de Shara Worden, il transmet sa curiosité et nous ouvre un champ nouveau. L’artiste reprend ensuite la main avec le journal de bord de ses tournées, ces bribes d’existences, « comme des flashs, de ces innombrables moments passés sur la route, cristallisés par des détails », avant de conclure avec l’auto-critique de ses albums.
Revue de presse
Depuis son neuvième album en vingt ans de carrière, Vers les lueurs (2012), le chanteur Dominique A s’est aussi distingué grâce à sa voix de romancier. Son premier récit autobiographique, l’intimiste Y revenir (2013), est venu rappeler les talents narratifs du natif de Provins (Seine-et-Marne), dont les premiers exercices de style sont enfin rassemblés. S’il avait déjà brillé en levant le voile avec humour et pertinence sur sa pratique musicale au fil de Un bon chanteur mort (Ed. La Machine à cailloux, 2008), Tomber sous le charme réunit ses chroniques musicales et littéraires ou billets d’humeur pour divers magazines depuis près de dix ans (Epok, TGV Magazine, Les Inrocks, Le Monde des Livres).
Le Nantais d’adoption, qui souligne en préambule se considérer davantage «passeur» que critique, met le plus souvent à la page la marge rock. À l’image des «Helvètes underground» de Disco Doom, croisés dans un club suisse, dont il s’éprend un soir et à qui il promet monts et merveilles «dans une brume éthylique» sans pouvoir ensuite tenir parole.
Les journaux de bord extraits de trois de ses tournées (2002, 2006 et 2013), huit articles écrit en 2012 pour Liberation.fr à l’occasion de ses vingt ans de carrière et les autocritiques de sa discographie complètent judicieusement l’ouvrage et permettent de voir sa plume sensible et caustique s’affûter avec le temps. Comme dans ce journal de bord qui repasse par la Suisse en novembre 2013 (Pully et Nyon) pour son spectacle en forme de lectures musicales, où Dominique A confesse avoir lu et chanté «dans un brouillard sonore à peu près total» et avoir juste fait illusion. Et de conclure: «On croit parfois être un autre, échapper à sa caricature, et finalement non.» Avec ce corpus, le chanteur s’est tendu un miroir ne masquant pas sa nature.
LIRE L’ARTICLE SUR LE BLOG D’OLIVIER HORNER
“Chroniques de l’air du temps” indique le sous-titre, et c’est exactement ça : Dominique A ne se prend pas plus la tête que ça pour rédiger ces billets au jour le jour, sans autre ambition que celle de mettre des mots sur ce qu’il voit, écoute, ressent, dans le but de garder une mémoire personnelle des choses. Ce manque d’ambition fait tout le charme de la chose : l’impression d’être en face d’un être de chair et de sang qui s’exprime, et pas face à un virtuose du style. Non pas que le gars soit dépourvu de talent de ce côté-là, bien sûr : ses billets sont rédigés avec taquinerie, avec beaucoup de dynamisme et un sens de la formule imparable. Très jolie écriture, ciselée, fine, attachante en diable, qui rend bien compte de celle qui imprègne les grandes chansons du sieur. Il met cette douceur, dans la première moitié du recueil, au service de la critique musicale, commentant des albums pour la plupart assez pointus avec une bienveillance qui lui fait honneur. Il le dit au départ : il n’aime pas la critique négative, tout en reconnaissant que celle louangeuse est plus difficile à rédiger. Le fait est qu’il parvient parfaitement à rendre compte de son enthousiasme, dans des lignes à la fois érudites, référencées, et d’une belle lumière. Pour avoir écouté du coup certains albums qu’il loue, le moins qu’on puisse dire est qu’il vaut mieiux le lire qu’écouter ses conseils. Mais c’est aussi ça, la bonne critique, et en tant que blogueur compulsif je ne peux que m’incliner devant la rédaction impeccable de ces articles.
Ensuite, le gars publie un journal de tournée écrit au fil de la plume depuis 2002. Pas destiné à être publié (ce qui n’est pas le cas des chroniques musicales ou littéraires), il se permet plus d’acidité : certaines salles en prennent pour leur grade, certaines “première partie” aussi. C’est une plongée au sein de ce qui fait le quotidien d’une tournée, parfois erratique (des salles à moitié vides, des concerts pourris), parfois atteinte par la grâce, toujours alcoolisée et mélancolique. C’est précis, mordant, écrit dans un style rapide qui n’exclut pas de vrais moments de beauté.
Pour finir : véritable exercice d’auto-critique. Dominique A tente de faire une critique “objective” de ses propres albums, et le fait est qu’il a la dent dure avec lui-même. Certains beaux albums sont méprisés (“Tout sera comme avant”, un de mes préférés pour ma part) et même sur les disques qui le satisfont (“Auguri”, “La Musique”, “La Fossette”), il n’extirpe que quelques chansons, pointant son absence d’ambition (ou son excès, selon), sa paresse, son manque de confiance en soi qui le fait céder en intransigence. C’est discutable, assez douloureux, mais passionnant. Tout comme l’est l’ensemble de ce beau recueil en vrac, incontournable si, comme moi, vous sifflotez tous les matins sous la douche : “Parce qu’on est bien ici, mon Antoniaaaa”...
LIRE L’ARTICLE SUR LE BLOG SHANGOLS
Je ne sais plus quand le déclic s’est produit. “Les Hauts Quartiers De Peine” ? Ou “Monochrome” sur un disque de Tiersen ? Je sais seulement que ses écrits sur le site “Comment certains vivent” ont constitué pour beaucoup dans l’admiration que j’ai aujourd’hui pour Dominique A. Il y eut aussi ses chroniques dans le magazine du TGV au moment où je prenais beaucoup ce dernier. Même si je lisais beaucoup moins que lui, je me retrouvais souvent dans ses choix, sa vision des choses et de la vie, Joy Division, Sarah Records (les fabuleux Field Mice). C’est à ce moment-là qu’au-delà de la musique, j’avais scellé un pacte avec le chanteur, étant sûr de le suivre peu importe où il pouvait m’emmener. Je faisais partie intégrante du même “Convoi”. Quand est sorti en début d’année, Tomber sous le charme, livre qui regroupait la quasi exhaustivité de ses chroniques musicales et littéraires, je n’ai pas trouvé d’intérêt à m’y replonger. Je connaissais déjà de quoi il en retournait, ayant lu une grande partie d’entre elles. Puis, je me suis finalement laissé tenter, peut-être avais-je loupé quelque chose d’essentiel ? Qu’il aime JP Nataf ou Babx a juste confirmé qu’on était décidément régulièrement sur la même longueur d’onde. Ses carnets de notes prises en tournée, moins ”écrites”, évoquent un homme moins posé et plus tourmenté qu’il n’y paraît. La distance se ressert, faisant découvrir au plus près le chanteur et ses faiblesses (l’alcool?). On y perd en amabilité ce qu’on gagne en humanité. Mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont ses auto-critiques, cette incroyable faculté de remise en question, cette conscience étroite du chemin parcouru, de ce qu’il reste à parcourir et de ce qui est du domaine de l’inaccessible. Oser dire que sur Remué, “on s’emmerde un peu”. Que La Mémoire neuve – mon préféré – est un disque “un peu sage, un peu raide aussi”, sans parler de “Si Je Connais Harry” qui en prend pour son grade.
“Tomber sous le charme”, ça pourrait aussi être le titre de ce blog. C’est juste une façon plus formelle de faire le passe-plat. Ci-dessous, quelques uns de ces savoureux mets à partager sans modération…
DÉCOUVRIR L’ARTICLE ET LA PLAYLIST
C’est un vieux souvenir dont je n’étais plus sûr à 100% de la véracité. Un voyage en TGV il y a plusieurs années, une revue coincée dans mon siège, labellisée SNCF, et dedans, une chronique signée Dominique A et l’évocation d’une chanteuse désormais oubliée, Nicole Atkins, et son tube – son slow, plutôt – d’un autre été, “Neptune City”.
Aujourd’hui, je sais que c’est vrai. Grâce à Tomber sous le charme – Chroniques de l’air du temps, recueil récemment paru au Mot et le reste. Une petite somme des articles publiés par Dominique A dans TGV Magazine, donc, et ailleurs aussi, des pages d’Epok (magazine d’une grande chaîne de vendeurs de culture) aux colonnes du Monde des Livres. Un digest auquel s’ajoutent encore quelques autres textes écrits pour Les Inrockuptibles et Libération.
Alors bien sûr, c’est l’occasion de redécouvrir Nicole Atkins (qui a quand même des airs de Lana del Rey avant l’heure), mais c’est surtout le plaisir de retrouver les goûts sûrs et partageurs d’un passionné, qui n’a jamais été le dernier pour révéler quelques pépites, d’Arman Méliès à Mansfield TYA, en passant par Psykick Lyrikah, notamment via ses carnets pour le site Comment certains vivent.
Petit hic pourtant, le recueil s’avère au final un peu moins défricheur qu’attendu. La faute peut-être au type de publication et à une certaine sacralisation du papier, qui forcerait à ne pas trop se répéter, à délaisser ses marottes au profit de l’époque. Comment expliquer sinon d’y retrouver tant de noms encensés un peu partout alors, de Cocorosie à My Brightest Diamond, en passant par Earth ou la redécouverte Karen Dalton, et trop peu de ces francs-tireurs qui passionnent pourtant Dominique A (tels mes excellents compatriotes de Disco Doom, qui ont droit à une belle chronique titrée “Helvètes underground”, ou les non moins excellents Mendelson). “L’air du temps”, en effet. Et un peu malheureusement.
Heureusement, reste une bonne ration de souvenirs et de réhabilitations diverses (même si je ne vois vraiment pas ce qui ferait le charme de Rialto, leur single Untouchables, leurs deux batteurs inutiles et leur chanteur sosie capilaire de Trent Reznor). Et aussi pas mal d’amours sincères, pour des beautiful losers d’hier et d’aujourd’hui, des vieux 45 tours de Sarah Records aux albums qui se succèdent sans bruit de Pram, du folk rustique des Triffids à celui plus appliqué de The Innocence Mission.
La plume est belle, drôle, riche en passion comme en auto-dérision. Et quand Dominique A se soumet – par deux fois – au jeu de l’auto-critique, entre souvenirs d’enregistrements et franches chroniques de ses propres disques, on touche à quelque chose de rare et de précieux, très éclairé, jamais prétentieux. On regrettera juste que cette méticulosité n’ait pas été mise au service de ces quelques noms qui reviennent de ci, de là, fidèles, mais un poil trop nostalgiques. J’aurais bien aimé savoir ce que Dominique A à penser des 1000 et un disques publiés par Will Oldham depuis les premiers Palace, par exemple. Peut-être dans de prochaines chroniques, qui sait.
Oubliez le titre de cette rubrique. Il s’agit aujourd’hui d’une non-rencontre, prétexte vanter un recueil de chroniques du chanteur lettré, croisé dans la ville où a débuté sa seconde vie. Rencontre.
Fan. Depuis plus de vingt ans, je voue une admiration quasi maladive à Dominique A. Alors quand mon beau-frère, de passage au Mans, m’a offert Tomber sous le charme, recueil de chroniques musicales, cinématographiques et littéraires signées de mon chanteur préféré, j’ai ouvert la première page avec la batterie des Ramones dans la poitrine.
Le prologue, dans lequel le lauréat 2013 des Victoires de la musique, dévoreur de presse musicale, confesse son rapport sacralisé à la critique imprimée, s’ouvre par un souvenir, dans un café aujourd’hui disparu, « à l’angle d’une place, pas loin des quais », à Nantes. Heureux hasard : deux jours après le cadeau du beauf, me voilà en famille à Nantes.
Cigale sombre et lumineuse
Forcément, notre troupe suit la ligne verte du Voyage, peinte sur les trottoirs. Et là, merci l’office de tourisme : à deux pas de la place Graslin, je tombe sur un monument d’art contemporain. Une cigale sombre et lumineuse : Dominique A, affrontant un léger crachin, sourcils froncés, mains sur une poussette où roupille un bébé. Une occasion pareille, ça ne se rate pas. Ben si.
Plutôt que de tenter un accostage en délicatesse avec, dans les bras, mon marmot d’origine belge (l’enfance et le plat pays, deux points faibles du grand sensible), en chantonnant une spéciale dédicace, un maladroit tralala genre Chacun tirant à soi un enfant, je me présente, en short et sandales, comme un vieux… fan.
Je m’enlise aussitôt, plombé par le brutal souvenir d’une injonction de mon gourou, lue la veille dans le fameux bouquin : « Rayons le mot fan une fois pour toutes des tablettes. » Malgré la fossette bienveillante de l’idole au-dessus de la ligne verte, que j’imagine soudain rouge, j’abrège mes souffrances, m’éclipse en bavant un « Merci » d’ahuri et une formule à laisser Mister A bouche bée : « Tes chansons, c’est toujours un bonheur. »
Pathétique, mais, finalement, raccord avec les articles dégustés les jours suivants, toute honte bue, dans le recueil aux titres réconfortants : ” La musique peut nous sauver ”, ” Ne nous emmerdons pas avec des chefs-d’œuvre ” ou encore ” Mélancolie d’un groove ”.
Le propos est à l’avenant. Disques, bouquins ou films dénichés quelque part entre Berlin et le Groënland : les billets respirent l’intelligence, avec la juste dose d’intimité et de distance pour crier une émotion en silence. C’est pointu, délicat, souvent drôle : la spontanéité n’est pas étouffée sous le poids des références, comme le craint le rockeur lettré.
« Nantes, un nom qui fait frémir »
Cette plume inspirée donne un ton homogène à l’ouvrage, qui part un peu dans tous les sens. Notamment la 2e partie, journal de bord atmosphérique, suivi d’autocritiques pas malhonnêtes. Excès de kilomètres et de bouteille, grands soirs et petites nuits : Dominique A dépeint d’un trait vif la dérive des tournées et les rencontres étoilées, souvent plus marquantes que les concerts en montagnes russes. On voyage. Notamment à Nantes, « un nom qui fait frémir », comme le confie l’élégant saltimbanque en évoquant la ville où a débuté sa seconde vie.
Après une bonne suée à l’Olympic ou salle Paul-Fort, l’exilé bruxellois revenu au bercail y confie le trouble qui l’habite lorsqu’il faut « jouer à domicile » devant des visages familiers. Et des parents émus.
Ces confidences font le régal de l’aficionado de l’insouciance (prudent copyright) que je tente de rester, ravi de découvrir, page 105, l’unique incohérence du recueil. Dominique A s’épanche sur la voix et les chansons de Sapho, détaillant- passage d’enfer- pourquoi il en est devenu… « fan ».
Attention ceci n’est ni un roman ni une biographie, seulement (serait-on tenté de dire) un recueil de texte-chroniques-éditos parus depuis une petite dizaine d’années dans les pages de divers magazines : Epok, TGV Magazine, Les Inrockuptibles, _Le Monde des Livres_… On y découvre donc un Dominique A parlant de ses passions, de ses découvertes et parfois de ses coups de cœur pour l’actualité. Dans une deuxième partie, l’homme y dévoile son journal de bord, tournées 2002, 2006, 2013 puis, se livre à un exercice périlleux l’autocritique de ses propres albums.
Il y a quelques noms dont on n’a jamais entendu parler (Marissa Nadler, White Birch, Field Mice) et l’on peut faire confiance à Dominique A pour son bon goût, mais surtout plusieurs réflexions qui mettent en perspective cette compliquée tâche de juger le travail des autres. À propos de BabX Dominique A dissèque une phrase d’un critique : « Il ne me gène pas mais pour moi il n’a pas commencé… » et se l’approprie à propos de son propre travail. Ce n’est jamais un spécialiste qui parle à d’autres spécialistes, mais bien un amateur de musique qui veut partager et dont l’écriture emprunte souvent au quotidien.
Dominique A évoque surtout des artistes que tout mélomane curieux au jour ou l’autre croisé au fil de ses pérégrinations, de X (le groupe de Los Angeles) à Louis Deprestige pour n’en citer que deux, et il est toujours fascinant que quelque soit la route empruntée il y a des évidences, des disques qui se retrouvent sur votre chemin sans que vous ne l’ayez demandé. À propos de ces livres qui alimentent ses réflexions, Dominique partage le même sens de la curiosité.
La partie journal de tournée est très différente, ici pas de découverte musicale ou littéraire, mais juste une suite d’évènements ordinaires, comme ces after alcoolisés, ces confrères croisés, ou cette femme qui lui annonce que sa lecture était ennuyeuse. Comme d’autres j’imagine, je suis allé vérifier la date de mon dernier entretien pour savoir si pas hasard l’on parlait de moi, mais le 14 mars 2012 n’a pas été retenu. Et tant mieux car je préfère rester ce voyeur à qui l’on raconte de belles histoires que partie intégrante d’un récit.
Pour la dernière partie, l’artiste se livre donc à un passage en revue sévère de sa propre œuvre (À propos de « Si Je Connais Harry » : L’isolement avait été trop long, générant un sentiment tenace d’incrédulité quant à la possibilité d’un parcours. À propos de « La Mémoire Neuve » : l’œuvre d’un jeune homme qui se lance enfin dans le bain après avoir longtemps tâté du pied la température de l’eau) avec aussi les à côtés, le prix de la séance photo, l’ambiance, le contexte etc. Et c’est finalement ce qui est le plus passionnant, l’envers du décor, à mi-chemin avec l’exercice autobiographique, qui donne un autre éclairage à cette carrière.
Dominique A ressemble de plus en plus à l’une des forces tranquilles du paysage musical français (on a longtemps hésité pour employer l’expression rock français, nouvelle chanson…) et sa carrière s’apparente pour moi à celle d’un Jean-Louis Murat, on peut être affolé par la production (dix albums bien remplis) mais dès que l’on y jette une oreille curieuse et attentive on ne peut être que happé et en redemander. La chronique est un exercice qui finalement se rapproche beaucoup de la chanson, c’est pour cette raison que Dominique A y excelle également.
Note : 4/5
RETROUVEZ LA CHRONIQUE DE CHRISTIAN EUDELINE SUR LE SITE DE BRETAGNE ACTUELLE
Retrouvez la chronique du livre de Dominique A avant sa rencontre au Lieu Unique avec Fabien Viscogliosi.
RÉÉCOUTER L’ÉMISSION INTÉGRALEMENT
“Avec ce corpus, le chanteur s’est tendu un miroir ne masquant pas sa nature.”
Belle chronique de l’ouvrage de Dominique A à redécouvrir ICI
Réécouter l’interview de Dominique A par Damien Guerrier pour en apprendre encore plus sur Tomber sous le charme.
Il est un auteur-chanteur unanimement salué. Il a déjà écrit deux livres, été le héros d’une BD. Dans “Tombé sous le charme”, Dominique A compile aujourd’hui vingt ans de textes sur disques, livres ou films, récits de tournée et même regards sur ses albums. Il s’y révèle une nouvelle fois précis et puissant, dévoilant une passion et un talent pour la chronique que les fidèles soupçonnaient, les autres peut-être pas.
C’est un délicat festin. Un best of d’un autre genre. Celui de ses écrits. Parallèlement à ses nombreux projets musicaux, Dominique A a rapidement été sollicité pour écrire des chroniques. La première sera publiée après trois albums dans la revue rock et BD “Jade”, au milieu des années 90. Le chanteur y disserte brièvement sur “Viva Last blues” des Palace brothers, le groupe de Will Oldghm qu’il idolâtre toujours. “Mon papier s’ouvrait sur quelques lignes consacrées à ma non-légitimité en tant que chroniqueur: toujours la même mauvaise conscience virant à l’auto-flagellation, mâtinée d’un soupçon d’hypocrisie.”
Tout le gars est là, ce livre aussi. Mais il faut le lire ho! S’y déploie l’imparable talent qu’a le Dominique à saisir les choses, à parler du monde sans pontifier, à alimenter la réflexion sans prendre de pose. Mais le coeur des textes rassemblés dans ces 224 pages concerne bien sûr la musique, et dans une moindre mesure la littérature et le cinéma.
Au milieu des années 2000, dix ans après ce premier essai confidentiel, Olivier Nuc lui propose de tenir une colonne dans Epok, l’hebdomadaire de la Fnac. On se souvient de la surprise un rien dédaigneuse à l’époque, que l’on avait eu à retrouver notre déjà chouchou, se “galvauder” dans une publication gratuite donc tuant le métier. On avait tort, bien sûr (pas pour les gratuits tuant le métier, hein): l’auteur-compositeur se révélait un chroniqueur d’une fraîcheur revigorante, d’un enthousiasme communicatif pour l’exercice, et un pertinent passeur vers des artistes forcément moins mainstream que les têtes de gondoles de la Fnac.
Puis ce sera TGV Magazine dans le même genre, mais aussi quelques textes dans les Inrocks, le Monde des livres. Dominique A y élargissait sa palette aux livres et films qui l’interrogeaient, le séduisaient. Ces “Chroniques de l’air du temps” seraient déjà un bonheur si elles s’arrêtaient à cette compilation. Mais on y trouve aussi les récits de tournée, au jour le jour, que l’artiste a tenues dans le précieux site (officiel) www.commentcertainsvivent.com: un journal de bord évoquant la vie sur les routes en 2003, 2006 et 2013.
“Autour ça s’active, on teste des amplis, on change des gélatines, on récupère des clés d’hôtel. Pendant ce temps, l’artiste erre de loges en couloirs, en attendant qu’on l’appelle pour faire un peu de bruit sur scène. Il ne se passe pas grand-chose et c’est bien.” Le quotidien est formidablement bien raconté, sans en mettre plein la vue mais sans ignorer que ce boulot est d’enfer. Spéciale dédicace à la chapelle de Mussonville à Bègles qui a accueilli sa tournée de lectures en octobre dernier.
On termine de “Tomber sous le charme” avec le regard posé par Dominique A sur ses propres albums, exercice auquel il s’est prêté, complétant un premier jet rétrospectif écrit en 2007, sur le site Libération en 2012 à l’occasion de la réédition de ses albums et du vingtième anniversaire de “La fossette”, l’album-matrice. Bonheur final de lire Dominique A sur du Dominique, mise en abîme jamais complaisante, toujours sans concession mais avec l’exigence de celui qui a bossé. Ou pas! Au final, un bouquin passionnant, pour les initiés ou non à l’univers de l’artiste qui se révèle être un sacrée plume. Mais est-ce vraiment une surprise?
L’article ICI
Un formidable recueil d’articles et chroniques signés Dominique A.
Tomber sous le charme : reprenant celui de l’adorable chanson de Louise Féron, le titre de ce livre frappe comme une évidence, tant les mots de Dominique A rivalisent de pertinence et d’élégance, ne laissant au lecteur d’autre choix que de tomber sous leur charme. Le sous- titre – “Chroniques de l’air du temps” – paraît tout aussi imparable car, quel que soit le sujet qu’il aborde, l’auteur de L’Horizon parle également de l’époque dans laquelle il vit (cette époque qui s’éloigne de l’imprimé pour plonger dans l’internet), sans pour autant se draper dans la toge grisâtre du tribun moralisateur. Loin de prétendre détenir une quelconque vérité, il s’emploie ici à affirmer, dans une prose claire et sensible, sa subjectivité – une subjectivité qui fait, selon lui, partie intégrante de la panoplie du critique et qu’il déplore de ne pas rencontrer davantage dans la presse musicale française.
[...]
Tomber sous le charme – Les Inrockuptibles
“Mon but n’est pas de livrer des noms mais de susciter l’envie. Quand on lit Eudeline ou Assayas, on se dit que ce sont de vrais écrivains.”
Tomber sous le charme – L’Humanité
Tomber sous le charme de Dominique A est annoncé dans Livres Hebdo par une belle chronique d’Alexandre Fillon.
Tomber sous le charme – Livre Hebdo
Ils ne sont pas si nombreux les artistes acceptant de se glisser dans la peau du critique (eux‐mêmes artistes ratés, c’est bien connu). Pendant plusieurs années, sur différents supports (Epok, TGV Magazine, Les Inrockuptibles, Le Monde des livres…) Dominique A s’est prêté au jeu, parlant musique, littérature, cinéma. Joie (du critique, du lecteur, de l’amateur), ses textes se retrouvent aujourd’hui compilés.
Tomber sous le charme, donc (on aura reconnu le titre phare d’un bel album incompris de Louise Ferron) se parcourt au petit bonheur la
chance, permettant de remettre en lumière des artistes trop souvent ignorés : on se réjouit de lire quelques lignes tendres sur Pascale Borel, on retrouve avec gratitude nos amis éternels de The Blue Nile, et l’on se promet d’acquérir dès que possible le
DVD de Stella ou de chercher chez un bouquiniste le Mélodie d’Akira Mizubayashi… Au fil des chroniques, Dominique A s’avère ainsi un excellent passeur de flamme(s), convaincu, comme s’intitule l’un de ses textes, que « la musique peut nous sauver ».
À vous de découvrir dans cet ouvrage de quoi donc, et comment. On est assuré, pour notre part, d’y retourner régulièrement, et de pister ses conseils. Dominique A ? Un ami qui vous veut du bien.
“Insatiable et infatigable monsieur Ané...”
”Tomber sous le charme est bien à l’image de son auteur : lucide, drôle et cultivé sans même paraître agaçant ni arrogant. Classe”
Article Dominique A – Start Up
« Dominique A est évidemment connu en tant que chanteur mais on le connaît moins écrivain. Pourtant Dominique Ané, de son vrai nom, a publié deux livres en 2009 et 2012. Il revient aujourd’hui avec “Tomber sous le charme – Chroniques de l’air du temps”, sorti aux éditions Le Mot et le Reste.
“Tomber sous le charme – Chroniques de l’air du temps”:
C’est en 2005 que Dominique A livre ses premières chroniques pour le magazine Epok et découvre l’ambivalence qui réside dans le fait d’être un artiste et de s’adonner à la critique. Il lui préfère d’ailleurs le terme de chronique qui rapproche cet exercice de l’hommage, lui ôtant sa définition inévitablement péjorative. Il s’agit donc ici de découvrir ce qui a pu faire vibrer le chanteur, suffisamment pour qu’il se confie aux lecteurs de TGV Magazine, Le Monde des livres, Les Inrocks ou Libé. On parle d’Alain Bashung ou de Loustal au détour d’une page. Les seconds couteaux n’étant pas oubliés, bien au contraire. Des Australiens de The Triffids au roman Barbara de Jacobsen en passant par la voix de Shara Worden, il transmet sa curiosité et nous ouvre un champ nouveau. L’artiste reprend ensuite la main avec le journal de bord de ses tournées, ces bribes d’existences, “comme des flashs, de ces innombrables moments passés sur la route, cristallisés par des détails”, avant de conclure avec l’auto-critique de ses albums. »
Sous le charme de Dominique A – RTS
EXTRAIT
« Belle idée que celle des éditions Le Mot et le Reste (décidément incontournable en ce moment) qui sortaient il y a peu un recueil de chroniques signées par le chanteur français Dominique A. Tomber sous le charme, sous-titré Chroniques de l’air du temps, donne un supplément de profondeur à l’univers d’un artiste qui n’en a déjà jamais manqué et dont la justesse émeut et fait mouche à tous les coups.
Les observations de Dominique A, fin musicien, fin parolier, tombent toujours juste. Elles s’accompagnent également – et surtout – d’une totale liberté. Qui, de nos jours, oserait écrire sur le Gun Club et la scène angeline des années 80 (Wall of Voodoo, X, Bruce Joyner & The Unknowns, The Dream Syndicate), ou encore sur Marissa Nadler, Karen Dalton et Daniel Jonhson dans Epok, le magazine oiseux de la FNAC (!) ? Quel journaliste accepterait de faire un papier sur Earth, groupe doom rural psychédélique primordial dans TGV Magazine ? »
Tomber sous le charme – Première
« Les éditions Le Mot et le Reste publient Tomber sous le charme, un recueil de chroniques signées Dominique A, parues dans divers titres de presse. Exemple rare d’un chanteur qui prend la plume pour partager ses enthousiasmes musicaux ou littéraires, ces textes témoignent d’une curiosité qui ne s’émousse pas au fil des ans.
En un peu plus de vingt ans, Dominique A s’est doucement imposé comme l’une des voix les plus singulières du paysage musical français, partagé entre une culture pop anglo-saxonne pointue et un goût pour la langue de Molière qui le rattache forcément à la chanson. Soucieux de renouvellement, il a emprunté des chemins différents, au fil d’albums qui ont réunis autour d’eux un public fidèle. Parfois, il y a eu des tubes ou des presque tubes (Du Twenty Two Bar en 1995 à Rendez-nous la Lumière en 2012).
Les à-côtés de la chanson
Mais il y a un chemin parallèle – et complémentaire – que Dominique A arpente depuis plus d’une dizaine d’années : celui d’une écriture qui n’est pas destinée à la chanson mais à la presse. C’est une histoire de partage : d’une expérience, comme les journaux de bord de ses différentes tournées (initialement publiés sur le site du chanteur Comment certains vivent) ou celui de ses enthousiasmes musicaux (pour Epok, TGV Magazine ou Les Inrocks, notamment). Ce sont tous ces textes qui sont ici réunis dans ce livre réjouissant, drôle, vivant. Le mot est juste, la parole amicale.
Écouter la parole d’un ami
Dominique A s’adresse à son lecteur comme à un ami à qui l’on meurt d’envie de faire découvrir une chanson, un disque, un artiste. L’enthousiasme du chanteur se porte sur ce qu’il appelle les « seconds couteaux », ces groupes dits mineurs mais qui tiennent une place majeure dans la vie du mélomane : on croisera donc Marissa Nadler, My Brightest Diamond, White Birch ou les Field Mice. Avec l’envie immédiate d’aller y jeter une oreille dans la foulée.
Autocritique
Tomber sous le charme se termine sur un exercice à la fois inédit, passionnant et assez drôle : la chronique par Dominique A de ses propres disques. Son regard est lucide, ne versant ni dans l’orgueil mal placé ni dans l’autodépréciation gratuite malgré un cinglant « En un mot comme en cent, on s’emmerde un peu » à propos de « Remué », son quatrième album. Qu’on se rassure : on ne s’emmerde pas du tout lors de cette lecture stimulante. »
Dominique A, chanteur et chroniqueur
Dominique A n’écrit pas que des chansons : il écrit aussi des textes sur des chansons. Celles des autres, essentiellement, approchées avec une justesse, une sensibilité et une écriture qui font de son recueil de chroniques, “Tomber sous le charme”, un livre tout à fait indispensable.
« Dominique A écrit : “Utiliser son vécu pour écrire, composer, va de soi, mais je me sentirais bien limité si c’était là mon seul carburant, si ma mécanique interne n’était pas alimentée par d’autres combustibles”.
Il sort cette semaine un nouveau livre “Tomber sous le charme – Chroniques de l’air du temps” aux éditions Le mot et le reste. Il s’agit d’un recueil de chroniques publiées dans Epok, TGV Magazine, les Inrocks ou Le Monde des livres. Le livre fait aussi la part belle à des journaux de bord issus de son site Comment Certains Vivent, parus en 2002, 2006 ou même en 2013 pour les lectures musicales. Dominique A propose également des textes inédits, en se livrant à l’exercice de l’autocritique de tous ses albums. »