À la fois poétique et ambitieuse, la collection “Solo” donne sa chance à la critique musicale française, et cet opus à la fois ambitieux et intimiste sur le travail de ce groupe américain unique en est un bon exemple.
Maxence – musicareaction.com
Revue de presse
Tortoise, ainsi nommé en hommage à la fameuse pièce de La Monte Young, Tortoise Dream, fut fondé entre 1994 et 1995. À l’origine de ce groupe, presque un collectif, le désir de dépasser les limites alors auto-imposées au rock de faire soit bruyant, soit mélodique, mais en restant toujours dans les standards du genre. Une profession de foi qui incluait une connaissance particulièrement pointue de l’histoire de la musique, du free jazz (Ornette Coleman, Don Cherry , Cecyl Taylor et John Coltrane) au pop rock (Neil Young), en passant par ses origines africaines du rock, sans oublier le funk, l’afro-beat (Fela Kuti), les musiques électroniques actuelles (l’electronica) et anciennes (Raymond Scott, Morton Subotnick, Bruce Haack, White Noise), la musique contemporaine (Karlheinz Stockhausen, John Cage, Steve Reich, György Ligeti), les musiques improvisés (Eddy Prévost, Evan Parker, Derek Bailey) et les inclassables (Sun Ra, King Tubby). En 2001, Tortoise produit son album de Standards, signe que le groupe a enfin assimilé toutes ces musiques et se sent apte à rivaliser et imposer sa marque tout en offrant une image des plus ouvertes puisqu’il se produit cette année-là au fameux Festival de Montreux en compagnie de grandes figures du jazz et de l’improvisation.
A sa manière simple et sincère, Jérôme Orsoni, journaliste et compositeur, revient sur cet album extrêmement riche dans un petit livre édité chez Le Mot et le Reste. Voilà deux ans en effet que l’éditeur marseillais initialement spécialisé dans l’art, l’esthétique et la philosophie, se lance dans la production de livres proposant une réflexion autour des musiques actuelles. A ce titre, l’éditeur vient de créer une passionnante petite collection nommée “Solo”, dans laquelle un journaliste ou un musicien, présente de manière intime un album et un groupe, un compositeur ou un producteur ayant marqué son existence. A la fois poétique et ambitieuse, la collection “Solo” donne sa chance à la critique musicale française, et cet opus à la fois ambitieux et intimiste sur le travail de ce groupe américain unique en est un bon exemple.