Passionnant pour tout fan de Joy Division qui se respecte, très éclairant sur les débuts et l’histoire de ce combo hyper influent et savoureusement parsemé d’anecdotes bien salées et souvent drôles, le très enlevé livre signé Peter Hook Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur, se dévore d’une seule traite…
Pierre Andrieu – ConcertAndCo
Revue de presse
Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur est un ouvrage qui oscille entre le cru, le tragique et le drôle. Certes, Manchester à la fin des années 70 ne ressemble pas tout à fait à Miami, mais grâce à la gouaille de son bassiste, qui fondera plus tard New Order, Joy Division dévoile tous ses secrets sans chichis et nous offre une véritable invitation au voyage au cœur de cette époque si riche musicalement, qui fait encore rêver bon nombre de colders.
CONSULTER L’INTÉGRALITÉ DE L’ARTICLE SUR ZIBELINE
Les connaisseurs en matière de musique « populaire » de la période de la fin des années 1970 ne seront pas surpris par le sous titre : Joy Division vu de l’intérieur. Bien sûr, il y a ceux qui ont retenu que Peter Hook est un des fondateurs du groupe et les autres, ceux qui se contentent d’écouter cette musique. Parfois sans même savoir l’origine du nom du groupe. Ceux qui sont dans ce cas peuvent se rassurer, Peter donne l’explication.
En exergue une petite phrase donne le ton : « Ce livre contient la vérité, toute la vérité, rien que la vérité… enfin, d’après mes souvenirs ! » et elle est signée Peter Hook. Au fil de la lecture, vous comprendrez vite pourquoi un éditeur a pu décider de faire traduire ce livre et de le publier. D’une part, je le crois sans la moindre complaisance, ce qui est écrit, raconté, vise à expliquer, à faire comprendre et non à justifier des comportements particuliers (violence, alcool). D’autre part, Peter Hook se raconte et raconte le groupe et les rapports entre ses membres. Surtout les rapports avec Ian Curtis – chanteur compositeur – dont le suicide mettra fin au groupe. Considérant sans doute que les lecteurs de son livre auront dans leur discothèque un ou deux LP ou CD – avez-vous remarqué l’assez grand nombre d’appellations différentes pour ce qui est des vinyles en opposition au vulgaire CD ? Serait-ce une marque de noblesse ? – l’auteur nous propose ce que l’on appellera faute de mieux des grilles d’écoute, des sous-titres, des décryptages. Et ce pour deux albums : Unknown Pleasures et Closer en nous recommandant de lire en écoutant.
En ce qui me concerne, et je ne pense pas être le seul, à la fin des années 70 je n’écoutais pas ce genre de musique, en revanche le faire aujourd’hui – avec le recul et l’âge venu – cela a son charme.
Alors bonne lecture-écoute.
RETROUVER LA CHRONIQUE SUR LE SITE DE DAILY BOOKS
Contrairement aux idées reçues, Merci pour ce moment n’est pas le seul bouquin sorti en cette rentrée. La maison d’édition Le mot et le reste créée à Marseille en 1996 par Yves Jolivet est l’incontournable au regard des dernières sorties et celles prévues à l’automne. Voici une sélection de cinq ouvrages sur la musique pour s’en mettre plein la tête, sur la musique underground, Kraftwerk, les albums électro, Sun Ra et Joy Division. Les fils d’actus, c’est déjà le passé. Le papier : le futur.
Peter Hook c’était déjà plié à l’exercice de l’écriture en narrant ses (més)aventures rock dans L’Haçienda, la meilleure façon de couler un club. Il a de nouveau troqué sa basse (et ses platines depuis 2010) contre la plume pour raconter sa vision des faits sur le groupe de cold wave qu’il a créé, bouleversant la musique durant la fin des années 70 , notamment à l’été 1979 avec un album icône de la scène underground: Unknow pleasures. Parsemées d’anecdotes dignes du mythe Joy Division, le créateur de New Order fait un devoir de mémoire à Ian Curtis et au reste de la bande racontant leur histoire commune, celle de jeunes anglais de Manchester partis de trois fois rien et créant un univers sombre et incisif qui aura influencé des générations d’artistes. Dans un ton plus drôle et léger que le biopic Control du génie photographique Anton Corbijn et, et dans les coulisses du groupe, ce témoignage ravira les fans engendrés durant trois décennies.
LA TOTALITÉ DE L’ARTICLE EST À RETROUVER SUR LE SITE DE LA SOURDOREILLE
Unknown Pleasures Joy Division vu de l’intérieur, c’est le témoignage d’un insider. Joy Division, groupe mancunien mythique des années post-punk, raconté à travers les yeux de son bassiste Peter Hook, depuis passé par New Order et à présent leader de Peter Hook and The Light.
De la rencontre du groupe au gré des premiers concerts des Sex Pistols à leur premier enregistrement foireux, de Warsaw à Joy Division, Peter Hook raconte avec honnêteté et humilité son vécu au sein du légendaire instigateur de la new wave. Après le livre de Deborah Curtis, Ian Curtis et Joy Division, Histoire d’une vie, on touche enfin du doigt la fulgurance et l’impact du groupe de l’intérieur. « Hookie » nous livre à la fois une mémoire intacte et un recul nécessaire sur l’une des périodes musicales les plus passionnantes que l’Angleterre ait connue ; de la difficulté de trouver leurs premières dates et d’acheter du matériel décent avec leur moyens (très) limités, à leurs premiers concerts sans spectateurs, en passant par les critiques sur leur nom rappelant les temps les plus sombres de notre histoire. Cependant, comme tout ouvrage s’attaquant au champ de la biographie, l’histoire qu’il raconte (autant que celle de Debbie Curtis d’ailleurs), doit être accueillie avec précaution. Car si les témoignages les plus vivaces et passionnants viennent toujours des protagonistes du récit, ils sont aussi les moins objectifs.
Par ailleurs, Unknown Pleasures est aussi l’occasion de découvrir une constellation dense de groupes parfois oubliés de la scène de Manchester au sein de laquelle Joy Division gravitait : Buzzcocks, Slaughter and the Dogs, The Damned, Magazine, et bien d’autres. On comprend également les influences des différents membres du groupe, de David Bowie à Kraftwerk en passant par Iggy Pop et les New York Dolls.
Unknown Pleasure – Shut up and Play the book
Passionnant pour tout fan de Joy Division qui se respecte, très éclairant sur les débuts et l’histoire de ce combo hyper influent et savoureusement parsemé d’anecdotes bien salées et souvent drôles, le très enlevé livre signé Peter Hook Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur, se dévore d’une seule traite… L’auteur, qui a son franc parler et peut se targuer d’avoir un caractère bien trempé, raconte la genèse de Joy Division, les plans galères, les rencontres importantes, les engueulades mémorables, l’écriture des morceaux et les concerts affligeants de médiocrité ou devenus cultes… Venant du bas de l’échelle sociale et n’ayant pas eu une jeunesse facile, le cultissime bassiste mancunien, plutôt brut de décoffrage, ne s’embarrasse pas de figures de style ou de détours… Il va à l’essentiel, narre les choses en ayant le souci de dire la vérité (Ian Curtis était un jeune homme plutôt normal, quand il avait bu il savait faire le con comme tout apprenti rock star… ), appelle un chat un chat et taille dans le vif. Ses rapports conflictuels avec son ancien ami Bernard Sumner, guitariste et claviériste de son état, son statut de bassiste/roadie/conducteur de van la nuit et de travailleur le jour mais aussi les blagues ultra lourdingues que se faisaient les musiciens entre eux, tout est évoqué sans fard, permettant de replacer les choses dans leur contexte. De manière plutôt touchante, le gars Peter avoue parfois n’être pas sûr à 100% de tout ce qu’il écrit (la faute au temps qui passe, à la drogue et à l’alcool), mais son bouquin – traduit en français par Suzy Borello – fourmille de détails croustillants, ce qui permet d’en savoir vraiment plus sur la manière dont les titres de Joy Division ont été créés, enregistrés, produits et distribués de manière totalement do it yourself. On apprend en particulier que les compositions partaient quasiment toutes d’une ligne de basse mélodique jouée dans les aigus, que l’apport de Curtis était prépondérant pour transformer un morceau de prime abord assez banal en potentiel tube, que le génial producteur Martin Hannett bidouillait tout un tas de trucs essentiels dans le dos des musiciens et que les qualités de guitariste de Barney et celles du batteur Stephen Morris ont permis de concevoir des chefs-d’oeuvre intemporels. Les influences du groupe (Sex Pistols, Clash, Buzzcocks, Velvet Underground, Bowie, Stooges, Doors… ) et la manière dont elles ont marqué les premiers morceaux de Warsaw et la suite sont, bien évidemment, abordées… Hooky parle aussi de choses très personnelles à propos de son sentiment de culpabilité après le suicide de Ian C., sans omettre de faire allusion à ce qui pourrait expliquer ce geste funeste : les tournées incessantes, les histoires de cœur et l’épilepsie du regretté leader. *Il faut donc lire Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur si l’on veut en savoir (beaucoup) plus sur un groupe dont presque tous les titres – mis en boite il y a plus de 30 ans mais sonnant terriblement actuels – donnent des frissons à chaque nouvelle écoute… *
Il avait déjà écrit un livre sur Haçienda, le fameux club de Manchester. Il vient d’en écrire un autre sur Joy Division et il en écrira un, si ce n’est déjà fait, sur New Order. “New Order”. Il se plaint que les journalistes les aient fatigués avec la sempiternelle question sur le nom et l’esthétique du premier groupe. Le rapport avec la chose nazie. Il dit dans le livre qu’après le suicide de Ian Curtis, leur chanteur, finit ce genre de conneries, on doit continuer et pas refaire les mêmes erreurs. Et voilà qu’ils appellent leur groupe Ordre Nouveau. En fait, ça leur a plutôt réussi. Peter Hook c’est le type qui fait le bilan et qu’il s’aperçoit qu’il a été con mais qu’il ne l’a pas été complètement, et qu’il a été créatif. Ses basses un peu enfantines où il joue souvent sur les aigus ont donné un ton et guidé les mélodies de la plupart des chansons. Dans certains morceaux, là où l’on croirait entendre une guitare en arrière-plan, c’est en fait la basse six cordes qu’il venait d’acheter sur les conseils de Bernard. Il explique tout ça dans son livre, et c’est un témoignage très intéressant pour ceux qui s’intéressent à tout ça. Est-ce que c’est très intéressant pour ceux qui s’en foutent ? J’irais d’une litote. Moi, je ne m’en fous pas. Je m’intéresse à la musique et à son histoire, et dans l’histoire trépidante et populaire, ces gens de Manchester ont compté. Ils ont apporté quelque chose qui participe à l’évolution. Certains artistes font leur truc et leur truc ne fait pas de petits, mais ceux-là ont ouvert des portes. En même temps, il reconnaît qu’il a mis assez longtemps à comprendre l’apport du producteur Martin Hannett. Il aurait aimé, à l’époque, un son plus dur.
Le livre est truffé d’anecdotes et de réflexions sur la musique. Les deux principaux albums sont détaillés titre par titre par ce musicien qui avoue ne pas avoir d’oreille et qui a été le plus heureux des hommes quand il a vu arriver les accordeurs électroniques : fini de se faire humilier sur scène par Bernard Sumner, le guitariste, qui lui accordait sa basse en se foutant de sa gueule.
À leurs débuts, avant d’embaucher Ian Curtis, ils cherchaient un chanteur, ils en ont essayé plusieurs, mais le problème, c’est qu’ils étaient tous mauvais. C’est un problème, en effet. Mais il rectifie : en fait, ils n’étaient pas mauvais comme il fallait. Les Buzzcocks avant eux avaient été les petits coqs (cocks) de Manchester, ils ont tourné ensemble. C’était les Buzzcocks qui avaient le profil arty et étaient les petits voyous des quartiers.
Ce côté arty l’agaçait quand il a pris de l’ampleur chez Curtis. Ce qui semble le plus fou à Hooky, c’est qu’il parlait même d’ouvrir une librairie avec son amoureuse belge, qui a été au cœur du drame puisque Ian Curtis était marié et que cet écartèlement s’ajoutait à sa maladie.
Il était épileptique. Au fond, Curtis était simplement un type curieux de toutes choses, avec la fibre artistique, et qui ne voulait pas s’en tenir, bien qu’il n’ait pas été le dernier, au comportement d’ados attardés : fauches, farces et attrapes…
Notre auteur dit que c’est beaucoup plus tard qu’il a compris les paroles des chansons de Ian Curtis. Avant ça, il n’y avait pas prêté attention. Tout comme les autres membres du groupe, il avait assez à faire avec la musique. Et c’est assez fou de le voir déclarer dans un magazine qu’il rêve d’un remix de “Blue Monday” par devinez qui ! Carl Craig ? Non, David Guetta. Au fond, je ne suis pas très au courant : peut-être que Guetta a fait des progrès, comme un Jean-Michel Jarre qui serait devenu une sorte d’Eno.
J’ai signé tout de même la pétition “Non aux 400 000 euros de subvention pour le concert de David Guetta à Marseille”. Probablement en vain. La vieille crapule qui dirige la ville n’a rien à faire de nos préoccupations artistiques et de la justice sociale.
J’ai lu le livre de Peter Hook et je n’ai pas lu celui de la bonne femme crapule – à caution quasi-queer – qui a piégé le cochon. Ce dernier n’ayant pas réussi à faire interdire le livre, il s’en est vendu plus de 20 000 en quinze jours. Forcément. Lorsqu’on voit la moitié de la couverture de Voici avec un bandeau, c’est foutu, ça veut dire que c’était dans un numéro précédent qu’il y avait la photo sensationnelle de la star qui n’est pas plus sexy que votre cousine finalement aux vues de ces photos-vérités. Quand on voit ça disais-je, on sait qu’on a raté le numéro d’avant. Tandis qu’avec le livre de la bonne femme crapule, le bandeau indique que c’est dedans, le croustillant, et pas dans le bouquin d’avant. La une du livre est une pub. Attention, atteinte à la vie privée, ça c’est bon. Mais on ne vous dira pas de qui il s’agit, pour peu que vous soyez passé à côté, vous vous précipiteriez.
On a perdu Alvin Lee, Donald Byrd et on va perdre Wilko Johnson. Son fils l’a forcé à consulter après qu’il ait pissé du sang. Les médecins lui ont dit qu’il avait un gros truc pas opérable. De plus, il refuse la chimio. Il s’est trouvé étrangement calme en apprenant la nouvelle alors que son fils s’est effondré. Wilko, qui est dépressif depuis l’âge de dix ans, vit ses derniers moments en trouvant enfin la vie merveilleuse. On ne sait jamais à l’avance comment on va réagir devant certains événements.
Écrits new wave. Les Mémoires anecdotiques du bassiste de Joy Division et les meilleures chroniques d’un critique rock à la fibre d’écrivain.
Par une coïncidence plus que par la volonté de leur éditeur commun, In a Lonely Place, recueil d’écrits rock de Michka Assayas, voisine chez les libraires avec Unknown Pleasures, second volume de Mémoires signé Peter Hook. Celui-ci fut le bassiste de New Order et avant cela de Joy Division, dont il continue aujourd’hui d’entretenir la légende — ou de l’exploiter sans vergogne, selon les sources. À qui cherche un revers plus trivial au mythe parfois encombrant, Hook fournit son content d’anecdotes.
Le livre d’Assayas porte un titre emprunté lui aussi à Joy Division. Son entrée en rock critique a suivi la fin de ce groupe, après le suicide du chanteur, Ian Curtis. C’était en 1980, année new wave. À Belfast débutait U2, sous le regard d’un jeune journaliste alors loin d’imaginer qu’il serait plus tard le biographe de Bono. L’attachement à ces deux totems, ici lyrique, là romantique, résume assez bien la dualité du critique : enthousiasme et regret, ombre et clarté. Mais aussi l’écriture de Michka Assayas est marquée dès l’origine par un doute essentiel : parler du rock lui est vital, et pourtant cela ne va pas de soi. Au creux de ce balancement, qui certains jours se mue en sentiment d’imposture, peu naître un écrivain. Dans ses essais ou ses romans s’est développée une fibre proprement littéraire. Mais l’exhumation de chroniques passées ne nous jettera pas forcément sur les disques écoqués pour vérifier que l’avis du moment “tient encore la route”, on a ici la preuve qu’en rapportant le plus fidèlement possible ses obsessions musicales, le critique (rock ou non) peut lui-même faire vibrer son lecteur. En cela, il en remontre à plus d’un auteur de fiction.
À la fin des années soixante dix, Peter Hook (Hooky) est l’un des membres fondateurs de Joy Division avec Bernard Summer, Ian Curtis et Stephen Morris. Après son précédent ouvrage, déjà publié aux éditions Le Mot et Le Reste, l’Hacienda, la meilleure façon de couler un club, il raconte, dans le même style simple, direct, alerte (impeccablement traduit par Suzy Borello),l’histoire trop courte du groupe qui allait révolutionner le visage de la musique, en revitalisant le rock à l’ère du post punk, élaborant un son nouveau, sombre, halluciné, hypnotique et si intensément juste qu’il déterminera l’engagement de groupes comme The Cure, Echo & the Bunnymen, Wire et Radiohead.
Rappelons que le mot punk était déjà employé dès le milieu des années soixante pour des groupes amateurs jouant un rock primaire aux Usa. Le mot réapparaît et se démocratise avec les SEX PISTOLS…le sexe comme éloge de la transgression rock…Un groupe adulé par les gothiques dont les deux albums sortis entre juillet 79 et juin 80, Unknow pleasures et Closer forment un testament aussi monochrome que leur pochette.
Quatre garçons pas vraiment dans le vent, des prolétaires qui avaient une certaine vision artistique, sans en avoir toujours les moyens techniques. Fantasque, jovial, le bassiste de Joy Division, Peter Hook raconte ses souvenirs sans trop enjoliver, avouant ses turpitudes avec une bonhomie confondante et beaucoup d’humour. On s’amuse énormément dans les premiers chapitres qui racontent l’enfance. Et puis il y a ce noir et blanc des souvenirs de ce groupe composé de sales gosses, de ces lads du nord de l’Angleterre, des Mancs toujours prêts à en découdre avec les cockneys ou ceux de Chelsea. Ils passent leur temps à se faire de sales blagues, à boire, à déconner… «Du vin, des femmes et des chansons». Ils vivent encore chez leurs parents, à l’exception du chanteur Ian Curtis, marié et bientôt père de deux enfants. Ils mènent une vie très dure, travaillent le jour et faisant leur gig le soir, conduisant, rangeant et déplaçant leur matos, ne touchant que des sommes dérisoires, les conditions des concert étant très différents de celles d’aujourd’hui. Aucun confort et souvent le froid glacial. Des instruments rassemblés à la-va-vite, bricolés et un van pourri que conduit Hook en ronchonnant, car il doit en plus, payer l’entretien et les réparations. Aucune solidarité dans la bande!
le groupe se laissa manoeuvrer et manager par le producteur fou Martin Hannett, remodelant à sa guise les enregistrement de ces gamins qui ne comprenaient rien à ce qui se passait. Leur seul plaisir était de jouer, d’en découdre sur scène, de se laisser aller à l’alchimie de cette formation, reléguant par exemple, dans Unknow Pleasures, les guitares au fond du mix pour mieux capter les échos hantés, la voix sépulcrale d’Ian Curtis. La vie du groupe et de son chanteur devient une étrange balade, avec comme décor, une ville qui se délite sous les coups du thatchérisme, tout en donnant naissance à son résolument nouveau, imprégné d’une sourde révolte, une résignation hurlée.
Le suicide d’Ian Curtis marque la fin du groupe. Curtis ne fait même pas partie du club des 27, puisque mort à 24 ans! Miné par son divorce, ses crises d’épilepsie de plus en plus sérieuses — elles augmentent avec le succès e le rythme infernal des concert — il convulse sur scène. Il finira par se pendre au matin dans la cuisine de son petit appartement de Macclesfield, près de Manchester, juste avant le départ pour une tournée aux USA.
Peter Hook le répète souvent et on ne peut que tenter d’imaginer comme lui, ce qui aurait pu être. On sent bien toute la peine du bassiste et son remords actuel de n’avoir rien compris à la détresse morale, physique du chanteur et d’avoir laissé faire. Un soir par exemple, il retrouve le chanteur inconscient, dans les toilettes, blessé. Une fois ses esprits retrouvés, Curtis fera quand même sont concert. À sa mort, ses camarades, s’ils ont continué et créé NEW ORDER dans le prolongement de JOY DIVISION, n’ont pas voulu ni pu remplacer le lead singer. Et c’est tout à leur honneur…
Le très beau film Control d’Anton Corbijn réalisé en 2007 avec Sam Riley (lui même rocker) dans le rôle d’Ian Curtis traduit cette vie en circuit fermé, qui très vite, saisi d’une accélération folle, conduit à une impasse. Fatale. Peter Hook y fait souvent référence, soulignant juste quelques différences. Il corrige ainsi quelque peu l’image d’Ian Curtis, protéiforme et caméléon, épris absolu, très «arty» mais aussi semblable aux autres membres du groupe, dans certaines frasques ou délires très imbibés. « Il y avait le projet et nous on était ses outils pour le mettre en œuvre ». Pas vraiment de tiraillement entre sensibilités musicales distinctes. Du moins sur scène. « La plupart des batteurs se contentent de taper comme des sourds. Steve, lui jouait de la batterie. Cela se voyait qu’il avait été dans un trio jazz, parce qu’on aurait dit qu’il avait fusionné le ressenti et la subtilité du jazz avec la puissance et l’énergie du rock et du punk». Car curieusement, en dehors des concerts, chacun retrouve ses petites mesquineries, son égoïsme.
Les éditions marseillaises Le mot et le reste ont fait un excellent travail, avec une mise en page astucieuse, des chronologies intercalées, les titres de chapitres qui reprennent quelques formules choc. Un graphisme intriguant de lignes diffractées. Une lecture plus que plaisante, puisqu’on prend le livre et on ne le lâche plus. On retient l’excellente suggestion que nous propose Peter Hook d’écouter chaque album piste par piste, en suivant son décryptage. D’intelligentes «liner notes » après coup. Des titres qui sautent à la gorge dont la liste montre l’ambiance délétère de ce groupe qui pâtit au début, de leur nom tiré de l’histoire nazie. Et pourtant, il n’y eut jamais aucun engagement ou fascination envers les nazis.
Enlevé, percutant et instructif, voilà un témoignage sur une époque pas si lointaine et pourtant déjà révolue, un portrait à l’acide d’une certaine Angleterre que l’on retrouve dans les films de Mike Leigh ou Ken Loach, une balade nocturne et froide. Ce groupe météorite a marqué une page de l’histoire du rock. C’est aussi un peu de notre histoire personnelle et la nostalgie fait le reste.
Lien vers le site ici
Unknown Pleasures, le livre que l’ancien bassiste de New Order, Peter Hook, a consacré à l’histoire de Joy Division vu de l’intérieur — comme l’indique son sous-titre — débarque enfin en France traduit par les décidément très actives éditions Le Mot et le Reste.
En août dernier, l’ex-New Order Peter Hook voyait son livre L’Haçienda, la meilleure façon de couler un club enfin traduit dans nos contrées. Ce pavé de presque 400 pages racontait la saga autodestructrice et hédoniste d’un des plus grands clubs d’Europe (et du label qui permit son événement, Factory Records), de sa création en tant que FAC51, à son apogée sous le nom de Haçienda, et enfin sa chute.
Décrivant avec cynisme et lucidité (ainsi qu’une bonne dose de colère et d’humour noir) les erreurs de gestion catastrophiques, les petites magouilles et sombres malversations d’un lieu culte du monde de la nuit des eighties et nineties, l’ombrageux Peter Hook faisait ainsi son entrée dans le petit milieu envié des biographes et des historiens de l’histoire de la musique populaire.
Une position qui ne semble pas exagérée, ni usurpée. En effet, dès 2010, le britannique à grande gueule se lance dans une tournée hommage controversée dans laquelle il reprend intégralement Unknown Pleasures. Fort de son succès, celui qui fut dès l’origine derrière la basse de ce groupe phare des années quatre-vingt et qui continua sa carrière au même poste avec New Order, sort Unknown Pleasures : Inside Joy Division initialement paru en Angleterre chez Simon & Schuster en septembre 2012.
On le sait, cela fait longtemps que les relations du musicien avec les autres membres fondateur de ce groupe qui, pour beaucoup, changea radicalement la face de la musique, ne sont plus au beau fixe. Aujourd’hui propriétaire d’un club, le FAC 251 — The Factory —, Hook est également label manager, DJ et producteur. Ce personnage fort en gueule mais attachant se bat pour faire revivre, depuis près de cinq ans, les grandes années de la musique anglaise : l’époque new wave et des années quatre-vingt.
Avec son style sans concession, Peter Hook évoque une époque et une ambiance particulière. Un moment de l’histoire de la musique plein de fractures et de pertes, mais aussi de découvertes et d’audace. Une exception à vrai dire, qui ne reviendra plus, et que l’intéressé décrit très bien dans Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur. Le livre s’avère être un témoignage de ses années noires, météoriques et fulgurantes — pas plus de deux ans — durant lesquelles quatre Anglais injectèrent dans la musique de leur temps une intensité encore inégalée, tout en réinventant une nouvelle fois le rock, en créant le post-punk et en donnant un sens à la vie de toute une génération.
Il a écrit les plus belles lignes de basse du rock indé anglais et joué dans deux groupes fondamentaux de la fin du XXe siècle. À 57 ans, Peter Hook, aujourd’hui fâché avec New Order, n’a de cesse de revisiter son passé. Pour mieux liquider l’héritage? Il s’explique.
Peter Hook, ou l’homme que les fans de New Order aiment détester. Grande gueule, spécialiste des déclarations à l’emporte-pièce et des pieds dans le plat, il ne décolère pas contre ses anciens complices, qu’il a assignés en justice et ne peut s’empêcher de passer méthodiquement à la sulfateuse à la première occasion.. Quand eux se reforment sans le convier, lui replonge dans son passé et s’érige en ambassadeur du Manchester des années quatre-vingt; multipliant les projets. Accusé pas certains de profaner la mémoire de Ian Curtis et d’exploiter sans vergogne le catalogue du groupe le plus influent de la ville, il se défend de vivre dans le passé, préférant parler d’hommage. Après deux ans employés à jouer les albums de Joy Division en concert, il publie Unknown Pleasures, sa version de la vie du quator, récit intime du quotidien finalement banal de quatre gamins qui allaient entrer dans l’histoire : basse, bière et rock’n’roll dans l’Angleterre grise de la fin des années soixante-dix secouée par les derniers soubresauts du punk.
Tsugi : Comment t’est venue l’idée d’écrire sur ton passé?
Peter Hook : Au moment de la compilation des 30 ans de L’Haçienda, un ami qui rédigeait les notes de pochettes m’a suggéré de rédiger mes souvenirs, vu que je connaissais l’histoire chaotique du club dans ses moindres détails. L’idée a fait son chemin et je suis parti en quête d’un éditeur, ce qui fut ardu. Chacun voulait un livre couvrant toute ma carrière : Factory, Joy Division, New Order, L’Haçienda… alors que de mon côté j’estimais avoir assez de matière pour quatre livres. Simon & Schuster m’a donné ma chance, une petite avance et, contre toute attente, L’Haçienda s’est bien vendu. Ce qui m’a donné les munitions pour rédiger l’histoire de Joy Division. J’avais lu trop de livres,encore et toujours la même histoire traitée de façon révérencielle, j’ai pensé qu’il était temps de raconter ma vision de l’histoire du groupe. Unknown Pleasures a été encore plus facile à écrire, car j’avais vécu tout ça de l’intérieur.
[...]
Unknown Pleasures n’occulte rien de l’histoire interne du groupe, allant jusqu’à présenter un Ian Curtis souriant. Tu n’avais pas peur d’écorner la légende?
Absolument pas. À la différence de tout le monde, je l’ai côtoyé tous les jours. Je l’ai connu détendu, riant comme tout un chacun. Ce n’est pas l’aspect le plus connu de sa personnalité, mais quand tu écris l’histoire de ton point de vue, tu sors forcément des clichés véhiculés sur le groupe. On s’est beaucoup amusés, on a adoré tout ce qu’on a fait au sein de Joy Division. En dehors du groupe, nous étions normaux, et je voulais faire connaître cette facette, qui est toujours occultée dans les biographies. Je voulais portraiturer les histoires extraordinaires de notre vie quotidienne, une vie qui est vécue par tous les groupes du monde je pense.
INTERVIEW COMPLÈTE DANS LE NUMÉRO DU MOIS DE MARS.
Au long des 380 pages d’Unknown Pleasures, Peter Hook, bassiste de Joy Division, raconte le célèbre groupe de Manchester “de l’intérieur”. Toute la vérité (enfin… d’après ses souvenirs) sur une bande qu’il n’hésite pas à démystifier.
La légende se construit peu à peu, de concert en enregistrement, d’erreur en erreur. Fin des années 1970, après s’être appelé Warsaw, le groupe opta pour Joy Division, écartant Boys of Bondage et The Slaves of Venus. Dans des clubs miteux, Ian Curtis, fan de Kraftwerk et d’Iggy Pop (il écoutera The Idiot en boucle avant de se donner la mort), et les autres se produisent devant une petite poignée de spectateurs, les videurs n’hésitant pas à jeter les musiciens dehors en cas d’embrouille. Leur premier live se termina en bagarre générale : les crânes s’entrechoquèrent sur fond d’Exercice one joué à l’aide d’une basse défectueuse. Cahot et cacophonie dans une Angleterre du Nord glaciale en noir et blanc, où « les hommes se biturent et cognent leurs bonnes femmes ».
Ne balancez pas ce bouquin à la poubelle, prévient Hooky. Il nous décrit sans manières une bande de « petits voleurs issus de la classe ouvrière », brisant volontiers l’image arty de Joy Division. Un ramassis de branleurs à la provoc’ douteuse, de farceurs hardcore (les blagues faites aux Buzzcocks), de petites frappes qui tournent à l’alcool et l’adrénaline, de « moches » se contentant d’afficher un air méprisant afin de ne passer pour des crétins… Peter Hook tire le portrait d’un groupe qui pouvait « se payer le luxe d’être imbuvable », car produisant « de la super musique ».
Si le bassiste prétend que Joy Division doit son succès à des successions de hasards, il sait aussi que son groupe a écrit des morceaux fondamentaux, immortels, et fait des lives « géniaux ». Tout ça valait le coup, malgré les problèmes de fric, les insultes, les crachats… ou les fréquentes crises épileptiques de Curtis, pris de terribles convulsions au milieu d’éclats de verre. Si c’était à refaire, Hook ne changerait rien… « Enfin, j’empêcherais Ian de se pendre. »
Article + VIDÉOS en cliquant sur ce lien.
Un chanteur épileptique suicidé à 23 ans, à l’aube du succès, Ian Curtis. Une musique au romantisme noir, qui résonne aussi fort aujourd’hui qu’en 1980. Joy Division est le plus culte des groupes cultes.
Avec une franchise acide et une bonne dose d’autodérision, Peter Hook, bassiste de Joy Division puis de New Order, démystifie en partie l’image intellectuelle et torturée de la bande. Son livre s’intitule Unknown Pleasures, du nom de l’album sorti en 1979.
Oui, Ian Curtis, le chanteur et compositeur du groupe, n’était pas le dernier à faire des blagues potaches. Non, le groupe n’écoutait pas vraiment ses paroles. Oui, tous ont sous-estimé son profond mal-être. Oui, Peter Hook en met plein la tête à Bernard Sumner, guitariste de Joy Division et futur chanteur de New Order, son frère ennemi depuis toujours.
Avec le même humour typique de Manchester, Peter Hook avait déjà raconté l’histoire de L’Haçienda, la mythique discothèque qui a longtemps pompé tout l’argent gagné par New Order, pourtant devenu star de la scène internationale. On attend avec une gourmandise coupable le prochain bouquin, justement consacré au groupe qu’il a quitté en 2006.
Cela reste un mystère non éclairci depuis au moins 40 ans : pourquoi, en plus de s’honorer de deux clubs de foot légendaires, la ville de Manchester donne naissance aux groupes pop les plus influents et novateurs de toute l’Angleterre (et donc du monde en terme de vision pop)?
[...] En revanche, que les fans, les sympathisants ou simples découvreurs, se ruent sur Unknown Pleasures, enfin une biographie de Joy Division signée par l’un des membres survivants du groupe. Peter Hook, excellent raconteur, nous embarque dans un Manchester glacé des années 70–80 où le mythe “gothique” de Joy Division est revu est corrigé. C’est plutôt un étonnant récit, drôle mais aussi tragique et cru, d’une Angleterre du Nord version Thatcher qui fait tout pour oublier l’austérité, une période qui possède son héros énigmatique : Ian Curtis, sans doute l’un des plus grands auteurs et performeurs de son époque, chanteur suicidé à 23 ans après deux albums (Unknown Pleasures et Closer) toujours aussi inépuisables et envoûtants qu’au moment de leur parution… en 1979 et 1980.
Quand je pense à ce qu’est devenu Joy Division pour 90 % des gens, à savoir un groupe presque gothique,ultra torturé et glorifié dans un film absolument pompeux en noir et blanc, je me dis que ce bouquin est un don du ciel. Comment ne pas comprendre que ce groupe est juste constitué de quatre types moyens du nord de l’Angleterre qui jouent une musique souvent géniale ? Honnêtement, quand je repense à ce navet qu’est Control, ça me réjouit de savoir que Peter Hook adore le poulet-frites et de connaître plein d’autres anecdotes aussi inutiles que marrantes. Un peu comme si votre oncle ou un autre membre de votre famille avait joué dans deux groupes considérés comme hyper importants par à peu près tout le monde et vous racontait son histoire en se gaussant de détails absolument sans intérêt mais qui selon lui sont l’essence même du truc ; et qui le sont vraiment, en dernière analyse. De toute façon, il n’y a rien de pire que ces bouquins qui tentent d’intellectualiser la pop, de relier plein de trucs qui n’ont strictement rien à voir ensemble, et de fait, ce témoignage de Peter Hook ressemble davantage, et c’est tant mieux, à une discussion entre deux pintes qu’à un essai sur l’influence de la littérature russe sur le postpunk anglais. Le contraire m’aurait carrément déprimé, alors que là, je me suis bien marré, signe incontestable qu’il s’agit d’un chouette livre.
Le bassiste de Joy Division et New Order publie en deux volumes ses souvenirs : l’histoire de son mythique premier groupe et la truculent aventure de la Haçienda.
Cet hiver, les jeunes gens torturés qui cherchent quel livre emporter sur la plage (de Knokke-le-Zoute) savent déjà ce qu’il faut acheter : les mémoires de Peter Hook. Le bassiste mancunien a actuellement deux livres sur les étals. Le premier, Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur narre la courte mais très intense trajectoire du groupe que l’homme a fondé en 1976 en compagnie de Bernard Sumner, Stephen Morris et Ian Curtis. Hooky trouve le ton parfait (bien retranscrit par la traduction) pour parler d’un groupe systématiquement évoqué depuis 33 ans. par le prisme du suicide de son chanteur en mai 1980. L’événement est élégamment raconté, tout comme la progression incroyable du groupe en deux petites années, des débuts sous influence Buzzcoks aux sombres morceaux synthétiques de Closer. Mais Hooky n’oublie pas d’évoquer également que Joy Division, aussi, fut une histoire punk candide, riche en blagues potaches (pintes,galères,hémorroïdes). Avec son franc-parler prolo typiquement mancunien, Hook rend l’histoire de Joy Division plus vivante que jamais.
L’autre tome, L’Haçienda, la meilleure façon de couler un club narre l’épopée chaotique d’un club fondé en 1982 par l’écurie Factory : Tony Wilson, le Andy Warhol local et Rob Gretton, le manager de Joy Division puis New Order. Gouffre financier géré n’importe comment, la Haçienda (avec une cédille, oui mais ces gens prenaient beaucoup de drogues) a pourtant été un carrefour culturel démentiel. Tous les groupes de l’époque, de Manchester et d’ailleurs, y vécurent un pan de leur histoire. [...]
Bien entendu un troisième tome reste à écrire, celui des années New Order. Il a quitté le groupe voici 7 ans, après 25 années de succès gigantesque. Il joue aujourd’hui sous son nom, du Joy Division et du New Order, et est en lourde bisbille avec Bernard Sumner, qu’il n’appelle plus Barney. Le hasard et la neige font qu’on rencontre ce héros du post-punk un 21 janvier, soit, selon on ne sait quelle étude scientifique, la journée la plus déprimante de l’année. Les Anglais appellent cela le blue monday. Oui, comme le méga-tube de New Order en 1983. En gabardine et cheveux grisonnants, Peter Hook a des allures de Philippe Noiret lad. Un gentilhomme qui rigole toutes les deux phrases et narre ici un peu de son incroyable vie.
R&F Votre livre est très surprenant, vous balancez sans être aigre pour autant, vous êtes très précis…
Peter Hook : Tout est parti en écrivant des notes de pochette de la compilation Haçienda. Mon ami qui les retranscrivait m’a fait réaliser que j’avais suffisamment d’histoires en stock pour en faire un livre… Le truc intéressant quand j’ai voulu m’y mettre c’est que l’éditeur m’a proposé énormément de sous… pour un seul livre. J’ai trouvé qu’il serait ridicule de tout compacté, Joy Division, New Order et la Haçienda, en un seul volume. Ça ne tiendrait pas. J’ai donc commencé par l’histoire de la Haçienda parce que cet endroit a été le carrefour de temps de choses. C’est un livre à propos d’une boîte de nuit. Il n’y en a pas tant que ça. Joy Division c’est l’histoire d’un groupe qui dure que six mois mais dont l’influence se fait encore sentir trente ans après. Je voulais aussi rectifier quelques trucs, j’ai lu tellement de conneries sur Joy Division. [...]
R&F : Vous ne parlez pas tellement de votre enfance en Jamaïque…
Peter Hook : Je ne me souvenais de très peu de choses sur mes années d’enfance. J’en savais plus sur mes groupes. Le truc magnifique, c’est que Joy Division n’a pas eu le temps de tomber dans les travers habituels du groupe qui s’engueule. Tous les groupes y arrivent et du coup notre histoire est restée très pure. Ce que Ian a fait a mis un nuage par-dessus tout ça. Le fait que nous n’avions pas d’argent à l’époque a également fait que l’histoire est très simple. Nous n’étions pas payés et nous aimions ça, voilà pourquoi c’est resté pur. En revanche, je peux vous dire que le livre sur New Order sera rempli de saloperies.
R&F : Vous vous y êtes mis?
Peter Hook : Je ne voulais pas au départ. Le groupe a une histoire assez normale, et la partie intéressante de New Order s’est beaucoup passée à la Haçienda et chez Factory. Autrement, dans son comportement, New Order était un groupe de rock’n’roll normal, comme Mötley Crüe! Je crois que ça choquerait certains fans de lire ça mais, sous nos airs intelligents et arty, nous étions de vrais bâtards. Pour le livre, quand je m’y suis mis, j’ai raconté ma version, je dis ce dont je me souviens, il pourra y avoir des versions différentes. Je n’ai demandé à personne son témoignage. Sur Joy Division, Bernard, Steve et moi pourront vous raconter une histoire très différente… Mais ils n’auront qu’à écrire leur bouquin s’ils veulent corriger. [...]
R&F : Comment le Peter Hook qui passe ses étés à gober des ecstas à Ibiza s’est-il transformé en écrivain capable d’écrire des livres de 400 pages?
Peter Hook : Il y a eu deux étapes. Les enfants, d’abord. On ne peut pas faire le con quand on a des enfants. Deuxième chose : je suis alcoolique. Je ne peux plus boire, et je n’ai pas bu depuis huit ans et demi. Je suis également un cocaïnomane repenti. Avant d’aller en désintox, je pensais que tout tournait autour de la drogue et de la bibine, j’ai vu ça comme la fin de ma vie. En fait, c’était le début de la vraie vie. Plus de gueule de bois, plus de galères à chercher les dealers. On n’est plus une épave. On peut prendre des décisions claires et réfléchies pour sa vie et les assumer. J’ai regretté un peu la folie de la nuit, mais jamais les matins. Ça, c’était la partie horrible.
R&F : Deux biopics parlent de votre vie, lequel avez-vous préféré? 24 Hour Party People ou Control?
Peter Hook : Les deux sont si différents… Avec 24 Hour…, Michael Winterbottom, a retranscrit l’aspect remuant, bordélique. Il a vu les choses du côté marrant. Et il faut bien avouer que ça m’a un peu vexé sur le moment. Mais c’était son point de vue et il est très réussi. Anton Corbijn a fait l’inverse. Il parle d’un truc très sérieux et très important pour lui. Il aime Joy Division au plus profond. Nous avons eu quelques désaccords, tant ce film était important à ses yeux. Mais tout de même, il a hypothéqué sa maison pour le financer. Ce sont deux super films, qui sont complémentaires. Il faut également voir le documentaire de Grant Gee (Joy Division). Et mes livres comblent les trous de l’histoire!
Trente-deux ans après le suicide du chanteur Ian Curtis, le bassiste de Joy Division puis de New Order exploite allègrement le passé.
[...] De passage à Paris pour parler de Unkwnown Pleasures, son récit de la courte histoire du groupe le plus influent de Manchester, le bassiste grande gueule enchaîne les interviews comme un guide touristique rodé.
[...] Depuis 1980, New Order a conquis le monde en laissant sagement Joy Division dans un tiroir de l’histoire. Puis le groupe s’est séparé, reformé, déchiré... Peter Hook et Bernard Sumner, le guitariste des deux groupes, se sont ”inexorablement éloignés”.
[...] “J’avais déjà vu Led Zeppelin quelques semaines plus tôt et c’était génial. Mais là, les Sex Pistols étaient teeeeeellement mauvais qu’on s’est dit qu’on pouvait le faire nous aussi! J’étais jeune, mes hormones bouillonnaient… À cet âge-là, on cherche une façon de se satisfaire. Pour certains, c’est le sexe, moi c’était la musique.” Joy Division ne durera que deux ans, interrompu dans son envol par le suicide de son chanteur, plombé par une épilepsie mal soignée et une vie sentimentale compliquée. Aujourd’hui, dans son livre comme en interview, Peter Hook dit se sentir “_coupable certains jours. Mais on était si jeunes, si affamés… Même Ian [Curtis]. Surtout Ian! Jamais il ne nous a dit “on arrête les gars, j’en peux plus. Laissez-moi souffler.” Alors on a continué en fermant les yeux.” Jusqu’à sa sortie de route.
”Je me sens bien aujourd’hui, dit Hook avec un regard appuyé. Je vote et je rends à Manchester ce qu’elle m’a donné en faisant bosser une vingtaine de personnes sur mes tournées et dans mon club”, la Factory 251. ”J’ai arrêté l’alcool et la drogue il y a huit ans et demi, pendant l’enregistrement du dernier album de New Order. J’avais touché le fond à l’époque, j’ai vraiment failli mourir. Jamais je n’aurais pensé jouer encore ma musique à mon âge, donc je profite.” Et d’ajouter : ”J’ai même perdu 20 kilos de graisse inutile… Et vous savez quoi? C’est ce salopard de Bernard qui les a récupérés!”
Lien vers le portrait sur next.liberation.fr : http://next.liberation.fr/musique/2013/02/14/peter-hook-moche-division_881873
L’ancien bassiste de Joy Division et New Order sort Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur, un ouvrage où il prend le pouls d’une époque et raconte son Joy Division. Il confie à L’Express sa vision du groupe, de l’image qu’il renvoie et du rock d’aujourd’hui… Interview fleuve. Voire Mississippi.
LIRE L’INTÉGRALITÉ DE L’INTERVIEW
À l’occasion de la sortie de son second livre, Unknown Pleasures: Inside Joy Division, Peter Hook raconte, avec la gouaille qu’on lui connaît, ses souvenirs et anecdotes sur Manchester, Joy Division, Ian Curtis, l’Hacienda, Tony Wilson et 24 Hour Party People dans une interview “Première fois”.
Sa basse a sculpté le son de Joy Division, groupe mythique des années 1970 auquel il a appartenu. Quarante ans plus tard, l’Anglais reprend avec succès ce répertoire rock.
Qu’est-ce qui vous a poussé à rejouer l’intégrale des albums de Joy Division ?
Après la mort du chanteur Ian Curtis, en 1980, nous avons choisi de ne plus jouer les morceaux de Joy Division, et de former un nouveau groupe, New Order. Au moment de célébrer le 30e anniversaire de la mort de Ian, j’ai décidé de lui rendre hommage en interprétant l’intégrale de Unknown Pleasures, notre premier album. Ce devait être un concert unique, mais je tourne depuis deux ans avec ce concept, élargi à tout le répertoire de Joy Division.
Pourquoi son influence reste-t-elle si forte aujourd’hui ?
Grâce à la puissance de l’univers poétique de Ian Curtis, à la production de Martin Hannett qui a donné aux disques une dimension intemporelle. Grâce aussi au mythe qui s’est développé, à l’aura que possédaient notre label, Factory, et notre club, l’Haçienda. Et tout simplement parce que ces chansons sont fantastiques.
Vous êtes-vous fâché avec vos anciens complices de New Order ?
Après mon départ du groupe, en 2006, ils ont continué sans moi et m’ont critiqué violemment pour avoir entrepris ce projet. Depuis, nous sommes en guerre, mais cela ne m’empêchera pas de reprendre bientôt, un à un, les albums de New Order.